| Texte grec :
 
 
  
  
   | [4,1290b] § 7. Μᾶλλον τοίνυν λεκτέον ὅτι δῆμος μέν ἐστιν (1290b) ὅταν οἱ 
 ἐλεύθεροι κύριοι ὦσιν, ὀλιγαρχία δ' ὅταν οἱ πλούσιοι, ἀλλὰ συμβαίνει τοὺς μὲν 
 πολλοὺς εἶναι τοὺς δ' ὀλίγους· ἐλεύθεροι μὲν γὰρ πολλοί, πλούσιοι δ' 
 ὀλίγοι. Καὶ γὰρ ἂν εἰ κατὰ μέγεθος διενέμοντο τὰς ἀρχάς, ὥσπερ ἐν 
 Αἰθιοπίᾳ φασί τινες, ἢ κατὰ κάλλος, ὀλιγαρχία ἦν ἄν· ὀλίγον γὰρ τὸ 
 πλῆθος καὶ τὸ τῶν καλῶν καὶ τὸ τῶν μεγάλων. 
 § 8. Οὐ μὴν ἀλλ' οὐδὲ τούτοις μόνον ἱκανῶς ἔχει διωρίσθαι τὰς 
 πολιτείας ταύτας· ἀλλ' ἐπεὶ πλείονα μόρια καὶ τοῦ δήμου καὶ τῆς 
 ὀλιγαρχίας εἰσίν, ἔτι διαληπτέον ὡς οὔτ' ἂν οἱ ἐλεύθεροι ὀλίγοι ὄντες 
 πλειόνων καὶ μὴ ἐλευθέρων ἄρχωσι, δῆμος, οἷον ἐν Ἀπολλωνίᾳ τῇ ἐν 
 τῷ Ἰονίῳ καὶ ἐν Θήρᾳ ᾳἐν τούτων γὰρ ἑκατέρᾳ τῶν πόλεων ἐν ταῖς 
 τιμαῖς ἦσαν οἱ διαφέροντες κατ' εὐγένειαν καὶ πρῶτοι κατασχόντες τὰς 
 ἀποικίας, ὀλίγοι ὄντες, πολλῶνν, οὔτε ἂν οἱ πλούσιοι διὰ τὸ κατὰ 
 πλῆθος ὑπερέχειν, δῆμος, οἷον ἐν Κολοφῶνι τὸ παλαιόν (ἐκεῖ γὰρ 
 ἐκέκτηντο μακρὰν οὐσίαν οἱ πλείους πρὶν γενέσθαι τὸν πόλεμον τὸν 
 πρὸς Λυδούς), ἀλλ' ἔστι δημοκρατία μὲν ὅταν οἱ ἐλεύθεροι καὶ ἄποροι 
 πλείους ὄντες κύριοι τῆς ἀρχῆς ὦσιν, ὀλιγαρχία δ' ὅταν οἱ πλούσιοι καὶ 
 εὐγενέστεροι ὀλίγοι ὄντες.
 § 9. Ὅτι μὲν οὖν πολιτεῖαι πλείους, καὶ δι' ἣν αἰτίαν, εἴρηται· διότι δὲ 
 πλείους τῶν εἰρημένων, καὶ τίνες καὶ διὰ τί, λέγωμεν ἀρχὴν λαβόντες 
 τὴν εἰρημένην πρότερον. Ὁμολογοῦμεν γὰρ οὐχ ἓν μέρος ἀλλὰ πλείω 
 πᾶσαν ἔχειν πόλιν. Ὥσπερ οὖν εἰ ζῴου προῃρούμεθα λαβεῖν εἴδη, 
 πρῶτον ἂν ἀποδιωρίζομεν ἅπερ ἀναγκαῖον πᾶν ἔχειν ζῷον (οἷον ἔνιά τε 
 τῶν αἰσθητηρίων καὶ τὸ τῆς τροφῆς ἐργαστικὸν καὶ δεκτικόν, οἷον στόμα 
 καὶ κοιλίαν, πρὸς δὲ τούτοις, οἷς κινεῖται μορίοις ἕκαστον αὐτῶν)· 
 § 10. εἰ δὲ τοσαῦτα εἴη μόνον, τούτων δ' εἶεν διαφοραί (λέγω δ' οἷον 
 στόματός τινα πλείω γένη καὶ κοιλίας καὶ τῶν αἰσθητηρίων, ἔτι δὲ καὶ 
 τῶν κινητικῶν μορίων), ὁ τῆς συζεύξεως τῆς τούτων ἀριθμὸς ἐξ 
 ἀνάγκης ποιήσει πλείω γένη ζῴων νοὐ γὰρ οἷόν τε (αὐτὸν ζῷον ἔχειν 
 πλείους στόματος διαφοράς, ὁμοίως δὲ οὐδ' ὤτων), ὥσθ' ὅταν ληφθῶσι 
 τούτων πάντες οἱ ἐνδεχόμενοι συνδυασμοί, ποιήσουσιν εἴδη ζῴου, καὶ 
 τοσαῦτ' εἴδη τοῦ ζῴου ὅσαι περ αἱ συζεύξεις τῶν ἀναγκαίων μορίων 
 εἰσίντὸν αὐτὸν δὴ τρόπον καὶ τῶν εἰρημένων πολιτειῶν. Καὶ γὰρ αἱ 
 πόλεις οὐκ ἐξ ἑνὸς ἀλλ' ἐκ πολλῶν σύγκεινται μερῶν, ὥσπερ εἴρηται 
 πολλάκις. 
 § 11. Ἓν μὲν οὖν ἐστι τὸ περὶ τὴν τροφὴν πλῆθος, οἱ καλούμενοι γεωργοί, |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [4,1290b] § 7. Certes il est bien plus exact de dire qu'il y a démocratie là où la souveraineté 
est attribuée à tous les hommes libres, oligarchie là où elle appartient 
exclusivement aux riches. La majorité des pauvres, la minorité des riches, ne sont 
que des circonstances secondaires. Mais la majorité est libre, et c'est la minorité qui 
est riche. Il y aurait sans doute autant d'oligarchie à répartir le pouvoir selon la 
taille et la beauté, comme on le fait, dit-on, en Éthiopie ; car la beauté et l'élévation 
de la taille sont des avantages bien peu communs. 
§ 8. On n'en aurait pas moins grand tort de fonder uniquement les droits 
politiques sur des bases aussi légères. Comme la démocratie et l'oligarchie 
renferment plusieurs sortes d'éléments, il faut faire plusieurs réserves. Il n'y a pas 
de démocratie là où des hommes libres en minorité commandent à une multitude 
qui ne jouit pas de la liberté. Je citerai Apollonie, sur le golfe Ionique, et Théra. 
Dans ces deux villes, le pouvoir, à l'exclusion de l'immense majorité, appartenait à 
quelques citoyens de naissance illustre, et qui étaient les fondateurs des colonies. Il 
n'y a pas davantage de démocratie, quand la souveraineté est aux riches, en 
supposant même qu'ils forment la majorité, comme jadis à Colophon, où, avant la 
guerre de Lydie, la majorité des citoyens possédait des fortunes considérables. Il 
n'y a de démocratie réelle que là où les hommes libres, mais pauvres, forment la 
majorité et sont souverains. Il n'y a d'oligarchie que là où les riches et les nobles, 
en petit nombre, possèdent la souveraineté.
§ 9. Ces considérations suffisent pour montrer que les constitutions peuvent être 
nombreuses et diverses, et pourquoi elles le sont. J'ajoute qu'il y a plusieurs 
espèces dans les constitutions dont nous parlons ici. 
Quelles sont ces formes politiques? Comment naissent-elles? C'est ce que nous 
allons examiner, en partant toujours des principes que nous avons posés plus haut. 
On nous accorde que tout État se compose, non d'une seule partie, mais de parties 
multiples. Or, lorsqu'en histoire naturelle on veut connaître toutes les espèces du 
règne animal, on commence par déterminer les organes indispensables à tout 
animal : par exemple quelques-uns des sens qu'il possède, les organes de la 
nutrition, qui reçoivent et digèrent les aliments, comme la bouche et l'estomac, et 
de plus l'appareil locomoteur de chaque espèce. 
§ 10. En supposant qu'il n'y eût pas d'autres organes que ceux-là, mais qu'ils 
fussent dissemblables entre eux, que par exemple la bouche, l'estomac, les sens et 
en outre les appareils locomoteurs ne se ressemblassent pas, le nombre de leurs 
combinaisons réelles formerait nécessairement autant d'espèces distinctes 
d'animaux; car il est impossible qu'une même espèce ait plusieurs genres 
différents d'un même organe, bouche ou oreille. Toutes les combinaisons possibles 
de ces organes suffiront donc pour constituer des espèces nouvelles d'animaux, et 
ces espèces seront précisément aussi multipliées que pourront l'être les 
combinaisons des organes indispensables. 
Ceci s'applique exactement aux formes politiques dont nous traitons ici; car l'État, 
comme je l'ai dit souvent, se compose non d'un seul élément mais d'éléments fort 
multiples.
§ 11. Ici, une classe nombreuse prépare les subsistances pour la société, ce sont les 
laboureurs; |  |