HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre VIII

ὠφέλεια



Texte grec :

[8,1157] IV. (1157a) (1) Ἡ δὲ διὰ τὸ ἡδὺ ὁμοίωμα ταύτης ἔχει· καὶ γὰρ οἱ ἀγαθοὶ ἡδεῖς ἀλλήλοις. Ὁμοίως δὲ καὶ ἡ διὰ τὸ χρήσιμον· καὶ γὰρ τοιοῦτοι ἀλλήλοις οἱ ἀγαθοί. Μάλιστα δὲ καὶ ἐν τούτοις αἱ φιλίαι μένουσιν, ὅταν τὸ αὐτὸ γίνηται παρ' ἀλλήλων, οἷον (5) ἡδονή, καὶ μὴ μόνον οὕτως ἀλλὰ καὶ ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ, οἷον τοῖς εὐτραπέλοις, καὶ μὴ ὡς ἐραστῇ καὶ ἐρωμένῳ. Οὐ γὰρ ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς ἥδονται οὗτοι, ἀλλ' ὃ μὲν ὁρῶν ἐκεῖνον, ὃ δὲ θεραπευόμενος ὑπὸ τοῦ ἐραστοῦ· ληγούσης δὲ τῆς ὥρας ἐνίοτε καὶ ἡ φιλία λήγει (τῷ μὲν γὰρ οὐκ ἔστιν ἡδεῖα ἡ (10) ὄψις, τῷ δ' οὐ γίνεται ἡ θεραπεία)· πολλοὶ δ' αὖ διαμένουσιν, ἐὰν ἐκ τῆς συνηθείας τὰ ἤθη στέρξωσιν, ὁμοήθεις ὄντες. Οἱ δὲ μὴ τὸ ἡδὺ ἀντικαταλλαττόμενοι ἀλλὰ τὸ χρήσιμον ἐν τοῖς ἐρωτικοῖς καὶ εἰσὶν ἧττον φίλοι καὶ διαμένουσιν. Οἱ δὲ διὰ τὸ χρήσιμον ὄντες φίλοι ἅμα τῷ συμφέροντι (15) διαλύονται· οὐ γὰρ ἀλλήλων ἦσαν φίλοι ἀλλὰ τοῦ λυσιτελοῦς. Δι' ἡδονὴν μὲν οὖν καὶ διὰ τὸ χρήσιμον καὶ φαύλους ἐνδέχεται φίλους ἀλλήλοις εἶναι καὶ ἐπιεικεῖς φαύλοις καὶ μηδέτερον ὁποιῳοῦν, δι' αὑτοὺς δὲ δῆλον ὅτι μόνους τοὺς ἀγαθούς· οἱ γὰρ κακοὶ οὐ χαίρουσιν ἑαυτοῖς, (20) εἰ μή τις ὠφέλεια γίνοιτο. Καὶ μόνη δὲ ἡ τῶν ἀγαθῶν φιλία ἀδιάβλητός ἐστιν· οὐ γὰρ ῥᾴδιον οὐδενὶ πιστεῦσαι περὶ τοῦ ἐν πολλῷ χρόνῳ ὑφ' αὑτοῦ δεδοκιμασμένου· καὶ τὸ πιστεύειν ἐν τούτοις, καὶ τὸ μηδέποτ' ἂν ἀδικῆσαι, καὶ ὅσα ἄλλα ἐν τῇ ὡς ἀληθῶς φιλίᾳ ἀξιοῦται. Ἐν δὲ ταῖς ἑτέραις (25) οὐδὲν κωλύει τὰ τοιαῦτα γίνεσθαι. Ἐπεὶ γὰρ οἱ ἄνθρωποι λέγουσι φίλους καὶ τοὺς διὰ τὸ χρήσιμον, ὥσπερ αἱ πόλεις (δοκοῦσι γὰρ αἱ συμμαχίαι ταῖς πόλεσι γίνεσθαι ἕνεκα τοῦ συμφέροντος), καὶ τοὺς δι' ἡδονὴν ἀλλήλους στέργοντας, ὥσπερ οἱ παῖδες, ἴσως λέγειν μὲν δεῖ καὶ ἡμᾶς φίλους τοὺς (30) τοιούτους, εἴδη δὲ τῆς φιλίας πλείω, καὶ πρώτως μὲν καὶ κυρίως τὴν τῶν ἀγαθῶν ᾗ ἀγαθοί, τὰς δὲ λοιπὰς καθ' ὁμοιότητα· ᾗ γὰρ ἀγαθόν τι καὶ ὅμοιόν τι, ταύτῃ φίλοι· καὶ γὰρ τὸ ἡδὺ ἀγαθὸν τοῖς φιληδέσιν. Οὐ πάνυ δ' αὗται συνάπτουσιν, οὐδὲ γίνονται οἱ αὐτοὶ φίλοι διὰ τὸ χρήσιμον (35) καὶ διὰ τὸ ἡδύ· οὐ γὰρ πάνυ συνδυάζεται τὰ κατὰ συμβεβηκός. (1157b) (1) Εἰς ταῦτα δὲ τὰ εἴδη τῆς φιλίας νενεμημένης οἱ μὲν φαῦλοι ἔσονται φίλοι δι' ἡδονὴν ἢ τὸ χρήσιμον, ταύτῃ ὅμοιοι ὄντες, οἱ δ' ἀγαθοὶ δι' αὑτοὺς φίλοι· ᾗ γὰρ ἀγαθοί. Οὗτοι μὲν οὖν ἁπλῶς φίλοι, ἐκεῖνοι δὲ κατὰ συμβεβηκὸς (5) καὶ τῷ ὡμοιῶσθαι τούτοις. V. Ὥσπερ δ' ἐπὶ τῶν ἀρετῶν οἳ μὲν καθ' ἕξιν οἳ δὲ κατ' ἐνέργειαν ἀγαθοὶ λέγονται, οὕτω καὶ ἐπὶ τῆς φιλίας· οἱ μὲν γὰρ συζῶντες χαίρουσιν ἀλλήλοις καὶ πορίζουσι τἀγαθά, οἱ δὲ καθεύδοντες ἢ κεχωρισμένοι τοῖς τόποις οὐκ ἐνεργοῦσι μέν, οὕτω δ' ἔχουσιν ὥστ' (10) ἐνεργεῖν φιλικῶς· οἱ γὰρ τόποι οὐ διαλύουσι τὴν φιλίαν ἁπλῶς, ἀλλὰ τὴν ἐνέργειαν. Ἐὰν δὲ χρόνιος ἡ ἀπουσία γίνηται, καὶ τῆς φιλίας δοκεῖ λήθην ποιεῖν· ὅθεν εἴρηται Πολλὰς δὴ φιλίας ἀπροσηγορία διέλυσεν. Οὐ φαίνονται δ' οὔθ' οἱ πρεσβῦται οὔθ' οἱ στρυφνοὶ φιλικοὶ εἶναι· βραχὺ (15) γὰρ ἐν αὐτοῖς τὸ τῆς ἡδονῆς, οὐδεὶς δὲ δύναται συνημερεύειν τῷ λυπηρῷ οὐδὲ τῷ μὴ ἡδεῖ· μάλιστα γὰρ ἡ φύσις φαίνεται τὸ λυπηρὸν φεύγειν, ἐφίεσθαι δὲ τοῦ ἡδέος. Οἱ δ' ἀποδεχόμενοι ἀλλήλους, μὴ συζῶντες δέ, εὔνοις ἐοίκασι μᾶλλον ἢ φίλοις. Οὐδὲν γὰρ οὕτως ἐστὶ φίλων ὡς τὸ συζῆν (20) (ὠφελείας μὲν γὰρ οἱ ἐνδεεῖς ὀρέγονται, συνημερεύειν δὲ καὶ οἱ μακάριοι· μονώταις γὰρ εἶναι τούτοις ἥκιστα προσήκει)· συνδιάγειν δὲ μετ' ἀλλήλων οὐκ ἔστι μὴ ἡδεῖς ὄντας μηδὲ χαίροντας τοῖς αὐτοῖς, ὅπερ ἡ ἑταιρικὴ δοκεῖ ἔχειν. (25) Μάλιστα μὲν οὖν ἐστὶ φιλία ἡ τῶν ἀγαθῶν, καθάπερ πολλάκις εἴρηται· δοκεῖ γὰρ φιλητὸν μὲν καὶ αἱρετὸν τὸ ἁπλῶς ἀγαθὸν ἢ ἡδύ, ἑκάστῳ δὲ τὸ αὑτῷ τοιοῦτον· ὁ δ' ἀγαθὸς τῷ ἀγαθῷ δι' ἄμφω ταῦτα. Ἔοικε δ' ἡ μὲν φίλησις πάθει, ἡ δὲ φιλία ἕξει· ἡ γὰρ φίλησις οὐχ ἧττον (30) πρὸς τὰ ἄψυχά ἐστιν, ἀντιφιλοῦσι δὲ μετὰ προαιρέσεως, ἡ δὲ προαίρεσις ἀφ' ἕξεως· καὶ τἀγαθὰ βούλονται τοῖς φιλουμένοις ἐκείνων ἕνεκα, οὐ κατὰ πάθος ἀλλὰ καθ' ἕξιν. Καὶ φιλοῦντες τὸν φίλον τὸ αὑτοῖς ἀγαθὸν φιλοῦσιν· ὁ γὰρ ἀγαθὸς φίλος γινόμενος ἀγαθὸν γίνεται ᾧ φίλος. Ἑκάτερος (35) οὖν φιλεῖ τε τὸ αὑτῷ ἀγαθόν, καὶ τὸ ἴσον ἀνταποδίδωσι τῇ βουλήσει καὶ τῷ ἡδεῖ· λέγεται γὰρ φιλότης ἰσότης,

Traduction française :

[8,1157] IV. (1157a) L'amitié fondée sur l'agrément, a quelque ressemblance avec cette amitié parfaite : car les gens de bien sont agréables les uns aux autres ; et il en est de même de celle qui est fondée sur l'utilité, puisque les hommes de ce caractère sont également utiles et bons les uns aux autres. Ces deux sortes d'amitiés sont même durables, surtout lorsqu'il y a égalité dans le plaisir, par exemple, que les amis se procurent réciproquement; ce qui a lieu non seulement dans ce cas, mais par l'effet des mêmes qualités, comme on le voit entre personnes d'un caractère complaisant et gai. Mais c'est autre chose entre l'amant et l'objet aimé; car l'un et l'autre ne sont pas séduits par les mêmes motifs : mais l'un trouve son bonheur à voir la personne qu'il aime, l'autre trouve le sien dans les soins assidus qu'on lui rend. Cependant, quand la beauté vient à se flétrir, l'attachement s'évanouit quelquefois avec elle : la vue de la personne aimée ne charme plus celui qui l'aimait; elle ne trouve plus en lui les mêmes soins empressés. Souvent, au reste, l'habitude, ayant produit en eux une certaine ressemblance de moeurs et de goûts, devient la source d'un attachement tendre et durable. L'utilité réciproque, entre ceux qui l'ont recherchée dans l'amour plutôt que le plaisir et l'agrément, ne donne pas autant de constance à ce sentiment, en même temps qu'il a moins de vivacité. Aussi l'amitié qui n'est fondée que sur l'utilité, est-elle plus communément sujette à se dissoudre, quand cette utilité a cessé d'exister: car les amis ne s'aiment pas proprement l'un l'autre; dans ce cas, ils n'aiment que ce qui leur est avantageux ou profitable. Le plaisir et l'utilité peuvent donc unir entre eux, par une sorte d'amitié, des hommes vils et méprisables, et des hommes estimables avec ceux qui ne méritent aucune estime, et tel qui ne mérite ni mépris ni estime, avec un homme d'un caractère ou méprisable, ou estimable, ou indifférent; mais il n'y a que les hommes vertueux qui s'unissent les uns aux autres, à cause de leur valeur personnelle; car les caractères vicieux ne voient dans l'amitié que l'utilité qui peut en résulter. Aussi n'y a-t-il que l'amitié des gens de bien qui soit à l'abri de la calomnie : car il ne leur est pas facile d'en croire qui que ce soit sur le compte d'un ami longtemps éprouvé; au contraire, ils sont unis par la plus entière confiance; ils sont incapables d'avoir jamais un tort les uns à l'égard des autres ; en un mot, toutes les conditions dont la réunion compose une solide et véritable amitié se trouvent en eux. Au lieu que rien ne garantit les autres liaisons de ces sortes d'atteintes. En effet, comme on se sert du nom d'amitié pour exprimer les liaisons formées par l'utilité entre les hommes, ou entre les cités (car c'est aussi l'intérêt qui donne lieu aux alliances entre états), on appelle aussi amis ceux qui s'aiment les uns les autres par le goût du plaisir, comme il arrive aux enfants. Et peut-être faut-il avouer que l'amitié entre les hommes a quelque ressemblance avec celle-là; mais on doit ajouter qu'il y en a plusieurs espèces. Et d'abord, il faut mettre au premier rang et au premier degré d'importance celle qui a lieu entre les hommes vertueux, et y subordonner les autres, suivant leur degré de ressemblance. Car ce qui fait surtout les amis, c'est de rencontrer quelque bien et quelque ressemblance; et ce qui est agréable est un bien aux yeux de ceux qui sont plus particulièrement sensibles à cette qualité. D'ailleurs, les deux sortes d'avantages ne se trouvent pas communément ensemble, et les mêmes personnes ne s'attachent guère l'une à l'autre par le double motif de l'utilité et de l'agrément, parce que les choses qui dépendent du hasard des circonstances, ne se trouvent pas aisément ainsi unies deux à la fois. (1157b) D'après la distinction que nous venons d'établir entre les espèces d'amitiés, les hommes de peu de valeur seront unis par des motifs d'utilité ou d'intérêt, attendu qu'ils se ressemblent sous ce rapport : mais les hommes vertueux s'aimeront pour eux-mêmes, car c'est en cela qu'ils sont vertueux. Ceux-là seront donc amis dans un sens absolu, (et unis par une amitié parfaite) au lieu que les autres ne le seront que par l'effet des circonstances et par l'espèce de ressemblance qu'ils ont avec les vrais amis. V. On dit qu'entre les hommes, en les considérant par rapport à la vertu, les uns sont vertueux par habitude, parce que telle est leur disposition naturelle ou leur manière d'être ; tandis que d'autres se montrent tels par leurs actes ou par leur manière d'agir. Or, il en est de même au sujet de l'amitié. Car les uns mettent leur bonheur à vivre avec leurs amis et à leur faire du bien : d'autres sont disposés à agir ainsi, quoiqu'ils ne le fassent pas; mais telle est leur inclination habituelle, même pendant leur sommeil, même quand ils sont séparés de leurs amis par l'éloignement des lieux; car cet éloignement ne rompt pas absolument l'amitié, mais il en interrompt les effets et les actes. Cependant, une longue absence semble au moins la faire oublier; d'où est venu le proverbe: «Souvent le défaut d'entretien rompt et détruit l'amitié.» Au reste, les vieillards et les hommes d'un caractère dur et farouche sont peu susceptibles de ce sentiment, parce que le plaisir a peu de prise sur eux; et personne ne se soucie de passer ses jours avec ce qui est incommode et désagréable. La tendance ou le penchant le plus naturel, au contraire, est de fuir ce qui nous cause un sentiment pénible, et de rechercher ce qui fait plaisir. Quant à ceux qui ont les uns pour les autres de l'estime et des égards, mais qui ne vivent point entre eux dans un commerce habituel, on les regardera plutôt comme des hommes unis par une bienveillance réciproque, que comme des amis; car il n'y a rien qui caractérise autant l'amitié que de vivre ensemble. Et d'abord, ceux qui sont dans l'indigence désirent qu'on les secoure; mais, au sein même de l'opulence, on aime à passer ses jours avec des amis, et rien n'est plus pénible que la solitude, même pour ceux qui possèdent des trésors. Or, on ne peut vivre les uns avec les autres, quand on ne se plaît pas réciproquement, et qu'on n'a pas les mêmes goûts ; c'est là précisément le caractère de la liaison qui existe entre ceux qu'on appelle compagnons ou camarades. Toutefois, c'est surtout entre les hommes vertueux qu'existe l'amitié, comme on l'a déjà dit bien des fois : car ce qui semble essentiellement aimable et désirable, c'est le bien en soi, ou l'agréable; et chacun aime et désire ce qui est tel pour lui, et l'homme de bien est tel aux yeux de l'homme de bien sous ce double rapport (c'est-à-dire, comme bon en soi, et comme agréable à son ami). D'ailleurs, ce qu'on appelle un simple goût semble être plutôt un sentiment (ou une affection fugitive), et l'amitié une disposition, ou manière d'être, constante. En effet, le simple goût peut se manifester aussi pour des choses inanimées; au lieu que la réciprocité d'attachement suppose un choix, une préférence, et la préférence réfléchie vient de l'habitude. Et ce n'est pas par l'effet d'une affection momentanée qu'on peut vouloir du bien à ses amis pour eux-mêmes, mais par habitude. D'ailleurs, aimer son ami, c'est aimer ce qui nous est bon ; car l'homme vertueux, quand il est devenu ami, est un bien véritable pour celui qu'il aime. Chacun d'eux aime donc ce qui est un bien pour lui-même, et rend la pareille à son ami, en bienveillance et en agrément. Car l'amitié s'appelle aussi égalité;





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 29/05/2008