[8,1337a] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α.
§ 1. Ὅτι μὲν οὖν τῷ νομοθέτῃ μάλιστα πραγματευτέον περὶ τὴν τῶν
νέων παιδείαν, οὐδεὶς ἂν ἀμφισβητήσειε· καὶ γὰρ ἐν ταῖς πόλεσιν οὐ
γιγνόμενον τοῦτο βλάπτει τὰς πολιτείας· δεῖ γὰρ πρὸς ἑκάστην παιδεύεσθαι·
τὸ γὰρ ἦθος τῆς πολιτείας ἑκάστης τὸ οἰκεῖον καὶ φυλάττειν εἴωθε τὴν
πολιτείαν καὶ καθίστησιν ἐξ ἀρχῆς, οἷον τὸ μὲν δημοκρατικὸν δημοκρατίαν τὸ
δ´ ὀλιγαρχικὸν ὀλιγαρχίαν· ἀεὶ δὲ τὸ βέλτιον ἦθος βελτίονος αἴτιον
πολιτείας.
§ 2. Ἔτι δὲ πρὸς πάσας δυνάμεις καὶ τέχνας ἔστιν ἃ δεῖ προπαιδεύεσθαι καὶ
προεθίζεσθαι πρὸς τὰς ἑκάστων ἐργασίας, ὥστε δῆλον ὅτι καὶ πρὸς τὰς τῆς
ἀρετῆς πράξεις· ἐπεὶ δ´ ἓν τὸ τέλος τῇ πόλει πάσῃ, φανερὸν ὅτι καὶ τὴν
παιδείαν μίαν καὶ τὴν αὐτὴν ἀναγκαῖον εἶναι πάντων, καὶ ταύτης τὴν
ἐπιμέλειαν εἶναι κοινὴν καὶ μὴ κατ´ ἰδίαν, ὃν τρόπον νῦν ἕκαστος
ἐπιμελεῖται τῶν αὑτοῦ τέκνων ἰδίᾳ τε καὶ μάθησιν ἰδίαν, ἣν ἂν δόξῃ,
διδάσκων. Δεῖ δὲ τῶν κοινῶν κοινὴν ποιεῖσθαι καὶ τὴν ἄσκησιν. Ἅμα δὲ οὐδὲ
χρὴ νομίζειν αὐτὸν αὑτοῦ τινα εἶναι τῶν πολιτῶν, ἀλλὰ πάντας τῆς πόλεως,
μόριον γὰρ ἕκαστος τῆς πόλεως· ἡ δ´ ἐπιμέλεια πέφυκεν ἑκάστου μορίου
βλέπειν πρὸς τὴν τοῦ ὅλου ἐπιμέλειαν.
§ 3. Ἐπαινέσειε δ´ ἄν τις κατὰ τοῦτο Λακεδαιμονίους· καὶ γὰρ πλείστην
ποιοῦνται σπουδὴν περὶ τοὺς παῖδας καὶ κοινῇ ταύτην. Ὅτι μὲν οὖν
νομοθετητέον περὶ παιδείας καὶ ταύτην κοινὴν ποιητέον, φανερόν· τίς δ´
ἔσται ἡ παιδεία καὶ πῶς χρὴ παιδεύεσθαι, δεῖ μὴ λανθάνειν.
§ 4. Νῦν γὰρ ἀμφισβητεῖται περὶ τῶν ἔργων. Οὐ γὰρ ταὐτὰ πάντες
ὑπολαμβάνουσι δεῖν μανθάνειν τοὺς νέους οὔτε πρὸς ἀρετὴν οὔτε πρὸς τὸν
βίον τὸν ἄριστον, οὐδὲ φανερὸν πότερον πρὸς τὴν διάνοιαν πρέπει μᾶλλον ἢ
πρὸς τὸ τῆς ψυχῆς ἦθος· ἔκ τε τῆς ἐμποδὼν παιδείας ταραχώδης ἡ σκέψις καὶ
δῆλον οὐδὲν πότερον ἀσκεῖν δεῖ τὰ χρήσιμα πρὸς τὸν βίον ἢ τὰ τείνοντα πρὸς
ἀρετὴν ἢ τὰ περιττά (πάντα γὰρ εἴληφε ταῦτα κριτάς τινας)·
| [8,1337a] CHAPITRE I.
§ 1. On ne saurait donc nier que l'éducation des enfants ne doive être un des
objets principaux des soins du législateur. Partout où l'éducation a été négligée, l'État
en a reçu une atteinte funeste. C'est que les lois doivent toujours être en rapport avec
le principe de la constitution, et que les moeurs particulières de chaque cité assurent
le maintien de l'État, de même qu'elles en ont seules déterminé la forme première.
Des moeurs démocratiques conservent la démocratie ; oligarchiques, elles conservent
l'oligarchie ; et plus les moeurs sont pures, plus l'État est affermi. § 2. Toutes les
sciences, tous les arts exigent, pour qu'on y réussisse, des notions préalables, des
habitudes antérieures. Il en est évidemment de même pour l'exercice de la vertu.
Comme l'État tout entier n'a qu'un seul et même but, l'éducation doit être
nécessairement une et identique pour tous ses membres ; d'où il suit qu'elle doit être
un objet de surveillance publique et non particulière, bien que ce dernier système ait
généralement prévalu, et qu'aujourd'hui chacun instruise ses enfants chez soi par les
méthodes et sur les objets qu'il lui plaît. Cependant, ce qui est commun doit
s'apprendre en commun ; et c'est une grave erreur de croire que chaque citoyen est
maître de lui-même; ils appartiennent tous à l'État, puisqu'ils en sont tous des
éléments, et que les soins donnés aux parties doivent concorder avec les soins donnés
à l'ensemble. § 3. A cet égard, on ne saurait trop louer les Lacédémoniens. L'éducation
de leurs enfants est commune, et ils y attachent une importance extrême. Pour nous,
il est de toute évidence que la loi doit régler l'éducation et que l'éducation doit être
publique. Mais il est essentiel de connaître ce que doit être précisément cette
éducation, et la méthode qu'il convient d'y suivre. En général, les avis diffèrent
aujourd'hui sur les objets qu'elle doit embrasser, et l'on est fort loin de s'entendre
unanimement sur ce que les jeunes gens doivent apprendre pour arriver à la vertu et
à la vie la meilleure. On ignore même s'il faut s'occuper davantage à former
l'intelligence ou à former le coeur. § 4. Le système actuel d'éducation contribue
beaucoup à embarrasser la question. On ne sait nullement s'il faut ne diriger
l'éducation que vers les choses d'utilité réelle, on bien en faire une école de vertu ; ou
si elle doit aussi comprendre des objets de pur agrément. Ces différents systèmes ont
trouvé des partisans ; et il n'y a encore rien de généralement accepté sur les moyens
de rendre la jeunesse vertueuse.
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