HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre VII

αἰσχίων



Texte grec :

[7,1152] (1152a) (1) ἀλλ' ὃ μὲν ἔχων ὃ δ' οὐκ ἔχων φαύλας ἐπιθυμίας, καὶ ὃ μὲν τοιοῦτος οἷος μὴ ἥδεσθαι παρὰ τὸν λόγον, ὃ δ' οἷος ἥδεσθαι ἀλλὰ μὴ ἄγεσθαι. Ὅμοιοι δὲ καὶ ὁ ἀκρατὴς καὶ ἀκόλαστος, ἕτεροι μὲν ὄντες, (5) ἀμφότεροι δὲ τὰ σωματικὰ ἡδέα διώκουσιν, ἀλλ' ὃ μὲν καὶ οἰόμενος δεῖν, ὃ δ' οὐκ οἰόμενος. X. Οὐδ' ἅμα φρόνιμον καὶ ἀκρατῆ ἐνδέχεται εἶναι τὸν αὐτόν· ἅμα γὰρ φρόνιμος καὶ σπουδαῖος τὸ ἦθος δέδεικται ὤν. Ἔτι οὐ τῷ εἰδέναι μόνον φρόνιμος ἀλλὰ καὶ τῷ πρακτικός· ὁ δ' ἀκρατὴς οὐ πρακτικός (10) - τὸν δὲ δεινὸν οὐδὲν κωλύει ἀκρατῆ εἶναι· διὸ καὶ δοκοῦσιν ἐνίοτε φρόνιμοι μὲν εἶναί τινες ἀκρατεῖς δέ, διὰ τὸ τὴν δεινότητα διαφέρειν τῆς φρονήσεως τὸν εἰρημένον τρόπον ἐν τοῖς πρώτοις λόγοις, καὶ κατὰ μὲν τὸν λόγον ἐγγὺς εἶναι, διαφέρειν δὲ κατὰ τὴν προαίρεσιν - οὐδὲ δὴ ὡς ὁ εἰδὼς καὶ θεωρῶν, (15) ἀλλ' ὡς ὁ καθεύδων ἢ οἰνωμένος. Καὶ ἑκὼν μέν τρόπον γάρ τινα εἰδὼς καὶ ὃ ποιεῖ καὶ οὗ ἕνεκἀ, πονηρὸς δ' οὔ· ἡ γὰρ προαίρεσις ἐπιεικής· ὥσθ' ἡμιπόνηρος. Καὶ οὐκ ἄδικος· οὐ γὰρ ἐπίβουλος· ὃ μὲν γὰρ αὐτῶν οὐκ ἐμμενετικὸς οἷς ἂν βουλεύσηται, ὃ δὲ μελαγχολικὸς οὐδὲ βουλευτικὸς ὅλως. (20) Καὶ ἔοικε δὴ ὁ ἀκρατὴς πόλει ἣ ψηφίζεται μὲν ἅπαντα τὰ δέοντα καὶ νόμους ἔχει σπουδαίους, χρῆται δὲ οὐδέν, ὥσπερ Ἀναξανδρίδης ἔσκωψεν ἡ πόλις ἐβούλεθ', ᾗ νόμων οὐδὲν μέλει· ὁ δὲ πονηρὸς χρωμένῃ μὲν τοῖς νόμοις, πονηροῖς δὲ χρωμένῃ. (25) Ἔστι δ' ἀκρασία καὶ ἐγκράτεια περὶ τὸ ὑπερβάλλον τῆς τῶν πολλῶν ἕξεως· ὃ μὲν γὰρ ἐμμένει μᾶλλον ὃ δ' ἧττον τῆς τῶν πλείστων δυνάμεως. Εὐιατοτέρα δὲ τῶν ἀκρασιῶν, ἣν οἱ μελαγχολικοὶ ἀκρατεύονται, τῶν βουλευομένων μὲν μὴ ἐμμενόντων δέ, καὶ οἱ δι' ἐθισμοῦ ἀκρατεῖς τῶν φυσικῶν· ῥᾷον (30) γὰρ ἔθος μετακινῆσαι φύσεως· διὰ γὰρ τοῦτο καὶ τὸ ἔθος χαλεπόν, ὅτι τῇ φύσει ἔοικεν, ὥσπερ καὶ Εὔηνος λέγει Φημὶ πολυχρόνιον μελέτην ἔμεναι, φίλε, καὶ δή ταύτην ἀνθρώποισι τελευτῶσαν φύσιν εἶναι. Τί μὲν οὖν ἐστὶν ἐγκράτεια καὶ τί ἀκρασία καὶ τί καρτερία (35) καὶ τί μαλακία, καὶ πῶς ἔχουσιν αἱ ἕξεις αὗται πρὸς ἀλλήλας, εἴρηται. (1152b) (1) Περὶ δὲ ἡδονῆς καὶ λύπης θεωρῆσαι τοῦ τὴν πολιτικὴν φιλοσοφοῦντος· οὗτος γὰρ τοῦ τέλους ἀρχιτέκτων, πρὸς ὃ βλέποντες ἕκαστον τὸ μὲν κακὸν τὸ δ' ἀγαθὸν ἁπλῶς λέγομεν. Ἔτι δὲ καὶ τῶν ἀναγκαίων ἐπισκέψασθαι περὶ αὐτῶν· τήν (5) τε γὰρ ἀρετὴν καὶ τὴν κακίαν τὴν ἠθικὴν περὶ λύπας καὶ ἡδονὰς ἔθεμεν, καὶ τὴν εὐδαιμονίαν οἱ πλεῖστοι μεθ' ἡδονῆς εἶναί φασιν· διὸ καὶ τὸν μακάριον ὠνομάκασιν ἀπὸ τοῦ χαίρειν. Τοῖς μὲν οὖν δοκεῖ οὐδεμία ἡδονὴ εἶναι ἀγαθόν, οὔτε καθ' αὑτὸ οὔτε κατὰ συμβεβηκός· οὐ γὰρ εἶναι ταὐτὸ τὸ ἀγαθὸν (10) καὶ ἡδονήν· τοῖς δ' ἔνιαι μὲν εἶναι, αἱ δὲ πολλαὶ φαῦλαι. Ἔτι δὲ τούτων τρίτον, εἰ καὶ πᾶσαι ἀγαθόν, ὅμως μὴ ἐνδέχεσθαι εἶναι τὸ ἄριστον ἡδονήν. Ὅλως μὲν οὖν οὐκ ἀγαθόν, ὅτι πᾶσα ἡδονὴ γένεσίς ἐστιν εἰς φύσιν αἰσθητή, οὐδεμία δὲ γένεσις συγγενὴς τοῖς τέλεσιν, οἷον οὐδεμία οἰκοδόμησις (15) οἰκίᾳ. Ἔτι ὁ σώφρων φεύγει τὰς ἡδονάς. Ἔτι ὁ φρόνιμος τὸ ἄλυπον διώκει, οὐ τὸ ἡδύ. Ἔτι ἐμπόδιον τῷ φρονεῖν αἱ ἡδοναί, καὶ ὅσῳ μᾶλλον χαίρει, μᾶλλον, οἷον τῇ τῶν ἀφροδισίων· οὐδένα γὰρ ἂν δύνασθαι νοῆσαί τι ἐν αὐτῇ. Ἔτι τέχνη οὐδεμία ἡδονῆς· καίτοι πᾶν ἀγαθὸν τέχνης ἔργον. Ἔτι παιδία (20) καὶ θηρία διώκει τὰς ἡδονάς. Τοῦ δὲ μὴ πάσας σπουδαίας, ὅτι εἰσὶ καὶ αἰσχραὶ καὶ ὀνειδιζόμεναι, καὶ ὅτι βλαβεραί· νοσώδη γὰρ ἔνια τῶν ἡδέων. Ὅτι δ' οὐ τἄριστον ἡδονή, ὅτι οὐ τέλος ἀλλὰ γένεσις. Τὰ μὲν οὖν λεγόμενα σχεδὸν ταῦτ' ἐστίν. XII. (25) Ὅτι δ' οὐ συμβαίνει διὰ ταῦτα μὴ εἶναι ἀγαθὸν μηδὲ τὸ ἄριστον, ἐκ τῶνδε δῆλον. Πρῶτον μέν, ἐπεὶ τὸ ἀγαθὸν διχῶς (τὸ μὲν γὰρ ἁπλῶς τὸ δὲ τινί), καὶ αἱ φύσεις καὶ αἱ ἕξεις ἀκολουθήσουσιν, ὥστε καὶ αἱ κινήσεις καὶ αἱ γενέσεις, καὶ αἱ φαῦλαι δοκοῦσαι εἶναι αἳ μὲν ἁπλῶς φαῦλαι τινὶ (30) δ' οὒ ἀλλ' αἱρεταὶ τῷδε, ἔνιαι δ' οὐδὲ τῷδε ἀλλὰ ποτὲ καὶ ὀλίγον χρόνον αἱρεταί, <ἁπλῶς> δ' οὔ· αἳ δ' οὐδ' ἡδοναί, ἀλλὰ φαίνονται, ὅσαι μετὰ λύπης καὶ ἰατρείας ἕνεκεν, οἷον αἱ τῶν καμνόντων. Ἔτι ἐπεὶ τοῦ ἀγαθοῦ τὸ μὲν ἐνέργεια τὸ δ' ἕξις, κατὰ συμβεβηκὸς αἱ καθιστᾶσαι εἰς τὴν φυσικὴν ἕξιν ἡδεῖαί (35) εἰσιν· ἔστι δ' ἡ ἐνέργεια ἐν ταῖς ἐπιθυμίαις τῆς ὑπολοίπου ἕξεως καὶ φύσεως, ἐπεὶ καὶ ἄνευ λύπης καὶ ἐπιθυμίας εἰσὶν ἡδοναί,

Traduction française :

[7,1152] (1152a) mais l'un a des désirs répréhensibles, et l'autre n'en a pas : celui-ci ne saurait trouver du plaisir dans ce qui est contraire à la raison; celui-là peut y trouver du plaisir, mais ne s'en laisse pas séduire. L'intempérant (ou l'homme d'un caractère faible) et le débauché se ressemblent aussi, à quelques égards, quoiqu'ils diffèrent sous d'autres rapports: car tous deux recherchent avec ardeur les plaisirs des sens; mais l'un s'est persuadé qu'on doit en agir ainsi, et l'autre n'a pas cette conviction. X. Il n'est pas possible que le même homme soit à la fois prudent et intempérant ; car nous avons fait voir qu'on ne saurait guère être prudent sans être vertueux. D'ailleurs, ce n'est pas seulement la science qui rend véritablement prudent, c'est aussi l'habitude pratique des actes de prudence : or, l'intempérant n'est pas propre à faire de ces actes. Mais il peut arriver qu'un homme qui a de la finesse ou de l'habileté, soit intempérant ; et c'est pour cela que quelques personnes qui passent pour avoir de la prudence, se livrent pourtant à l'intempérance, parce que l'adresse ou l'habileté, et la prudence diffèrent de la manière qui a été expliquée précédemment, et parce que, bien que se rapprochant l'une de l'autre, si l'on y considère la raison, elles diffèrent quant au motif qui les détermine. L'habileté n'est donc pas toujours l'effet de la science et d'une mûre réflexion ; elle peut être quelquefois aussi peu réfléchie qu'elle le serait dans un homme ivre ou endormi. Elle est pourtant volontaire; car, en pareil cas, on sait ce qu'un fait, et pourquoi. Elle n'est pas non plus un vice; car le motif n'est pas blâmable : de sorte que l'homme habile, mais intempérant, est, pour ainsi dire, à moitié vicieux, et n'est pas injuste, car il ne veut ni tromper, ni surprendre. En effet, parmi les hommes de ce caractère, les uns sont incapables de persister dans les résolutions qu'ils ont prises; et les autres sont des mélancoliques, incapables de prendre aucune résolution. En un mot, l'intempérant ressemble, à quelques égards, à une cité où l'on décrète tout ce qui est convenable et utile, qui a de bonnes lois, mais qui n'en observe aucune, comme le remarque plaisamment Anaxandride : « Telle est la résolution de cette république, où l'on ne se soucie nullement des lois. » L'homme vicieux, au contraire, ressemble à une cité où l'on observe les lois, mais où l'on en a de mauvaises. Enfin, l'intempérance et la tempérance sont relatives à ce qui sort des limites communes, en fait d'habitudes; ainsi l'un persiste plus dans le bien, et l'autre moins que ne le peuvent faire la plupart des hommes. L'intempérance des caractères mélancoliques est plus susceptible de s'amender que celle des hommes qui, après avoir pris une résolution, ne savent pas y tenir; et les hommes devenus intempérants par suite de mauvaises habitudes, peuvent plutôt se réformer que ceux qui le sont par tempérament : car l'habitude est plus facile à changer que la nature; et même c'est parce qu'elle ressemble à la nature qu'elle est quelquefois si difficile à changer, comme dit aussi Evénus : « N'en doute point, ami, un exercice constant, l'application et l'étude ont des résultats durables : c'est là ce qui, chez les hommes, finit par être comme la nature elle-même. » Ainsi, nous avons dit ce que c'est que tempérance, intempérance, fermeté ou force, et mollesse ou faiblesse, et dans quels rapports ces diverses manières d'être sont à l'égard les unes des autres. XI. (1152b) Mais considérer aussi les sentiments de plaisir et de peine, est un devoir pour celui qui veut écrire en philosophe sur la politique; car c'est lui qui est, s'il le faut ainsi dire, l'architecte de la fin (ou qui connaît le but) que nous envisageons, quand nous disons qu'une chose est bonne ou mauvaise absolument. Il est même nécessaire d'entrer dans ces considérations, puisque nous avons regardé le plaisir et la peine comme les fondements du vice et de la vertu morale, et puisque la plupart des hommes prétendent que le bonheur est toujours accompagné de plaisir, et que c'est de cette circonstance qu'il tire le nom par lequel on le désigne dans la langue grecque. Or, suivant les uns, il n'y a point de plaisir qui soit un bien, ni par lui-même, ni par circonstance: car ils prétendent que bien et plaisir ne sont pas la même chose. Suivant d'autres, quelques plaisirs sont des biens; mais la plupart des plaisirs sont nuisibles. Enfin, il y a une troisième opinion, suivant laquelle, en supposant que tous les plaisirs fussent des biens, il est néanmoins impossible que le plaisir soit le bien suprême, ou le souverain bien. Et d'abord, le plaisir, en général, n'est pas un bien, parce que tout plaisir est une génération selon la nature, qui est perceptible par les sens ; or, aucune génération n'a dans son principe rien qui soit commun avec la fin : par exemple, l'action de bâtir une maison n'a rien de commun avec la maison elle-même. De plus, l'homme sobre et tempérant fuit les plaisirs; l'homme sensé recherche ce qui ne cause point de peine, mais non pas ce qui donne du plaisir. Ajoutons que les voluptés offusquent et troublent la raison, et la troublent d'autant plus, qu'on éprouve plus de joie, comme on le voit par les plaisirs de l'amour; car nul homme, au moment oui il s'y livre, n'est capable de penser. Ensuite, il n'y a point d'art qui ait le plaisir pour objet, et pourtant tout ce qui est bon est le produit de quelque art. Outre cela, les enfants et les animaux recherchent le plaisir avec ardeur. Mais la preuve que tous les plaisirs ne sont pas honnêtes, c'est qu'il y en a de honteux, et qui sont un légitime sujet de reproche, et qu'il y en a aussi qui sont nuisibles; car certaines choses qui donnent du plaisir peuvent rendre malade. Enfin, le plaisir n'est pas ce qu'il y a de plus excellent, puisqu'il n'est pas une fin, mais une génération. Voilà à peu près ce qu'on allègue contre le plaisir. XII. On verra néanmoins, par ce que nous allons dire, qu'il ne s'ensuit pas de tout ceci que la volupté ne soit pas un bien, ni même qu'elle ne soit pas le souverain bien. Et d'abord, on peut considérer le bien sous deux points de vue : comme bien, en soi ou en général, et comme bien, relativement à telle ou telle personne; et cette différence en déterminera une de même genre dans la nature, dans l'habitude, dans l'impulsion, dans l'origine ou la cause productive du plaisir envisagé sous ces deux aspects. Par exemple, entre ceux qui paraîtront nuisibles, les uns le seront en général, et les autres ne le seront pas pour quelques personnes; au contraire, ils seront désirables pour tel individu. D'autres ne seront pas même absolument désirables pour cet individu, mais seulement pour un temps et dans certaines circonstances. On peut même dire que tout plaisir accompagné de peine n'est pas un véritable plaisir, mais n'en a que l'apparence, comme cela se voit, à l'égard des malades, dans les remèdes qu'on emploie pour leur guérison. D'un autre côté, comme, dans le bien, il faut distinguer l'acte, de l'habitude ou manière d'être, les plaisirs qui servent à rétablir l'habitude, ou manière d'être, naturelle, ne sont agréables que par accident ou par circonstance, tandis que l'acte, ou l'énergie, se manifeste dans les désirs qui naissent d'une manière d'être accompagnée de quelque souffrance, quoique d'ailleurs il y ait des plaisirs dans lesquels ni la peine ni le désir n'entrent pour rien,





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Dernière mise à jour : 29/05/2008