Texte grec :
[5,8] CHAPITRE VIII.
Ἐπεὶ δὲ κινήσει οὐ μόνον δοκεῖ κίνησις εἶναι ἐναντία ἀλλὰ καὶ ἠρεμία,
τοῦτο διοριστέον. ἁπλῶς μὲν γὰρ ἐναντίον κίνησις κινήσει, ἀντίκειται δὲ
καὶ ἠρεμία (στέρησις γάρ, ἔστι δ' ὡς καὶ ἡ στέρησις ἐναντία λέγεται), ποιᾷ
δὲ ποιά, οἷον τῇ κατὰ τόπον ἡ κατὰ τόπον. ἀλλὰ τοῦτο νῦν λέγεται ἁπλῶς·
πότερον γὰρ τῇ ἐνταῦθα μονῇ ἡ ἐκ τούτου ἢ ἡ εἰς τοῦτο κίνησις ἀντίκειται;
δῆλον δὴ ὅτι, ἐπεὶ ἐν δυσὶν ἡ κίνησις ὑποκειμένοις, τῇ μὲν ἐκ τούτου εἰς
τὸ ἐναντίον ἡ ἐν τούτῳ μονή, τῇ δ' ἐκ τοῦ ἐναντίου εἰς τοῦτο ἡ ἐν τῷ
ἐναντίῳ. ἅμα δὲ καὶ ἀλλήλαις ἐναντίαι αὗται· καὶ γὰρ ἄτοπον, εἰ κινήσεις
μὲν ἐναντίαι εἰσίν, ἠρεμίαι δ' ἀντικείμεναι οὐκ εἰσίν. εἰσὶν δὲ αἱ ἐν τοῖς
ἐναντίοις, οἷον ἡ ἐν ὑγιείᾳ τῇ ἐν νόσῳ ἠρεμίᾳ (κινήσει δὲ τῇ ἐξ ὑγιείας
εἰς νόσον· τῇ γὰρ ἐκ νόσου εἰς ὑγίειαν ἄλογον – ἡ γὰρ εἰς αὐτὸ κίνησις ἐν
ᾧ ἕστηκεν, ἠρέμησις μᾶλλόν ἐστιν, ἢ συμβαίνει γε ἅμα γίγνεσθαι τῇ κινήσει
– ἀνάγκη δὲ ἢ ταύτην ἢ ἐκείνην εἶναι)· οὐ γὰρ ἥ γ' ἐν λευκότητι ἠρεμία
ἐναντία τῇ ἐν ὑγιείᾳ. ὅσοις δὲ μὴ ἔστιν ἐναντία, τούτων μεταβολὴ μέν ἐστιν
ἀντικειμένη ἡ ἐξ αὐτοῦ τῇ εἰς αὐτό, κίνησις δ' οὐκ ἔστιν, οἷον ἡ ἐξ ὄντος
τῇ εἰς ὄν, καὶ μονὴ μὲν τούτων οὐκ ἔστιν, ἀμεταβλησία δέ. καὶ εἰ μέν τι
εἴη ὑποκείμενον, ἡ ἐν τῷ ὄντι ἀμεταβλησία τῇ ἐν τῷ μὴ ὄντι ἐναντία. εἰ δὲ
μὴ ἔστι τι τὸ μὴ ὄν, ἀπορήσειεν ἄν τις τίνι ἐναντία ἡ ἐν τῷ ὄντι
ἀμεταβλησία, καὶ εἰ ἠρεμία ἐστίν. εἰ δὲ τοῦτο, ἢ οὐ πᾶσα ἠρεμία κινήσει
ἐναντία, ἢ ἡ γένεσις καὶ φθορὰ κίνησις. δῆλον τοίνυν ὅτι ἠρεμία μὲν οὐ
λεκτέα, εἰ μὴ καὶ αὗται κινήσεις, ὅμοιον δέ τι καὶ ἀμεταβλησία· ἐναντία δὲ
ἢ οὐδενὶ ἢ τῇ ἐν τῷ μὴ ὄντι ἢ τῇ φθορᾷ· αὕτη γὰρ ἐξ αὐτῆς, ἡ δὲ γένεσις
εἰς ἐκείνην.
|
|
Traduction française :
[5,8] CHAPITRE VIII.
§ 1. Comme ce n'est pas seulement le mouvement qui est
contraire au mouvement, mais que c'est aussi le repos, il
faut éclaircir ce point. Absolument parlant, c'est le
mouvement qui est contraire au mouvement; mais le repos
aussi y est opposé ; car le repos est une privation ; et la
privation peut bien passer, à certains égards, pour une
sorte de contraire.
§ 2. Quels sont donc le repos et le mouvement qui sont
opposés l'un à l'autre ? C'est, par exemple, le repos dans
l'espace qui est opposé au mouvement dans l'espace.
§ 3. Mais l'expression dont je viens de me servir est une
expression absolue ; or, on cherche si, à un repos dans tel
état, c'est le mouvement partant de cet état qui est opposé,
ou bien si c'est le mouvement allant vers ce même état.
§ 4. Or, comme le mouvement suppose toujours deux
termes, le repos dans tel état est opposé au mouvement
qui part de cet état pour aller à l'état contraire ; et le repos
dans l'état contraire est opposé au mouvement qui part du
contraire pour arriver à cet état.
§ 5. De plus, les deux repos aussi sont contraires l'un à
l'autre ; car il serait absurde, si les mouvements sont
contraires, que les repos opposés à ces Mouvements ne
fussent pas contraires également.
§ 6. Ce sont alors les repos dans les contraires ; et, par
exemple, le repos dans la santé est contraire au repos dans
la maladie, connue il est opposé au mouvement qui va de la
santé à la maladie; car il serait absurde qu'il fût opposé au
mouvement qui va de la maladie vers la santé. Le
mouvement vers l'état même où il y a temps d'arrêt, est
plutôt une tendance au repos ; et cet état peut
parfaitement coexister avec le mouvement. Mais il faut
nécessairement que ce soit l'un on l'autre de ces
mouvements; car le repos dans la blancheur n'est pas
contraire au repos dans la santé.
§ 7. Là où il n'y a pas de contraires, il y a changement, le
changement qui part de tel état étant opposé en
changement vers le même état ; mais il n'y a pas de
mouvement. Ainsi, le changement qui part de l'être est
opposé à celui qui va vers l'être; et il n'y a pas là de repos
à proprement dire ; il n'y a qu'immuabilité.
§ 8. Si le non-être était quelque chose, l'immuabilité dans
l'être serait contraire à l'immuabilité dans le non-être. Mais
comme le non-être n'est pas quelque chose, on peut se
demander à quoi est contraire l'immuabilité dans l'être, et
si elle est du repos.
§ 9. Si elle est du repos, alors on doit admettre, ou que
tout repos n'a pas pour contraire un mouvement, ou bien
que la génération et la destruction sont des mouvements
aussi. Il est donc clair qu'on ne peut pas dire que cette
immuabilité soit du repos, à moins qu'on ne voie aussi des
mouvements dans la destruction et la génération. Mais on
doit dire que l'immuabilité est quelque chose de semblable
au repos.
§10. Ainsi donc, ou elle n'est contraire à rien, ou elle est
contraire, soit à l'immuabilité dans le non-être, soit à la
destruction. Mais la destruction part de cette immuabilité,
et la génération y va.
|
|