Texte grec :
[5,2] CHAPITRE II.
ἐπεὶ δὲ πᾶσα μεταβολή ἐστιν ἔκ τινος εἴς τι (δηλοῖ δὲ καὶ τοὔνομα· μετ'
ἄλλο γάρ τι καὶ τὸ μὲν πρότερον δηλοῖ, τὸ δ' ὕστερον), μεταβάλλοι ἂν τὸ
μεταβάλλον τετραχῶς· ἢ γὰρ ἐξ ὑποκειμένου εἰς ὑποκείμενον, ἢ ἐξ
ὑποκειμένου εἰς μὴ ὑποκείμενον, ἢ οὐκ ἐξ ὑποκειμένου εἰς ὑποκείμενον, ἢ
οὐκ ἐξ ὑποκειμένου εἰς μὴ ὑποκείμενον· λέγω δὲ ὑποκείμενον τὸ καταφάσει
δηλούμενον. ὕστε ἀνάγκη ἐκ τῶν εἰρημένων τρεῖς εἶναι μεταβολάς, τήν τε ἐξ
ὑποκειμένου εἰς ὑποκείμενον, καὶ τὴν ἐξ ὑποκειμένου εἰς μὴ ὑποκείμενον,
καὶ τὴν ἐκ μὴ ὑποκειμένου εἰς ὑποκείμενον. ἡ γὰρ οὐκ ἐξ ὑποκειμένου εἰς μὴ
ὑποκείμενον οὐκ ἔστιν μεταβολὴ διὰ τὸ μὴ εἶναι κατ' ἀντίθεσιν· οὔτε γὰρ
ἐναντία οὔτε ἀντίφασίς ἐστιν. ἡ μὲν οὖν οὐκ ἐξ ὑποκειμένου εἰς ὑποκείμενον
μεταβολὴ κατ' ἀντίφασιν γένεσίς ἐστιν, ἡ μὲν ἁπλῶς ἁπλῆ, ἡ δὲ τὶς τινός
(οἷον ἡ μὲν ἐκ μὴ λευκοῦ εἰς λευκὸν γένεσις τούτου, ἡ δ' ἐκ τοῦ μὴ ὄντος
ἁπλῶς εἰς οὐσίαν γένεσις ἁπλῶς, καθ' ἣν ἁπλῶς γίγνεσθαι καὶ οὐ τὶ
γίγνεσθαι λέγομεν)· ἡ δ' ἐξ ὑποκειμένου εἰς οὐχ ὑποκείμενον φθορά, ἁπλῶς
μὲν ἡ ἐκ τῆς οὐσίας εἰς τὸ μὴ εἶναι, τὶς δὲ ἡ εἰς τὴν ἀντικειμένην
ἀπόφασιν, καθάπερ ἐλέχθη καὶ ἐπὶ τῆς γενέσεως.
εἰ δὴ τὸ μὴ ὂν λέγεται πλεοναχῶς, καὶ μήτε τὸ κατὰ σύνθεσιν ἢ διαίρεσιν
ἐνδέχεται κινεῖσθαι μήτε τὸ κατὰ δύναμιν, τὸ τῷ ἁπλῶς κατ' ἐνέργειαν ὄντι
ἀντικείμενον (τὸ μὲν γὰρ μὴ λευκὸν ἢ μὴ ἀγαθὸν ὅμως ἐνδέχεται κινεῖσθαι
κατὰ συμβεβηκός, εἴη γὰρ <ἂν> ἄνθρωπος τὸ μὴ λευκόν· τὸ δ' ἁπλῶς μὴ τόδε
οὐδαμῶς), ἀδύνατον {γὰρ} τὸ μὴ ὂν κινεῖσθαι (εἰ δὲ τοῦτο, καὶ τὴν γένεσιν
κίνησιν εἶναι· γίγνεται γὰρ τὸ μὴ ὄν· εἰ γὰρ καὶ ὅτι μάλιστα κατὰ
συμβεβηκὸς γίγνεται, ἀλλ' ὅμως ἀληθὲς εἰπεῖν ὅτι ὑπάρχει τὸ μὴ ὂν κατὰ τοῦ
γιγνομένου ἁπλῶς) – ὁμοίως δὲ καὶ τὸ ἠρεμεῖν. ταῦτά τε δὴ συμβαίνει
δυσχερῆ {τῷ κινεῖσθαι τὸ μὴ ὄν} καὶ εἰ πᾶν τὸ κινούμενον ἐν τόπῳ, τὸ δὲ μὴ
ὂν οὐκ ἔστιν ἐν τόπῳ· εἴη γὰρ ἄν που. οὐδὲ δὴ ἡ φθορὰ κίνησις· ἐναντίον
μὲν γὰρ κινήσει ἢ κίνησις ἢ ἠρεμία, ἡ δὲ φθορὰ γενέσει ἐναντίον. ἐπεὶ δὲ
πᾶσα κίνησις μεταβολή τις, μεταβολαὶ δὲ τρεῖς αἱ εἰρημέναι, τούτων δὲ αἱ
κατὰ γένεσιν καὶ φθορὰν οὐ κινήσεις, αὗται δ' εἰσὶν αἱ κατ' ἀντίφασιν,
ἀνάγκη τὴν ἐξ ὑποκειμένου εἰς ὑποκείμενον μεταβολὴν κίνησιν εἶναι μόνην.
τὰ δ' ὑποκείμενα ἢ ἐναντία ἢ μεταξύ (καὶ γὰρ ἡ στέρησις κείσθω ἐναντίον),
καὶ δηλοῦται καταφάσει, τὸ γυμνὸν καὶ νωδὸν καὶ μέλαν.
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Traduction française :
[5,2] CHAPITRE II.
§ 1. Tout changement se faisant d'un certain état en un
autre état, et le mot grec lui-même le prouve, puisqu'une
partie de ce mot signifie qu'une chose a lieu après une
autre, et que par conséquent on distingue ici quelque chose
d'antérieur et quelque chose de postérieur, on doit dire que
ce qui change peut changer de quatre manières : d'abord
d'un sujet dans un sujet; de ce qui n'est pas sujet dans ce
qui n'est pas sujet non plus ; en troisième lieu, de ce qui
n'est pas sujet dans ce qui est sujet; et enfin de ce qui est
sujet dans ce qui n'est pas sujet. J'entends d'ailleurs par
sujet ce qui est indiqué par l'affirmation.
§ 2. Une conséquence nécessaire de ceci, c'est qu'il n'y a
réellement que trois changements possibles : d'un sujet
dans un sujet; d'un sujet dans ce qui n'est pas sujet; et de
ce qui n'est pas sujet dans ce qui est sujet; car le mode de
changement qui aurait lieu de ce qui n'est pas sujet dans ce
qui n'est pas sujet, n'est pas vrai dire un changement,
puisqu'il n'y a point là d'opposition véritable, et qu'il n'y a ni
contraires, ni contradiction.
§ 3. Le changement par contradiction de ce qui n'est point
sujet dans un sujet, est la génération. La génération est
absolue quand le changement a lieu absolument ; elle est
spéciale et relative quand le changement est celui d'une
certaine qualité spéciale. Ainsi, le changement de ce qui
n'est pas blanc et devient blanc est la génération du blanc.
Mais le changement de ce qui n'existant pas absolument
vient à être, est la génération absolue, d'après laquelle on
dit simplement et d'une manière absolue que la chose
devient, sans dire qu'elle devient telle ou telle chose.
§ 4. Le changement du sujet en non-sujet s'appelle
destruction ; pris d'une manière absolue, c'est le
changement de l'être au non-être; pris d'une manière
relative, c'est le passage à la négation opposée, ainsi que
nous venons de le dire pour la génération.
§ 5. Le non-être peut s'entendre d'ailleurs de plusieurs
façons. Mais il ne peut y avoir de mouvement ni pour le
non-être qui est exprimé par composition ou par division, ni
pour ce qui est en simple puissance, c'est-à-dire l'opposé
de l'être qui existe réellement et absolument en acte. Ainsi,
le non-blanc ou le non-bon peut néanmoins avoir du
mouvement indirectement; car l'être qui n'est pas blanc,
par exemple, peut fort bien être un homme. Mais ce qui
absolument parlant n'est point telle ou telle chose réelle, ne
peut du tout être en mouvement; car il est impossible que
ce qui n'est pas reçoive le mouvement. Par suite, et si cela
est vrai, la génération ne peut être appelée un mouvement,
puisque c'est le non-être qui est engendré et devient
quelque chose.
§ 6. Mais bien que le non-être, quand il devient, devienne
le plus souvent de façon accidentelle, il est vrai de dire de
l'être qui devient absolument qu'il existe comme non-être.
§ 7. Il en est de même aussi pour le repos du non-être, et
l'on trouve ici toutes les mêmes difficultés qui
s'appliquaient à son mouvement.
§ 8. Et si tout ce qui se meut doit nécessairement être dans
un lieu, le non-être n'est pas dans un lieu; car il faudrait
alors qu'il existât quelque part.
§ 9. La destruction ne peut pas être un mouvement non
plus que la génération; car c'est ou le mouvement ou le
repos qui est contraire au mouvement, tandis que la
destruction est contraire à la génération.
§ 10. En résumé, comme tout mouvement est un
changement d'une certaine espèce, et qu'il n'y a réellement
que les trois espèces de changement que nous avons
indiquées; et comme les changements qui se rapportent à
la génération et à la destruction des choses, ne sont pas
des mouvements et ne sont que de simples oppositions
contradictoires, il s'ensuit nécessairement qu'il n'y a que le
changement d'un sujet dans un sujet qui puisse être pris
pour un mouvement véritable.
§ 11. Quant aux deux sujets, ils sont ou contraires ou
intermédiaires; car la privation doit être regardée comme
un contraire; et pour l'exprimer, on se sert aussi de
l'affirmation, comme quand on dit, par exemple, le nu, le
blanc et le noir.
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