Texte grec :
[5,3] CHAPITRE III.
εἰ οὖν αἱ κατηγορίαι διῄρηνται οὐσίᾳ καὶ ποιότητι καὶ τῷ ποὺ {καὶ τῷ ποτὲ}
καὶ τῷ πρός τι καὶ τῷ ποσῷ καὶ τῷ ποιεῖν ἢ πάσχειν, ἀνάγκη τρεῖς εἶναι
κινήσεις, τήν τε τοῦ ποιοῦ καὶ τὴν τοῦ ποσοῦ καὶ τὴν κατὰ τόπον.
Κατ' οὐσίαν δ' οὐκ ἔστιν κίνησις διὰ τὸ μηδὲν εἶναι οὐσίᾳ τῶν ὄντων
ἐναντίον. οὐδὲ δὴ τοῦ πρός τι· ἐνδέχεται γὰρ θατέρου μεταβάλλοντος
<ἀληθεύεσθαι καὶ μὴ> ἀληθεύεσθαι θάτερον μηδὲν μεταβάλλον, ὥστε κατὰ
συμβεβηκὸς ἡ κίνησις αὐτῶν. οὐδὲ δὴ ποιοῦντος καὶ πάσχοντος, ἢ κινουμένου
καὶ κινοῦντος, ὅτι οὐκ ἔστι κινήσεως κίνησις οὐδὲ γενέσεως γένεσις, οὐδ'
ὅλως μεταβολῆς μεταβολή. πρῶτον μὲν γὰρ διχῶς ἐνδέχεται κινήσεως εἶναι
κίνησιν, ἢ ὡς ὑποκειμένου (οἷον ἅνθρωπος κινεῖται ὅτι ἐκ λευκοῦ εἰς μέλαν
μεταβάλλει· ἆρά γε οὕτω καὶ ἡ κίνησις ἢ θερμαίνεται ἢ ψύχεται ἢ τόπον
ἀλλάττει ἢ αὐξάνεται ἢ φθίνει; τοῦτο δὲ ἀδύνατον· οὐ γὰρ τῶν ὑποκειμένων
τι ἡ μεταβολή), ἢ τῷ ἕτερόν τι ὑποκείμενον ἐκ μεταβολῆς μεταβάλλειν εἰς
ἕτερον εἶδος {οἷον ἄνθρωπος ἐκ νόσου εἰς ὑγίειαν}. ἀλλ' οὐδὲ τοῦτο δυνατὸν
πλὴν κατὰ συμβεβηκός· αὐτὴ γὰρ ἡ κίνησις ἐξ ἄλλου εἴδους εἰς ἄλλο ἐστὶ
μεταβολή <οἷον ἀνθρώπου ἐκ νόσου εἰς ὑγίειαν>· καὶ ἡ γένεσις δὲ καὶ ἡ
φθορὰ ὡσαύτως, πλὴν αἱ μὲν εἰς ἀντικείμενα ὡδί, ἡ δὲ ὡδί, ἡ κίνησις. ἅμα
οὖν μεταβάλλει ἐξ ὑγιείας εἰς νόσον καὶ ἐξ αὐτῆς ταύτης τῆς μεταβολῆς εἰς
ἄλλην. δῆλον δὴ ὅτι ὅταν νοσήσῃ, μεταβεβληκὸς ἔσται εἰς ὁποιανοῦν
(ἐνδέχεται γὰρ ἠρεμεῖν), καὶ ἔτι εἰς μὴ τὴν τυχοῦσαν αἰεί, κἀκείνη ἔκ
τινος εἴς τι ἕτερον ἔσται, ὥστε καὶ ἡ ἀντικειμένη ἔσται ὑγίανσις· ἀλλὰ τῷ
συμβεβηκέναι, οἷον ἐξ ἀναμνήσεως εἰς λήθην μεταβάλλει, ὅτι ᾧ ὑπάρχει,
ἐκεῖνο μεταβάλλει ὁτὲ μὲν εἰς ἐπιστήμην ὁτὲ δ' εἰς ἄγνοιαν.
ἔτι εἰς ἄπειρον βαδιεῖται, εἰ ἔσται μεταβολῆς μεταβολὴ καὶ γενέσεως
γένεσις. ἀνάγκη δὴ καὶ τὴν προτέραν, εἰ ἡ ὑστέρα ἔσται, οἷον εἰ ἡ ἁπλῆ
γένεσις ἐγίγνετό ποτε, καὶ τὸ γιγνόμενον ἐγίγνετο, ὥστε οὔπω ἦν τὸ
γιγνόμενον ἁπλῶς, ἀλλά τι γιγνόμενον γιγνόμενον ἤδη, καὶ πάλιν τοῦτ'
ἐγίγνετό ποτε, ὥστ' οὐκ ἦν πω τότε γιγνόμενον γιγνόμενον. ἐπεὶ δὲ τῶν
ἀπείρων οὐκ ἔστιν τι πρῶτον, οὐκ ἔσται τὸ πρῶτον, ὥστ' οὐδὲ τὸ ἐχόμενον·
οὔτε γίγνεσθαι οὖν οὔτε κινεῖσθαι οἷόν τε οὔτε μεταβάλλειν οὐδέν. ἔτι τοῦ
αὐτοῦ κίνησις ἡ ἐναντία (καὶ ἔτι ἠρέμησις), καὶ γένεσις καὶ φθορά, ὥστε τὸ
γιγνόμενον γιγνόμενον ὅταν γένηται γιγνόμενον, τότε φθείρεται· οὔτε γὰρ
εὐθὺς γιγνόμενον οὔθ' ὕστερον· εἶναι γὰρ δεῖ τὸ φθειρόμενον. ἔτι ὕλην δεῖ
ὑπεῖναι καὶ τῷ γιγνομένῳ καὶ τῷ μεταβάλλοντι. τίς οὖν ἔσται – ὥσπερ τὸ
ἀλλοιωτὸν σῶμα ἢ ψυχή, οὕτω τί τὸ γιγνόμενον κίνησις ἢ γένεσις; καὶ πάλιν
τί εἰς ὃ κινοῦνται; δεῖ γὰρ εἶναι {τι} τὴν τοῦδε ἐκ τοῦδε εἰς τόδε κίνησιν
{καὶ μὴ κίνησιν} ἢ γένεσιν. ἅμα δὲ πῶς καὶ ἔσται; οὐ γὰρ ἔσται μάθησις ἡ
τῆς μαθήσεως γένεσις, ὥστ' οὐδὲ γενέσεως γένεσις, οὐδέ τις τινός. ἔτι εἰ
τρία εἴδη κινήσεώς ἐστιν, τούτων τινὰ ἀνάγκη εἶναι καὶ τὴν ὑποκειμένην
φύσιν καὶ εἰς ἃ κινοῦνται, οἷον τὴν φορὰν ἀλλοιοῦσθαι ἢ φέρεσθαι. ὅλως δὲ
ἐπεὶ κινεῖται {τὸ κινούμενον} πᾶν τριχῶς, ἢ κατὰ συμβεβηκὸς ἢ τῷ μέρος τι
ἢ {τῷ} καθ' αὑτό, κατὰ συμβεβηκὸς μόνον ἂν ἐνδέχοιτο μεταβάλλειν τὴν
μεταβολήν, οἷον εἰ ὁ ὑγιαζόμενος τρέχοι ἢ μανθάνοι· τὴν δὲ κατὰ συμβεβηκὸς
ἀφεῖμεν πάλαι.
ἐπεὶ δὲ οὔτε οὐσίας οὔτε τοῦ πρός τι οὔτε τοῦ ποιεῖν καὶ πάσχειν, λείπεται
κατὰ τὸ ποιὸν καὶ τὸ ποσὸν καὶ τὸ ποὺ κίνησιν εἶναι μόνον· ἐν ἑκάστῳ γὰρ
ἔστι τούτων ἐναντίωσις. ἡ μὲν οὖν κατὰ τὸ ποιὸν κίνησις ἀλλοίωσις ἔστω·
τοῦτο γὰρ ἐπέζευκται κοινὸν ὄνομα. λέγω δὲ τὸ ποιὸν οὐ τὸ ἐν τῇ οὐσίᾳ (καὶ
γὰρ ἡ διαφορὰ ποιότης) ἀλλὰ τὸ παθητικόν, καθ' ὃ λέγεται πάσχειν ἢ ἀπαθὲς
εἶναι. ἡ δὲ κατὰ τὸ ποσὸν τὸ μὲν κοινὸν ἀνώνυμος, καθ' ἑκάτερον δ' αὔξησις
καὶ φθίσις, ἡ μὲν εἰς τὸ τέλειον μέγεθος αὔξησις, ἡ δ' ἐκ τούτου φθίσις. ἡ
δὲ κατὰ τόπον καὶ τὸ κοινὸν καὶ τὸ ἴδιον ἀνώνυμος, ἔστω δὲ φορὰ καλουμένη
τὸ κοινόν· καίτοι λέγεταί γε ταῦτα φέρεσθαι μόνα κυρίως, ὅταν μὴ ἐφ'
αὑτοῖς ᾖ τὸ στῆναι τοῖς μεταβάλλουσι τὸν τόπον, καὶ ὅσα μὴ αὐτὰ ἑαυτὰ
κινεῖ κατὰ τόπον. ἡ δ' ἐν τῷ αὐτῷ εἴδει μεταβολὴ ἐπὶ τὸ μᾶλλον καὶ ἧττον
ἀλλοίωσίς ἐστιν· ἢ γὰρ ἐξ ἐναντίου ἢ εἰς ἐναντίον κίνησίς ἐστιν, ἢ ἁπλῶς ἢ
πῄ· ἐπὶ μὲν γὰρ τὸ ἧττον ἰοῦσα εἰς τοὐναντίον λεχθήσεται μεταβάλλειν, ἐπὶ
δὲ τὸ μᾶλλον ὡς ἐκ τοὐναντίου εἰς αὐτό. διαφέρει γὰρ οὐδὲν πῂ μεταβάλλειν
ἢ ἁπλῶς, πλὴν πῂ δεήσει τἀναντία ὑπάρχειν· τὸ δὲ μᾶλλον καὶ ἧττόν ἐστι τὸ
πλέον ἢ ἔλαττον ἐνυπάρχειν τοῦ ἐναντίου καὶ μή.
ὅτι μὲν οὖν αὗται τρεῖς μόναι κινήσεις εἰσίν, ἐκ τούτων δῆλον·
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Traduction française :
[5,3] CHAPITRE III.
§ 1. Si donc les Catégories se divisent en substance,
qualité, lieu, relation, quantité et action ou souffrance, il ne
peut y avoir nécessairement que trois mouvements, à
savoir celui de la quantité, celui de la qualité et celui du lieu.
§ 2. Dans la substance, il n'y a pas de mouvement, parce
qu'il n'y a rien parmi tout ce qui est qui puisse être
contraire à la substance.
§ 3. Il n'y a pas davantage de mouvement pour la relation ;
car l'un des deux relatifs venant à changer, il peut être vrai
encore que l'autre ne change nullement; et, par
conséquent, le mouvement des relatifs n'est qu'indirect et
accidentel.
§ 4. Il n'y a pas non plus besoin de mouvement pour
l'agent et le patient, pas plus qu'il n'y en a pour le moteur
et le mobile, attendu qu'il ne peut pas y avoir mouvement
de mouvement, ni génération de génération, ni en un mot
changement de changement.
§ 5. D'abord il peut y avoir deux manières d'entendre cette
expression Mouvement de mouvement. Dans un premier
sens, ce peut être en tant que mouvement d'un sujet;
comme, par exemple, on dit d'un homme qu'il est en
mouvement, parce qu'il change du blanc au noir. Est-ce
donc que, de cette manière aussi, le mouvement peut
s'échauffer ou se refroidir, se déplacer, s'accroître, périr?
Mais il est évidemment impossible d'entendre ainsi la
chose; car le changement ne peut être considéré comme un
sujet. Ou bien doit-on entendre le Mouvement de
mouvement en ce sens qu'un autre sujet, en partant du
changement qu'il viendrait à éprouver, changerait d'une
forme à une autre, comme, par exemple, l'homme passe de
la maladie à la santé? Mais on ne peut pas dire non plus
qu'il y ait là Mouvement de mouvement, si ce n'est d'une
façon indirecte et accidentelle, puisque le mouvement, à
proprement parler, n'est que le changement d'une forme
dans une autre forme. La génération et la destruction sont
dans le même cas aussi, sauf que la génération et la
destruction vont à certains opposés, tandis que le
mouvement ne va pas à ces mêmes opposés. L'être
changerait donc en même temps et de la santé à la
maladie, et, en outre, de ce même changement à un autre
encore. Mais il est évident que dès qu'il aura été malade,
c'est qu'il aura subi un changement d'une certaine espèce,
puisqu'il peut rester dans cette souffrance; mais il ne se
peut pas que le malade subisse un changement quelconque
indéfiniment et au hasard, et que de cette situation
nouvelle venue d'une situation antérieure, il passe encore à
quelqu'autre situation différente, de manière à ce que ce
soit le changement opposé à la maladie, c'est-à-dire le
retour à la santé. Mais, au fond, ce ne peut-être qu'un
simple accident, comme lorsqu'on passe du souvenir à
l'oubli, attendu que l'être qui subit le changement vient
simplement à changer, en passant ici à la mémoire et là à
la santé.
§ 6. En second lien, ce serait tomber dans l'infini que de
supposer qu'il y a changement de changement, génération
de génération. On dit donc qu'il est nécessaire qu'il y ait eu
un changement antérieur, pour qu'un changement
postérieur soit possible, par exemple, si à un certain
moment une génération absolue était elle-même engendrée
et si elle devenait, il faudrait bien aussi que l'être engendré
devint à ce moment. Par conséquent l'être qui était alors
engendré absolument, n'existait pas encore ; mais il était
simplement quelque chose qui devenait ; et une fois
devenu, il devenait encore, de telle manière que même
quand il était déjà devenu, il n'était pas encore. Mais
comme dans les choses infinies il n'y a pas de premier
terme, le premier changement n'aura pas lieu, ni par
conséquent le changement qui le suit. Donc il n'y aura plus
dans cette hypothèse, ni génération, ni mouvement, ni
changement possibles.
§ 7. On sait encore que c'est la même chose qui a un
certain mouvement, qui peut avoir le mouvement contraire
et même le repos; et encore la génération et la destruction.
Par conséquent ce qui devient, au moment même où il
devient, périt aussi en devenant; car ce n'est ni avant
même qu'il ne devienne, qu'il peut périr, ni aussitôt après
puisque ce qui périt doit préalablement exister.
§ 8. Autre considération. Il faut qu'il y ait une matière
substantielle et servant de support dans ce qui devient et
dans ce qui change. Mais ici, quelle sera cette matière? Et
de même que ce qui s'altère est on un corps ou une âme,
de même ce qui devient ici serait-il on mouvement, ou
génération ? Et puis, quel est ici le terme où aboutit le
mouvement ? Car il faut bien que ce soit le mouvement et
la génération de telle chose passant de tel état à tel autre
état. Mais encore comment sera-ce possible? En effet, la
génération et l'acquisition de la science, ne sera pas de la
science; et par conséquent il n'y a ni génération de
génération en général, ni telle génération spéciale de telle
génération spéciale. De plus, comme il n'y a que trois
espèces de mouvements, il faudrait que la nature
substantielle et les termes où se passe le mouvement
fussent quelqu'une de ces espèces; et, par exemple, que la
translation s'altérât ou se déplaçât indifféremment.
§ 9. Mais puisque tout ce qui se meut ne peut se mouvoir
que de trois façons, ou par accident, ou dans une de ses
parties, ou en soi et dans sa totalité, ce ne serait
qu'indirectement et par accident que le changeaient
pourrait changer, comme, par exemple, si l'individu qui est
guéri se met à courir ou à s'instruire. Mais nous avons déjà
déclaré que nous ne nous occupons pas du mouvement
accidentel.
§ 10. Or, comme le mouvement ne peut s'appliquer ni à la
substance, ni à la relation, ni à l'action et à la passion, il
reste qu'il s'applique seulement, à la qualité, à la quantité
et au lieu, parce qu'il est possible qu'il y ait des contraires
dans ces trois catégories.
§ 11. Le mouvement dans la qualité est ce qu'on peut
appeler l'altération ; car c'est là le nom général qu'on lui
donne dans toutes ses nuances. Mais quand je dis la
qualité, je n'entends pas la qualité dans la substance, où la
différence est aussi une qualité; mais la qualité passive,
d'après laquelle on dit qu'un être est ou passif ou impassible.
§ 12. Le mouvement qui s'applique à la quantité n'a pas
reçu de nom qui soit commun aux deux contraires; d'une
part, c'est l'accroissement, et d'autre part le
dépérissement. Le mouvement qui tend à la dimension
complète de la chose, est l'accroissement ; et le
dépérissement est le mouvement qui déchoit de cette
dimension complète.
§ 13. Quant au mouvement qui se rapporte au lieu, il n'a
dans le langage ordinaire, ni de nom commun, ni de nom
particulier. Appelons-le, pour le nom commun, translation ;
bien que ce mot de translation ne s'applique, à proprement
parler, qu'aux choses qui, changeant de lieu, n'ont pas en
elles-mêmes le principe qui les puisse arrêter, et à toutes
les choses qui ne se meuvent point par elles-mêmes dans
l'espace.
§ 14. Le changement en plus ou en moins dans la même
forme s'appelle aussi altération, parce que c'est le
mouvement du contraire au contraire, ou absolu ou partiel.
Si la chose va au moins, on dit qu'elle change en allant vers
son contraire ; mais si elle va au plus, elle va en quelque
sorte de son contraire à elle-même. Du reste, il n'y a point
ici de différence entre le changement absolu et le
changement partiel, si ce n'est que dans ce dernier cas il
n'y aura que des contraires partiels: Le plus et le moins
dans une chose signifient seulement qu'il y a ou qu'il n'y a
pas, plus ou moins du contraire dans cette chose.
§ 15. Ainsi, en résumé, on voit par ce quoi précède qu'il n'y
a que ces trois espèces de mouvements.
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