HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre IX

τροφῆς



Texte grec :

[9,1165] (1165a) τὸν πατέρα λυτρωτέον; Δόξειε γὰρ ἂν καὶ ἑαυτοῦ μᾶλλον τὸν πατέρα. Ὅπερ οὖν εἴρηται, καθόλου μὲν τὸ ὀφείλημα ἀποδοτέον, ἐὰν δ' ὑπερτείνῃ ἡ δόσις τῷ καλῷ ἢ τῷ ἀναγκαίῳ, πρὸς ταῦτ' ἀποκλιτέον. Ἐνίοτε γὰρ οὐδ' ἐστὶν ἴσον τὸ τὴν προυυπαρχὴν ἀμείψασθαι, ἐπειδὰν ὃ μὲν σπουδαῖον εἰδὼς εὖ ποιήσῃ, τῷ δὲ ἡ ἀνταπόδοσις γίνηται ὃν οἴεται μοχθηρὸν εἶναι. Οὐδὲ γὰρ τῷ δανείσαντι ἐνίοτε ἀντιδανειστέον· ὃ μὲν γὰρ οἰόμενος κομιεῖσθαι ἐδάνεισεν ἐπιεικεῖ ὄντι, ὃ δ' οὐκ ἐλπίζει κομιεῖσθαι παρὰ πονηροῦ. Εἴτε τοίνυν τῇ ἀληθείᾳ οὕτως ἔχει, οὐκ ἴσον τὸ ἀξίωμα· εἴτ' ἔχει μὲν μὴ οὕτως οἴονται δέ, οὐκ ἂν δόξαιεν ἄτοπα ποιεῖν. Ὅπερ οὖν πολλάκις εἴρηται, οἱ περὶ τὰ πάθη καὶ τὰς πράξεις λόγοι ὁμοίως ἔχουσι τὸ ὡρισμένον τοῖς περὶ ἅ εἰσιν. Ὅτι μὲν οὖν οὐ ταὐτὰ πᾶσιν ἀποδοτέον, οὐδὲ τῷ πατρὶ πάντα, καθάπερ οὐδὲ τῷ Διὶ θύεται, οὐκ ἄδηλον· ἐπεὶ δ' ἕτερα γονεῦσι καὶ ἀδελφοῖς καὶ ἑταίροις καὶ εὐεργέταις, ἑκάστοις τὰ οἰκεῖα καὶ τὰ ἁρμόττοντα ἀπονεμητέον. Οὕτω δὲ καὶ ποιεῖν φαίνονται· εἰς γάμους μὲν γὰρ καλοῦσι τοὺς συγγενεῖς· τούτοις γὰρ κοινὸν τὸ γένος καὶ αἱ περὶ τοῦτο δὴ πράξεις· καὶ εἰς τὰ κήδη δὲ μάλιστ' οἴονται δεῖν τοὺς συγγενεῖς ἀπαντᾶν διὰ ταὐτό. Δόξειε δ' ἂν τροφῆς μὲν γονεῦσι δεῖν μάλιστ' ἐπαρκεῖν, ὡς ὀφείλοντας, καὶ τοῖς αἰτίοις τοῦ εἶναι κάλλιον ὂν ἢ ἑαυτοῖς εἰς ταῦτ' ἐπαρκεῖν· καὶ τιμὴν δὲ γονεῦσι καθάπερ θεοῖς, οὐ πᾶσαν δέ· οὐδὲ γὰρ τὴν αὐτὴν πατρὶ καὶ μητρί, οὐδ' αὖ τὴν τοῦ σοφοῦ ἢ τὴν τοῦ στρατηγοῦ, ἀλλὰ τὴν πατρικήν, ὁμοίως δὲ καὶ μητρικήν. Καὶ παντὶ δὲ τῷ πρεσβυτέρῳ τιμὴν καθ' ἡλικίαν, ὑπαναστάσει καὶ κατακλίσει καὶ τοῖς τοιούτοις· πρὸς ἑταίρους δ' αὖ καὶ ἀδελφοὺς παρρησίαν καὶ ἁπάντων κοινότητα. Καὶ συγγενέσι δὲ καὶ φυλέταις καὶ πολίταις καὶ τοῖς λοιποῖς ἅπασιν ἀεὶ πειρατέον τὸ οἰκεῖον ἀπονέμειν, καὶ συγκρίνειν τὰ ἑκάστοις ὑπάρχοντα κατ' οἰκειότητα καὶ ἀρετὴν ἢ χρῆσιν. Τῶν μὲν οὖν ὁμογενῶν ῥᾴων ἡ σύγκρισις, τῶν δὲ διαφερόντων ἐργωδεστέρα. Οὐ μὴν διά γε τοῦτο ἀποστατέον, ἀλλ' ὡς ἂν ἐνδέχηται, οὕτω διοριστέον. III. Ἔχει δ' ἀπορίαν καὶ περὶ τοῦ διαλύεσθαι τὰς φιλίας (1165b) μὴ πρὸς τοὺς μὴ διαμένοντας. Ἢ πρὸς μὲν τοὺς διὰ τὸ χρήσιμον ἢ τὸ ἡδὺ φίλους ὄντας, ὅταν μηκέτι ταῦτ' ἔχωσιν, οὐδὲν ἄτοπον διαλύεσθαι; Ἐκείνων γὰρ ἦσαν φίλοι· ὧν ἀπολιπόντων εὔλογον τὸ μὴ φιλεῖν. Ἐγκαλέσειε δ' ἄν τις, εἰ διὰ τὸ χρήσιμον ἢ τὸ ἡδὺ ἀγαπῶν προσεποιεῖτο διὰ τὸ ἦθος. Ὃ γὰρ ἐν ἀρχῇ εἴπομεν, πλεῖσται διαφοραὶ γίνονται τοῖς φίλοις, ὅταν μὴ ὁμοίως οἴωνται καὶ ὦσι φίλοι. Ὅταν μὲν οὖν διαψευσθῇ τις καὶ ὑπολάβῃ φιλεῖσθαι διὰ τὸ ἦθος, μηδὲν τοιοῦτον ἐκείνου πράττοντος, ἑαυτὸν αἰτιῷτ' ἄν· ὅταν δ' ὑπὸ τῆς ἐκείνου προσποιήσεως ἀπατηθῇ, δίκαιον ἐγκαλεῖν τῷ ἀπατήσαντι, καὶ μᾶλλον ἢ τοῖς τὸ νόμισμα κιβδηλεύουσιν, ὅσῳ περὶ τιμιώτερον ἡ κακουργία. Ἐὰν δ' ἀποδέχηται ὡς ἀγαθόν, γένηται δὲ μοχθηρὸς καὶ δοκῇ, ἆρ' ἔτι φιλητέον; Ἢ οὐ δυνατόν, εἴπερ μὴ πᾶν φιλητὸν ἀλλὰ τἀγαθόν; Οὔτε δὲ φιλητὸν τὸ πονηρὸν οὔτε δεῖ· φιλοπόνηρον γὰρ οὐ χρὴ εἶναι, οὐδ' ὁμοιοῦσθαι φαύλῳ· εἴρηται δ' ὅτι τὸ ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ φίλον. Ἆρ' οὖν εὐθὺς διαλυτέον; Ἢ οὐ πᾶσιν, ἀλλὰ τοῖς ἀνιάτοις κατὰ τὴν μοχθηρίαν; Ἐπανόρθωσιν δ' ἔχουσι μᾶλλον βοηθητέον εἰς τὸ ἦθος ἢ τὴν οὐσίαν, ὅσῳ βέλτιον καὶ τῆς φιλίας οἰκειότερον. Δόξειε δ' ἂν ὁ διαλυόμενος οὐδὲν ἄτοπον ποιεῖν· οὐ γὰρ τῷ τοιούτῳ φίλος ἦν· ἀλλοιωθέντα οὖν ἀδυνατῶν ἀνασῶσαι ἀφίσταται. Εἰ δ' ὃ μὲν διαμένοι ὃ δ' ἐπιεικέστερος γίνοιτο καὶ πολὺ διαλλάττοι τῇ ἀρετῇ, ἆρα χρηστέον φίλῳ; Ἢ οὐκ ἐνδέχεται; Ἐν μεγάλῃ δὲ διαστάσει μάλιστα δῆλον γίνεται, οἷον ἐν ταῖς παιδικαῖς φιλίαις· εἰ γὰρ ὃ μὲν διαμένοι τὴν διάνοιαν παῖς ὃ δ' ἀνὴρ εἴη οἷος κράτιστος, πῶς ἂν εἶεν φίλοι μήτ' ἀρεσκόμενοι τοῖς αὐτοῖς μήτε χαίροντες καὶ λυπούμενοι; Οὐδὲ γὰρ περὶ ἀλλήλους ταῦθ' ὑπάρξει αὐτοῖς, ἄνευ δὲ τούτων οὐκ ἦν φίλους εἶναι· συμβιοῦν γὰρ οὐχ οἷόν τε. Εἴρηται δὲ περὶ τούτων. Ἆρ' οὖν οὐθὲν ἀλλοιότερον πρὸς αὐτὸν ἑκτέον ἢ εἰ μὴ ἐγεγόνει φίλος μηδέποτε; Ἢ δεῖ μνείαν ἔχειν τῆς γενομένης συνηθείας, καὶ καθάπερ φίλοις μᾶλλον ἢ ὀθνείοις οἰόμεθα δεῖν χαρίζεσθαι, οὕτω καὶ τοῖς γενομένοις ἀπονεμητέον τι διὰ τὴν προγενομένην φιλίαν, ὅταν μὴ δι' ὑπερβολὴν μοχθηρίας διάλυσις γένηται.

Traduction française :

[9,1165] Car il semble qu'on soit plus obligé à délivrer son père (1165a) qu'à se racheter soi-même. Au reste, comme je viens de le dire, on est, en général, dans l'obligation de payer ses dettes; mais, s'il y a des motifs d'honneur et de nécessité plus puissants pour donner, c'est vers ce dernier parti qu'il faut pencher. Car, dans certains cas, il peut n'y avoir pas une obligation égale à rendre le service qu'on a reçu, lorsque l'un a obligé un homme dont il connaissait la probité, tandis que l'autre rendrait le bienfait à un homme qu'il regarderait comme vicieux et méchant. Un homme peut encore refuser quelquefois de prêter à celui qui lui a prêté : car celui-ci l'a fait dans la persuasion qu'il serait remboursé, ayant affaire à un homme d'honneur; au lieu que celui-là n'espère pas que son argent lui puisse être rendu par un débiteur sans probité. Si donc la circonstance est réellement telle qu'il la suppose, il n'y a pas égalité de considération (de part et d'autre); et, s'il n'en est pas ainsi, mais que celui qui refuse le croie, il semble au moins qu'il y ait quelque raison dans son procédé. Ainsi donc la manière de raisonner à l'égard des affections et des actions, se modifie, comme on l'a déjà dit bien des fois, suivant les circonstances qui y donnent lieu. Toujours est-il évident qu'il ne faut pas avoir les mêmes égards pour toutes sortes de personnes, ni tout accorder à son père, comme on n'immole pas toutes sortes de victimes à Jupiter. En effet, on doit avoir pour ses parents, pour des frères, des amis, des bienfaiteurs, les procédés qui sont convenables à chacune de ces diverses relations; et c'est aussi ce qu'on fait assez ordinairement : car les parents sont ceux qu'on invite à la solennité des mariages, à raison de la communauté des liens de famille; et l'on croit aussi devoir les convoquer, surtout à l'occasion des cérémonies funèbres, par le même motif. Il semble encore que l'on soit obligé, par dessus tout, à procurer la subsistance à ses père et mère; c'est comme une dette qu'on a contractée, et il est plus beau de l'acquitter envers ceux à qui l'on doit la vie que de pourvoir à sa propre existence. On leur doit aussi le respect, comme aux Dieux ; mais on ne leur doit pas toutes sortes d'honneurs, ni les mêmes à un père et à une mère, ni ceux que l'on rend à un sage ou à un général d'armée, mais ceux qui sont exclusivement propres à ce degré de parenté. On doit, en général, à tout homme d'un âge avancé les égards qu'exige sa vieillesse, comme de se lever en sa présence, de lui céder la place de distinction dans un repas, et autres choses semblables. Quant à nos frères et à nos amis, ils ont droit de nous parler avec franchise et de partager avec nous les avantages dont nous jouissons : enfin, il faut s'appliquer à rendre à ses proches, à ses concitoyens, à ceux de la même tribu, ce qui convient à ce genre de relations, et discerner ce qu'exigent pour chaque individu les qualités qui le distinguent, sa vertu, ou l'utilité qu'on peut en attendre. Au reste, il est facile de juger ce qu'exigent de nous tous ceux qui nous sont unis par la parenté; mais cela est plus difficile, quand il s'agit de relations d'un autre genre. Toutefois ce n'est pas une raison pour se dispenser d'observer les convenances; mais on doit s'en faire des idées aussi exactes qu'il est possible. III. Il s'élève encore une question sur la convenance de rompre, ou non, les relations d'amitié (1165b) avec ceux qui ne demeurent pas tels qu'ils étaient. Par exemple, avec ceux qu'on aimait à cause de l'utilité ou de l'agrément qu'on trouvait en eux, est-il étrange que cette union vienne à se rompre lorsqu'elle n'offre plus les mêmes avantages ? Car on aimait des choses dont l'absence ou la privation fait naturellement cesser cette amitié. Cependant, on aurait droit de se plaindre, si celui dont l'amitié n'était fondée que sur l'utilité ou l'agrément, feignait un attachement fondé sur les mœurs. Car, comme nous l'avons dit précédemment, lorsque des amis n'ont pas une façon de penser semblable, il en résulte nécessairement des débats qui troublent leur union. Lors donc qu'un homme s'est fait illusion, et qu'il s'est imaginé être aimé pour ses qualités morales, tandis que son ami ne faisait rien qui pût lui donner cette pensée, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Mais, si celui-ci l'a trompé, en feignant des sentiments qu'il n'avait pas, c'est le trompeur qu'on a droit d'accuser et de blâmer, plus même qu'on ne blâme ceux qui altèrent la monnaie, d'autant que son délit attaque une chose d'un plus grand prix. Mais, si l'on s'est attaché à son ami, le croyant vertueux, et qu'ensuite il devienne vicieux, ou le paraisse, doit-on continuer de l'aimer, ou plutôt, n'est-ce pas une chose impossible, puisqu'il n'y a de véritablement digne d'amour que ce qui est bon? Il ne faut donc pas aimer un méchant ; car on doit bien se garder d'un penchant aussi dépravé, et de devenir semblable à l'homme vil ou méprisable : et, comme dit le proverbe déjà cité, On recherche toujours qui nous ressemble. Mais faut-il rompre sans délai, ou bien, n'y est-on pas obligé dans tous les cas, mais seulement dans celui d'une perversité incurable? S'il y a, en effet, moyen d'amender un ami, on doit tâcher de réformer ses mœurs, encore plus qu'on ne doit l'aider à réparer sa fortune, parce que c'est un procédé plus généreux et plus digne de l'amitié. Cependant, celui qui romprait ne ferait rien d'étrange; car, enfin, ce n'était pas comme tel qu'il avait choisi son ami, et se voyant dans l'impuissance de le retirer du vice, il s'éloigne de lui. D'un autre côté, si l'un restait le même, tandis que l'autre deviendrait plus estimable, et ferait de grands progrès dans la vertu, celui-ci demeurera-t-il l'ami du premier, ou bien, est-ce une chose impossible? Cela se voit surtout après un intervalle de temps considérable, comme dans les amitiés contractées dès l'enfance : car, si l'un reste enfant sous le rapport de la raison, lorsque l'autre sera devenu un homme accompli, comment pourraient-ils être amis, n'ayant point les mêmes objets d'intérêt, n'étant susceptibles ni des mêmes plaisirs, ni des mêmes peines? Il n'y aura entre eux aucune de ces causes d'attachement réciproque, sans lesquelles il est impossible qu'on soit amis, sans lesquelles nous avons déjà dit qu'on ne saurait vivre ensemble. Mais faut-il être, envers celui qui fut votre ami, dans les mêmes termes que s'il ne l'avait jamais été, ou conserver quelque souvenir de la liaison qui a existé précédemment? De même que nous nous croyons obligés de nous montrer plus empressés avec nos amis qu'avec les étrangers, ainsi nous devons accorder quelque chose au souvenir d'une amitié qui n'est plus, à moins que ce ne soit une excessive perversité qui nous a mis dans le cas de rompre.





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Dernière mise à jour : 29/05/2008