Texte grec :
[6,16] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙϚ'.
§ 1. Μεταβολὴ δ' οὐκ ἔστιν οὐδεμία ἄπειρος· ἅπασα γὰρ ἦν ἔκ τινος εἴς τι,
καὶ ἡ ἐν ἀντιφάσει καὶ ἡ ἐν ἐναντίοις.
§ 2. Ὥστε τῶν μὲν κατ' ἀντίφασιν ἡ φάσις καὶ ἡ ἀπόφασις πέρας (οἷον
γενέσεως μὲν τὸ ὄν, φθορᾶς δὲ τὸ μὴ ὄν),
§ 3. τῶν δ' ἐν τοῖς ἐναντίοις τὰ ἐναντία· ταῦτα γὰρ ἄκρα τῆς μεταβολῆς,
§ 4. ὥστε καὶ ἀλλοιώσεως πάσης (ἐξ ἐναντίων γάρ τινων ἡ ἀλλοίωσις),
§ 5. ὁμοίως δὲ καὶ αὐξήσεως καὶ φθίσεως· αὐξήσεως μὲν γὰρ τὸ πέρας τοῦ
κατὰ τὴν οἰκείαν φύσιν τελείου μεγέθους, φθίσεως δὲ ἡ τούτου ἔκστασις.
§ 6. Ἡ δὲ φορὰ οὕτω μὲν οὐκ ἔσται πεπερασμένη· οὐ γὰρ πᾶσα ἐν ἐναντίοις·
ἀλλ' ἐπειδὴ τὸ ἀδύνατον τμηθῆναι οὕτω, τῷ μὴ ἐνδέχεσθαι τμηθῆναι
(πλεοναχῶς γὰρ λέγεται τὸ ἀδύνατον), οὐκ ἐνδέχεται τὸ οὕτως ἀδύνατον
τέμνεσθαι, οὐδὲ ὅλως τὸ ἀδύνατον γενέσθαι γίγνεσθαι, οὐδὲ τὸ μεταβαλεῖν
ἀδύνατον ἐνδέχοιτ' ἂν μεταβάλλειν εἰς ὃ ἀδύνατον μεταβαλεῖν. Εἰ οὖν τὸ
φερόμενον μεταβάλλοι εἴς τι, καὶ δυνατὸν ἔσται μεταβαλεῖν.
§ 7. Ὥστ' οὐκ ἄπειρος ἡ κίνησις, οὐδ' οἰσθήσεται τὴν ἄπειρον·
§ 8. ἀδύνατον γὰρ διελθεῖν αὐτήν. Ὅτι μὲν οὖν οὕτως οὐκ ἔστιν ἄπειρος
μεταβολὴ ὥστε μὴ ὡρίσθαι πέρασι, φανερόν. Ἀλλ' εἰ οὕτως ἐνδέχεται ὥστε τῷ
χρόνῳ εἶναι ἄπειρον τὴν αὐτὴν οὖσαν καὶ μίαν, σκεπτέον. Μὴ μιᾶς μὲν γὰρ
γιγνομένης οὐθὲν ἴσως κωλύει, οἷον εἰ μετὰ τὴν φορὰν ἀλλοίωσις εἴη καὶ
μετὰ τὴν ἀλλοίωσιν αὔξησις καὶ πάλιν γένεσις· οὕτω γὰρ αἰεὶ μὲν ἔσται τῷ
χρόνῳ κίνησις, ἀλλ' οὐ μία διὰ τὸ μὴ εἶναι μίαν ἐξ ἁπασῶν. Ὥστε δὲ
γίγνεσθαι μίαν, οὐκ ἐνδέχεται ἄπειρον εἶναι τῷ χρόνῳ πλὴν μιᾶς· αὕτη δ'
ἐστὶν ἡ κύκλῳ φορά.
|
|
Traduction française :
[6,16] CHAPITRE XVI.
§ 1. Mais il n'y a pas de changement qui puisse jamais être infini. Nous
avons vu, en effet, que tout changement est le passage d'un état à un
autre, que ce soit d'ailleurs un changement dans la contradiction, ou le
changement dans les contraires.
§ 2. Pour les changements par contradiction, c'est l'affirmation ou bien la
négation qui est la limite ; et, par exemple, c'est l'être pour la génération
des choses; c'est le non-être pour leur destruction.
§ 3. Quant aux changements par contraires, ce sont les contraires mêmes qui
servent de limites, puisqu'ils sont les points extrêmes du changement.
§ 4. Ainsi, les contraires sont les limites de toute espèce d'altération; car
l'altération procède toujours de certains contraires.
§ 5. De même encore pour l'accroissement et la décroissance; car, la limite de
l'accroissement est l'acquisition même de la grandeur que la chose doit atteindre
d'après sa nature propre ; et la limite de la décroissance est la disparition de cette
même grandeur.
§ 6. Mais le déplacement dans l'espace n'est pas fini et limité de cette manière ;
car il ne se fait pas toujours dans les contraires. Mais comme on dit d'une chose
qu'elle ne peut pas avoir été coupée de telle manière, parce qu'elle ne peut pas,
en effet, l'avoir été du tout, le mot d'impossible ayant bien des acceptions
diverses, ce qui est ainsi impossible ne peut pas être actuellement coupé; et d'une
manière absolue, ce qui ne peut pas être arrivé n'arrive jamais, et ce qui ne peut
pas du tout changer ne change jamais en la chose dans laquelle il ne peut
changer. Si donc le corps qui se déplace change en quelque chose, c'est qu'il peut
avoir changé. Donc le mouvement n'est pas infini, et il ne parcourra pas une
ligne infinie, puisqu'en effet il est impossible de la parcourir.
§ 7. Il est donc évident qu'il n'y a pas de changement infini, en ce sens qu'il soit
sans limites qui le déterminent.
§ 8. Mais il faut voir s'il n'est pas possible qu'il y ait, sous le rapport du temps,
un mouvement infini, un et toujours le même. Rien n'empêche, en effet, qu'il en
soit ainsi, quand ce mouvement n'est pas unique, et quand, par exemple, après le
déplacement, il y a altération, après l'altération accroissement, et après
l'accroissement génération. De cette façon, le mouvement peut bien être
perpétuel dans le temps; mais il n'est plus unique, parce que tous ces
mouvements n'ont pas un mouvement unique pour résultat. Par suite, en
supposant que le mouvement soit un, il ne peut y avoir d'infini dans le temps
qu'un seul mouvement ; et ce mouvement spécial est la translation circulaire.
|
|