[5,1316b] ἀλλ' οὐχ ὅτι οἱ πολὺ ὑπερέχοντες ταῖς οὐσίαις οὐ δίκαιον οἴονται εἶναι
ἴσον μετέχειν τῆς πόλεως τοὺς κεκτημένους μηθὲν τοῖς κεκτημένοις· ἐν πολλαῖς τε
ὀλιγαρχίαις οὐκ ἔξεστι χρηματίζεσθαι, ἀλλὰ νόμοι εἰσὶν οἱ κωλύοντες, ἐν
Καρχηδόνι δὲ δημοκρατουμένῃ χρηματίζονται καὶ οὔπω μεταβεβλήκασιν.
§ 5. Ἄτοπον δὲ καὶ τὸ φάναι δύο πόλεις εἶναι τὴν ὀλιγαρχικήν, πλουσίων καὶ
πενήτων. Τί γὰρ αὕτη μᾶλλον τῆς Λακωνικῆς πέπονθεν ἢ ὁποιασοῦν ἄλλης, οὗ
μὴ πάντες κέκτηνται ἴσα ἢ μὴ πάντες ὁμοίως εἰσὶν ἀγαθοὶ ἄνδρες; Οὐδενὸς δὲ
πενεστέρου γενομένου ἢ πρότερον οὐδὲν ἧττον μεταβάλλουσιν εἰς δῆμον ἐξ
ὀλιγαρχίας, ἂν γένωνται πλείους οἱ ἄποροι, καὶ ἐκ δήμου εἰς ὀλιγαρχίαν,
ἐὰν κρεῖττον ᾖ τοῦ πλήθους τὸ εὔπορον καὶ οἱ μὲν ἀμελῶσιν οἱ δὲ προσέχωσι
τὸν νοῦν. Πολλῶν τε οὐσῶν αἰτιῶν δι' ὧν γίγνονται αἱ μεταβολαί, οὐ λέγει
ἀλλ' ἢ μίαν, ὅτι ἀσωτευόμενοι κατατοκιζόμενοι γίγνονται πένητες, ὡς ἐξ
ἀρχῆς πλουσίων ὄντων πάντων ἢ τῶν πλείστων.
§ 6. Τοῦτο δ' ἐστὶ ψεῦδος· ἀλλ' ὅταν μὲν τῶν ἡγεμόνων τινὲς ἀπολέσωσι τὰς
οὐσίας, καινοτομοῦσιν, ὅταν δὲ τῶν ἄλλων, οὐθὲν γίγνεται δεινόν, καὶ
μεταβάλλουσιν οὐθὲν μᾶλλον οὐδὲ τότε εἰς δῆμον ἢ εἰς ἄλλην πολιτείαν. Ἔτι
δὲ κἂν τιμῶν μὴ μετέχωσιν, κἂν ἀδικῶνται ἠ ὑβρίζωνται, στασιάζουσι καὶ
μεταβάλλουσι τὰς πολιτείας, κἂν μὴ καταδαπανήσωσι τὴν οὐσίαν ... Διὰ τὸ
ἐξεῖναι ὅ τι ἂν βούλωνται ποιεῖν· οὗ αἰτίαν τὴν ἄγαν ἐλευθερίαν εἶναί
φησιν. Πλειόνων δ' οὐσῶν ὀλιγαρχιῶν καὶ δημοκρατιῶν, ὡς μιᾶς οὔσης
ἑκατέρας λέγει τὰς μεταβολὰς ὁ Σωκράτης.
| [5,1316b] Il faut bien plutôt en demander l'origine à cette
opinion des hommes à grandes fortunes, qui croient que l'égalité politique
n'est pas juste entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas.
Dans presque aucune oligarchie, les magistrats ne peuvent se livrer au
commerce; et la loi le leur interdit. Bien plus, à Carthage, qui est un
État démocratique, les magistrats font le commerce; et l'État cependant
n'a point encore éprouvé de révolution.
§ 5. Il est encore fort singulier d'avancer que dans l'oligarchie l'Etat
est divisé en deux partis, les pauvres et les riches ; est-ce bien là une
condition plus spéciale de l'oligarchie que de la république de Sparte,
par exemple, ou de tout autre gouvernement, dans lequel les citoyens ne
possèdent pas tous des fortunes égales, ou ne sont pas tous également
vertueux ? En supposant même que personne ne s'appauvrisse, l'Etat n'en
passe pas moins de l'oligarchie à la démagogie, si la masse des pauvres
s'accroît, et de la démocratie à l'oligarchie, si les riches deviennent
plus puissants que le peuple, selon que les uns se relâchent et que les
autres s'appliquent au travail. Socrate néglige toutes ces causes si
diverses qui amènent les révolutions, pour s'attacher àune seule,
attribuant exclusivement la pauvreté à l'inconduite et aux dettes, comme
si tous les hommes ou du moins presque tous naissaient dans l'opulence.
§ 6. C'est une grave erreur. Ce qui est vrai, c'est que les chefs de la
cité peuvent, quand ils ont perdu leur fortune, recourir à une révolution,
et que, quand des citoyens obscurs perdent la leur, l'État n'en reste pas
moins fort tranquille. Ces révolutions n'amènent pas non plus la démagogie
plus fréquemment que tout autre système. Il suffit d'une exclusion
politique, d'une injustice, d'une insulte, pour causer une insurrection et
un bouleversement dans la constitution, sans que les fortunes des citoyens
soient en rien délabrées. La révolution n'a souvent pas d'autre motif que
cette faculté laissée à chacun de vivre comme il lui convient, faculté
dont Socrate attribue l'origine à un excès de liberté. Enfin, au milieu de
ces espèces si nombreuses d'oligarchies et de démocraties, Socrate ne parle de
leurs révolutions que comme si chacune d'elles était unique en son genre.
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