Texte grec :
[2,1271a] τὸν τρόπον δὲ τοῦτον πεπαιδευμένων ὥστε καὶ
τὸν νομοθέτην αὐτὸν ἀπιστεῖν ὡς οὐκ ἀγαθοῖς ἀνδράσιν, οὐκ ἀσφαλές.
§ 18. Φαίνονται δὲ καὶ καταδωροδοκούμενοι καὶ καταχαριζόμενοι
πολλὰ τῶν κοινῶν οἱ κεκοινωνηκότες τῆς ἀρχῆς ταύτης. Διόπερ βέλτιον
αὐτοὺς μὴ ἀνευθύνους εἶναι· νῦν δ' εἰσίν. Δόξειε δ' ἂν ἡ τῶν ἐφόρων
ἀρχὴ πάσας εὐθύνειν τὰς ἀρχάς· τοῦτο δὲ τῇ ἐφορείᾳ μέγα λίαν τὸ
δῶρον, καὶ τὸν τρόπον οὐ τοῦτον λέγομεν διδόναι δεῖν τὰς εὐθύνας. Ἔτι
δὲ καὶ τὴν αἵρεσιν ἣν ποιοῦνται τῶν γερόντων κατά τε τὴν κρίσιν ἐστὶ
παιδαριώδης, καὶ τὸ αὐτὸν αἰτεῖσθαι τὸν ἀξιωθησόμενον τῆς ἀρχῆς οὐκ
ὀρθῶς ἔχει· δεῖ γὰρ καὶ βουλόμενον καὶ μὴ βουλόμενον ἄρχειν τὸν ἄξιον
τῆς ἀρχῆς.
§ 19. Νῦν δ' ὅπερ καὶ περὶ τὴν ἄλλην πολιτείαν ὁ νομοθέτης φαίνεται
ποιῶν· φιλοτίμους γὰρ κατασκευάζων τοὺς πολίτας τούτῳ κέχρηται
πρὸς τὴν αἵρεσιν τῶν γερόντων· οὐδεὶς γὰρ ἂν ἄρχειν αἰτήσαιτο μὴ
φιλότιμος ὤν. Καίτοι τῶν γ' ἀδικημάτων τῶν γ' ἑκουσίων τὰ πλεῖστα
συμβαίνει σχεδὸν διὰ φιλοτιμίαν καὶ διὰ φιλοχρηματίαν τοῖς ἀνθρώποις.
§ 20. Περὶ δὲ βασιλείας, εἰ μὲν βέλτιόν ἐστιν ὑπάρχειν ταῖς πόλεσιν ἢ μὴ
βέλτιον, ἄλλος ἔστω λόγος· ἀλλὰ μὴν βέλτιόν γε μὴ καθάπερ νῦν, ἀλλὰ
κατὰ τὸν αὑτοῦ βίον ἕκαστον κρίνεσθαι τῶν βασιλέων. Ὅτι δ' ὁ
νομοθέτης οὐδ' αὐτὸς οἴεται δύνασθαι ποιεῖν καλοὺς κἀγαθούς, δῆλον·
ἀπιστεῖ γοῦν ὡς οὐκ οὖσιν ἱκανῶς ἀγαθοῖς ἀνδράσιν· διόπερ
ἐξέπεμπον συμπρεσβευτὰς τοὺς ἐχθρούς, καὶ σωτηρίαν ἐνόμιζον τῇ
πόλει εἶναι τὸ στασιάζειν τοὺς βασιλεῖς.
§ 21. Οὐ καλῶς δ' οὐδὲ περὶ τὰ συσσίτια τὰ καλούμενα φιδίτια
νενομοθέτηται τῷ καταστήσαντι πρῶτον. Ἔδει γὰρ ἀπὸ κοινοῦ μᾶλλον
εἶναι τὴν σύνοδον, καθάπερ ἐν Κρήτῃ· παρὰ δὲ τοῖς Λάκωσιν ἕκαστον
δεῖ φέρειν, καὶ σφόδρα πενήτων ἐνίων ὄντων καὶ τοῦτο τὸ ἀνάλωμα οὐ
δυναμένων δαπανᾶν, ὥστε συμβαίνει τοὐναντίον τῷ νομοθέτῃ τῆς
προαιρέσεως. Βούλεται μὲν γὰρ δημοκρατικὸν εἶναι τὸ κατασκεύασμα
τῶν συσσιτίων, γίνεται δ' ἥκιστα δημοκρατικὸν οὕτω νενομοθετημένον.
Μετέχειν μὲν γὰρ οὐ ῥᾴδιον τοῖς λίαν πένησιν, ὅρος δὲ τῆς πολιτείας
οὗτός ἐστιν αὐτοῖς ὁ πάτριος, τὸν μὴ δυνάμενον τοῦτο τὸ τέλος φέρειν
μὴ μετέχειν αὐτῆς.
§ 22. Τῷ δὲ περὶ τοὺς ναυάρχους νόμῳ καὶ ἕτεροί τινες ἐπιτετιμήκασιν,
ὀρθῶς ἐπιτιμῶντες. Στάσεως γὰρ γίνεται αἴτιος· ἐπὶ γὰρ τοῖς βασιλεῦσιν,
οὖσι στρατηγοῖς ἀιδίοις, ἡ ναυαρχία σχεδὸν ἑτέρα βασιλεία καθέστηκεν.
§ 23. Καὶ ὡδὶ δὲ τῇ ὑποθέσει τοῦ νομοθέτου ἐπιτιμήσειεν ἄν τις,
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Traduction française :
[2,1271a] et le danger est d'autant plus grand que l'éducation des sénateurs
n'a point empêché le législateur lui-même de se défier de leur vertu.
§ 18. On a vu des hommes investis de cette magistrature être accessibles à la
corruption, et sacrifier à la faveur les intérêts de l'État. Aussi eût-il été plus
sûr de ne pas les rendre irresponsables, comme ils le sont à Sparte. On aurait
tort de penser que la surveillance des Éphores garantisse la responsabilité de
tous les magistrats ; c'est accorder beaucoup trop de puissance aux Éphores,
et ce n'est pas, d'ailleurs, en ce sens que nous recommandons la
responsabilité. Il faut ajouter que l'élection des sénateurs est dans sa forme
aussi puérile que celle des Éphores, et l'on ne saurait approuver que le
citoyen qui est digne d'être appelé à une fonction publique, vienne la
solliciter en personne. Les magistratures doivent être confiées au mérite, qu'il
les accepte ou qu'il les refuse.
§ 19. Mais ici le législateur s'est guidé sur le principe qui éclate dans toute sa
constitution. C'est en excitant l'ambition des citoyens qu'il procède au choix
des sénateurs ; car on ne sollicite jamais une magistrature que par ambition ;
et cependant la plupart des crimes volontaires parmi les hommes n'ont
d'autre source que l'ambition et la cupidité.
§ 20. Quant à la royauté, j'examinerai ailleurs si elle est une institution funeste
ou avantageuse aux États. Mais certainement l'organisation qu'elle a reçue et
qu'elle conserve à Lacédémone, ne vaut pas l'élection à vie de chacun des
deux rois. Le législateur lui-même a désespéré de leur vertu, et ses lois
prouvent qu'il se défiait de leur probité. Aussi, les Lacédémoniens les ont
souvent fait accompagner dans les expéditions militaires par des ennemis
personnels, et la discorde des deux rois leur semblait la sauvegarde de l'État.
§ 21. Les repas communs qu'ils nomment Phidities, ont également été mal
organisés, et la faute en est à leur fondateur. Les frais en devraient être mis à
la charge de l'État, comme en Crète. A Lacédémone, au contraire, chacun doit
y porter la part prescrite par la loi, bien que l'extrême pauvreté de quelques
citoyens ne leur permette pas même de faire cette dépense. L'intention du
législateur est donc complètement manquée ; il voulait faire des repas
communs une institution toute populaire, et, grâce à la loi, elle n'est rien
moins que cela. Les pins pauvres ne peuvent prendre part à ces repas, et
pourtant, de temps immémorial, le droit politique ne s'acquiert qu'à cette
condition, il est perdu pour celui qui est hors d'état de supporter cette charge.
§ 22. C'est avec justice qu'on a blâmé la loi relative aux amiraux, elle est une
source de dissensions ; car c'est créer, à côté des rois, qui sont pour leur vie
généraux de l'armée de terre, une autre royauté presque aussi puissante que
la leur.
§ 23. On peut adresser au système entier du législateur le reproche
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