Texte grec :
[4,9] CHAPITRE IX.
Πρὸς δὲ τὸ ποτέρως ἔχει δεῖ λαβεῖν τί σημαίνει τοὔνομα. δοκεῖ δὴ τὸ κενὸν
τόπος εἶναι ἐν ᾧ μηδέν ἐστι. τούτου δ' αἴτιον ὅτι τὸ ὂν σῶμα οἴονται
εἶναι, πᾶν δὲ σῶμα ἐν τόπῳ, κενὸν δὲ ἐν ᾧ τόπῳ μηδέν ἐστι σῶμα, ὥστ' εἴ
που μὴ ἔστι σῶμα, οὐδὲν εἶναι ἐνταῦθα. σῶμα δὲ πάλιν ἅπαν οἴονται εἶναι
ἁπτόν· τοιοῦτο δὲ ὃ ἂν ἔχῃ βάρος ἢ κουφότητα. συμβαίνει οὖν ἐκ συλλογισμοῦ
τοῦτο εἶναι κενόν, ἐν ᾧ μηδέν ἐστι βαρὺ ἢ κοῦφον. ταῦτα μὲν οὖν, ὥσπερ
εἴπομεν καὶ πρότερον, ἐκ συλλογισμοῦ συμβαίνει. ἄτοπον δὲ εἰ ἡ στιγμὴ
κενόν· δεῖ γὰρ τόπον εἶναι ἐν ᾧ σώματος ἔστι διάστημα ἁπτοῦ. ἀλλ' οὖν
φαίνεται λέγεσθαι τὸ κενὸν ἕνα μὲν τρόπον τὸ μὴ πλῆρες αἰσθητοῦ σώματος
κατὰ τὴν ἁφήν· αἰσθητὸν δ' ἐστὶ κατὰ τὴν ἁφὴν τὸ βάρος ἔχον ἢ κουφότητα
(διὸ κἂν ἀπορήσειέ τις, τί ἂν φαῖεν, εἰ ἔχοι τὸ διάστημα χρῶμα ἢ ψόφον,
πότερον κενὸν ἢ οὔ; ἢ δῆλον ὅτι εἰ μὲν δέχοιτο σῶμα ἁπτόν, κενόν, εἰ δὲ
μή, οὔ)· ἄλλον δὲ τρόπον, ἐν ᾧ μὴ τόδε τι μηδ' οὐσία τις σωματική. διό
φασίν τινες εἶναι τὸ κενὸν τὴν τοῦ σώματος ὕλην (οἵπερ καὶ τὸν τόπον τὸ
αὐτὸ τοῦτο), λέγοντες οὐ καλῶς· ἡ μὲν γὰρ ὕλη οὐ χωριστὴ τῶν πραγμάτων, τὸ
δὲ κενὸν ζητοῦσιν ὡς χωριστόν.
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Traduction française :
[4,9] CHAPITRE IX.
§ 1. Pour savoir entre ces deux opinions ce qu'il en est, il
faut connaître d'abord ce que veut dire le mot lui-même.
§ 2. En général, on entend par le vide un espace dans
lequel il n'y a rien.
§ 3. Cette idée vient de ce qu'on regarde toujours l'être
comme un corps, et que tout corps est dans un lieu, dans
un espace. Par conséquent, le vide est l'espace où il n'y a
aucun corps ; et s'il est un espace où il n'y ait pas de corps,
on dit que là il y a le vide. D'autre part, on suppose que
tout corps, quel qu'il soit, est tangible, et que c'est là une
propriété de tout ce qui a pesanteur ou légèreté. En
continuant ce raisonnement on arrive donc à dire que le
vide est ce dans quoi il n'y a rien, ni de pesant ni de léger.
Telles sont les conséquences où le raisonnement conduit,
ainsi que nous l'avons dit antérieurement.
§ 4. Mais il serait absurde de prétendre que le point est le
vide, puisqu'il faut que le vide soit l'espace, où est
l'étendue du corps tangible.
§ 5. Ainsi en un sens, vide semble vouloir dire ce qui n'est
pas plein d'un corps sensible au toucher; et sensible au
toucher, c'est tout ce qui a ou légèreté ou pesanteur.
§ 6. Aussi peut-on se demander ce qu'on penserait si
l'étendue avait ou une couleur ou un son. Croirait-on alors
que c'est du vide, ou que ce n'en est pas? Ou bien est-il
clair qu'on dirait qu'il y a du vide, si l'étendue pouvait
recevoir un corps tangible, et qu'on ne trouverait pas de
vide, si elle ne le pouvait pas?
§ 7. En un autre sens, ou entend par vide l'espace où il n'y
a pas de chose distincte ni aucune substance corporelle.
§ 8. C'est là ce qui a fait que des philosophes ont soutenu
que le vide est la matière des corps, et ce sont ceux qui ont
confondu aussi, bien à tort du reste, l'espace avec la
matière; car la matière n'est pas séparable des corps,
tandis qu'ils regardent toujours le vide qu'ils cherchent
comme en étant séparé.
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