[8,1338a] § 5. Τὸ δὲ σχολάζειν ἔχειν αὐτὸ δοκεῖ τὴν ἡδονὴν καὶ τὴν
εὐδαιμονίαν καὶ τὸ ζῆν μακαρίως. Τοῦτο δ´ οὐ τοῖς ἀσχολοῦσιν ὑπάρχει ἀλλὰ
τοῖς σχολάζουσιν· ὁ μὲν γὰρ ἀσχολῶν ἕνεκα τινος ἀσχολεῖ τέλους ὡς οὐχ
ὑπάρχοντος, ἡ δ´ εὐδαιμονία τέλος ἐστίν, ἣν οὐ μετὰ λύπης ἀλλὰ μεθ´ ἡδονῆς
οἴονται πάντες εἶναι. Ταύτην μέντοι τὴν ἡδονὴν οὐκέτι τὴν αὐτὴν τιθέασιν,
ἀλλὰ καθ´ ἑαυτοὺς ἕκαστος καὶ τὴν ἕξιν τὴν αὑτῶν, ὁ δ´ ἄριστος τὴν ἀρίστην
καὶ τὴν ἀπὸ τῶν καλλίστων. Ὥστε φανερὸν ὅτι δεῖ καὶ πρὸς τὴν ἐν τῇ διαγωγῇ
σχολὴν μανθάνειν ἄττα καὶ παιδεύεσθαι, καὶ ταῦτα μὲν τὰ παιδεύματα καὶ
ταύτας τὰς μαθήσεις ἑαυτῶν εἶναι χάριν, τὰς δὲ πρὸς τὴν ἀσχολίαν ὡς
ἀναγκαίας καὶ χάριν ἄλλων.
§ 6. Διὸ καὶ τὴν μουσικὴν οἱ πρότερον εἰς παιδείαν ἔταξαν οὐχ ὡς ἀναγκαῖον
(οὐδὲν γὰρ ἔχει τοιοῦτον), οὐδ´ ὡς χρήσιμον (ὥσπερ τὰ γράμματα πρὸς
χρηματισμὸν καὶ πρὸς οἰκονομίαν καὶ πρὸς μάθησιν καὶ πρὸς πολιτικὰς
πράξεις πολλάς, δοκεῖ δὲ καὶ γραφικὴ χρήσιμος εἶναι πρὸς τὸ κρίνειν τὰ τῶν
τεχνιτῶν ἔργα κάλλιον), οὐδ´ αὖ καθάπερ ἡ γυμναστικὴ πρὸς ὑγίειαν καὶ
ἀλκήν (οὐδέτερον γὰρ τούτων ὁρῶμεν γιγνόμενον ἐκ τῆς μουσικῆς)· λείπεται
τοίνυν πρὸς τὴν ἐν τῇ σχολῇ διαγωγήν, εἰς ὅπερ καὶ φαίνονται παράγοντες
αὐτήν. Ἣν γὰρ οἴονται διαγωγὴν εἶναι τῶν ἐλευθέρων, ἐν ταύτῃ τάττουσιν.
Διόπερ Ὅμηρος οὕτως ἐποίησεν
Ἀλλ´ οἶον μέν ἐστι καλεῖν ἐπὶ δαῖτα θαλείην,
Καὶ οὕτω προειπὼν ἑτέρους τινὰς οἳ καλέουσιν
Ἀοιδόν, φησίν, ὅ κεν τέρπῃσιν ἅπαντας.
Καὶ ἐν ἄλλοις δέ φησιν ὁ Ὀδυσσεὺς ταύτην ἀρίστην εἶναι διαγωγήν, ὅταν
εὐφραινομένων τῶν ἀνθρώπων
Δαιτυμόνες δ´ ἀνὰ δώματ´ ἀκουάζωνται ἀοιδοῦ ἥμενοι ἑξείης.
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ'.
§ 1. Ὅτι μὲν τοίνυν ἔστι παιδεία τις ἣν οὐχ ὡς χρησίμην παιδευτέον τοὺς
υἱεῖς οὐδ´ ὡς ἀναγκαίαν ἀλλ´ ὡς ἐλευθέριον καὶ καλήν, φανερόν ἐστιν·
πότερον δὲ μία τὸν ἀριθμὸν ἢ πλείους, καὶ τίνες αὗται καὶ πῶς, ὕστερον
λεκτέον περὶ αὐτῶν. Νῦν δὲ τοσοῦτον ἡμῖν εἶναι πρὸ ὁδοῦ γέγονεν, ὅτι καὶ
παρὰ τῶν ἀρχαίων ἔχομέν τινα μαρτυρίαν ἐκ τῶν καταβεβλημένων παιδευμάτων·
ἡ γὰρ μουσικὴ τοῦτο ποιεῖ δῆλον. Ἔτι δὲ καὶ τῶν χρησίμων ὅτι δεῖ τινα
παιδεύεσθαι τοὺς παῖδας οὐ μόνον διὰ τὸ χρήσιμον, οἷον τὴν τῶν γραμμάτων
μάθησιν, ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ πολλὰς ἐνδέχεσθαι γίγνεσθαι δι´ αὐτῶν μαθήσεις
ἑτέρας,
§ 2. Ὁμοίως δὲ καὶ τὴν γραφικὴν οὐχ ἵνα ἐν τοῖς ἰδίοις ὠνίοις μὴ διαμαρτάνωσιν
ἀλλ´ ὦσιν ἀνεξαπάτητοι πρὸς τὴν τῶν σκευῶν ὠνήν τε καὶ πρᾶσιν,
| [8,1138a] § 5. Le repos aussi semble également nous assurer le plaisir, le
bonheur, la félicité; car ce sont là les biens, non pas de ceux qui travaillent, mais de
ceux qui vivent dans le loisir. On ne travaille jamais que pour arriver à un but que
l'on n'a point encore atteint ; et, dans l'opinion de tous les hommes, le bonheur est
précisément le but où l'on se repose, loin de tout souci, dans le sein du plaisir. Le
plaisir, il est vrai, n'est point uniforme pour tous ; chacun l'imagine à sa guise, et
selon son tempérament. Plus l'individu est parfait, plus le bonheur qu'il rêve est pur
et plus la source en est élevée. Ainsi, il faut avouer que pour passer dignement son
loisir, on a besoin de connaissances et d'une éducation spéciales ; et que cette
éducation, ces études doivent avoir pour but unique l'individu qui en jouit : de même
que les études qui ont l'activité pour objet, doivent être considérées comme des
nécessités, et n'avoir jamais en vue les étrangers. § 6. Nos pères n'ont donc point
admis la musique dans l'éducation à titre de besoin, car elle n'en est point un ; ils ne
l'y ont point admise à titre de chose utile, comme la grammaire, qui est indispensable
dans le commerce, dans l'économie domestique, dans l'étude des sciences et dans une
foule d'occupations politiques ; non point comme le dessin, qui apprend à mieux
juger des ouvrages d'art ; non point comme la gymnastique, qui donne la santé et la
vigueur ; car la musique ne possède évidemment aucun de ces avantages. Ils y ont
uniquement trouvé un digne emploi du loisir ; et voilà le but vers lequel ils ont
essayé d'en diriger la pratique. Car si, selon eux, il est un délassement digne d'un
homme libre, c'est la musique. Homère est du même avis, quand il fait dire à l'un de
ses héros : "Convions au festin un chantre harmonieux" ;
ou quand il dit de quelques autres de ses personnages, qu'ils appellent :
"Le chantre dont la voix saura tous les charmer" ;
et ailleurs, Ulysse dit que le plus doux des plaisirs pour les hommes, quand ils se
livrent à la joie,
"C'est d'entendre, au festin où tous se sont rangés,
Les accents du poète...".
CHAPITRE III.
§ I. Ainsi, l'on doit reconnaître qu'il existe certaines choses qu'il faut enseigner aux
enfants, non point comme choses utiles ou nécessaires, mais comme choses dignes
d'occuper un homme libre, comme choses qui sont belles. N'existe-t-il qu'une science
de cette sorte ? en est-il plusieurs ? quelles sont-elles ? comment doit-on les enseigner
? Voilà ce que nous examinerons plus tard. Tout ce que nous prétendons constater
ici, c'est que l'opinion des anciens sur les objets essentiels de l'éducation, témoigne en
faveur de la nôtre, et qu'ils pensaient absolument de la musique ce que nous en
pensons nous-mêmes. Nous ajouterons encore que, si la jeunesse doit acquérir des
connaissances utiles, telles que celle de la grammaire, ce n'est pas seulement à cause
de l'utilité spéciale de ces connaissances, mais aussi parce qu'elles facilitent
l'acquisition d'une foule d'autres. § 2. On en peut dire autant du dessin. On apprend
le dessin bien moins pour éviter les erreurs et les mécomptes dans les achats et les
ventes de meubles et d'ustensiles,
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