Texte grec :
[2,1273a] καὶ ἔβλαψαν ἤδη τὴν πόλιν τὴν τῶν Λακεδαιμονίων.
§ 3. Τὰ μὲν οὖν πλεῖστα τῶν ἐπιτιμηθέντων ἂν διὰ τὰς παρεκβάσεις
κοινὰ τυγχάνει πάσαις ὄντα ταῖς εἰρημέναις πολιτείαις· τῶν δὲ παρὰ τὴν
ὑπόθεσιν τῆς ἀριστοκρατίας καὶ τῆς πολιτείας τὰ μὲν εἰς δῆμον ἐκκλίνει
μᾶλλον, τὰ δ' εἰς ὀλιγαρχίαν. Τοῦ μὲν γὰρ τὰ μὲν προσάγειν τὰ δὲ μὴ
προσάγειν πρὸς τὸν δῆμον οἱ βασιλεῖς κύριοι μετὰ τῶν γερόντων, ἂν
ὁμογνωμονῶσι πάντες, εἰ δὲ μή, καὶ τούτων ὁ δῆμος. Ἃ δ' ἂν
εἰσφέρωσιν οὗτοι, οὐ διακοῦσαι μόνον ἀποδιδόασι τῷ δήμῳ τὰ δόξαντα
τοῖς ἄρχουσιν, ἀλλὰ κύριοι κρίνειν εἰσὶ καὶ τῷ βουλομένῳ τοῖς
εἰσφερομένοις ἀντειπεῖν ἔξεστιν, ὅπερ ἐν ταῖς ἑτέραις πολιτείαις οὐκ ἔστιν.
§ 4. Τὸ δὲ τὰς πενταρχίας κυρίας οὔσας πολλῶν καὶ μεγάλων ὑφ'
αὑτῶν αἱρετὰς εἶναι, καὶ τὴν τῶν ἑκατὸν ταύτας αἱρεῖσθαι, τὴν μεγίστην
ἀρχήν, ἔτι δὲ ταύτας πλείονα ἄρχειν χρόνον τῶν ἄλλων νκαὶ γὰρ
ἐξεληλυθότες ἄρχουσι καὶ μέλλοντεσσ ὀλιγαρχικόν, τὸ δὲ ἀμίσθους καὶ
μὴ κληρωτὰς ἀριστοκρατικὸν θετέον, καὶ εἴ τι τοιοῦτον ἕτερον, καὶ τὸ τὰς
δίκας ὑπὸ τῶν ἀρχείων δικάζεσθαι πάσας ςκαὶ μὴ ἄλλας ὑπ' ἄλλων,
καθάπερ ἐν Λακεδαίμονἰ.
§ 5. Παρεκβαίνει δὲ τῆς ἀριστοκρατίας ἡ τάξις τῶν Καρχηδονίων
μάλιστα πρὸς τὴν ὀλιγαρχίαν κατά τινα διάνοιαν ἣ συνδοκεῖ τοῖς
πολλοῖς· οὐ γὰρ μόνον ἀριστίνδην ἀλλὰ καὶ πλουτίνδην οἴονται δεῖν
αἱρεῖσθαι τοὺς ἄρχοντας· ἀδύνατον γὰρ τὸν ἀποροῦντα καλῶς ἄρχειν
καὶ σχολάζειν. Εἴπερ οὖν τὸ μὲν αἱρεῖσθαι πλουτίνδην ὀλιγαρχικὸν τὸ δὲ
κατ' ἀρετὴν ἀριστοκρατικόν, αὕτη τις ἂν εἴη τάξις τρίτη, καθ' ἥνπερ
συντέτακται καὶ τοῖς Καρχηδονίοις τὰ περὶ τὴν πολιτείαν· αἱροῦνται γὰρ
εἰς δύο ταῦτα βλέποντες, καὶ μάλιστα τὰς μεγίστας, τούς τε βασιλεῖς καὶ
τοὺς στρατηγούς.
§ 6. Δεῖ δὲ νομίζειν ἁμάρτημα νομοθέτου τὴν παρέκβασιν εἶναι τῆς
ἀριστοκρατίας ταύτην. Ἐξ ἀρχῆς γὰρ τοῦθ' ὁρᾶν ἐστι τῶν
ἀναγκαιοτάτων, ὅπως οἱ βέλτιστοι δύνωνται σχολάζειν καὶ μηδὲν
ἀσχημονεῖν, μὴ μόνον ἄρχοντες ἀλλὰ μηδ' ἰδιωτεύοντες. Εἰ δὲ δεῖ
βλέπειν καὶ πρὸς εὐπορίαν χάριν σχολῆς, φαῦλον τὸ τὰς μεγίστας
ὠνητὰς εἶναι τῶν ἀρχῶν, τήν τε βασιλείαν καὶ τὴν στρατηγίαν. Ἔντιμον
γὰρ ὁ νόμος οὗτος ποιεῖ τὸν πλοῦτον μᾶλλον τῆς ἀρετῆς, καὶ τὴν πόλιν
ὅλην φιλοχρήματον.
§ 7. Ὅ τι δ' ἂν ὑπολάβῃ τίμιον εἶναι τὸ κύριον, ἀνάγκη καὶ τὴν τῶν
ἄλλων πολιτῶν δόξαν ἀκολουθεῖν τούτοις.
Ὅπου δὲ μὴ μάλιστα ἀρετὴ τιμᾶται,
|
|
Traduction française :
[2,1273a] et ils ont fait déjà bien du mal à Lacédémone.
§ 3. Les déviations de principes signalées et critiquées si souvent, sont
communes à tous les gouvernements que nous avons jusqu'à présent étudiés. La
constitution Carthaginoise, comme toutes celles dont la base est à la fois
aristocratique et républicaine, penche tantôt vers la démagogie, tantôt vers
l'oligarchie : par exemple, la royauté et le sénat, quand leur avis
est unanime, peuvent porter certaines affaires et en soustraire certaines autres
à la connaissance du peuple, qui n'a droit de les décider qu'en cas de
dissentiment. Mais, une fois qu'il en est saisi, il peut non seulement se
faire exposer les motifs des magistrats, mais aussi prononcer souverainement ;
et chaque citoyen peut prendre la parole sur l'objet en discussion, prérogative
qu'on chercherait vainement ailleurs.
§ 4. D'un autre côté, laisser aux Pentarchies, chargées d'une foule d'objets
importants, la faculté de se recruter elles-mêmes ; leur permettre de nommer la
première de toutes les magistratures, celle des Cent ; leur accorder un
exercice plus long qu'à toutes les autres fonctions, puisque, sortis de charge,
ou simples candidats, les Pentarques sont toujours aussi puissants, ce sont là
des institutions oligarchiques. C'est, d'autre part, un établissement
aristocratique que celui de fonctions gratuites non désignées par le sort ;
et je retrouve la même tendance dans quelques autres institutions, comme celle
de juges qui prononcent sur toute espèce de causes, sans avoir, comme à
Lacédémone, des attributions spéciales.
§ 5. Si le gouvernement de Carthage dégénère surtout de l'aristocratie à
l'oligarchie, il faut en voir la cause dans une opinion qui paraît y être
assez généralement reçue : on y est persuadé que les fonctions publiques doivent
être confiées non pas seulement aux gens distingués, mais aussi à la richesse,
et qu'un citoyen pauvre ne peut quitter ses affaires et gérer avec probité
celles de l'État. Si donc choisir d'après la richesse est un principe
oligarchique, et choisir d'après le mérite un principe aristocratique, le
gouvernement de Carthage formerait une troisième combinaison,
puisqu'on y tient compte à la fois de ces deux conditions, surtout dans
l'élection des magistrats suprêmes, celle des rois et des généraux.
§ 6. Cette altération du principe aristocratique est un faute qu'on doit faire
remonter jusqu'au législateur lui-même ; un de ses premiers soins doit être, dès
l'origine, d'assurer du loisir aux citoyens les plus distingués, et de faire en
sorte que la pauvreté ne puisse jamais porter atteinte à leur considération,
soit comme magistrats, soit comme simples particuliers. Mais si l'on
doit avouer que la fortune mérite attention, à cause du loisir qu'elle procure,
il n'en est pas moins dangereux de rendre vénales les fonctions les plus
élevées, comme celle de roi et de général. Une loi de ce genre rend l'argent
plus honorable que le mérite, et inspire l'amour de l'or à la république entière.
§ 7. L'opinion des premiers de l'État fait règle pour les autres citoyens,
toujours prêts à les suivre. Or, partout où le mérite n'est pas plus
estimé que tout le reste,
|
|