| Texte grec :
 
 
  
  
   | [1,1254a] CHAPITE II. 
 (1254a) §1. Ἐπεὶ δὲ φανερὸν ἐξ ὧν μορίων ἡ πόλις συνέστηκεν, 
 ἀναγκαῖον πρῶτον περὶ οἰκονομίας εἰπεῖν· πᾶσα γὰρ σύγκειται 
 πόλις ἐξ οἰκιῶν. Οἰκονομίας δὲ μέρη ἐξ ὧν πάλιν οἰκία συνέστηκεν· 
 οἰκία δὲ τέλειος ἐκ δούλων καὶ ἐλευθέρων. Ἐπεὶ δ' ἐν τοῖς 
 ἐλαχίστοις πρῶτον ἕκαστον ζητητέον, πρῶτα δὲ καὶ ἐλάχιστα μέρη 
 οἰκίας δεσπότης καὶ δοῦλος, καὶ πόσις καὶ ἄλοχος, καὶ πατὴρ καὶ 
 τέκνα, περὶ τριῶν ἂν τούτων σκεπτέον εἴη τί ἕκαστον καὶ ποῖον δεῖ εἶναι. 
 §2. Ταῦτα δ' ἐστὶ δεσποτικὴ καὶ γαμική (ἀνώνυμον γὰρ ἡ γυναικὸς 
 καὶ ἀνδρὸς σύζευξις) καὶ τρίτον τεκνοποιητική (καὶ γὰρ αὕτη οὐκ 
 ὠνόμασται ἰδίῳ ὀνόματι). Ἔστωσαν δὴ αὗται τρεῖς ἃς εἴπομεν. Ἔστι 
 δέ τι μέρος ὃ δοκεῖ τοῖς μὲν εἶναι οἰκονομία, τοῖς δὲ μέγιστον μέρος 
 αὐτῆς· ὅπως δ' ἔχει, θεωρητέον· λέγω δὲ περὶ τῆς καλουμένης 
 χρηματιστικῆς. Πρῶτον δὲ περὶ δεσπότου καὶ δούλου εἴπωμεν, ἵνα 
 τά τε πρὸς τὴν ἀναγκαίαν χρείαν ἴδωμεν, κἂν εἴ τι πρὸς τὸ εἰδέναι 
 περὶ αὐτῶν δυναίμεθα λαβεῖν βέλτιον τῶν νῦν ὑπολαμβανομένων. 
 §3. Τοῖς μὲν γὰρ δοκεῖ ἐπιστήμη τέ τις εἶναι ἡ δεσποτεία, καὶ ἡ αὐτὴ 
 οἰκονομία καὶ δεσποτεία καὶ πολιτικὴ καὶ βασιλική, καθάπερ 
 εἴπομεν ἀρχόμενοι· τοῖς δὲ παρὰ φύσιν τὸ δεσπόζειν ννόμῳ γὰρ τὸν 
 μὲν δοῦλον εἶναι τὸν δ' ἐλεύθερον, φύσει δ' οὐθὲν διαφέρεινν· 
 διόπερ οὐδὲ δίκαιον· βίαιον γάρ. 
 § 4. Ἐπεὶ οὖν ἡ κτῆσις μέρος τῆς οἰκίας ἐστὶ καὶ ἡ κτητικὴ μέρος τῆς 
 οἰκονομίας (ἄνευ γὰρ τῶν ἀναγκαίων ἀδύνατον καὶ ζῆν καὶ εὖ ζῆν), 
 ὥσπερ δὲ ταῖς ὡρισμέναις τέχναις ἀναγκαῖον ἂν εἴη ὑπάρχειν τὰ 
 οἰκεῖα ὄργανα, εἰ μέλλει ἀποτελεσθήσεσθαι τὸ ἔργον, οὕτω καὶ τῷ 
 οἰκονομικῷ. Τῶν δ' ὀργάνων τὰ μὲν ἄψυχα τὰ δὲ ἔμψυχα αοἷον τῷ 
 κυβερνήτῃ ὁ μὲν οἴαξ ἄψυχον ὁ δὲ πρῳρεὺς ἔμψυχον· ὁ γὰρ 
 ὑπηρέτης ἐν ὀργάνου εἴδει ταῖς τέχναις ἐστίνν· οὕτω καὶ τὸ κτῆμα 
 ὄργανον πρὸς ζωήν ἐστι, καὶ ἡ κτῆσις πλῆθος ὀργάνων ἐστί, καὶ ὁ 
 δοῦλος κτῆμά τι ἔμψυχον, καὶ ὥσπερ ὄργανον πρὸ ὀργάνων πᾶς ὑπηρέτης. 
 § 5. Εἰ γὰρ ἠδύνατο ἕκαστον τῶν ὀργάνων κελευσθὲν ἢ 
 προαισθανόμενον ἀποτελεῖν τὸ αὑτοῦ ἔργον, καὶ ὥσπερ τὰ 
 Δαιδάλου φασὶν ἢ τοὺς τοῦ Ἡφαίστου τρίποδας, οὕς φησιν ὁ 
 ποιητὴς αὐτομάτους θεῖον δύεσθαι ἀγῶνα, οὕτως αἱ κερκίδες 
 ἐκέρκιζον αὐταὶ καὶ τὰ πλῆκτρα ἐκιθάριζεν, οὐδὲν ἂν ἔδει οὔτε τοῖς 
 ἀρχιτέκτοσιν ὑπηρετῶν οὔτε τοῖς δεσπόταις δούλων. |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [1,1254a] CHAPITRE II.  
§ 1.  Maintenant que nous connaissons positivement les parties diverses dont l'État 
s'est formé, il faut nous occuper tout d'abord de l'économie qui régit les familles, 
puisque l'État est toujours composé de familles. Les éléments de l'économie 
domestique sont précisément ceux de la famille elle-même, qui, pour être 
complète, doit comprendre des esclaves et des individus libres. Mais comme, pour 
se rendre compte des choses, il faut soumettre d'abord à l'examen les parties les 
plus simples, et que les parties primitives et simples de la famille sont le maître et 
l'esclave, l'époux et la femme, le père et les enfants, il faudrait étudier séparément 
ces trois ordres d'individus, et voir ce qu'est chacun d'eux et ce qu'il doit être.
§ 2. On a donc à considérer, d'une part, l'autorité du maître, puis, l'autorité 
conjugale ; car la langue grecque n'a pas de mot particulier pour exprimer ce, 
rapport de l'homme et de la femme; et enfin, la génération des enfants, notion à 
laquelle ne répond pas non plus un mot spécial. A ces trois éléments que nous 
venons d'énumérer, on pourrait bien en ajouter un quatrième, que certains auteurs 
confondent avec l'administration domestique, et qui, selon d'autres, en est au 
moins une branche fort importante ; nous l'étudierons aussi : c'est ce qu'on appelle 
l'acquisition des biens. Occupons-nous d'abord du maître et de l'esclave, afin de 
connaître à fond les rapports nécessaires qui les unissent, et afin de voir en même 
temps si nous ne pourrions pas trouver sur ce sujet des idées plus satisfaisantes 
que celles qui sont reçues aujourd'hui.
 § 3. On soutient d'une part qu'il y a une science propre au maître et qu'elle se 
confond avec celle de père de famille, de magistrat et de roi, ainsi que nous l'avons 
dit en débutant. D'autres, au contraire, prétendent que le pouvoir du maître est 
contre nature; que la loi seule fait des hommes libres et des esclaves, mais que la 
nature ne met aucune différence entre eux et même, par suite, que l'esclavage est 
inique, puisque la violence l'a produit.
§ 4. D'un autre côté, la propriété est une partie intégrante de la famille et la science 
de la possession fait aussi partie de la science domestique, puisque, sans les choses 
de première nécessité, les hommes ne sauraient vivre, ni vivre heureux. Il s'ensuit 
que, comme les autres arts, chacun dans sa sphère, ont besoin, pour accomplir leur 
oeuvre, d'instruments spéciaux, la science domestique doit avoir également les 
siens. Or, parmi les instruments, les uns sont inanimés, les autres vivants ; par 
exemple, pour le patron du navire, le gouvernail est un instrument sans vie, et le 
matelot qui veille à la proue, un instrument vivant, l'ouvrier, dans les arts, étant 
considéré comme un véritable instrument. D'après le même principe, on peut dire 
que la propriété n'est qu'un instrument de l'existence, la richesse une multiplicité 
d'instruments, et l'esclave une propriété vivante ; seulement, en tant 
qu'instrument, l'ouvrier est le premier de tous.
§ 5. Si chaque instrument, en effet, pouvait, sur un ordre reçu, ou même deviné, 
travailler de lui-même, comme les statues de Dédale, ou les trépieds de Vulcain, 
« qui se rendaient seuls, dit le poète, aux réunions des dieux »; si les navettes 
tissaient toutes seules ; si l'archet jouait tout seul de la cithare, les entrepreneurs se 
passeraient d'ouvriers, et les maîtres, d'esclaves. |  |