[5,9] CHAPITRE IX.
ἀπορήσειε δ' ἄν τις διὰ τί ἐν μὲν τῇ κατὰ τόπον μεταβολῇ εἰσὶ καὶ κατὰ
φύσιν καὶ παρὰ φύσιν καὶ μοναὶ καὶ κινήσεις, ἐν δὲ ταῖς ἄλλαις οὔ, οἷον
ἀλλοίωσις ἡ μὲν κατὰ φύσιν ἡ δὲ παρὰ φύσιν (οὐδὲν γὰρ μᾶλλον ἡ ὑγίανσις ἢ
ἡ νόσανσις κατὰ φύσιν ἢ παρὰ φύσιν, οὐδὲ λεύκανσις ἢ μέλανσις)· ὁμοίως δὲ
καὶ ἐπ' αὐξήσεως καὶ φθίσεως (οὔτε γὰρ αὗται ἀλλήλαις ἐναντίαι ὡς φύσει ἡ
δὲ παρὰ φύσιν, οὔτ' αὔξησις αὐξήσει)· καὶ ἐπὶ γενέσεως δὲ καὶ φθορᾶς ὁ
αὐτὸς λόγος· οὔτε γὰρ ἡ μὲν γένεσις κατὰ φύσιν ἡ δὲ φθορὰ παρὰ φύσιν (τὸ
γὰρ γηρᾶν κατὰ φύσιν), οὔτε γένεσιν ὁρῶμεν τὴν μὲν κατὰ φύσιν τὴν δὲ παρὰ
φύσιν. ἢ εἰ ἔστιν τὸ βίᾳ παρὰ φύσιν, καὶ φθορὰ ἂν εἴη φθορᾷ ἐναντία ἡ
βίαιος ὡς παρὰ φύσιν οὖσα τῇ κατὰ φύσιν; ἆρ' οὖν καὶ γενέσεις εἰσὶν ἔνιαι
βίαιοι καὶ οὐχ εἱμαρμέναι, αἷς ἐναντίαι αἱ κατὰ φύσιν, καὶ αὐξήσεις βίαιοι
καὶ φθίσεις, οἷον αὐξήσεις αἱ τῶν ταχὺ διὰ τρυφὴν ἡβώντων, καὶ οἱ σῖτοι οἱ
ταχὺ ἁδρυνόμενοι καὶ μὴ πιληθέντες; ἐπὶ δ' ἀλλοιώσεως πῶς; ἢ ὡσαύτως; εἶεν
γὰρ ἄν τινες βίαιοι, αἱ δὲ φυσικαί, οἷον οἱ ἀφιέμενοι μὴ ἐν κρισίμοις
ἡμέραις, οἱ δ' ἐν κρισίμοις· οἱ μὲν οὖν παρὰ φύσιν ἠλλοίωνται, οἱ δὲ κατὰ
φύσιν. ἔσονται δὴ καὶ φθοραὶ ἐναντίαι ἀλλήλαις, οὐ γενέσεσι. καὶ τί γε
κωλύει ἔστιν ὡς; καὶ γὰρ εἰ ἡ μὲν ἡδεῖα ἡ δὲ λυπηρὰ εἴη· ὥστε οὐχ ἁπλῶς
φθορὰ φθορᾷ ἐναντία, ἀλλ' ᾗ ἡ μὲν τοιαδὶ ἡ δὲ τοιαδὶ αὐτῶν ἐστιν.
ὅλως μὲν οὖν ἐναντίαι κινήσεις καὶ ἠρεμίαι τὸν εἰρημένον τρόπον εἰσίν,
οἷον ἡ ἄνω τῇ κάτω· τόπου γὰρ ἐναντιώσεις αὗται. φέρεται δὲ τὴν μὲν ἄνω
φορὰν φύσει τὸ πῦρ, τὴν δὲ κάτω ἡ γῆ· καὶ ἐναντίαι γ' αὐτῶν αἱ φοραί. τὸ
δὲ πῦρ ἄνω μὲν φύσει, κάτω δὲ παρὰ φύσιν· καὶ ἐναντία γε ἡ κατὰ φύσιν
αὐτοῦ τῇ παρὰ φύσιν. καὶ μοναὶ δ' ὡσαύτως· ἡ γὰρ ἄνω μονὴ τῇ ἄνωθεν κάτω
κινήσει ἐναντία. γίγνεται δὲ τῇ γῇ ἡ μὲν μονὴ ἐκείνη παρὰ φύσιν, ἡ δὲ
κίνησις αὕτη κατὰ φύσιν. ὥστε κινήσει μονὴ ἐναντία ἡ παρὰ φύσιν τῇ κατὰ
φύσιν τοῦ αὐτοῦ· καὶ γὰρ ἡ κίνησις ἡ τοῦ αὐτοῦ ἐναντία οὕτως· ἡ μὲν γὰρ
κατὰ φύσιν {ἔσται} αὐτῶν, ἡ ἄνω ἢ ἡ κάτω, ἡ δὲ παρὰ φύσιν. ἔχει δ' ἀπορίαν
εἰ ἔστιν πάσης ἠρεμίας τῆς μὴ αἰεὶ γένεσις, καὶ αὕτη τὸ ἵστασθαι. τοῦ δὴ
παρὰ φύσιν μένοντος, οἷον τῆς γῆς ἄνω, εἴη ἂν γένεσις. ὅτε ἄρα ἐφέρετο ἄνω
βίᾳ, ἵστατο. ἀλλὰ τὸ ἱστάμενον ἀεὶ δοκεῖ φέρεσθαι θᾶττον, τὸ δὲ βίᾳ
τοὐναντίον. οὐ γενόμενον ἄρα ἠρεμοῦν ἔσται ἠρεμοῦν. ἔτι δοκεῖ τὸ ἵστασθαι
ἢ ὅλως εἶναι τὸ εἰς τὸν αὑτοῦ τόπον φέρεσθαι ἢ συμβαίνειν ἅμα. ἔχει δ'
ἀπορίαν εἰ ἐναντία ἡ μονὴ ἡ ἐνταῦθα τῇ ἐντεῦθεν κινήσει· ὅταν γὰρ κινῆται
ἐκ τουδὶ καὶ ἀποβάλλῃ, ἔτι δοκεῖ ἔχειν τὸ ἀποβαλλόμενον, ὥστ' εἰ αὕτη ἡ
ἠρεμία ἐναντία τῇ ἐντεῦθεν εἰς τοὐναντίον κινήσει, ἅμα ὑπάρξει τἀναντία. ἢ
πῂ ἠρεμεῖ, εἰ ἔτι μένει, ὅλως δὲ τοῦ κινουμένου τὸ μὲν ἐκεῖ, τὸ δ' εἰς ὃ
μεταβάλλει; διὸ καὶ μᾶλλον κίνησις κινήσει ἐναντίον ἢ ἠρέμησις. καὶ περὶ
μὲν κινήσεως καὶ ἠρεμίας, πῶς ἑκατέρα μία, καὶ τίνες ἐναντίαι τίσιν,
εἴρηται.
{ἀπορήσειε δ' ἄν τις καὶ περὶ τοῦ ἵστασθαι, εἰ καὶ ὅσαι παρὰ φύσιν
κινήσεις, ταύταις ἔστιν ἠρεμία ἀντικειμένη. εἰ μὲν οὖν μὴ ἔσται, ἄτοπον·
μένει γάρ, βίᾳ δέ. ὥστε ἠρεμοῦν τι ἔσται οὐκ ἀεὶ ἄνευ τοῦ γενέσθαι. ἀλλὰ
δῆλον ὅτι ἔσται· ὥσπερ γὰρ κινεῖται παρὰ φύσιν, καὶ ἠρεμοίη ἄν τι παρὰ
φύσιν. ἐπεὶ δ' ἔστιν ἐνίοις κίνησις κατὰ φύσιν καὶ παρὰ φύσιν, οἷον πυρὶ ἡ
ἄνω κατὰ φύσιν ἡ δὲ κάτω παρὰ φύσιν, πότερον αὕτη ἐναντία ἢ ἡ τῆς γῆς;
αὕτη γὰρ φέρεται κατὰ φύσιν κάτω. ἢ δῆλον ὅτι ἄμφω, ἀλλ' οὐχ ὡσαύτως, ἀλλ'
ἡ μὲν κατὰ φύσιν ὡς κατὰ φύσιν οὔσης τῆς αὐτοῦ· ἡ δ' ἄνω τοῦ πυρὸς τῇ
κάτω, ὡς ἡ κατὰ φύσιν οὖσα τῇ παρὰ φύσιν οὔσῃ. ὁμοίως δὲ καὶ ταῖς μοναῖς.
ἴσως δ' ἠρεμίᾳ κίνησίς πῃ ἀντίκειται.}
| [5,9] CHAPITRE IX.
§ 1. On peut se demander pourquoi, lorsque dans le
changement selon le lieu, il y a et des repos et des
mouvements qui sont ou suivant la nature ou contre
nature, on ne trouve dans les autres espèces de
changements rien de pareil : par exemple, une altération
selon la nature et une altération contre nature ; car la
santé n'est pas plus selon la nature ou contre nature que
ne l'est la maladie ; la noirceur ne l'est pas plus que la
blancheur. Et de même encore pour l'accroissement et le
dépérissement, ces changements ne sont pas contraires les
uns aux autres en tant que selon la nature, ou contre
nature, non plus que l'accroissement n'est pas contraire à
l'accroissement. On peut encore en dire autant de la
génération et de la destruction. Ainsi la génération n'est
pas selon la nature, et la destruction contre nature, puisque
rien n'est plus naturel que de vieillir; et nous ne voyons pas
non plus que telle génération, soit selon la nature et que
telle autre soit contre nature.
§ 2. Mais si c'est ce qui arrive par force qui est contre
nature, la destruction par force, comme étant contre
nature, sera contraire à la destruction naturelle. Il y a donc
certaines générations qui se font par force et qui ne sont
pas fatalement régulières, auxquelles les générations
naturelles sont contraires. Il y a aussi des accroissements
et des destructions violentes : par exemple, les
accroissements de ces corps auxquels la volupté donne une
puberté précoce ; ou bien encore les accroissements de ces
froments qui sont forts tout à coup, sans avoir de
profondes racines en terre. Mais pour l'altération, comment
se passent les choses ? Est-ce de la mérite manière? Les
altérations sont-elles les unes violentes, et les autres
naturelles? Par exemple tels malades ne sont pas guéris
dans les jours critiques ; et tels autres sont guéris dans les
jours critiques. Ceux qui sont guéris hors les jours critiques
sont altérés contre nature; les autres le sont naturellement.
§ 3. Mais alors les destructions seront contraires les unes
aux autres, et ne le seront pas aux générations. Et où est la
difficulté ? C'est parfaitement possible ; car telle
destruction peut être agréable, tandis que telle autre est
pénible. Par conséquent, la destruction n'est pas contraire à
la destruction d'une manière absolue; mais elle l'est
seulement en tant que l'une des destructions est de telle
façon, et que l'autre est de telle façon différente.
§ 4. Ainsi donc, d'une manière générale, les mouvements
et les repos sont contraires, selon le sens qui vient d'être
expliqué. Par exemple le mouvement en haut est contraire
au mouvement en bas ; ce sont là des oppositions de lieux
contraires. Le feu, suivant sa tendance naturelle, se porte
en haut, tandis que la terre se porte eu bas. Leurs
tendances sont donc contraires, puisque naturellement le
feu va en haut, et que s'il va en bas, c'est contre nature ;
son mouvement de nature est contraire à son mouvement
contre nature. Il en est de même des repos. Ainsi le repos
en haut est contraire au mouvement de haut en bas. C'est
ce repos contre nature qui serait celui de la terre, « si elle
restait en haut. » Mais son mouvement de haut en bas est
selon sa nature. Par conséquent, le repos contre nature est
contraire au mouvement selon la nature pour le même
objet, puisque les mouvements de ce même objet sont
également contraires; et que l'un des deux, soit en haut
soit en bas, sera selon la nature tandis que l'autre sera
contre nature.
§ 5. Mais on peut se demander s'il y a génération du repos
toutes les fois qu'il n'est pas éternel, et si cette génération
du repos est précisément le temps d'arrêt du corps.
§ 6. Certainement il y a génération du repos pour un corps
qui s'arrête contre nature; et par exemple, pour la terre
quand elle reste en haut ; c'est parce qu'elle a été portée
par force en haut, qu'elle s'y est arrêtée.
§ 7. Mais le corps qui s'arrête semble toujours avoir un
mouvement de plus en plus rapide, tandis que celui qui est
mu par force éprouve tout le contraire. Ainsi donc le corps
sera en repos sans devenir précisément en repos.
§ 8. Et pour un corps, s'arrêter, c'est absolument la même
chose qu'être porté vers son lieu spécial, ou du moins l'un
se produit toujours simultanément avec l'autre.
§ 9. Une autre question, c'est de rechercher si le repos en
tel état est contraire au mouvement qui s'éloigne de ce
même état. En effet, quand le corps est mis en mouvement
pour sortir de tel état, ou qu'il perd quelque état antérieur,
il n'en semble pas moins garder encore quelque temps ce
qu'il perd. Si donc c'est le même repos qui est contraire au
mouvement parti de cet état pour aller à l'état contraire, il
s'ensuit que les contraires seront simultanément dans l'objet.
§ 10. Ou bien ne peut-on pas dire que le corps est de
quelque façon déjà en repos, si d'ailleurs il s'arrête plus
tard, et qu'en général le corps qui est mis en mouvement
est en partie ce qu'il est, et en partie ce en quoi il change?
§ 11. Et c'est là ce qui fait que le mouvement est plus
contraire au mouvement que le repos.
§ 12. Il y a enfin pour le repos la question de savoir si tous
les mouvements contre nature ont aussi un repos opposé.
§ 13. Si l'on soutenait qu'il n'y en a pas, ce serait absurde ;
car le corps reste en place; et il y reste par force.
§ 14. Il y aurait donc alors quelque chose qui serait en
repos, et non éternellement, sans que le repos eût eu une cause.
§ 15. Mais il est clair qu'il y aura un repos de cette espèce ;
car il peut y avoir repos contre nature comme il y a
mouvement contre nature.
§ 16. D'autre part, il faut se rappeler qu'il y a mouvement
selon la nature et mouvement contre nature pour certains
corps ; ainsi, pour le feu le mouvement naturel est en haut
; et le mouvement en bas est contre nature. Est-ce ce
dernier mouvement qui est contraire à l'autre ? Ou bien
est-ce celui de la terre, qui naturellement est portée en bas?
§ 17. Il est clair que tous les deux sont contraires;
seulement ce n'est pas de la même manière. Mais, d'une
part le mouvement selon la nature est opposé au
mouvement selon la nature; et d'autre part, pour le feu,
c'est le mouvement en bas qui est opposé au mouvement
en haut, comme étant, l'un de nature, et l’autre, contre nature.
§ 18. Or, il en est de même aussi pour le repos.
§ 19. Voilà ce qu'il y avait à dire du mouvement et du
repos, pour expliquer ce qu'ils sont chacun dans leur unité,
et comment l'un peut être opposé à l'autre.
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