Texte grec :
[2,9] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ'.
§ 1. Τὸ δ' ἐξ ἀνάγκης πότερον ἐξ ὑποθέσεως ὑπάρχει ἢ καὶ ἁπλῶς;
§ 2. Νῦν μὲν γὰρ οἴονται τὸ ἐξ ἀνάγκης εἶναι ἐν τῇ γενέσει ὥσπερ ἂν εἴ τις
τὸν τοῖχον ἐξ ἀνάγκης γεγενῆσθαι νομίζοι, ὅτι τὰ μὲν βαρέα κάτω πέφυκε
φέρεσθαι τὰ δὲ κοῦφα ἐπιπολῆς, διὸ οἱ λίθοι μὲν κάτω καὶ τὰ θεμέλια, ἡ δὲ
γῆ ἄνω διὰ κουφότητα, ἐπιπολῆς δὲ μάλιστα τὰ ξύλα· κουφότατα γάρ.
§ 3. Ἀλλ' ὅμως οὐκ ἄνευ μὲν τούτων γέγονεν, οὐ μέντοι διὰ ταῦτα πλὴν ὡς
δι' ὕλην, ἀλλ' ἕνεκα τοῦ κρύπτειν ἄττα καὶ σώζειν. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐν τοῖς
ἄλλοις πᾶσιν, ἐν ὅσοις τὸ ἕνεκά του ἔστιν, οὐκ ἄνευ μὲν τῶν ἀναγκαίαν
ἐχόντων τὴν φύσιν, οὐ μέντοι γε διὰ ταῦτα ἀλλ' ἢ ὡς ὕλην, ἀλλ' ἕνεκά του,
οἷον διὰ τί ὁ πρίων τοιοσδί; Ὅπως τοδὶ καὶ ἕνεκα τουδί. Τοῦτο μέντοι τὸ οὗ
ἕνεκα ἀδύνατον γενέσθαι, ἂν μὴ σιδηροῦς ᾖ· ἀνάγκη ἄρα σιδηροῦν εἶναι, εἰ
πρίων ἔσται καὶ τὸ ἔργον αὐτοῦ. Ἐξ ὑποθέσεως δὴ τὸ ἀναγκαῖον, ἀλλ' οὐχ ὡς
τέλος· ἐν γὰρ τῇ ὕλῃ τὸ ἀναγκαῖον, τὸ δ' οὗ ἕνεκα ἐν τῷ λόγῳ.
§ 4. Ἔστι δὲ τὸ ἀναγκαῖον ἔν τε τοῖς μαθήμασι καὶ ἐν τοῖς κατὰ φύσιν
γιγνομένοις τρόπον τινὰ παραπλησίως· ἐπεὶ γὰρ τὸ εὐθὺ τοδί ἐστιν, ἀνάγκη
τὸ τρίγωνον δύο ὀρθαῖς ἴσας ἔχειν· ἀλλ' οὐκ ἐπεὶ τοῦτο, ἐκεῖνο· ἀλλ' εἴ γε
τοῦτο μὴ ἔστιν, οὐδὲ τὸ εὐθὺ ἔστιν. Ἐν δὲ τοῖς γιγνομένοις ἕνεκά του
ἀνάπαλιν, εἰ τὸ τέλος ἔσται ἢ ἔστι, καὶ τὸ ἔμπροσθεν ἔσται ἢ ἔστιν· εἰ δὲ
μή, ὥσπερ ἐκεῖ μὴ ὄντος τοῦ συμπεράσματος ἡ ἀρχὴ οὐκ ἔσται, καὶ ἐνταῦθα τὸ
τέλος καὶ τὸ οὗ ἕνεκα. Ἀρχὴ γὰρ καὶ αὕτη, οὐ τῆς πράξεως ἀλλὰ τοῦ λογισμοῦ
(ἐκεῖ δὲ τοῦ λογισμοῦ· πράξεις γὰρ οὐκ εἰσίν). Ὥστ' εἰ ἔσται οἰκία, ἀνάγκη
ταῦτα γενέσθαι ἢ ὑπάρχειν, ἢ εἶναι {ἢ} ὅλως τὴν ὕλην τὴν ἕνεκά του, οἷον
πλίνθους καὶ λίθους, εἰ οἰκία· οὐ μέντοι διὰ ταῦτά ἐστι τὸ τέλος ἀλλ' ἢ ὡς
ὕλην, οὐδ' ἔσται διὰ ταῦτα. Ὅλως μέντοι μὴ ὄντων οὐκ ἔσται οὔθ' ἡ οἰκία
οὔθ' ὁ πρίων, ἡ μὲν εἰ μὴ οἱ λίθοι, ὁ δ' εἰ μὴ ὁ σίδηρος· οὐδὲ γὰρ ἐκεῖ αἱ
ἀρχαί, εἰ μὴ τὸ τρίγωνον δύο ὀρθαί.
§ 5. Φανερὸν δὴ ὅτι τὸ ἀναγκαῖον ἐν τοῖς φυσικοῖς τὸ ὡς ὕλη λεγόμενον καὶ
αἱ κινήσεις αἱ ταύτης.
§ 6. Καὶ ἄμφω μὲν τῷ φυσικῷ λεκτέαι αἱ αἰτίαι, μᾶλλον δὲ ἡ τίνος ἕνεκα·
αἴτιον γὰρ τοῦτο τῆς ὕλης, ἀλλ' οὐχ αὕτη τοῦ τέλους· καὶ τὸ τέλος τὸ οὗ
ἕνεκα, καὶ ἡ ἀρχὴ ἀπὸ τοῦ ὁρισμοῦ καὶ τοῦ λόγου, ὥσπερ ἐν τοῖς κατὰ
τέχνην, ἐπεὶ ἡ οἰκία τοιόνδε, τάδε δεῖ γενέσθαι καὶ ὑπάρχειν ἐξ ἀνάγκης,
καὶ ἐπεὶ ἡ ὑγίεια τοδί, τάδε δεῖ γενέσθαι ἐξ ἀνάγκης καὶ ὑπάρχειν – οὕτως
καὶ εἰ ἄνθρωπος τοδί, ταδί· εἰ δὲ ταδί, ταδί.
§ 7. Ἴσως δὲ καὶ ἐν τῷ λόγῳ ἔστιν τὸ ἀναγκαῖον. Ὁρισαμένῳ γὰρ τὸ ἔργον τοῦ
πρίειν ὅτι διαίρεσις τοιαδί, αὕτη γ' οὐκ ἔσται, εἰ μὴ ἕξει ὀδόντας
τοιουσδί· οὗτοι δ' οὔ, εἰ μὴ σιδηροῦς. Ἔστι γὰρ καὶ ἐν τῷ λόγῳ ἔνια μόρια
ὡς ὕλη τοῦ λόγου.
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Traduction française :
[2,9] CHAPITRE IX.
§ 1. Le nécessaire a-t-il dans les choses une existence simplement
conditionnelle et consécutive à l'hypothèse que nous venons d'admettre ?
Ou bien a-t-il une existence absolue ?
§ 2. De nos jours, on comprend la nécessité dans la génération des
choses comme quelqu'un qui prétendrait que la muraille a été
nécessairement construite, parce que les corps graves étant
naturellement portés en bas, et les corps légers à la surface, les pierres
du muret les fondements qu'elles forment ont dû être mis en bas, tandis
que la terre qui est plus légère a été mise en haut, et que les bois qui
sont les parties les plus légères de toutes sont à l'extérieur.
§ 3. Il est certain qu'il est impossible que le mur existe sans ces
matériaux ; mais ce n'est pas pour eux qu'il est fait, si ce n'est en tant
qu'ils en sont la matière ; et, le mur n'a été vraiment fait qu'en vue de
garantir et de conserver les choses renfermées dans la maison. Cette
remarque s'applique à toutes les autres choses qui, étant faites en vue
d'une certaine fin, ne pourraient exister sans des éléments nécessaires
d'une certaine nature, mais qui ne sont faites pour ces éléments qu'en
tant qu'ils en sont la matière, et qui ont une destination spéciale. Ainsi,
pourquoi la scie est-elle faite de telle manière ? C'est pour former tel
instrument, et en vue de tel usage. Sans doute l'acte en vue duquel la
scie est faite, ne pourrait avoir lieu si elle n'était point en fer ; et par
conséquent, il est nécessaire qu'une scie soit en fer pour qu'elle soit une
scie, et pour que son œuvre s'accomplisse ; mais il est clair que le
nécessaire n'est ici que comme condition de l'hypothèse, et non comme
fin absolue. Ainsi, le nécessaire n'est que dans la matière ; et le
pourquoi, la fin, est dans la raison qui la comprend et la poursuit.
§ 4. Du reste, le nécessaire se retrouve dans les sciences
mathématiques, à peu près ce qu'il est dans les choses de la nature.
Ainsi, l'angle droit étant défini de telle manière, il y a nécessité que le
triangle ait ses trois angles égaux à deux droits. Mais ce n'est pas parce
que cette dernière propriété existe que la première a lieu. Seulement si
les trois angles ne sont pas égaux à deux droits, l'angle droit n'est pas
non plus ce qu'on a dit. Or, c'est précisément l'inverse dans les choses
qui se produisent en vue d'un certain but. Si la fin doit être ou si elle est,
l'antécédent doit être ou est comme elle. Mais si cet antécédent n'existe
pas, de même que dans l'exemple qui vient d'être cité, quand la
conclusion n'a pas lieu, le principe n'existe pas non plus, de même ici
c'est la fin poursuivie et le pourquoi, qui ne pourront plus avoir lieu ; car
la fin est le principe, non pas seulement de l'acte, mais aussi du
raisonnement, tandis que dans les mathématiques, ce n'est que le
principe du raisonnement, puisqu'en elles il n'y a point d'actes à produire.
Par conséquent, s'il doit y avoir une maison, il faut de toute nécessité
que tels matériaux aient été formés ou qu'ils puissent servir ou qu'ils
existent préalablement ; en un mot, il faut qu'il y ait la matière employée
en vue d'une certaine fin, et que, dans le cas spécial de la maison, il y ait
des pierres de taille et des moellons. Néanmoins, la fin n'a pas ces
matériaux en vue, si ce n'est comme matière ; et ce n'est pas pour eux
qu'elle sera accomplie. Seulement, sans ces éléments nécessaires, il n'y
aura de possible ni maison, ni scie : l'une, s'il n'y a pas de pierres ;
l'autre, s'il n'y a pas de fer ; de même que dans les mathématiques, les
principes ne peuvent être vrais que si le triangle a trois angles égaux à
deux droits.
§ 5. Ainsi, il est bien évident que le nécessaire dans les choses de la
nature, est ce que l'on y regarde comme matière, avec les mouvements
que cette matière reçoit.
§ 6. Ces deux espèces de causes, matière et fin, doivent être
expliquées par le physicien ; mais il doit s'attacher davantage à la cause
finale ; car la fin est cause de la matière, tandis que la matière n'est pas
cause de la fin. Or, la fin est le pourquoi qui fait agir, et le principe qu'on
peut tirer de la définition et de la conception des choses. De même que
pour tout ce que fait l'art, une maison, par exemple, étant telle chose, il
faut nécessairement que telles choses aussi se produisent et existent ;
ou bien que la santé étant telle chose, telles conditions se produisent et
existent également de toute nécessité ; de même, si l'homme est un être
de telle espèce, il faut nécessairement qu'il existe aussi telles conditions,
et ces conditions existant, que telles autres conditions existent
préalablement.
§ 7. Peut-être même on peut dire que le nécessaire se retrouve aussi
jusque dans la définition ; et, par exemple, si l'on veut définir l'opération
de scier, il faut expliquer que c'est telle manière spéciale de diviser les
choses; puis, ajouter que cette division ne peut avoir lieu, à moins que la
scie n'ait des dents faites de telle manière ; et que ces dents ne seront
point ainsi faites, à moins que la scie ne soit en fer ; car il y a aussi dans
la définition, certaines parties qui sont en quelque sorte la matière de la
définition.
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