[5,7] CHAPITRE VII.
Ἔτι δὲ διοριστέον ποία κίνησις ἐναντία κινήσει, καὶ περὶ μονῆς δὲ τὸν
αὐτὸν τρόπον. διαιρετέον δὲ πρῶτον πότερον ἐναντία κίνησις ἡ ἐκ τοῦ αὐτοῦ
τῇ εἰς τὸ αὐτό (οἷον ἡ ἐξ ὑγιείας τῇ εἰς ὑγίειαν), οἷον καὶ γένεσις καὶ
φθορὰ δοκεῖ, ἢ ἡ ἐξ ἐναντίων (οἷον ἡ ἐξ ὑγιείας τῇ ἐκ νόσου), ἢ ἡ εἰς
ἐναντία (οἷον ἡ εἰς ὑγίειαν τῇ εἰς νόσον), ἢ ἡ ἐξ ἐναντίου τῇ εἰς ἐναντίον
(οἷον ἡ ἐξ ὑγιείας τῇ εἰς νόσον), ἢ ἡ ἐξ ἐναντίου εἰς ἐναντίον τῇ ἐξ
ἐναντίου εἰς ἐναντίον (οἷον ἡ ἐξ ὑγιείας εἰς νόσον τῇ ἐκ νόσου εἰς
ὑγίειαν). ἀνάγκη γὰρ ἢ ἕνα τινὰ τούτων εἶναι τῶν τρόπων ἢ πλείους· οὐ γὰρ
ἔστιν ἄλλως ἀντιτιθέναι. ἔστι δ' ἡ μὲν ἐξ ἐναντίου τῇ εἰς ἐναντίον οὐκ
ἐναντία, οἷον ἡ ἐξ ὑγιείας τῇ εἰς νόσον· ἡ αὐτὴ γὰρ καὶ μία. τὸ μέντοι γ'
εἶναι οὐ ταὐτὸ αὐταῖς, ὥσπερ οὐ ταὐτὸ τὸ ἐξ ὑγιείας μεταβάλλειν καὶ τὸ εἰς
νόσον. οὐδ' ἡ ἐξ ἐναντίου τῇ ἐξ ἐναντίου· ἅμα μὲν γὰρ συμβαίνει ἐξ
ἐναντίου καὶ εἰς ἐναντίον ἢ μεταξύ – ἀλλὰ περὶ τούτου μὲν ὕστερον ἐροῦμεν,
ἀλλὰ μᾶλλον τὸ εἰς ἐναντίον μεταβάλλειν δόξειεν ἂν εἶναι αἴτιον τῆς
ἐναντιώσεως ἢ τὸ ἐξ ἐναντίου· ἡ μὲν γὰρ ἀπαλλαγὴ ἐναντιότητος, ἡ δὲ λῆψις.
καὶ λέγεται δ' ἑκάστη εἰς ὃ μεταβάλλει μᾶλλον ἢ ἐξ οὗ, οἷον ὑγίανσις ἡ εἰς
ὑγίειαν, νόσανσις δ' ἡ εἰς νόσον.
λείπεται δὴ ἡ εἰς ἐναντία καὶ ἡ εἰς ἐναντία ἐξ ἐναντίων. τάχα μὲν οὖν
συμβαίνει τὰς εἰς ἐναντία καὶ ἐξ ἐναντίων εἶναι, ἀλλὰ τὸ εἶναι ἴσως οὐ
ταὐτό, λέγω δὲ τὸ εἰς ὑγίειαν τῷ ἐκ νόσου καὶ τὸ ἐξ ὑγιείας τῷ εἰς νόσον.
ἐπεὶ δὲ διαφέρει μεταβολὴ κινήσεως (ἡ ἔκ τινος γὰρ ὑποκειμένου εἴς τι
ὑποκείμενον μεταβολὴ κίνησίς ἐστιν), ἡ ἐξ ἐναντίου εἰς ἐναντίον τῇ ἐξ
ἐναντίου εἰς ἐναντίον κίνησις ἐναντία, οἷον ἡ ἐξ ὑγιείας εἰς νόσον τῇ ἐκ
νόσου εἰς ὑγίειαν. δῆλον δὲ καὶ ἐκ τῆς ἐπαγωγῆς ὁποῖα δοκεῖ τὰ ἐναντία
εἶναι· τὸ νοσάζεσθαι γὰρ τῷ ὑγιάζεσθαι καὶ τὸ μανθάνειν τῷ ἀπατᾶσθαι μὴ
δι' αὑτοῦ (εἰς ἐναντία γάρ· ὥσπερ γὰρ ἐπιστήμην, ἔστι καὶ ἀπάτην καὶ δι'
αὑτοῦ κτᾶσθαι καὶ δι' ἄλλου), καὶ ἡ ἄνω φορὰ τῇ κάτω (ἐναντία γὰρ ταῦτα ἐν
μήκει), καὶ ἡ εἰς δεξιὰ τῇ εἰς ἀριστερά (ἐναντία γὰρ ταῦτα ἐν πλάτει), καὶ
ἡ εἰς τὸ ἔμπροσθεν τῇ εἰς τὸ ὄπισθεν (ἐναντία γὰρ καὶ ταῦτα). ἡ δ' εἰς
ἐναντίον μόνον οὐ κίνησις ἀλλὰ μεταβολή, οἷον τὸ γίγνεσθαι λευκὸν μὴ ἔκ
τινος. καὶ ὅσοις δὲ μὴ ἔστιν ἐναντία, ἡ ἐξ αὐτοῦ τῇ εἰς αὐτὸ μεταβολῇ
ἐναντία· διὸ γένεσις φθορᾷ ἐναντία καὶ ἀποβολὴ λήψει· αὗται δὲ μεταβολαὶ
μέν, κινήσεις δ' οὔ. τὰς δ' εἰς τὸ μεταξὺ κινήσεις, ὅσοις τῶν ἐναντίων
ἔστι μεταξύ, ὡς εἰς ἐναντία πως θετέον· ὡς ἐναντίῳ γὰρ χρῆται τῷ μεταξὺ ἡ
κίνησις, ἐφ' ὁπότερα ἂν μεταβάλλῃ, οἷον ἐκ φαιοῦ μὲν εἰς τὸ λευκὸν ὡς ἐκ
μέλανος, καὶ ἐκ λευκοῦ εἰς φαιὸν ὡς εἰς μέλαν, ἐκ δὲ μέλανος εἰς φαιὸν ὡς
εἰς λευκὸν τὸ φαιόν· τὸ γὰρ μέσον πρὸς ἑκάτερον λέγεταί πως ἑκάτερον τῶν
ἄκρων, καθάπερ εἴρηται καὶ πρότερον. κίνησις μὲν δὴ κινήσει ἐναντία οὕτως
ἡ ἐξ ἐναντίου εἰς ἐναντίον τῇ ἐξ ἐναντίου εἰς ἐναντίον.
| [5,7] CHAPITRE VII.
§ 1. Il nous faut encore expliquer quel est le mouvement
qui est contraire à un autre mouvement, et donner aussi
des explications analogues sur l'inertie ou le repos.
§ 2. Déterminons d'abord si le mouvement qui s'éloigne
d'un certain objet, est contraire à celui qui va vers ce
même objet? Par exemple, le mouvement qui s'éloigne de
la santé est-il contraire à celui qui tend vers la santé,
manière dont la génération et la destruction semblent être
contraires entr'elles? Ou bien le mouvement contraire est-il
celui qui part des contraires? Par exemple, le mouvement
qui part de la santé est-il contraire à celui qui part de la
maladie? Ou bien encore, est-ce celui qui tend aux
contraires? Et par exemple, le mouvement qui tend à la
santé est-il contraire à celui qui tend vers la maladie? Ou
bien, le mouvement qui part du contraire est-il contraire à
celui qui tend vers le contraire? Ainsi, le mouvement qui
vient de la santé, est-il contraire à celui qui va vers la
maladie? Ou bien enfin, celui qui va du contraire à l'autre
contraire, est-il contraire à celui qui va aussi du contraire
au contraire? Par exemple, le mouvement qui va de la
santé à la maladie, est-il le contraire de celui qui va de la
maladie à la santé? Il faut nécessairement que le
mouvement contraire soit une de ces nuances, ou plusieurs
de ces nuances; car il n'y a pas d'autres oppositions possibles.
§ 3. Le mouvement qui part du contraire n'est pas contraire
à celui qui va vers le contraire. Ainsi le mouvement qui
s'éloigne de la santé n'est pas contraire à celui qui va vers
la maladie; car c'est un seul et même mouvement.
Toutefois la façon d'être n'est pas identique de part et
d'autre, pas plus que changer en quittant la santé n'est pas
tout à fait la même chose que changer en allant à la maladie.
§ 4. Le mouvement qui s'éloigne du contraire n'est pas
davantage contraire à celui qui s'éloigne de l'autre
contraire; car tous les deux partent du contraire et vont
vers le contraire, ou vers l'intermédiaire. Du reste, nous
reviendrons un peu plus loin à cette nuance. Mais le
changement qui va vers le contraire semblerait devoir
amener cette opposition de mouvements contraires, plutôt
que le changement qui part du contraire; car celui-ci
repousse la contrariété dont il se dégage, tandis que celui-là
la gagne. Or tout mouvement se désigne bien plutôt par
le but où il tend que par le but d'où il s'éloigne. C'est ainsi
que la guérison est le mouvement vers la santé ; et le
malaise, le mouvement vers la maladie.
§ 5. Restent donc, et le mouvement qui va vers les contraires,
et celui qui va vers les contraires en partant des contraires.
§ 6. Il est bien clair, d'ailleurs, que les mouvements qui
vont vers les contraires partent, en outre, des contraires.
Mais leur façon d'être n'est pas tout à fait identique. Je
veux dire, par exemple, que ce qui va vers la santé n'est
pas la même chose que ce qui s'éloigne dé la maladie, et
réciproquement, que ce qui s'éloigne de la santé n'est pas
la même chose que ce qui va vers la maladie.
§ 6. Leur façon d'être n'est pas tout à fait identique, voir
plus haut, § 3, une distinction pareille. La troisième nuance
peut donc se confondre en partie avec la cinquième.
§ 7. Mais comme le changement ne se confond pas avec le
mouvement, car c'est le changement d'un certain sujet,
réel en un autre sujet, qui est un vrai mouvement, il
s'ensuit que le mouvement qui va d'un contraire à un
contraire, est contraire au mouvement qui va d'un contraire
à un contraire. Par exemple, le mouvement de la santé vers
la maladie est contraire au mouvement de la maladie vers
la santé.
§ 8. L'induction elle-même peut servir à montrer quels sont
ici les contraires véritables. Ainsi, devenir malade est bien
le contraire de recouvrer la santé ; Être instruit est le
contraire d'être trompé, quand on ne se trompe pas soi-même ;
car c'est aller vers des contraires, puisqu'il est
possible qu'on acquière la science et l'erreur, soit par soi-même,
soit par autrui. La tendance en haut est contraire à
la tendance en bas, puisque ce sont là des contraires en
longueur; la translation à droite est contraire à la
translation à gauche; car ce sont là des contraires en
largeur; enfin, le devant est contraire au derrière; car ce
sont là aussi des contraires.
§ 9. Le changement qui va simplement au contraire, n'est
pas un vrai mouvement; ce n'est qu'un changement par
exemple, devenir blanc, sans que ce soit en partant de
quelqu'autre état.
§ 10. Et là où il n'y a pas de contraires, le changement qui
part du même est contraire au changement qui va vers le
même. Ainsi, la génération est le contraire de la
destruction, et la perte est le contraire de l'acquisition. Mais
ce sont là des changements ; ce ne sont pas des
mouvements.
§ 11. Quant aux mouvements qui vont vers l'intermédiaire,
là où entre les contraires il y a un intermédiaire en effet, il
faut les classer aussi parmi les mouvements vers les
contraires; car le mouvement prend l'intermédiaire comme
un contraire, quel que soit celui des extrêmes clans lequel il
change. Ainsi l'objet passe du gris au blanc, comme il y
passerait du noir; et il passe du blanc au gris, comme il
passerait au noir. Du noir, il passe au gris comme il
passerait au blanc, parce que le gris est le milieu qui se
rapporte d'une certaine manière aux deux extrêmes, ainsi
qu'on l'a dit antérieurement.
§ 12. Ainsi donc un mouvement est contraire à un
mouvement, en ce sens que le mouvement qui va du
contraire à l'autre contraire, est contraire à celui qui va de
l'autre contraire au contraire.
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