Texte grec :
[6,2] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Β'.
§ 1. Ἀνάγκη δὲ καὶ τὸ νῦν τὸ μὴ καθ' ἕτερον ἀλλὰ καθ' αὑτὸ καὶ πρῶτον
λεγόμενον ἀδιαίρετον εἶναι, καὶ ἐν ἅπαντι τὸ τοιοῦτο χρόνῳ ἐνυπάρχειν.
Ἔστιν γὰρ ἔσχατόν τι τοῦ γεγονότος, οὗ ἐπὶ τάδε οὐθέν ἐστι τοῦ μέλλοντος,
καὶ πάλιν τοῦ μέλλοντος, οὗ ἐπὶ τάδε οὐθέν ἐστι τοῦ γεγονότος· ὃ δή φαμεν
ἀμφοῖν εἶναι πέρας.
§ 2. Τοῦτο δὲ ἐὰν δειχθῇ ὅτι τοιοῦτόν ἐστιν {καθ' αὑτὸ} καὶ ταὐτόν, ἅμα
φανερὸν ἔσται καὶ ὅτι ἀδιαίρετον.
§ 3. Ἀνάγκη δὴ τὸ αὐτὸ εἶναι τὸ νῦν τὸ ἔσχατον ἀμφοτέρων τῶν χρόνων· εἰ
γὰρ ἕτερον, ἐφεξῆς μὲν οὐκ ἂν εἴη θάτερον θατέρῳ διὰ τὸ μὴ εἶναι συνεχὲς
ἐξ ἀμερῶν, εἰ δὲ χωρὶς ἑκάτερον, μεταξὺ ἔσται χρόνος· πᾶν γὰρ τὸ συνεχὲς
τοιοῦτον ὥστ' εἶναί τι συνώνυμον μεταξὺ τῶν περάτων. Ἀλλὰ μὴν εἰ χρόνος τὸ
μεταξύ, διαιρετὸν ἔσται· πᾶς γὰρ χρόνος δέδεικται ὅτι διαιρετός. Ὥστε
διαιρετὸν τὸ νῦν. Εἰ δὲ διαιρετὸν τὸ νῦν, ἔσται τι τοῦ γεγονότος ἐν τῷ
μέλλοντι καὶ τοῦ μέλλοντος ἐν τῷ γεγονότι·
§ 4. καθ' ὃ γὰρ ἂν διαιρεθῇ, τοῦτο διοριεῖ τὸν παρήκοντα καὶ τὸν μέλλοντα
χρόνον.
§ 5. Ἅμα δὲ καὶ οὐκ ἂν καθ' αὑτὸ εἴη τὸ νῦν, ἀλλὰ καθ' ἕτερον· ἡ γὰρ
διαίρεσις οὐ καθ' αὑτό. Πρὸς δὲ τούτοις τοῦ νῦν τὸ μέν τι γεγονὸς ἔσται τὸ
δὲ μέλλον, καὶ οὐκ ἀεὶ τὸ αὐτὸ γεγονὸς ἢ μέλλον. Οὐδὲ δὴ τὸ νῦν τὸ αὐτό·
πολλαχῇ γὰρ διαιρετὸς ὁ χρόνος. Ὥστ' εἰ ταῦτα ἀδύνατον ὑπάρχειν, ἀνάγκη τὸ
αὐτὸ εἶναι τὸ ἐν ἑκατέρῳ νῦν.
§ 6. Ἀλλὰ μὴν εἰ ταὐτό, φανερὸν ὅτι καὶ ἀδιαίρετον· εἰ γὰρ διαιρετόν,
πάλιν ταὐτὰ συμβήσεται ἃ καὶ ἐν τῷ πρότερον.
§ 7. Ὅτι μὲν τοίνυν ἔστιν τι ἐν τῷ χρόνῳ ἀδιαίρετον, ὅ φαμεν εἶναι τὸ νῦν,
δῆλόν ἐστιν ἐκ τῶν εἰρημένων·
§ 8. ὅτι δ' οὐθὲν ἐν τῷ νῦν κινεῖται, ἐκ τῶνδε φανερόν ἐστιν. Εἰ γάρ,
ἐνδέχεται καὶ θᾶττον κινεῖσθαι καὶ βραδύτερον. Ἔστω δὴ τὸ νῦν ἐφ' ᾧ Ν,
κεκινήσθω δ' ἐν αὐτῷ τὸ θᾶττον τὴν ΑΒ. Οὐκοῦν τὸ βραδύτερον ἐν τῷ αὐτῷ
ἐλάττω τῆς ΑΒ κινηθήσεται, οἷον τὴν ΑΓ. Ἐπεὶ δὲ τὸ βραδύτερον ἐν ὅλῳ τῷ
νῦν κεκίνηται τὴν ΑΓ, τὸ θᾶττον ἐν ἐλάττονι τούτου κινηθήσεται, ὥστε
διαιρεθήσεται τὸ νῦν. Ἀλλ' ἦν ἀδιαίρετον. Οὐκ ἄρα ἔστιν κινεῖσθαι ἐν τῷ
νῦν.
§ 9. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' ἠρεμεῖν· ἠρεμεῖν γὰρ λέγομεν τὸ πεφυκὸς κινεῖσθαι μὴ
κινούμενον ὅτε πέφυκεν καὶ οὗ καὶ ὥς, ὥστ' ἐπεὶ ἐν τῷ νῦν οὐθὲν πέφυκε
κινεῖσθαι, δῆλον ὡς οὐδ' ἠρεμεῖν.
§ 10. Ἔτι δ' εἰ τὸ αὐτὸ μέν ἐστι τὸ νῦν ἐν ἀμφοῖν τοῖν χρόνοιν, ἐνδέχεται
δὲ τὸν μὲν κινεῖσθαι τὸν δ' ἠρεμεῖν ὅλον, τὸ δ' ὅλον κινούμενον τὸν χρόνον
ἐν ὁτῳοῦν κινηθήσεται τῶν τούτου καθ' ὃ πέφυκε κινεῖσθαι, καὶ τὸ ἠρεμοῦν
ὡσαύτως ἠρεμήσει, συμβήσεται τὸ αὐτὸ ἅμα ἠρεμεῖν καὶ κινεῖσθαι· τὸ γὰρ
αὐτὸ ἔσχατον τῶν χρόνων ἀμφοτέρων, τὸ νῦν.
§ 11. Ἔτι δ' ἠρεμεῖν μὲν λέγομεν τὸ ὁμοίως ἔχον καὶ αὐτὸ καὶ τὰ μέρη νῦν
καὶ πρότερον· ἐν δὲ τῷ νῦν οὐκ ἔστι τὸ πρότερον, ὥστ' οὐδ' ἠρεμεῖν.
§ 12. Ἀνάγκη ἄρα καὶ κινεῖσθαι τὸ κινούμενον ἐν χρόνῳ καὶ ἠρεμεῖν τὸ
ἠρεμοῦν.
|
|
Traduction française :
[6,2] CHAPITRE II.
§ 1. Il faut également que l'instant considéré non d'une manière relative,
mais en soi et dans le sens absolu, soit indivisible, et qu'il demeure
indivisible dans un temps quelconque. C'est une extrémité du passé au
delà de laquelle il n'y a aucune portion de l'avenir, et une extrémité de
l'avenir en deçà de laquelle il n'y a aucune portion du passé. C'est donc,
comme nous l'avons dit, la Limite des deux.
§ 2. Et si l'on démontre qu'une telle limite existe en soi et qu'elle reste
identique, il sera démontré du même coup qu'elle est indivisible.
§ 3. Or, il y a nécessité que l'instant soit identique, puisqu'il est l'extrémité
des deux temps; car s'il était différent, l'un des instants ne serait pas à la suite
de l'autre, parce qu'il n'y a pas de continu qui soit composé d'indivisibles sans
parties; et si l'un et l'autre sont séparés, il y a du temps entre les deux, puisque
tout continu doit être tel qu'il y ait quelque chose de synonyme et d'homogène
entre les limites. Mais si c'est le temps qui est intermédiaire, ce temps sera
divisible, puisqu'il est démontré que le temps peut toujours se diviser. Par
conséquent, l'instant est divisible. Mais si l'instant est divisible, il y aura quelque
chose du passé dans le futur, et quelque chose du futur dans le passé ; et alors,
cela même qui divisera l'instant, délimitera le temps présent et le temps futur.
§ 4. Par la même raison, l'instant ne serait pas en soi; mais il serait relatif et par
un autre ; car la division ne peut pas atteindre ce qui est en soi.
§ 5. De plus, l'instant se partagera ; une certaine partie sera du passé et une autre
partie de l'avenir ; et ce ne sera pas toujours le même passé ni le même futur.
L'instant évidemment ne sera pas davantage le même ; car le temps est divisible
de bien des manières. Par conséquent, si l'instant ne peut avoir ces caractères, il
faut nécessairement que l'instant qui est dans l'un et dans l'autre temps soit le
même.
§ 6. Mais si c'est le même, il est clair aussi qu'il est indivisible; car s'il était
divisible, il en résulterait les mêmes conséquences qu'on vient d'énumérer plus
haut.
§ 7. Ainsi il est démontré qu'il y a dans le temps quelque chose que nous
appelons l'instant, et qui est indivisible comme ou vient de le voir.
§ 8. Voici maintenant ce qui prouvera qu'il n'y a pas de mouvement possible
dans la durée de l'instant. S'il y a mouvement en effet, le mouvement peut alors y
être ou plus rapide ou plus lent. Soit l'instant N ; et que le mouvement plus
rapide en lui soit AB. Le mouvement moins rapide qui a lieu dans le même
instant, parcourra une distance moindre que AB : soit la distance AC. Comme le
mouvement le plus lent ne parcourt dans tout l'instant que la distance AC, le
mouvement plus rapide la parcourra en un temps moindre. Donc l'instant sera
divisé. Or, on le supposait indivisible. Donc le mouvement est impossible dans
la durée de l'instant.
§ 9. Mais il ne se peut pas davantage que dans cette durée, il y ait du repos.
Quand on dit repos, cela s'entend d'un corps qui, par nature, doit se mouvoir, et
qui ne se meut pas quand naturellement il le doit, là où il doit et de la façon qu'il
doit. Mais comme rien ne peut naturellement se mouvoir dans la durée de
l'instant, rien ne peut non plus s'y reposer.
§ 10. Que si l'on prétend que l'instant étant le même dans les deux temps, il se
peut alors que dans l'un tout entier il y ait mouvement, et que dans l'autre il y ait
repos, et que ce qui se meut dans le temps tout entier, sera mu aussi dans l'un
quelconque de ses éléments où naturellement il doit se mouvoir, ce qui est en
repos y étant aussi dans la même condition, il en résultera que la même chose
sera tout à la fois en mouvement et en repos, puisque l'instant est la même
extrémité de l'un et l'autre temps.
§ 11. Enfin, on dit d'une chose qu'elle est en repos quand elle-même et ses
parties sont dans l'instant actuel ce qu'elles étaient auparavant. Mais dans un
instant il n'y a pas d'auparavant; et par conséquent, il n'y a pas de repos.
§ 12. Donc nécessairement, c'est dans un certain temps que doit se
mouvoir ce qui se meut; et se reposer, ce qui se repose.
|
|