Texte grec :
[6,1138] Ἀριστοτέλους - Ἠθικὰ Νικομάχεια - Βιβλίον Ζ.
I. (1138b) Ἐπεὶ δὲ τυγχάνομεν πρότερον εἰρηκότες ὅτι δεῖ τὸ μέσον
αἱρεῖσθαι, μὴ τὴν ὑπερβολὴν μηδὲ τὴν ἔλλειψιν, τὸ (20) δὲ μέσον ἐστὶν ὡς ὁ
λόγος ὁ ὀρθὸς λέγει, τοῦτο διέλωμεν. Ἐν πάσαις γὰρ ταῖς εἰρημέναις ἕξεσι,
καθάπερ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων, ἔστι τις σκοπὸς πρὸς ὃν ἀποβλέπων ὁ τὸν λόγον
ἔχων ἐπιτείνει καὶ ἀνίησιν, καί τις ἔστιν ὅρος τῶν μεσοτήτων, ἃς μεταξύ
φαμεν εἶναι τῆς ὑπερβολῆς καὶ τῆς ἐλλείψεως, (25) οὔσας κατὰ τὸν ὀρθὸν
λόγον. Ἔστι δὲ τὸ μὲν εἰπεῖν οὕτως ἀληθὲς μέν, οὐθὲν δὲ σαφές· καὶ γὰρ ἐν
ταῖς ἄλλαις ἐπιμελείαις, περὶ ὅσας ἐστὶν ἐπιστήμη, τοῦτ' ἀληθὲς μὲν
εἰπεῖν, ὅτι οὔτε πλείω οὔτε ἐλάττω δεῖ πονεῖν οὐδὲ ῥᾳθυμεῖν, ἀλλὰ τὰ μέσα
καὶ ὡς ὁ ὀρθὸς λόγος· τοῦτο δὲ μόνον ἔχων ἄν (30) τις οὐδὲν ἂν εἰδείη
πλέον, οἷον ποῖα δεῖ προσφέρεσθαι πρὸς τὸ σῶμα, εἴ τις εἴπειεν ὅτι ὅσα ἡ
ἰατρικὴ κελεύει καὶ ὡς ὁ ταύτην ἔχων. Διὸ δεῖ καὶ περὶ τὰς τῆς ψυχῆς ἕξεις
μὴ μόνον ἀληθῶς εἶναι τοῦτ' εἰρημένον, ἀλλὰ καὶ διωρισμένον τίς ἐστιν ὁ
ὀρθὸς λόγος καὶ τούτου τίς ὅρος.
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Traduction française :
[6,1138] LIVRE VI.
I. (1138b) Comme nous avons dit précédemment qu'il faut préférer en
tout un juste milieu, et non pas l'excès, ni le défaut, et que ce milieu
est ce qu'indique la droite raison, faisons voir en quoi il consiste. Car,
dans toutes les dispositions ou habitudes dont il a déjà été question,
aussi bien que dans toutes les autres, il y a toujours un but, par rapport
auquel tout homme raisonnable s'applique à accroître les tendances qui
peuvent l'en rapprocher, et à diminuer celles qui l'en éloignent : et il y
a une limite en deçà et au delà de laquelle se trouve le défaut ou l'excès
que réprouve la droite raison. Mais cette proposition, toute véritable
qu'elle est, n'offre pourtant rien de clair à l'esprit ; car, dans toutes
les autres choses auxquelles il s'applique et qui sont l'objet de la
science, on peut dire avec vérité qu'il ne faut prendre ni trop ni trop
peu d'exercice, ni trop ni trop peu de repos, mais observer, à cet égard,
le juste milieu que la raison prescrit. Cependant, celui qui n'aurait,
pour se conduire, que cette règle générale, n'en serait pas plus avancé;
c'est comme si, sur la question de savoir quels aliments sont bons pour la
santé, on répondait que ce sont tous ceux que prescrit la médecine, ou la
personne qui possède cet art. Il ne faut donc pas seulement que ce que
nous avons dit des habitudes de l'âme soit véritable, mais il faut encore
qu'on détermine exactement ce que c'est que la droite raison : il faut en
donner la définition.
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