| Texte grec :
 
 
  
  
   | [1,1254b] (1254b) Τὰ μὲν οὖν λεγόμενα ὄργανα ποιητικὰ ὄργανά ἐστι, τὸ δὲ 
 κτῆμα πρακτικόν· ἀπὸ μὲν γὰρ τῆς κερκίδος ἕτερόν τι γίνεται παρὰ τὴν 
 χρῆσιν αὐτῆς, ἀπὸ δὲ τῆς ἐσθῆτος καὶ τῆς κλίνης ἡ χρῆσις μόνον.
 § 6.  Ἔτι δ' ἐπεὶ διαφέρει ἡ ποίησις εἴδει καὶ ἡ πρᾶξις, καὶ δέονται 
 ἀμφότεραι ὀργάνων, ἀνάγκη καὶ ταῦτα τὴν αὐτὴν ἔχειν διαφοράν. 
 Ὁ δὲ βίος πρᾶξις, οὐ ποίησις, ἐστιν· διὸ καὶ ὁ δοῦλος ὑπηρέτης τῶν 
 πρὸς τὴν πρᾶξιν. Τὸ δὲ κτῆμα λέγεται ὥσπερ καὶ τὸ μόριον. Τό γὰρ 
 μόριον οὐ μόνον ἄλλου ἐστὶ μόριον, ἀλλὰ καὶ ἁπλῶς ἄλλου· ὁμοίως 
 δὲ καὶ τὸ κτῆμα. Διὸ ὁ μὲν δεσπότης τοῦ δούλου δεσπότης μόνον, 
 ἐκείνου δ' οὐκ ἔστιν· ὁ δὲ δοῦλος οὐ μόνον δεσπότου δοῦλός ἐστιν, 
 ἀλλὰ καὶ ὅλως ἐκείνου.
 § 7. Τίς μὲν οὖν ἡ φύσις τοῦ δούλου καὶ τίς ἡ δύναμις, ἐκ τούτων 
 δῆλον· ὁ γὰρ μὴ αὑτοῦ φύσει ἀλλ' ἄλλου ἄνθρωπος ὤν, οὗτος φύσει 
 δοῦλός ἐστιν, ἄλλου δ' ἐστὶν ἄνθρωπος ὃς ἂν κτῆμα ᾖ ἄνθρωπος 
 ὤν, κτῆμα δὲ ὄργανον πρακτικὸν καὶ χωριστόν. 
 § 8. Πότερον δ' ἔστι τις φύσει τοιοῦτος ἢ οὔ, καὶ πότερον βέλτιον καὶ 
 δίκαιόν τινι δουλεύειν ἢ οὔ, ἀλλὰ πᾶσα δουλεία παρὰ φύσιν ἐστί, 
 μετὰ ταῦτα σκεπτέον. Οὐ χαλεπὸν δὲ καὶ τῷ λόγῳ θεωρῆσαι καὶ ἐκ 
 τῶν γινομένων καταμαθεῖν. Τὸ γὰρ ἄρχειν καὶ ἄρχεσθαι οὐ μόνον 
 τῶν ἀναγκαίων ἀλλὰ καὶ τῶν συμφερόντων ἐστί, καὶ εὐθὺς ἐκ 
 γενετῆς ἔνια διέστηκε τὰ μὲν ἐπὶ τὸ ἄρχεσθαι τὰ δ' ἐπὶ τὸ ἄρχειν. 
 Καὶ εἴδη πολλὰ καὶ ἀρχόντων καὶ ἀρχομένων ἔστιν (καὶ ἀεὶ βελτίων 
 ἡ ἀρχὴ ἡ τῶν βελτιόνων ἀρχομένων, οἷον ἀνθρώπου ἢ θηρίου· τὸ 
 γὰρ ἀποτελούμενον ὑπὸ τῶν βελτιόνων βέλτιον ἔργον· ὅπου δὲ τὸ 
 μὲν ἄρχει τὸ δ' ἄρχεται, ἔστι τι τούτων ἔργον). 
 § 9. Ὅσα γὰρ ἐκ πλειόνων συνέστηκε καὶ γίνεται ἕν τι κοινόν, εἴτε 
 ἐκ συνεχῶν εἴτε ἐκ διῃρημένων, ἐν ἅπασιν ἐμφαίνεται τὸ ἄρχον καὶ 
 τὸ ἀρχόμενον, καὶ τοῦτο ἐκ τῆς ἁπάσης φύσεως ἐνυπάρχει τοῖς 
 ἐμψύχοις· καὶ γὰρ ἐν τοῖς μὴ μετέχουσι ζωῆς ἔστι τις ἀρχή, οἷον 
 ἁρμονίας. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἴσως ἐξωτερικωτέρας ἐστὶ σκέψεως. 
 § 10. Τὸ δὲ ζῷον πρῶτον συνέστηκεν ἐκ ψυχῆς καὶ σώματος, ὧν τὸ 
 μὲν ἄρχον ἐστὶ φύσει τὸ δ' ἀρχόμενον. Δεῖ δὲ σκοπεῖν ἐν τοῖς κατὰ 
 φύσιν ἔχουσι μᾶλλον τὸ φύσει, καὶ μὴ ἐν τοῖς διεφθαρμένοις· διὸ 
 καὶ τὸν βέλτιστα διακείμενον καὶ κατὰ σῶμα καὶ κατὰ ψυχὴν 
 ἄνθρωπον θεωρητέον, ἐν ᾧ τοῦτο δῆλον. |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [1,1254b] Les instruments, proprement dits, sont donc des instruments de production ; 
la propriété au contraire est simplement d'usage. Ainsi, la navette produit quelque chose 
de plus que l'usage qu'on en fait ; mais un vêtement, un lit, ne donnent que cet usage même.
§ 6. En outre, comme la production et l'usage diffèrent spécifiquement, et que ces 
deux choses ont des instruments qui leur sont propres, il faut bien que les 
instruments dont elles se servent aient entre eux une différence analogue. La vie 
est l'usage, et non la production des choses ; et l'esclave ne sert qu'à faciliter tous 
ces actes d'usage. Propriété est un mot qu'il faut entendre comme on entend le mot 
partie : la partie fait non seulement partie d'un tout, mais encore elle appartient 
d'une manière absolue à une chose autre qu'elle-même. Et pareillement pour la 
propriété : le maître est simplement le maître de l'esclave, mais il ne tient pas 
essentiellement à lui ; l'esclave, au contraire, est non seulement l'esclave du maître, 
mais encore il en relève absolument.
§ 7. Ceci montre nettement ce que l'esclave est en soi et ce qu'il peut être. Celui 
qui, par une loi de nature, ne s'appartient pas à lui-même, mais qui, tout en étant 
homme, appartient à un autre, celui-là est naturellement esclave. Il est l'homme 
d'un autre, celui qui en tant qu'homme devient une propriété ; et la propriété est 
un instrument d'usage et tout individuel.
§ 8. Il faut voir maintenant s'il est des hommes ainsi faits par la nature, ou bien s'il 
n'en existe point ; si, pour qui que ce soit, il est juste et utile d'être esclave, ou bien 
si tout esclavage est un fait contre nature. La raison et les faits peuvent résoudre 
aisément ces questions. L'autorité et l'obéissance ne sont pas seulement choses 
nécessaires ; elles sont encore choses éminemment utiles. Quelques êtres, du 
moment même qu'ils naissent, sont destinés, les uns à obéir, les autres à 
commander, bien qu'avec des degrés et des nuances très diverses pour les uns et 
pour les autres. L'autorité s'élève et s'améliore dans la même mesure que les êtres 
qui l'appliquent ou qu'elle régit. Elle vaut mieux dans les hommes que dans les 
animaux, parce que la perfection de l'oeuvre est toujours en raison de la perfection 
des ouvriers; et une oeuvre s'accomplit partout où se rencontrent l'autorité et 
l'obéissance.
§ 9. Ces deux éléments d'obéissance et de commandement se retrouvent dans tout 
ensemble, formé de plusieurs choses arrivant à un résultat commun, qu'elles 
soient d'ailleurs séparées ou continues. C'est là une condition que la nature 
impose à tous les êtres animés ; et l'on pourrait même découvrir quelques traces 
de ce principe jusque dans les objets sans vie : telle est, par exemple, l'harmonie 
dans les sons. Mais ceci nous entraînerait peut-être trop loin de notre sujet.
§ 10. D'abord, l'être vivant est composé d'une âme et d'un corps, faits 
naturellement l'une pour commander, l'autre pour obéir. C'est là du moins le voeu 
de la nature, qu'il importe de toujours étudier dans les êtres développés suivant 
ses lois régulières, et non point dans les êtres dégradés. Cette prédominance de 
l'âme est évidente dans l'homme parfaitement sain d'esprit et de corps, le seul que 
nous devions examiner ici. |  |