[7,2] § 1. Ἀνάγκη εἶναί τι τὸ πρῶτον κινοῦν, καὶ μὴ βαδίζειν εἰς ἄπειρον.
§ 2. Μὴ γὰρ ἔστω, ἀλλὰ γενέσθω ἄπειρον. Κινείσθω δὴ τὸ μὲν Α ὑπὸ τοῦ Β, τὸ
δὲ Β ὑπὸ τοῦ Γ, τὸ δὲ Γ ὑπὸ τοῦ Δ, καὶ ἀεὶ τὸ ἐχόμενον ὑπὸ τοῦ ἐχομένου.
§ 3. Ἐπεὶ οὖν ὑπόκειται τὸ κινοῦν κινούμενον κινεῖν, ἀνάγκη ἅμα γίγνεσθαι
τὴν τοῦ κινουμένου καὶ τὴν τοῦ κινοῦντος κίνησιν (ἅμα γὰρ κινεῖ τὸ κινοῦν
καὶ κινεῖται τὸ κινούμενον)· φανερὸν <οὖν> ὅτι ἅμα ἔσται τοῦ Α καὶ τοῦ Β
καὶ τοῦ Γ καὶ ἑκάστου τῶν κινούντων καὶ κινουμένων ἡ κίνησις.
§ 4. Εἰλήφθω οὖν ἡ ἑκάστου κίνησις, καὶ ἔστω τοῦ μὲν Α ἐφ' ἧς Ε, τοῦ δὲ Β
ἐφ' ἧς Ζ, τῶν <δὲ> Γ Δ ἐφ' ὧν Η Θ. Εἰ γὰρ ἀεὶ κινεῖται ἕκαστον ὑφ'
ἑκάστου, ὅμως ἔσται λαβεῖν μίαν ἑκάστου κίνησιν τῷ ἀριθμῷ· πᾶσα γὰρ
κίνησις ἔκ τινος εἴς τι, καὶ οὐκ ἄπειρος τοῖς ἐσχάτοις.
§ 5. Λέγω δὴ ἀριθμῷ μίαν κίνησιν τὴν ἐκ τοῦ αὐτοῦ εἰς τὸ αὐτὸ τῷ ἀριθμῷ ἐν
τῷ αὐτῷ χρόνῳ τῷ ἀριθμῷ γιγνομένην. Ἔστι γὰρ κίνησις καὶ γένει καὶ εἴδει
καὶ ἀριθμῷ ἡ αὐτή,
§ 6. γένει μὲν ἡ τῆς αὐτῆς κατηγορίας, οἷον οὐσίας ἢ ποιότητος, εἴδει δὲ
<ἡ> ἐκ τοῦ αὐτοῦ τῷ εἴδει εἰς τὸ αὐτὸ τῷ εἴδει, οἷον ἐκ λευκοῦ εἰς μέλαν ἢ
ἐξ ἀγαθοῦ εἰς κακὸν ἀδιάφορον τῷ εἴδει· ἀριθμῷ δὲ ἡ ἐξ ἑνὸς τῷ ἀριθμῷ <εἰς
ἓν τῷ ἀριθμῷ> ἐν τῷ αὐτῷ χρόνῳ, οἷον ἐκ τοῦδε τοῦ λευκοῦ εἰς τόδε τὸ
μέλαν, ἢ ἐκ τοῦδε τοῦ τόπου εἰς τόνδε, ἐν τῷδε τῷ χρόνῳ· εἰ γὰρ ἐν ἄλλῳ,
οὐκέτι ἔσται ἀριθμῷ μία κίνησις, ἀλλ' εἴδει. Εἴρηται δὲ περὶ τούτων ἐν
τοῖς πρότερον.
§ 7. Εἰλήφθω δὲ καὶ ὁ χρόνος ἐν ᾧ κεκίνηται τὴν αὑτοῦ κίνησιν τὸ Α, καὶ
ἔστω ἐφ' ᾧ Κ. Πεπερασμένης δ' οὔσης τῆς τοῦ Α κινήσεως καὶ ὁ χρόνος ἔσται
πεπερασμένος.
§ 8. Ἐπεὶ δὴ ἄπειρα τὰ κινοῦντα καὶ τὰ κινούμενα, καὶ ἡ κίνησις ἡ ΕΖΗΘ ἡ
ἐξ ἁπασῶν ἄπειρος ἔσται· ἐνδέχεται μὲν γὰρ ἴσην εἶναι τὴν τοῦ Α καὶ τοῦ Β
καὶ τὴν τῶν ἄλλων, ἐνδέχεται δὲ μείζους τὰς τῶν ἄλλων, ὥστε εἴ τε ἴσαι εἴ
τε μείζους, ἀμφοτέρως ἄπειρος ἡ ὅλη· λαμβάνομεν γὰρ τὸ ἐνδεχόμενον.
§ 9. Ἐπεὶ δ' ἅμα κινεῖται καὶ τὸ Α καὶ τῶν ἄλλων ἕκαστον, ἡ ὅλη κίνησις ἐν
τῷ αὐτῷ χρόνῳ ἔσται καὶ ἡ τοῦ Α·
§ 10. ἡ δὲ τοῦ Α ἐν πεπερασμένῳ· ὥστε εἴη ἂν ἄπειρος ἐν πεπερασμένῳ, τοῦτο
δ' ἀδύνατον.
§ 11. Οὕτω μὲν οὖν δόξειεν ἂν δεδεῖχθαι τὸ ἐξ ἀρχῆς, οὐ μὴν ἀποδείκνυται
διὰ τὸ μηδὲν δείκνυσθαι ἀδύνατον· ἐνδέχεται γὰρ ἐν πεπερασμένῳ χρόνῳ
ἄπειρον εἶναι κίνησιν, μὴ ἑνὸς ἀλλὰ πολλῶν. Ὅπερ συμβαίνει καὶ ἐπὶ τούτων·
ἕκαστον γὰρ κινεῖται τὴν ἑαυτοῦ κίνησιν, ἅμα δὲ πολλὰ κινεῖσθαι οὐκ
ἀδύνατον.
§ 12. Ἀλλ' εἰ τὸ κινοῦν πρώτως κατὰ τόπον καὶ σωματικὴν κίνησιν ἀνάγκη ἢ
ἅπτεσθαι ἢ συνεχὲς εἶναι τῷ κινουμένῳ, καθάπερ ὁρῶμεν ἐπὶ πάντων, ἀνάγκη
τὰ κινούμενα καὶ τὰ κινοῦντα συνεχῆ εἶναι ἢ ἅπτεσθαι ἀλλήλων, ὥστ' εἶναί
τι ἐξ ἁπάντων ἕν. Τοῦτο δὲ εἴτε πεπερασμένον εἴτε ἄπειρον, οὐδὲν διαφέρει
πρὸς τὰ νῦν· πάντως γὰρ ἡ κίνησις ἔσται ἄπειρος ἀπείρων ὄντων, εἴπερ
ἐνδέχεται καὶ ἴσας εἶναι καὶ μείζους ἀλλήλων· ὃ γὰρ ἐνδέχεται, ληψόμεθα ὡς
ὑπάρχον. Εἰ οὖν τὸ μὲν ἐκ τῶν Α Β Γ Δ <ἢ πεπερασμένον ἢ> ἄπειρόν τί ἐστιν,
κινεῖται δὲ τὴν ΕΖΗΘ κίνησιν ἐν τῷ χρόνῳ τῷ Κ, οὗτος δὲ πεπέρανται,
συμβαίνει ἐν πεπερασμένῳ χρόνῳ ἄπειρον διιέναι ἢ τὸ πεπερασμένον ἢ τὸ
ἄπειρον. Ἀμφοτέρως δὲ ἀδύνατον·
§ 13. ὥστε ἀνάγκη ἵστασθαι καὶ εἶναί τι πρῶτον κινοῦν καὶ κινούμενον.
§ 14. Οὐδὲν γὰρ διαφέρει τὸ συμβαίνειν ἐξ ὑποθέσεως τὸ ἀδύνατον· ἡ γὰρ
ὑπόθεσις εἴληπται ἐνδεχομένη, τοῦ δ' ἐνδεχομένου τεθέντος οὐδὲν προσήκει
γίγνεσθαι διὰ τοῦτο ἀδύνατον.
| [7,2] CHAPITRE II.
§ 1. Il faut bien cependant qu'il y ait quelque cause initiale et première du
mouvement, et l'on ne peut aller à l'infini.
§ 2. Supposons, en effet, qu'il n'en est pas ainsi et que la série se
prolonge à l'infini. Soit A mu par B, B par C, C par D ; et supposons que
toujours le mobile suivant soit poussé par le suivant.
§ 3. Comme le moteur est supposé mouvoir, parce qu'il est mu lui-même,
et que le mouvement du moteur et celui du mobile sont simultanés, car le
moteur est mu lui-même, en même temps que le mobile est mu par lui, il
est clair que le mouvement de A, celui de B, celui de C, et, en un mot, de
chacun des autres moteurs et mobiles, sera simultané.
§ 4. Nous pourrons donc prendre le mouvement de chacun d'eux, et
nous représenterons celui de A par E, celui de B par F, et celui de C, D,
par G, H ; car si chacun d'eux est toujours mu réciproquement par
chacun, on peut cependant considérer le mouvement de chacun d'eux
comme étant un numériquement parlant ; et il n'est point infini à ses
extrémités, puisque tout mouvement a lieu nécessairement d'un point à
un autre point.
§ 5. Quand je dis que le mouvement est un numériquement, j'entends
que le mouvement va du même au même numériquement, dans un
temps qui, numériquement aussi, est le même; car le mouvement peut
être un et le même, soit en genre, soit en espèce, soit en nombre.
§ 6. En genre, le mouvement est le même quand il a lieu dans la même
catégorie, dans la substance, par exemple, ou dans la qualité. Le
mouvement est le même en espèce, quand il va du même en espèce au
même en espèce; par exemple, il va du blanc au noir, ou du bien au mal
; et il n'y a pas là de différence dans les espèces. Enfin, le mouvement
est le même numériquement, quand il va d'une chose une
numériquement à une autre chose une numériquement dans le même
temps; et, par exemple, de cette chose blanche à cette chose noire, ou
de ce lieu à cet autre lieu dans le même temps; car, si c'est dans un
autre temps, le mouvement n'est plus un numériquement, quoiqu'il le soit
encore en espèce. Mais nous avons donné ces explications plus haut.
§ 7. Soit donc le temps dans lequel A fait son mouvement représenté par
K. Le mouvement de A étant fini, le temps K sera fini aussi.
§ 8. Mais comme les moteurs et les mobiles sont infinis, il en résulte que
le mouvement EFGH, qui est composé de tous ces mouvements, sera
infini aussi. En effet, il se peut que le mouvement de A, celui de B et celui
de tous les autres soient égaux, et il se peut aussi que les mouvements
des autres soient plus grands. Mais qu'ils soient égaux ou plus grands, le
mouvement total sera toujours infini dans les deux hypothèses; car nous
ne supposons ici que le possible.
§ 9. Or comme le mouvement de A est simultané au mouvement des
autres, il s'ensuit que le mouvement total aura lieu dans le même temps
que le mouvement de A.
§ 10. Mais le mouvement de A se passant dans un temps fini, il en
résulterait qu'un mouvement infini se passerait dans un temps fini; et
c'est là une impossibilité.
§ 11. Ce serait donc là, à ce qu'il semble, une manière de démontrer la
question posée au début; mais la démonstration n'est pas réellement
faite, parce qu'on n'a pas démontré qu'il y eût une impossibilité absolue.
En effet, il se peut fort bien que dans un temps fini il y ait un mouvement
infini, non pas, il est vrai, d'un seul corps, mais de plusieurs; or, c'est
précisément le cas que nous supposons ici, puisque chacun des corps
que nous considérons peut se mouvoir du mouvement qui lui est propre,
et il n'est pas impossible que plusieurs corps se meuvent en même
temps.
§ 12. Mais il faut que le moteur primitif, qui donne le mouvement dans
l'espace ou un mouvement corporel, touche au mobile ou y soit adhérent
et contigu, ainsi que nous le voyons dans tous les cas; il faut que les
moteurs et les mobiles soient continus et se touchent réciproquement, de
manière à former tous ensemble un seul système. Peu importe pour le
moment que ce système soit limité ou infini; car, de toute façon, le
mouvement de tous sera infini puisqu'ils sont infinis, quoique les
mouvements de chacun d'eux puissent être égaux ou plus grands les
uns par rapport aux autres. Mais ce qui est possible, nous le prendrons
ici pour réel. Si donc le résultat des ABCD est infini et qu'il ait le
mouvement EFGH clans le temps K, ce temps étant fini, il s'ensuit que
dans un temps fini le fini ou l'infini parcourt l'infini. Mais l'une et l'autre
supposition est également impossible.
§ 13. Il est donc nécessaire qu'il y ait quelque point d'arrêt, et que
nécessairement il y ait aussi un premier moteur et un premier mobile.
§ 14. Ceci du reste n'importe en rien, que l'impossible ressorte d'une
hypothèse; car la supposition a été prise possible ; et, du moment qu'on
a posé le possible pour point de départ, il ne se peut pas qu'il en sorte
rien d'impossible.
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