Texte grec :
[8,11] CHAPITRE XI.
§ 1. Τίς δὲ φορὰ πρώτη, νῦν δεικτέον. Ἅμα δὲ καὶ τὸ νῦν καὶ πρότερον ὑποτεθέν, ὅτι ἐνδέχεταί τινα κίνησιν εἶναι συνεχῆ καὶ ἀΐδιον, φανερὸν ἔσται τῇ αὐτῇ μεθόδῳ.
§ 2. Ὅτι μὲν οὖν τῶν ἄλλων κινήσεων οὐδεμίαν ἐνδέχεται συνεχῆ εἶναι, ἐκ τῶνδε φανερόν. Ἅπασαι γὰρ ἐξ ἀντικειμένων εἰς ἀντικείμενά εἰσιν αἱ κινήσεις καὶ μεταβολαί, οἷον γενέσει μὲν καὶ φθορᾷ τὸ ὂν καὶ τὸ μὴ ὂν ὅροι, ἀλλοιώσει δὲ τὰ ἐναντία πάθη, αὐξήσει δὲ καὶ φθίσει ἢ μέγεθος καὶ μικρότης ἢ τελειότης μεγέθους καὶ ἀτέλεια· ἐναντίαι δ' αἱ εἰς τὰ ἐναντία. Τὸ δὲ μὴ αἰεὶ κινούμενον τήνδε τὴν κίνησιν, ὂν δὲ πρότερον, ἀνάγκη πρότερον ἠρεμεῖν. Φανερὸν οὖν ὅτι ἠρεμήσει ἐν τῷ ἐναντίῳ τὸ μεταβάλλον.
§ 3. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν μεταβολῶν· ἀντίκειται γὰρ φθορὰ καὶ γένεσις ἁπλῶς καὶ ἡ καθ' ἕκαστον τῇ καθ' ἕκαστον. Ὥστ' εἰ ἀδύνατον ἅμα μεταβάλλειν τὰς ἀντικειμένας, οὐκ ἔσται συνεχὴς ἡ μεταβολή, ἀλλὰ μεταξὺ ἔσται αὐτῶν χρόνος.
§ 4. Οὐδὲν γὰρ διαφέρει ἐναντίας ἢ μὴ ἐναντίας εἶναι τὰς κατ' ἀντίφασιν μεταβολάς, εἰ μόνον ἀδύνατον ἅμα τῷ αὐτῷ παρεῖναι (τοῦτο γὰρ τῷ λόγῳ οὐδὲν χρήσιμον).
§ 5. Οὐδ' εἰ μὴ ἀνάγκη ἠρεμῆσαι ἐν τῇ ἀντιφάσει, μηδ' ἐστὶν μεταβολὴ ἠρεμίᾳ ἐναντίον (οὐ γὰρ ἴσως ἠρεμεῖ τὸ μὴ ὄν, ἡ δὲ φθορὰ εἰς τὸ μὴ ὄν), ἀλλ' εἰ μόνον μεταξὺ γίγνεται χρόνος· οὕτω γὰρ οὐκ ἔστιν ἡ μεταβολὴ συνεχής· οὐδὲ γὰρ ἐν τοῖς πρότερον ἡ ἐναντίωσις χρήσιμον, ἀλλὰ τὸ μὴ ἐνδέχεσθαι ἅμα ὑπάρχειν.
§ 6. Οὐ δεῖ δὲ ταράττεσθαι ὅτι τὸ αὐτὸ πλείοσιν ἔσται ἐναντίον, οἷον ἡ κίνησις καὶ στάσει καὶ κινήσει τῇ εἰς τοὐναντίον, ἀλλὰ μόνον τοῦτο λαμβάνειν, ὅτι ἀντίκειταί πως καὶ τῇ κινήσει καὶ τῇ ἠρεμίᾳ ἡ κίνησις ἡ ἐναντία, καθάπερ τὸ ἴσον καὶ τὸ μέτριον τῷ ὑπερέχοντι καὶ τῷ ὑπερεχομένῳ, καὶ ὅτι οὐκ ἐνδέχεται ἅμα τὰς ἀντικειμένας οὔτε κινήσεις οὔτε μεταβολὰς ὑπάρχειν.
§ 7. Ἔτι δ' ἐπί τε τῆς γενέσεως καὶ τῆς φθορᾶς καὶ παντελῶς ἄτοπον ἂν εἶναι δόξειεν, εἰ γενόμενον εὐθὺς ἀνάγκη φθαρῆναι καὶ μηδένα χρόνον διαμεῖναι. Ὥστε ἐκ τούτων ἂν ἡ πίστις γένοιτο ταῖς ἄλλαις· φυσικὸν γὰρ τὸ ὁμοίως ἔχειν ἐν ἁπάσαις.
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Traduction française :
[8,11] CHAPITRE XI.
§ 1. Maintenant, il faut expliquer la nature de cette translation première ;
et la même étude nous conduira à démontrer évidemment la vérité du
principe que nous supposons ici, comme nous l'avons déjà supposé
antérieurement, à savoir qu'il peut y avoir un mouvement continu et
éternel.
§ 2. Voici d'abord ce qui prouvera qu'aucun mouvement autre que la
translation ne peut être continu. En effet, tous les mouvements et tous
les changements sans exception ont lieu des opposés aux opposés. Par
exemple, l'être et le non-être sont les limites de la génération et de la
destruction; pour l'altération, les limites sont les affections contraires des
choses; pour l'accroissement et la décroissance, c'est la grandeur ou la
petitesse; c'est encore l'achèvement ou l'inachèvement d'une grandeur
déterminée. Les mouvements contraires sont ceux qui aboutissent aux
contraires. Or ce qui n'a pas éternellement tel ou tel mouvement, s'il
existait antérieurement, a dû de toute nécessité être antérieurement dans
le repos. Donc, évidemment, ce qui change aura un instant de repos
dans le contraire.
§ 3. Il en est de même pour les autres espèces de changements. Ainsi,
la destruction et la génération sont opposées l'une à l'autre, d'une
manière générale, si on les considère d'une manière générale; et chaque
destruction en particulier est opposée à chaque génération particulière.
Par conséquent, s'il est impossible qu'un même objet subisse à la fois
des changements opposés, il n'y aura pas de changement continu; mais
il y aura un temps de repos dans l'intervalle de ces changements divers.
§ 4. Peu importe d'ailleurs que les changements qui sont compris sous la
contradiction de l'être et du non-être, soient ou ne soient pas réellement
contraires, pourvu qu'ils ne puissent pas s'appliquer à la fois au même
objet; car ce n'est d'aucune utilité pour notre démonstration.
§ 5. Peu importe même qu'il n'y ait pas nécessité absolue d'un repos
dans la contradiction, et qu'il n'y ait pas non plus de changement
contraire au repos; car le non-être n'est peut-être pas en repos, et la
destruction qui tend au non-être n'y est pas davantage. Mais il suffit ici
qu'il y ait du temps dans l'intervalle, pour que dès lors le mouvement ne
soit plus continu. En effet, la contrariété n'est pas utile à supposer dans
les choses antérieures, et il suffit que les deux états ne puissent pas
appartenir à la fois à un même objet.
§ 6. Mais il ne faut pas s'inquiéter de nous voir admettre qu'une même
chose peut être à elle seule contraire à plusieurs, comme le mouvement,
par exemple, est à la fois contraire et à l'inertie et au mouvement en sens
contraire, Mais il suffit de comprendre que le mouvement contraire est
opposé d'une certaine façon et au mouvement et au repos, tout de
même que l'égal et le moyen sont opposés tout à la fois et à ce qui
surpasse et à ce qui est surpassé, et que les mouvements ou les
changements opposés ne peuvent coexister dans un même être
simultanément.
§ 7. Il faut ajouter pour la génération et la destruction, qu'il serait tout à
fait absurde de supposer que nécessairement l'être périt aussitôt après
qu'il est né, sans subsister la moindre parcelle de temps. Donc, tout ceci
peut expliquer tout aussi bien les changements qui sont différents de la
génération ; car il est dans les lois de la nature qu'il en soit de même
pour toutes les espèces de changements.
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