Texte grec :
[4,6] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΣΤΙΓΜΑ
§ 1. Τὰ μὲν οὖν ἔντομα τῶν ζῴων οὐ πολυμερῆ μὲν τὸν ἀριθμόν ἐστιν, ὅμως δ´ ἔχει καὶ πρὸς ἄλληλα διαφοράς. Πολύποδα μὲν γάρ ἐστι πάντα διὰ τὸ πρὸς τὴν βραδυτῆτα (683a) καὶ κατάψυξιν τῆς φύσεως τὴν πολυποδίαν ἀνυτικω.τέραν αὐτοῖς ποιεῖν τὴν κίνησιν· καὶ μάλιστα πολύποδα τὰ .μάλιστα κατεψυγμένα διὰ τὸ μῆκος, οἷον τὸ τῶν ἰούλων γένος. Ἔτι δὲ διὰ τὸ ἀρχὰς ἔχειν πλείονας αἵ τ´ ἐντομαί εἰσι καὶ πολύποδα κατὰ ταῦτ´ ἐστίν. Ὅσα δ´ ἐλάττονας ἔχει πόδας, πτηνὰ ταῦτ´ ἐστὶ πρὸς τὴν ἔλλειψιν τὴν τῶν ποδῶν.
§ 2. Αὐτῶν δὲ τῶν πτηνῶν ὧν μέν ἐστιν ὁ βίος νομαδικὸς καὶ διὰ τὴν τροφὴν ἀναγκαῖον ἐκτοπίζειν, τετράπτερά τέ ἐστι καὶ τὸν τοῦ σώματος ἔχει κοῦφον ὄγκον, οἷον αἵ τε μέλιτται καὶ τὰ σύμφυλα ζῷα ταύταις· δύο γὰρ ἐφ´ ἑκάτερα πτερὰ τοῦ σώματος ἔχουσιν. Ὅσα δὲ μικρὰ τῶν τοιούτων, δίπτερα, καθάπερ τὸ τῶν μυιῶν γένος. Τὰ δὲ βραχέα καὶ τοῖς βίοις ἑδραῖα πολύπτερα μὲν ὁμοίως ταῖς μελίτταις ἐστίν, ἔχει δ´ ἔλυτρα τοῖς πτεροῖς, οἷον αἵ τε μηλολόνθαι καὶ τὰ τοιαῦτα τῶν ἐντόμων, ὅπως σῴζῃ τὴν τῶν πτερῶν δύναμιν. Ἑδραίων γὰρ ὄντων εὐδιάφθορα μᾶλλόν ἐστι τῶν εὐκινήτων, διόπερ ἔχει φραγμὸν πρὸ αὐτῶν.
§ 3. Καὶ ἄσχιστον δὲ τούτων ἐστὶ τὸ πτερὸν καὶ ἄκαυλον· οὐ γάρ ἐστι πτερὸν ἀλλ´ ὑμὴν δερματικός, ὃς διὰ ξηρότητα ἐξ ἀνάγκης ἀφίσταται τοῦ σώματος αὐτῶν ψυχομένου τοῦ σαρκώδους. Ἔντομα δ´ ἐστὶ διά τε τὰς εἰρημένας αἰτίας, καὶ ὅπως σῴζηται δι´ ἀπάθειαν συγκαμπτόμενα· συνελίττεται γὰρ τὰ μῆκος ἔχοντ´ αὐτῶν, τοῦτο δ´ οὐκ ἂν ἐγίνετ´ αὐτοῖς μὴ οὖσιν ἐντόμοις. Τὰ δὲ μὴ ἑλικτὰ αὐτῶν σκληρύνεται μᾶλλον συνιόντα ἐς τὰς τομάς. Δῆλον δὲ τοῦτο γίνεται θιγγανόντων, οἷον ἐπὶ τῶν καλουμένων κανθάρων· φοβηθέντα γὰρ ἀκινητίζει, καὶ τὸ σῶμα γίνεται σκληρὸν αὐτοῖς.
§ 4. Ἀναγκαῖον δ´ ἐντόμοις αὐτοῖς εἶναι· τοῦτο γὰρ ἐν τῇ οὐσίᾳ αὐτῶν ὑπάρχει τὸ πολλὰς ἔχειν ἀρχάς, καὶ ταύτῃ προσέοικε τοῖς φυτοῖς. Ὥσπερ γὰρ τὰ φυτά, καὶ ταῦτα διαιρούμενα δύναται ζῆν, πλὴν ταῦτα μὲν μέχρι τινός, ἐκεῖνα δὲ καὶ τέλεια γίνεται τὴν φύσιν καὶ δύο ἐξ ἑνὸς καὶ πλείω τὸν ἀριθμόν.
§ 5. Ἔχει δ´ ἔνια τῶν ἐντόμων καὶ κέντρα πρὸς βοήθειαν τῶν βλαπτόντων. Τὸ μὲν οὖν κέντρον τοῖς μὲν ἔμπροσθέν ἐστι τοῖς δ´ ὄπισθεν, τοῖς μὲν ἔμπροσθεν κατὰ τὴν γλῶτταν, τοῖς δ´ ὄπισθεν κατὰ τὸ οὐραῖον. Ὥσπερ γὰρ τοῖς ἐλέφασι τὸ τῶν ὀσμῶν αἰσθητήριον γεγένηται χρήσιμον πρός τε τὴν (683b) ἀλκὴν καὶ τὴν τῆς τροφῆς χρῆσιν, οὕτως τῶν ἐντόμων ἐνίοις τὸ κατὰ τὴν γλῶτταν τεταγμένον· αἰσθάνονταί τε γὰρ τούτῳ τῆς τροφῆς καὶ ἀναλαμβάνουσι καὶ προσάγονται αὐτήν.
§ 6. Ὅσα δὲ μὴ ἔστιν αὐτῶν ἐμπροσθόκεντρα, ὀδόντας ἔχει τὰ μὲν ἐδωδῆς χάριν, τὰ δὲ τοῦ λαμβάνειν καὶ προσάγεσθαι τὴν τροφήν, οἷον οἵ τε μύρμηκες καὶ τὸ τῶν μελιττῶν πασῶν γένος. Ὅσα δὲ ὀπισθόκεντρά ἐστι, διὰ τὸ θυμὸν ἔχειν ὅπλον ἔχει τὸ κέντρον. Ἔχουσι δὲ τὰ μὲν ἐν ἑαυτοῖς τὰ κέντρα, καθάπερ αἱ μέλιτται καὶ οἱ σφῆκες, διὰ τὸ πτηνὰ εἶναι. Λεπτὰ μὲν γὰρ ὄντα καὶ ἔξω εὔφθαρτα 〈ἂν〉 ἦν. Εἰ δ´ ἀπεῖχεν ὥσπερ τοῖς σκορπίοις, βάρος ἂν παρεῖχεν. Τοῖς δὲ σκορπίοις πεζοῖς οὖσι καὶ κέρκον ἔχουσιν ἀναγκαῖον ἐπὶ ταύτῃ ἔχειν τὸ κέντρον, ἢ μηθὲν χρήσιμον εἶναι πρὸς τὴν ἀλκήν.
§ 7. Δίπτερον δ´ οὐθέν ἐστιν ὀπισθόκεντρον. Διὰ τὸ ἀσθενῆ γὰρ καὶ μικρὰ εἶναι δίπτερά ἐστιν· ἱκανὰ γὰρ τὰ μικρὰ αἴρεσθαι ὑπὸ τῶν ἐλαττόνων τὸν ἀριθμόν. Διὰ ταὐτὸ δὲ τοῦτο καὶ ἔμπροσθεν ἔχει τὸ κέντρον· ἀσθενῆ γὰρ ὄντα μόλις δύναται τοῖς ἔμπροσθεν τύπτειν. Τὰ δὲ πολύπτερα, διὰ τὸ μείζω τὴν φύσιν εἶναι, πλειόνων τετύχηκε πτερῶν καὶ ἰσχύει τοῖς ὄπισθεν μορίοις.
§ 8. Βέλτιον δ´ ἐνδεχομένου μὴ ταὐτὸ ὄργανον ἐπὶ ἀνομοίας ἔχειν χρήσεις, ἀλλὰ τὸ μὲν ἀμυντικὸν ὀξύτατον, τὸ δὲ γλωττικὸν σομφὸν καὶ σπαστικὸν τῆς τροφῆς. Ὅπου γὰρ ἐνδέχεται χρῆσθαι δυσὶν ἐπὶ δύ´ ἔργα καὶ μὴ ἐμποδίζειν πρὸς ἕτερον, οὐδὲν ἡ φύσις εἴωθε ποιεῖν ὥσπερ ἡ χαλκευτικὴ πρὸς εὐτέλειαν ὀβελισκολύχνιον. Ἀλλ´ ὅπου μὴ ἐνδέχεται, καταχρῆται τῷ αὐτῷ ἐπὶ πλείω ἔργα.
§ 9. Τοὺς δὲ πόδας τοὺς προσθίους μείζους ἔνια τούτων ἔχει, ὅπως ἐπειδὴ διὰ τὸ σκληρόφθαλμα εἶναι οὐκ ἀκριβῆ τὴν ὄψιν ἔχουσι, τὰ προσπίπτοντα τοῖς προσθίοις ἀποκαθαίρωσι σκέλεσιν· ὅπερ καὶ φαίνονται ποιοῦσαι αἵ τε μυῖαι καὶ τὰ μελιττώδη τῶν ζῴων· ἀεὶ γὰρ χαρακίζουσι τοῖς προσθίοις σκέλεσιν. Τὰ δ´ ὀπίσθια μείζω τῶν μέσων διά τε τὴν βάδισιν καὶ πρὸς τὸ αἴρεσθαι ῥᾷον ἀπὸ τῆς γῆς ἀναπετόμενα.
§ 10. Ὅσα δὲ πηδητικὰ αὐτῶν, ἔτι μᾶλλον τοῦτο φανερόν, οἷον αἵ τ´ ἀκρίδες καὶ τὸ τῶν ψυλλῶν γένος· ὅταν γὰρ κάμψαντ´ ἐκτείνῃ πάλιν, ἀναγκαῖον ἀπὸ τῆς γῆς ἦρθαι. Οὐκ ἔμπροσθεν δ´ ἀλλ´ ὄπισθεν μόνον ἔχουσι τὰ πηδαλιώδη αἱ ἀκρίδες. (684a) Τὴν γὰρ καμπὴν ἀναγκαῖον εἴσω κεκλάσθαι, τῶν δὲ προσθίων κώλων οὐδέν ἐστι τοιοῦτον. Ἑξάποδα δὲ τὰ τοιαῦτα πάντ´ ἐστὶ σὺν τοῖς ἁλτικοῖς μορίοις.
|
|
Traduction française :
[4,6] CHAPITRE VI.
1 Les insectes ne sont pas formés d'autant de parties que d'autres animaux, bien qu'ils présentent entre eux assez de différences. Ils ont tous beaucoup de pattes, pour que cette multiplicité leur rende le mouvement plus facile, entravé comme il l'est en eux par la lenteur (683a) et la froideur de leur nature. Ceux qui ont le plus de pattes sont ceux qui sont les plus froids, à cause de leur longueur, comme les Ioules. Les insectes, ayant plusieurs principes de vie, ont aussi plusieurs sections ; et c'est par le même motif qu'ils ont beaucoup de pattes. Ceux qui ont les pattes plus petites ont des ailes pour compenser l'insuffisance de leurs pattes.
2 Parmi les insectes ailés eux-mêmes, ceux dont la vie est errante, et qui doivent nécessairement changer de lieux pour pouvoir vivre, ont quatre ailes; et le volume de leur corps est très léger, comme on le voit chez les abeilles et leurs congénères, qui ont deux ailes de chaque côté du corps. Les plus petits de ces insectes n'ont que deux ailes, comme l'espèce des mouches. Ceux qui sont courts et qui vivent davantage sur place ont plusieurs ailes comme les abeilles ; mais ils ont des élytres (fourreaux) à leurs ailes, comme les hannetons et les insectes analogues, pour que les ailes puissent conserver toute leur force; car, restant sédentaires, ils pourraient s'abîmer plus aisément que les insectes qui sont plus mobiles ; et c'est pour cela qu'ils ont un abri qui les protège.
3 Leur aile n'est pas divisée et n'a pas de tuyau. Ce n'est pas une plume; mais une membrane qui se rapproche du cuir, et qui, par sa sécheresse, se détache du corps, qui est refroidi et charnu. Les insectes sont divisés en segments par les raisons qu'on vient de dire, et aussi afin de pouvoir se conserver et se défendre, en se repliant et en ne sentant plus rien. Ceux des insectes qui ont quelque longueur s'enroulent sur eux-mêmes; ce qui leur serait impossible s'ils n'étaient pas segmentés. Ceux qui ne peuvent pas s'enrouler ainsi se rendent plus durs, en rapprochant leurs sections. C'est ce dont on. peut se convaincre en les touchant, par exemple les canthares ; quand ils ont peur, ils se tiennent immobiles; et leur corps se durcit.
4 C'est une nécessité pour eux d'être des insectes, puisque leur essence est d'avoir plusieurs centres de vie ; ce en quoi ils se rapprochent des plantes. En effet, de même que les plantes, ils peuvent vivre encore après qu'on les a divisés, si ce n'est que chez les insectes, ceci ne va que jusqu'à un certain point, tandis que les plantes peuvent devenir naturellement complètes en se divisant, et que d'une seule plante il peut en sortir deux ou même davantage.
5 Il y a des insectes qui, en outre, ont des dards pour se défendre contre tout ce qui leur peut nuire. Les uns l'ont en avant ; les autres l'ont en arrière. Ceux qui l'ont en avant l'ont à la langue ; ceux qui l'ont en arrière l'ont à la queue. De même que, chez l'éléphant, l'organe du sens de l'odorat sert tout à la fois à défendre l'animal (683b) et à lui procurer sa nourriture, de même aussi, dans quelques espèces d'insectes, l'organe placé à leur langue leur rend les mêmes offices ; c'est par cet organe qu'ils sentent leur nourriture, qu'ils la saisissent et qu'ils l'attirent à eux.
6 Ceux qui n'ont pas de dard en avant ont des dents, soit pour manger, soit pour prendre et attirer à eux leurs aliments, comme les fourmis et le genre entier des abeilles. Ceux qui ont le dard en arrière l'ont comme une arme de combat, parce qu'ils sont pleins de courage. D'autres portent leur dard au dedans d'eux-mêmes, comme les abeilles et les guêpes, parce qu'ils volent ; car, légers comme ils sont et toujours dehors, ils seraient facilement détruits. Si leur dard sortait comme chez les scorpions, il aurait fait un poids trop lourd. Mais, chez les scorpions, qui rampent à terre et qui ont un dard, il faut nécessairement qu'ils l'aient de cette façon ; ou autrement, il leur serait inutile pour leur défense.
7 Il n'y a pas d'insecte à deux ailes qui ait le dard en arrière. Comme ils sont faibles et petits, ils ne sont pourvus que de deux ailes, parce qu'étant si petits, il leur suffit pour s'enlever de moyens moins nombreux. C'est encore par cette même raison qu'ils ont leur dard en avant ; car ils sont si faibles que c'est à peine s'ils peuvent frapper avec leurs organes antérieurs. Ceux au contraire qui ont plusieurs paires d'ailes, étant d'une nature plus forte, ont aussi des ailes en plus grand nombre, et ils sont plus forts dans les parties postérieures.
8 Mais comme il vaut mieux, quand cela est possible, que le même organe ne serve pas à des usages dissemblables, il faut que le dard qui doit servir à la lutte soit très aigu, et que celui qui se rapproche d'une langue soit spongieux et puisse pomper la nourriture. Toutes les fois que la nature peut se servir de deux organes pour deux fonctions distinctes et ne pas gêner l'un aux dépens de l'autre, elle ne fait ordinairement rien de ce que font les fabricants qui, par économie, mettent une lampe au bout d'une broche. C'est seulement en cas d'impossibilité que la nature se sert d'un même moyen pour plusieurs usages.
9 Quelques insectes ont les pattes de devant plus grandes que les autres pattes, afin qu'ayant des yeux durs et la vue mauvaise, ils puissent repousser avec leurs pattes antérieures tout ce qui peut les salir et leur nuire. C'est ce que font les mouches, comme on peut l'observer, ainsi que les insectes du genre de l'abeille, qui sont sans cesse à se nettoyer, en croisant leurs pattes de devant. Les pattes de derrière sont plus grandes quo les intermédiaires, à la fois pour aider la marche, et pour que l'animal puisse s'enlever plus aisément quand il part de terre.
10 Dans ceux des insectes qui sautent, cette organisation est encore plus évidente, comme dans les sauterelles, et le genre des poux ; car en étendant leurs pattes de nouveau après les avoir fléchies, il faut nécessairement qu'ils s'élèvent de terre. Ce n'est pas en avant, mais seulement en arrière que les sauterelles ont leurs pattes, en forme de gouvernail. (684a) La flexion doit se faire nécessairement en dedans ; et aucun des membres de devant ne pourrait s'infléchir de cette façon. Tous les insectes qui ont ces organes du saut sont pourvus de six pattes.
|
|