Texte grec :
[4,5] CHAPITRE V.
Μετὰ δὲ ταῦτα ληπτέον ποσαχῶς ἄλλο ἐν ἄλλῳ λέγεται. ἕνα μὲν δὴ τρόπον ὡς ὁ
δάκτυλος ἐν τῇ χειρὶ καὶ ὅλως τὸ μέρος ἐν τῷ ὅλῳ. ἄλλον δὲ ὡς τὸ ὅλον ἐν
τοῖς μέρεσιν· οὐ γάρ ἐστι παρὰ τὰ μέρη τὸ ὅλον. ἄλλον δὲ τρόπον ὡς ὁ
ἄνθρωπος ἐν ζῴῳ καὶ ὅλως εἶδος ἐν γένει. ἄλλον δὲ ὡς τὸ γένος ἐν τῷ εἴδει
καὶ ὅλως τὸ μέρος τοῦ εἴδους ἐν τῷ λόγῳ. ἔτι ὡς ἡ ὑγίεια ἐν θερμοῖς καὶ
ψυχροῖς καὶ ὅλως τὸ εἶδος ἐν τῇ ὕλῃ. ἔτι ὡς ἐν βασιλεῖ τὰ τῶν Ἑλλήνων καὶ
ὅλως ἐν τῷ πρώτῳ κινητικῷ. ἔτι ὡς ἐν τῷ ἀγαθῷ καὶ ὅλως ἐν τῷ τέλει· τοῦτο
δ' ἐστὶ τὸ οὗ ἕνεκα. πάντων δὲ κυριώτατον τὸ ὡς ἐν ἀγγείῳ καὶ ὅλως ἐν τόπῳ.
ἀπορήσειε δ' ἄν τις, ἆρα καὶ αὐτό τι ἐν ἑαυτῷ ἐνδέχεται εἶναι, ἢ οὐδέν,
ἀλλὰ πᾶν ἢ οὐδαμοῦ ἢ ἐν ἄλλῳ. διχῶς δὲ τοῦτ' ἔστιν, ἤτοι καθ' αὑτὸ ἢ καθ'
ἕτερον. ὅταν μὲν γὰρ ᾖ μόρια τοῦ ὅλου τὸ ἐν ᾧ καὶ τὸ ἐν τούτῳ, λεχθήσεται
τὸ ὅλον ἐν αὑτῷ· λέγεται γὰρ καὶ κατὰ τὰ μέρη, οἷον λευκὸς ὅτι ἡ ἐπιφάνεια
λευκή, καὶ ἐπιστήμων ὅτι τὸ λογιστικόν. ὁ μὲν οὖν ἀμφορεὺς οὐκ ἔσται ἐν
αὑτῷ, οὐδ' ὁ οἶνος· ὁ δὲ τοῦ οἴνου ἀμφορεὺς ἔσται· ὅ τε γὰρ καὶ ἐν ᾧ,
ἀμφότερα τοῦ αὐτοῦ μόρια. οὕτω μὲν οὖν ἐνδέχεται αὐτό τι ἐν αὑτῷ εἶναι,
πρώτως δ' οὐκ ἐνδέχεται. οἷον τὸ λευκὸν ἐν σώματι (ἡ ἐπιφάνεια γὰρ ἐν
σώματι), ἡ δ' ἐπιστήμη ἐν ψυχῇ· κατὰ ταῦτα δὲ αἱ προσηγορίαι μέρη ὄντα, ὥς
γε ἐν ἀνθρώπῳ (ὁ δὲ ἀμφορεὺς καὶ ὁ οἶνος χωρὶς μὲν ὄντα οὐ μέρη, ἅμα δέ·
διὸ ὅταν ᾖ μέρη, ἔσται αὐτὸ ἐν αὑτῷ)· οἷον τὸ λευκὸν ἐν ἀνθρώπῳ ὅτι ἐν
σώματι, καὶ ἐν τούτῳ ὅτι ἐν ἐπιφανείᾳ· ἐν δὲ ταύτῃ οὐκέτι κατ' ἄλλο. καὶ
ἕτερά γε τῷ εἴδει ταῦτα, καὶ ἄλλην φύσιν ἔχει ἑκάτερον καὶ δύναμιν, ἥ τ'
ἐπιφάνεια καὶ τὸ λευκόν. οὔτε δὴ ἐπακτικῶς σκοποῦσιν οὐδὲν ὁρῶμεν ἐν ἑαυτῷ
κατ' οὐδένα τῶν διορισμῶν, τῷ τε λόγῳ δῆλον ὅτι ἀδύνατον· δεήσει γὰρ
ἀμφότερα ἑκάτερον ὑπάρχειν, οἷον τὸν ἀμφορέα ἀγγεῖόν τε καὶ οἶνον εἶναι
καὶ τὸν οἶνον οἶνόν τε καὶ ἀμφορέα, εἴπερ ἐνδέχεται αὐτό τι ἐν αὑτῷ εἶναι.
ὥστ' εἰ ὅτι μάλιστα ἐν ἀλλήλοις εἶεν, ὁ μὲν ἀμφορεὺς δέξεται τὸν οἶνον οὐχ
ᾗ αὐτὸς οἶνος ἀλλ' ᾗ ἐκεῖνος, ὁ δ' οἶνος ἐνέσται ἐν τῷ ἀμφορεῖ οὐχ ᾗ αὐτὸς
ἀμφορεὺς ἀλλ' ᾗ ἐκεῖνος. κατὰ μὲν οὖν τὸ εἶναι ὅτι ἕτερον, δῆλον· ἄλλος
γὰρ ὁ λόγος τοῦ ἐν ᾧ καὶ τοῦ ἐν τούτῳ. ἀλλὰ μὴν οὐδὲ κατὰ συμβεβηκὸς
ἐνδέχεται· ἅμα γὰρ δύο ἐν ταὐτῷ ἔσται· αὐτός τε γὰρ ἐν αὑτῷ ὁ ἀμφορεὺς
ἔσται, εἰ οὗ ἡ φύσις δεκτική, τοῦτ' ἐνδέχεται ἐν αὑτῷ εἶναι, καὶ ἔτι
ἐκεῖνο οὗ δεκτικόν, οἷον, εἰ οἴνου, ὁ οἶνος.
ὅτι μὲν οὖν ἀδύνατον ἐν αὑτῷ τι εἶναι πρώτως, δῆλον· ὃ δὲ Ζήνων ἠπόρει,
ὅτι εἰ ὁ τόπος ἐστί τι, ἔν τινι ἔσται, λύειν οὐ χαλεπόν· οὐδὲ γὰρ κωλύει
ἐν ἄλλῳ εἶναι τὸν πρῶτον τόπον, μὴ μέντοι ὡς ἐν τόπῳ ἐκείνῳ, ἀλλ' ὥσπερ ἡ
μὲν ὑγίεια ἐν τοῖς θερμοῖς ὡς ἕξις, τὸ δὲ θερμὸν ἐν σώματι ὡς πάθος. ὥστε
οὐκ ἀνάγκη εἰς ἄπειρον ἰέναι. ἐκεῖνο δὲ φανερόν, ὅτι ἐπεὶ οὐδὲν τὸ ἀγγεῖον
τοῦ ἐν αὐτῷ (ἕτερον γὰρ τὸ πρώτως ὅ τε καὶ ἐν ᾧ), οὐκ ἂν εἴη οὔτε ἡ ὕλη
οὔτε τὸ εἶδος ὁ τόπος, ἀλλ' ἕτερον. ἐκείνου γάρ τι ταῦτα τοῦ ἐνόντος, καὶ
ἡ ὕλη καὶ ἡ μορφή. ταῦτα μὲν οὖν ἔστω διηπορημένα.
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Traduction française :
[4,5] CHAPITRE V.
§ 1. Ceci posé, il faut expliquer en combien de sens on peut
dire qu'une chose est dans une autre chose. Selon une
première acception, c'est comme on dit que le doigt est
dans la main, et d'une manière générale que la partie est
dans le tout. Une acception inverse, c'est quand on dit que
le tout est dans les parties; car, en dehors des parties, le
tout n'existe pas. Dans un troisième sens, on dit que
l'homme est dans l'animal ; et, d'une manière générale,
que l'espèce est dans le genre. En un autre sens encore,
c'est comme le genre dans l'espèce, et, d'une manière
générale, le genre de l'espèce dans la définition de l'espèce.
Etre dans une chose peut avoir aussi le sens où l'on dit que
la santé est dans les influences du chaud et du froid,
c'est-à-dire d'une manière générale comme la forme dans la
matière. De plus, c'est comme quand on dit que les affaires
de la Grèce sont dans les mains du Roi, c'est-à-dire à
considérer la chose d'une manière générale, dans le
premier moteur. Une autre acception où l'on dit qu'une
chose est dans une autre, c'est quand on la considère
comme étant dans le bien, et généralement dans la fin,
c'est-à-dire le pourquoi, le but où elle tend. Enfin,
l'acception la plus propre de toutes, c'est celle où l'on dit
que la chose est dans une autre, comme dans un vase, et,
d'une manière générale, dans un lieu, dans l'espace.
§ 2. Maintenant on peut se demander s'il est possible
qu'une chose, restant telle qu'elle est, soit elle-même dans
elle-même, ou si rien ne peut être de la sorte, et si toutes
les choses doivent ou ne point être du tout ou être dans
une autre.
§ 3. Mais quand on dit qu'une chose est dans quelque
chose, cette expression a un double sens, et c'est ou en soi
ou relativement à un autre.
§ 4. Ainsi, comme les parties d'un tout sont à la fois et la
partie qui est dans le tout et ce qui est dans cette partie, on
pourra dire en ce sens que le tout est dans lui-même ; car
le tout est aussi dénommé d'après les parties. Par exemple,
on dit d'un homme qu'il est blanc, parce que sa surface est
blanche; et l'on dit qu'il est savant, parce que sa partie
raisonnable est savante. Mais on ne peut pas dire que
l'amphore soit dans elle-même, non plus que le vin;
seulement on peut dire que l'amphore de vin est dans elle-même;
car le vin qui est dans le vase et le vase dans lequel
il est sont tous les deux les parties d'un même tout. En ce
sens donc, une chose peut être elle-même dans elle-même.
§ 5. Mais ces expressions ne peuvent jamais signifier que la
chose est primitivement dans elle-même; par exemple, la
blancheur est bien dans le corps, puisque la surface qui est
blanche est dans le corps ; la science est bien aussi dans
l'âme; et les appellations sont formées d'après ces choses
qui sont de simples parties, en ce sens qu'elles sont dans
l'homme. Mais l'amphore et le vin, considérés isolément
l'un de l'autre, ne sont pas des parties d'un tout; ce ne sont
des parties que quand on les réunit tous les deux. Lors
donc qu'il s'agit des parties, on pourra dire que la chose
même est dans elle-même. Ainsi, la blancheur est dans
l'homme, parce qu'elle est dans le corps; et elle est dans le
corps, parce qu'elle est dans la surface; car la blancheur
n'est plus dans la surface médiatement et par une autre
chose ; mais c'est que la blancheur et la surface sont
d'espèce différente, et qu'elles ont chacune une nature et
une propriété diverses.
§ 6. En recourant à l'induction, nous voyons que rien n'est
dans soi-même suivant aucune des définitions ci-dessus
données.
§ 7. Et la raison aussi suffit à démontrer que c' est
impossible; car il faudra que chacune des deux choses
soient à la fois l'une et l'autre; par exemple, l'amphore
devra être à la fois le vase et le vin ; et, à son tour, le vin
devra être le vin et l'amphore, du moment qu'on admet
qu'une chose peut être elle-même dans elle-même.
§ 8. Par conséquent, les deux objets auraient beau être le
plus complètement possible l'un dans l'autre, l'amphore
contiendra toujours le vin, non pas en tant qu'elle est elle-même
le vin, mais en tant que le vin est ce qu'il est; et
réciproquement, le vin sera dans l'amphore, non pas en
tant qu'il est lui-même l'amphore, mais en tant que
l'amphore est ce qu'elle est. Donc il est évident
qu'essentiellement le vin et l'amphore sont autres; car la
définition du contenant est différente de la définition du
contenu.
§ 9. Même sous le simple point de vue de l'accident, ce
n'est pas plus possible; car il faudrait en ce cas que deux
corps fussent à la fois dans un seul et même corps. Ainsi,
d'une part, l'amphore même serait dans elle-même, si une
chose dont la nature est d'en recevoir une autre, peut être
dans elle-même; et d'autre part, il y aurait de plus dans
l'amphore ce qu'elle peut recevoir, c'est-à-dire du vin, si
c'est du vin qu'elle reçoit. Donc évidemment il ne se peut
jamais qu'une chose soit primitivement dans elle-même.
§ 10. Quant au doute de Zénon, qui demandait dans quoi
on placera l'espace si l'on fait de l'espace quelque chose de
réel, il n'est pas difficile d'y répondre. Rien en effet
n'empêche que le lieu primitif, l'espace primitif ne soit dans
une autre chose sans y être cependant comme dans un
lieu, mais en y étant comme la santé est dans la chaleur,
en tant que disposition et habitude, et comme la chaleur
est dans le corps en tant qu'affection corporelle. Par
conséquent, il n'est pas besoin de remonter à l'infini.
§ 11. Évidemment, comme le vase n'est rien de ce qui est
en lui, puisque le contenant primitif et le contenu sont
choses fort distinctes, il s'ensuit que l'espace n'est ni la
matière, ni la forme, et qu'il est tout autre chose; car la
matière et la forme sont l'une et l'autre les éléments de ce
qui est dans l'espace.
§ 12. Telles sont donc en résumé les discussions qui ont été
soulevées relativement à la nature de l'espace.
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