Texte grec :
[7,1329b] (1) ὅτι δεῖ διῃρῆσθαι χωρὶς κατὰ γένη τὴν πόλιν καὶ τό τε
μάχιμον ἕτερον εἶναι καὶ τὸ γεωργοῦν. ἐν Αἰγύπτῳ τε γὰρ ἔχει τὸν
τρόπον τοῦτον ἔτι καὶ νῦν, τά τε περὶ τὴν Κρήτην, τὰ μὲν οὖν περὶ
Αἴγυπτον Σεσώστριος, ὥς φασιν, οὕτω νομοθετήσαντος, Μίνω δὲ τὰ
(5) περὶ Κρήτην. ἀρχαία δὲ ἔοικεν εἶναι καὶ τῶν συσσιτίων ἡ τάξις, τὰ
μὲν περὶ Κρήτην γενόμενα περὶ τὴν Μίνω βασιλείαν, τὰ δὲ περὶ τὴν
Ἰταλίαν πολλῷ παλαιότερα τούτων. φασὶ γὰρ οἱ λόγιοι τῶν ἐκεῖ
κατοικούντων Ἰταλόν τινα γενέσθαι βασιλέα τῆς Οἰνωτρίας, ἀφ' οὗ
τό τε ὄνομα (10) μεταβαλόντας Ἰταλοὺς ἀντ' Οἰνωτρῶν κληθῆναι καὶ
τὴν ἀκτὴν ταύτην τῆς Εὐρώπης Ἰταλίαν τοὔνομα λαβεῖν, ὅση
τετύχηκεν ἐντὸς οὖσα τοῦ κόλπου τοῦ Σκυλλητικοῦ καὶ τοῦ
Λαμητικοῦ: ἀπέχει δὲ ταῦτα ἀπ' ἀλλήλων ὁδὸν ἡμισείας ἡμέρας.
τοῦτον δὴ λέγουσι τὸν Ἰταλὸν νομάδας τοὺς (15) Οἰνωτροὺς ὄντας
ποιῆσαι γεωργούς, καὶ νόμους ἄλλους τε αὐτοῖς θέσθαι καὶ τὰ
συσσίτια καταστῆσαι πρῶτον: διὸ καὶ νῦν ἔτι τῶν ἀπ' ἐκείνου τινὲς
χρῶνται τοῖς συσσιτίοις καὶ τῶν νόμων ἐνίοις. ᾤκουν δὲ τὸ μὲν πρὸς
τὴν Τυρρηνίαν Ὀπικοὶ καὶ πρότερον καὶ νῦν καλούμενοι τὴν
ἐπωνυμίαν (20) Αὔσονες, τὸ δὲ πρὸς τὴν Ἰαπυγίαν καὶ τὸν Ἰόνιον
Χῶνες, τὴν καλουμένην Σύρτιν: ἦσαν δὲ καὶ οἱ Χῶνες Οἰνωτροὶ τὸ
γένος. ἡ μὲν οὖν τῶν συσσιτίων τάξις ἐντεῦθεν γέγονε πρῶτον, ὁ δὲ
χωρισμὸς ὁ κατὰ γένος τοῦ πολιτικοῦ πλήθους ἐξ Αἰγύπτου: πολὺ
γὰρ ὑπερτείνει τοῖς χρόνοις τὴν (25) Μίνω βασιλείαν ἡ Σεσώστριος.
σχεδὸν μὲν οὖν καὶ τὰ ἄλλα δεῖ νομίζειν εὑρῆσθαι πολλάκις ἐν τῷ
πολλῷ χρόνῳ, μᾶλλον δ' ἀπειράκις. τὰ μὲν γὰρ ἀναγκαῖα τὴν χρείαν
διδάσκειν εἰκὸς αὐτήν, τὰ δ' εἰς εὐσχημοσύνην καὶ περιουσίαν
ὑπαρχόντων ἤδη τούτων εὔλογον λαμβάνειν τὴν αὔξησιν: (30) ὥστε
καὶ τὰ περὶ τὰς πολιτείας οἴεσθαι δεῖ τὸν αὐτὸν ἔχειν τρόπον. ὅτι δὲ
πάντα ἀρχαῖα, σημεῖον τὰ περὶ Αἴγυπτόν ἐστιν: οὗτοι γὰρ
ἀρχαιότατοι μὲν δοκοῦσιν εἶναι, νόμων δὲ τετυχήκασιν καὶ τάξεως
πολιτικῆς. διὸ δεῖ τοῖς μὲν εὑρημένοις ἱκανῶς χρῆσθαι, τὰ δὲ
παραλελειμμένα (35) πειρᾶσθαι ζητεῖν.
ὅτι μὲν οὖν δεῖ τὴν χώραν εἶναι τῶν ὅπλα κεκτημένων καὶ τῶν τῆς
πολιτείας μετεχόντων, εἴρηται πρότερον, καὶ διότι τοὺς γεωργοῦντας
αὐτῶν ἑτέρους εἶναι δεῖ, καὶ πόσην τινὰ χρὴ καὶ ποίαν εἶναι τὴν
χώραν: περὶ δὲ τῆς (40) διανομῆς καὶ τῶν γεωργούντων, τίνας καὶ
ποίους εἶναι χρή, λεκτέον πρῶτον, ἐπειδὴ οὔτε κοινήν φαμεν εἶναι
δεῖν τὴν κτῆσιν ὥσπερ τινὲς εἰρήκασιν,
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Traduction française :
[7,1329b] que cette division nécessaire des individus en classes distinctes,
les guerriers d'un côté, les laboureurs de l'autre. Elle existe
encore aujourd'hui en Égypte et en Crète, instituée là, dit-on, par les lois de
Sésostris, ici par celles de Minos.
§ 2. L'établissement des repas communs n'est pas moins antique, et remonte pour
la Crète au règne de Minos, et pour l'Italie, à une époque encore plus reculée. Les
savants de ce dernier pays assurent que c'est d'un certain Italus, devenu roi de
l'Oenotrie, que les Oenotriens ont changé leur nom en celui d'Italiens, et que le
nom d'Italie fut donné à toute cette partie des rivages d'Europe comprise entre les
golfes Scyllétique et Lamétique, distants l'un de l'autre d'une demi-journée de
route.
§ 3. On ajoute qu'Italus rendit agriculteurs les Oenotriens auparavant nomades, et
que, parmi d'autres institutions, il leur donna celle des repas communs.
Aujourd'hui même il y a des cantons qui ont conservé cette coutume, avec
quelques-unes des lois d'Italus. Elle existait chez les Opiques, habitants des
rivages de la Tyrrhénie, et qui portent encore leur ancien surnom d'Ausoniens ; on
la retrouve chez les Choniens, qui occupent le pays nommé Syrtis, sur les côtes de
l'Iapygie et du golfe Ionique. On sait d'ailleurs que les Choniens étaient aussi
d'origine oenotrienne.
§ 4. Les repas communs ont donc pris naissance en Italie. La division des citoyens
par classes vient d'Égypte, et le règne de Sésostris est bien antérieur à celui de
Minos. On doit croire du reste que, dans le cours des siècles, les hommes ont dû
imaginer ces institutions et bien d'autres ; plusieurs fois, ou, pour mieux dire, une
infinité de fois. D'abord le besoin même a nécessairement suggéré les moyens de
satisfaire les premières nécessités ; et ce fonds une fois acquis, les
perfectionnements et l'abondance ont dû, selon toute apparence, se développer
dans le même rapport ; c'est donc une conséquence fort logique que de croire cette
loi également applicable aux institutions politiques.
§ 5. Tout à cet égard est bien vieux ; l'Égypte est là pour le prouver. Personne ne
contestera sa prodigieuse antiquité, et de tout temps elle a possédé des lois et une
organisation politique. Il faut donc suivre nos prédécesseurs partout où ils ont
bien fait, et ne songer à l'innovation que là où ils nous ont laissé des lacunes à remplir.
§ 6. Nous avons dit que les biens-fonds appartenaient de droit à ceux qui
possèdent les armes et les droits politiques ; et nous avons ajouté, en déterminant
les qualités et l'étendue du territoire, que les laboureurs devaient former une
classe séparée de celle-là. Nous parlerons ici de la division des propriétés, du
nombre et de l'espèce des laboureurs. Nous avons déjà rejeté la communauté des
terres admise par quelques auteurs ;
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