Texte grec :
[3,1278b] § 7. αθ' ἣν ἀνὴρ ἀγαθός ἐστι καὶ πολίτης σπουδαῖος, δῆλον ἐκ τῶν
εἰρημένων, ὅτι τινὸς μὲν πόλεως ὁ αὐτὸς τινὸς δ' ἕτερος, κἀκεῖνος οὐ
πᾶς ἀλλ' ὁ πολιτικὸς καὶ κύριος ἢ δυνάμενος εἶναι κύριος, ἢ καθ' αὑτὸν
ἢ μετ' ἄλλων, τῆς τῶν κοινῶν ἐπιμελείας.
CHAPITRE IV.
§ 1. Ἐπεὶ δὲ ταῦτα διώρισται, τὸ μετὰ ταῦτα σκεπτέον, πότερον μίαν
θετέον πολιτείαν ἢ πλείους, κἂν εἰ πλείους, τίνες καὶ πόσαι, καὶ
διαφοραὶ τίνες αὐτῶν εἰσιν. Ἔστι δὲ πολιτεία πόλεως τάξις τῶν τε ἄλλων
ἀρχῶν καὶ μάλιστα τῆς κυρίας πάντων. Κύριον μὲν γὰρ πανταχοῦ τὸ
πολίτευμα τῆς πόλεως, πολίτευμα δ' ἐστὶν ἡ πολιτεία. Λέγω δ' οἷον ἐν
μὲν ταῖς δημοκρατίαις κύριος ὁ δῆμος, οἱ δ' ὀλίγοι τοὐναντίον ἐν ταῖς
ὀλιγαρχίαις, φαμὲν δὲ καὶ πολιτείαν ἑτέραν εἶναι τούτων. Τὸν αὐτὸν δὲ
τοῦτον ἐροῦμεν λόγον καὶ περὶ τῶν ἄλλων.
§ 2. Ὑποθετέον δὴ πρῶτον τίνος χάριν συνέστηκε πόλις, καὶ τῆς ἀρχῆς
εἴδη πόσα τῆς περὶ ἄνθρωπον καὶ τὴν κοινωνίαν τῆς ζωῆς. Εἴρηται δὴ
κατὰ τοὺς πρώτους λόγους, ἐν οἷς περὶ οἰκονομίας διωρίσθη καὶ
δεσποτείας, καὶ ὅτι φύσει μέν ἐστιν ἄνθρωπος ζῷον πολιτικόν. Διὸ καὶ
μηδὲν δεόμενοι τῆς παρὰ ἀλλήλων βοηθείας οὐκ ἔλαττον ὀρέγονται τοῦ συζῆν·
§ 3. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὸ κοινῇ συμφέρον συνάγει, καθ' ὅσον ἐπιβάλλει
μέρος ἑκάστῳ τοῦ ζῆν καλῶς. Μάλιστα μὲν οὖν τοῦτ' ἐστὶ τέλος, καὶ
κοινῇ πᾶσι καὶ χωρίς· συνέρχονται δὲ καὶ τοῦ ζῆν ἕνεκεν αὐτοῦ καὶ
συνέχουσι τὴν πολιτικὴν κοινωνίαν, ἴσως γὰρ ἔνεστί τι τοῦ καλοῦ
μόριον καὶ κατὰ τὸ ζῆν αὐτὸ μόνον· ἂν μὴ τοῖς χαλεποῖς κατὰ τὸν βίον
ὑπερβάλῃ λίαν, δῆλον δ' ὡς καρτεροῦσι πολλὴν κακοπάθειαν οἱ πολλοὶ
τῶν ἀνθρώπων γλιχόμενοι τοῦ ζῆν, ὡς ἐνούσης τινὸς εὐημερίας ἐν
αὐτῷ καὶ γλυκύτητος φυσικῆς.
§ 4. Ἀλλὰ μὴν καὶ τῆς ἀρχῆς γε τοὺς λεγομένους τρόπους ῥᾴδιον
διελεῖν· καὶ γὰρ ἐν τοῖς ἐξωτερικοῖς λόγοις διοριζόμεθα περὶ αὐτῶν
πολλάκις. Ἡ μὲν γὰρ δεσποτεία, καίπερ ὄντος κατ' ἀλήθειαν τῷ τε φύσει
δούλῳ καὶ τῷ φύσει δεσπότῃ ταὐτοῦ συμφέροντος, ὅμως ἄρχει πρὸς τὸ
τοῦ δεσπότου συμφέρον οὐδὲν ἧττον, πρὸς δὲ τὸ τοῦ δούλου κατὰ
συμβεβηκός, οὐ γὰρ ἐνδέχεται φθειρομένου τοῦ δούλου σῴζεσθαι τὴν
δεσποτείαν.
§ 5. Ἡ δὲ τέκνων ἀρχὴ καὶ γυναικὸς καὶ τῆς οἰκίας πάσης, ἣν δὴ
καλοῦμεν οἰκονομικήν ἤτοι τῶν ἀρχομένων χάριν ἐστὶν ἢ κοινοῦ τινὸς
ἀμφοῖν, καθ' αὑτὸ μὲν τῶν ἀρχομένων, ὥσπερ ὁρῶμεν καὶ τὰς ἄλλας τέχνας,
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Traduction française :
[3,1278b] § 7. Ainsi toute la discussion qui précède a montré comment la
vertu de l'honnête homme et la vertu du bon citoyen sont identiques, et
comment elles diffèrent; nous avons fait voir que dans tel État le
citoyen et l'homme vertueux ne font qu'un, que dans tel autre ils se
séparent ; et enfin que tout le monde n'est pas citoyen, mais que ce
titre appartient seulement à l'homme politique qui est maître ou qui
peut être maître, soit personnellement, soit collectivement, de
s'occuper des intérêts communs.
CHAPITRE IV.
§ 1. Ces points une fois fixés, la première question qui les suit, c'est
celle-ci : Existe-t-il une ou plusieurs constitutions politiques ? Et s'il y
en a plusieurs, quels en sont la nature, le nombre et les différences ?
La constitution est ce qui détermine dans l'État l'organisation régulière
de toutes les magistratures, mais surtout de la magistrature souveraine ;
et le souverain de la cité, c'est en tous lieux le gouvernement. Le
gouvernement est la constitution même. Je m'explique : par exemple,
dans les démocraties, c'est le peuple qui est souverain ; dans les
oligarchies, au contraire, c'est la minorité composée des riches ; aussi
dit-on que les constitutions de la démocratie et de l'oligarchie sont
essentiellement différentes, et nous appliquerons les mêmes
distinctions à toutes les autres.
§ 2. Il faut d'abord rappeler ici quel est le but assigné par nous à l'État,
et quelles sont les diversités que nous avons reconnues dans les
pouvoirs, tant ceux qui s'appliquent à l'individu que ceux qui
s'appliquent à la vie commune. Au début de ce traité, nous avons dit,
en parlant de l'administration domestique et de l'autorité du maître, que
l'homme est par sa nature un être sociable ; et j'entends par là que,
même sans aucun besoin d'appui mutuel, les hommes désirent
invinciblement la vie sociale.
§ 3. Ceci n'empêche pas que chacun d'eux n'y soit aussi poussé par
son utilité particulière, et par le désir de trouver la part individuelle de
bonheur qui lui doit revenir. C'est là certainement le but de tous en
masse et de chacun en particulier; mais les hommes se réunissent
aussi, ne fût-ce que pour le bonheur seul de vivre ; et cet amour de la
vie est sans doute une des perfections de l'humanité.
On s'attache à l'association politique, même quand on n'y trouve rien
de plus que la vie, à moins que la somme des maux qu'elle cause ne
vienne véritablement la rendre intolérable. Voyez en effet quel degré
de misère supportent la plupart des hommes par le simple amour de la
vie ; la nature semble y avoir mis pour eux une jouissance et une
douceur inexprimables.
§ 4. Il est, du reste, bien facile de distinguer les divers genres de
pouvoir dont nous voulons parler ici ; nous en traitons à plusieurs
reprises dans nos ouvrages exotériques. Bien que l'intérêt du maître et
l'intérêt de son esclave s'identifient, quand c'est le voeu réel de la
nature qui assigne au maître et à l'esclave le rang qu'ils occupent tous
deux, le pouvoir du maître a cependant pour objet direct l'avantage du
maître, et pour objet accidentel, l'avantage de l'esclave, parce que,
l'esclave une fois détruit, le pouvoir du maître disparaît avec lui.
§ 5. Le pouvoir du père sur les enfants, sur la femme et la famille
entière, pouvoir que nous avons nommé domestique, a pour but
l'intérêt des administrés, ou tout au plus un intérêt commun à eux
et à celui qui les régit.
Quoique ce pouvoir en lui-même soit fait surtout pour les administrés,
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