Texte grec :
[6,1145] (1145a)
(1) καθ' ἃς δὲ ἁπλῶς λέγεται ἀγαθός, οὐκ ἐνδέχεται· ἅμα γὰρ τῇ φρονήσει μιᾷ
ὑπαρχούσῃ πᾶσαι ὑπάρξουσιν. Δῆλον δέ, κἂν εἰ μὴ πρακτικὴ ἦν, ὅτι ἔδει ἂν
αὐτῆς διὰ τὸ τοῦ μορίου ἀρετὴν εἶναι, καὶ ὅτι οὐκ ἔσται ἡ προαίρεσις ὀρθὴ
ἄνευ (5) φρονήσεως οὐδ' ἄνευ ἀρετῆς· ἣ μὲν γὰρ τὸ τέλος ἣ δὲ τὰ πρὸς τὸ
τέλος ποιεῖ πράττειν. Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ κυρία γ' ἐστὶ τῆς σοφίας οὐδὲ τοῦ
βελτίονος μορίου, ὥσπερ οὐδὲ τῆς ὑγιείας ἡ ἰατρική· οὐ γὰρ χρῆται αὐτῇ,
ἀλλ' ὁρᾷ ὅπως γένηται· ἐκείνης οὖν ἕνεκα ἐπιτάττει, ἀλλ' οὐκ ἐκείνῃ. (10)
Ἔτι ὅμοιον κἂν εἴ τις τὴν πολιτικὴν φαίη ἄρχειν τῶν θεῶν, ὅτι ἐπιτάττει
περὶ πάντα τὰ ἐν τῇ πόλει.
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Traduction française :
[6,1145] (1145a) mais cela ne saurait l'être de celles dont la
possession fait qu'un homme est appelé vertueux dans un sens absolu; car,
dès qu'on possède une seule sorte de prudence, on possède aussi toutes les
autres.
D'ailleurs, il est évident que, lors même qu'elle ne servirait pas, quand
il faut agir, elle serait toujours nécessaire, comme étant la vertu ou
propriété d'une partie (de l'âme), et parce que nul bon choix, nulle
préférence sensée, ne peut avoir lieu sans la prudence et sans la vertu,
puisque l'une se rapporte à la fin, et l'autre aux moyens par lesquels on
peut y arriver. Cependant elle n'a nulle autorité ou prédominance sur la
sagesse, ni sur la partie de l'âme qui est d'un plus grand prix; de même
que la médecine n'en a aucune sur la santé : car ce n'est pas elle qui en
dirige l'emploi, mais qui s'occupe des moyens de la produire ou de la
conserver. C'est donc à cause de celle-ci (c'est-à-dire, de la sagesse),
que la prudence est autorisée à prescrire ou à ordonner quelque chose,
mais ce n'est pas à elle qu'elle commande. Enfin, attribuer à la prudence
cette autorité supérieure, c'est à peu près comme si l'on prétendait que
la politique commande même aux Dieux, parce qu'elle règle et prescrit tout
ce qui se fait dans la république ou dans l'état.
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