[8,1342a] φανερὸν ὅτι χρηστέον μὲν πάσαις ταῖς ἁρμονίαις, οὐ τὸν αὐτὸν δὲ
τρόπον πάσαις χρηστέον, ἀλλὰ πρὸς μὲν τὴν παιδείαν ταῖς ἠθικωτάταις, πρὸς
δὲ ἀκρόασιν ἑτέρων χειρουργούντων καὶ ταῖς πρακτικαῖς καὶ ταῖς ἐνθουσιαστικαῖς.
§ 5. Ὃ γὰρ περὶ ἐνίας συμβαίνει πάθος ψυχὰς ἰσχυρῶς, τοῦτο ἐν πάσαις
ὑπάρχει, τῷ δὲ ἧττον διαφέρει καὶ τῷ μᾶλλον, οἷον ἔλεος καὶ φόβος, ἔτι δ´
ἐνθουσιασμός· καὶ γὰρ ὑπὸ ταύτης τῆς κινήσεως κατοκώχιμοί τινές εἰσιν, ἐκ
τῶν δ´ ἱερῶν μελῶν ὁρῶμεν τούτους, ὅταν χρήσωνται τοῖς ἐξοργιάζουσι τὴν
ψυχὴν μέλεσι, καθισταμένους ὥσπερ ἰατρείας τυχόντας καὶ καθάρσεως·
§ 6. Ταὐτὸ δὴ τοῦτο ἀναγκαῖον πάσχειν καὶ τοὺς ἐλεήμονας καὶ τοὺς
φοβητικοὺς καὶ τοὺς ὅλως παθητικούς, τοὺς δ´ ἄλλους καθ´ ὅσον ἐπιβάλλει
τῶν τοιούτων ἑκάστῳ, καὶ πᾶσι γίγνεσθαί τινα κάθαρσιν καὶ κουφίζεσθαι μεθ´
ἡδονῆς. Ὁμοίως δὲ καὶ τὰ μέλη τὰ πρακτικὰ παρέχει χαρὰν ἀβλαβῆ τοῖς
ἀνθρώποις· διὸ ταῖς μὲν τοιαύταις ἁρμονίαις καὶ τοῖς τοιούτοις μέλεσιν
ἐατέον χρῆσθαι τοὺς τὴν θεατρικὴν μουσικὴν μεταχειριζομένους ἀγωνιστάς·
§ 7. Ἐπεὶ δ´ ὁ θεατὴς διττός, ὁ μὲν ἐλεύθερος καὶ πεπαιδευμένος, ὁ δὲ
φορτικὸς ἐκ βαναύσων καὶ θητῶν καὶ ἄλλων τοιούτων συγκείμενος, ἀποδοτέον
ἀγῶνας καὶ θεωρίας καὶ τοῖς τοιούτοις πρὸς ἀνάπαυσιν· εἰσὶ δὲ ὥσπερ αὐτῶν
αἱ ψυχαὶ παρεστραμμέναι τῆς κατὰ φύσιν ἕξεως - οὕτω καὶ τῶν ἁρμονιῶν
παρεκβάσεις εἰσὶ καὶ τῶν μελῶν τὰ σύντονα καὶ παρακεχρωσμένα, ποιεῖ δὲ τὴν
ἡδονὴν ἑκάστοις τὸ κατὰ φύσιν οἰκεῖον, διόπερ ἀποδοτέον ἐξουσίαν τοῖς
ἀγωνιζομένοις πρὸς τὸν θεατὴν τὸν τοιοῦτον τοιούτῳ τινὶ χρῆσθαι τῷ γένει
τῆς μουσικῆς.
§ 8. Πρὸς δὲ παιδείαν, ὥσπερ εἴρηται, τοῖς ἠθικοῖς τῶν μελῶν χρηστέον καὶ
ταῖς ἁρμονίαις ταῖς τοιαύταις. Τοιαύτη δ´ ἡ δωριστί, καθάπερ εἴπομεν
πρότερον· δέχεσθαι δὲ δεῖ κἄν τινα ἄλλην ἡμῖν δοκιμάζωσιν οἱ κοινωνοὶ τῆς
ἐν φιλοσοφίᾳ διατριβῆς καὶ τῆς περὶ τὴν μουσικὴν παιδείας. Ὁ δ´ ἐν τῇ
Πολιτείᾳ Σωκράτης οὐ καλῶς τὴν φρυγιστὶ μόνην καταλείπει μετὰ τῆς δωριστί,
καὶ ταῦτα ἀποδοκιμάσας τῶν ὀργάνων τὸν αὐλόν.
| [8,1342a] Il faudra faire évidemment un égal usage de toutes les harmonies, mais dans
des buts divers pour chacune d'elles. Pour l'étude, on choisira les plus morales; les
plus animées et les plus passionnées seront réservées pour les concerts, où l'on
entend de la musique sans en faire soi-même. § 5. Ces impressions, que quelques
âmes éprouvent si puissamment, sont senties par tous les hommes, bien qu'à des
degrés divers; tous, sans exception, sont portés par la musique à la pitié, à la crainte,
à l'enthousiasme. Quelques personnes cèdent plus facilement que d'autres à ces
impressions; et l'on peut voir comment, après avoir entendu une musique qui leur a
bouleversé l'âme, elles se calment tout à coup en écoutant les chants sacrés ; c'est
pour elles une sorte de guérison et de purification morale. § 6. Ces brusques
changements se passent nécessairement aussi dans les âmes qui se sont laissées aller,
sous le charme de la musique, à la pitié, à la terreur, ou à toute autre passion. Chaque
auditeur est remué selon que ces sensations ont plus ou moins agi sur lui ; mais tous
bien certainement ont subi une sorte de purification, et se sentent allégés par le
plaisir qu'ils ont éprouvé. C'est par le même motif que les chants qui purifient l'âme
nous apportent une joie sans mélange; aussi faut-il laisser les harmonies et les chants
trop expressifs aux artistes qui exécutent la musique au théâtre. § 7. Mais les
auditeurs sont de deux espèces : les uns, hommes libres et éclairés ; les autres,
artisans et mercenaires grossiers, qui ont également besoin de jeux et de spectacles
pour se délasser de leurs fatigues. Comme dans ces natures inférieures, l'âme a été
détournée de sa voie régulière, il leur faut des harmonies aussi dégradées qu'elles, et
des chants d'une couleur fausse et d'une rudesse qui ne se détend jamais. Chacun ne
trouve de plaisir que dans ce qui répond à sa nature ; et voilà pourquoi nous
accordons aux artistes qui luttent entre eux le droit d'accommoder la musique qu'ils
exécutent aux grossières oreilles qui la doivent entendre.
§ 8. Mais dans l'éducation, je le répète, on n'admettra que les chants et les harmonies
qui portent un caractère moral. Telle est, par exemple, avons-nous dit, l'harmonie
dorienne. Il faut accueillir aussi toute autre harmonie que pourraient proposer ceux
qui sont versés, soit dans la théorie philosophique, soit dans l'enseignement de la
musique. Socrate a d'autant plus tort, dans la République de Platon, de n'admettre
que le mode phrygien à côté du dorien, qu'il a proscrit l'étude de la flûte.
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