HODOI ELEKTRONIKAI
Corpora

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre V

πατέρα



Texte grec :

[5,1135] Τὰ δὲ κατὰ συνθήκην καὶ τὸ συμφέρον τῶν δικαίων (1135a) (1) ὅμοιά ἐστι τοῖς μέτροις· οὐ γὰρ πανταχοῦ ἴσα τὰ οἰνηρὰ καὶ σιτηρὰ μέτρα, ἀλλ' οὗ μὲν ὠνοῦνται, μείζω, οὗ δὲ πωλοῦσιν, ἐλάττω. Ὁμοίως δὲ καὶ τὰ μὴ φυσικὰ ἀλλ' ἀνθρώπινα δίκαια οὐ ταὐτὰ πανταχοῦ, ἐπεὶ οὐδ' αἱ πολιτεῖαι, (5) ἀλλὰ μία μόνον πανταχοῦ κατὰ φύσιν ἡ ἀρίστη. Τῶν δὲ δικαίων καὶ νομίμων ἕκαστον ὡς τὰ καθόλου πρὸς τὰ καθ' ἕκαστα ἔχει· τὰ μὲν γὰρ πραττόμενα πολλά, ἐκείνων δ' ἕκαστον ἕν· καθόλου γάρ. Διαφέρει δὲ τὸ ἀδίκημα καὶ τὸ ἄδικον καὶ τὸ δικαίωμα καὶ τὸ δίκαιον· ἄδικον μὲν γάρ (10) ἐστι τῇ φύσει ἢ τάξει· αὐτὸ δὲ τοῦτο, ὅταν πραχθῇ, ἀδίκημά ἐστι, πρὶν δὲ πραχθῆναι, οὔπω, ἀλλ' ἄδικον. Ὁμοίως δὲ καὶ δικαίωμα· καλεῖται δὲ μᾶλλον δικαιοπράγημα τὸ κοινόν, δικαίωμα δὲ τὸ ἐπανόρθωμα τοῦ ἀδικήματος. Καθ' ἕκαστον δὲ αὐτῶν, ποῖά τε εἴδη καὶ πόσα καὶ περὶ ποῖα (15) τυγχάνει ὄντα, ὕστερον ἐπισκεπτέον. VΙΙΙ. Ὄντων δὲ τῶν δικαίων καὶ ἀδίκων τῶν εἰρημένων, ἀδικεῖ μὲν καὶ δικαιοπραγεῖ ὅταν ἑκών τις αὐτὰ πράττῃ· ὅταν δ' ἄκων, οὔτ' ἀδικεῖ οὔτε δικαιοπραγεῖ ἀλλ' ἢ κατὰ συμβεβηκός· οἷς γὰρ συμβέβηκε δικαίοις εἶναι ἢ ἀδίκοις, πράττουσιν. Ἀδίκημα δὲ καὶ (20) δικαιοπράγημα ὥρισται τῷ ἑκουσίῳ καὶ ἀκουσίῳ· ὅταν γὰρ ἑκούσιον ᾖ, ψέγεται, ἅμα δὲ καὶ ἀδίκημα τότ' ἐστίν· ὥστ' ἔσται τι ἄδικον μὲν ἀδίκημα δ' οὔπω, ἂν μὴ τὸ ἑκούσιον προσῇ. Λέγω δ' ἑκούσιον μέν, ὥσπερ καὶ πρότερον εἴρηται, ὃ ἄν τις τῶν ἐφ' αὑτῷ ὄντων εἰδὼς καὶ μὴ ἀγνοῶν πράττῃ (25) μήτε ὃν μήτε ᾧ μήτε οὗ , οἷον τίνα τύπτει καὶ τίνι καὶ τίνος ἕνεκα, κἀκείνων ἕκαστον μὴ κατὰ συμβεβηκὸς μηδὲ βίᾳ (ὥσπερ εἴ τις λαβὼν τὴν χεῖρα αὐτοῦ τύπτοι ἕτερον, οὐχ ἑκών· οὐ γὰρ ἐπ' αὐτῷ)· ἐνδέχεται δὲ τὸν τυπτόμενον πατέρα εἶναι, τὸν δ' ὅτι μὲν ἄνθρωπος ἢ τῶν παρόντων τις (30) γινώσκειν, ὅτι δὲ πατὴρ ἀγνοεῖν· ὁμοίως δὲ τὸ τοιοῦτον διωρίσθω καὶ ἐπὶ τοῦ οὗ ἕνεκα, καὶ περὶ τὴν πρᾶξιν ὅλην. Τὸ δὴ ἀγνοούμενον, ἢ μὴ ἀγνοούμενον μὲν μὴ ἐπ' αὐτῷ δ' ὄν, ἢ βίᾳ, ἀκούσιον. Πολλὰ γὰρ καὶ τῶν φύσει ὑπαρχόντων (1135b) (1) εἰδότες καὶ πράττομεν καὶ πάσχομεν, ὧν οὐθὲν οὔθ' ἑκούσιον οὔτ' ἀκούσιόν ἐστιν, οἷον τὸ γηρᾶν ἢ ἀποθνήσκειν. Ἔστι δ' ὁμοίως ἐπὶ τῶν ἀδίκων καὶ τῶν δικαίων καὶ τὸ κατὰ συμβεβηκός· καὶ γὰρ ἂν τὴν παρακαταθήκην ἀποδοίη τις ἄκων καὶ διὰ (5) φόβον, ὃν οὔτε δίκαια πράττειν οὔτε δικαιοπραγεῖν φατέον ἀλλ' ἢ κατὰ συμβεβηκός. Ὁμοίως δὲ καὶ τὸν ἀναγκαζόμενον καὶ ἄκοντα τὴν παρακαταθήκην μὴ ἀποδιδόντα κατὰ συμβεβηκὸς φατέον ἀδικεῖν καὶ τὰ ἄδικα πράττειν. Τῶν δὲ ἑκουσίων τὰ μὲν προελόμενοι πράττομεν τὰ δ' οὐ προελόμενοι, (10) προελόμενοι μὲν ὅσα προβουλευσάμενοι, ἀπροαίρετα δὲ ὅσ' ἀπροβούλευτα. Τριῶν δὴ οὐσῶν βλαβῶν τῶν ἐν ταῖς κοινωνίαις, τὰ μὲν μετ' ἀγνοίας ἁμαρτήματά ἐστιν, ὅταν μήτε ὃν μήτε ὃ μήτε ᾧ μήτε οὗ ἕνεκα ὑπέλαβε πράξῃ· ἢ γὰρ οὐ βάλλειν ἢ οὐ τούτῳ ἢ οὐ τοῦτον ἢ οὐ τούτου ἕνεκα ᾠήθη, (15) ἀλλὰ συνέβη οὐχ οὗ ἕνεκα ᾠήθη, οἷον οὐχ ἵνα τρώσῃ ἀλλ' ἵνα κεντήσῃ, ἢ οὐχ ὅν, ἢ οὐχ ᾧ. Ὅταν μὲν οὖν παραλόγως ἡ βλάβη γένηται, ἀτύχημα· ὅταν δὲ μὴ παραλόγως, ἄνευ δὲ κακίας, ἁμάρτημα (ἁμαρτάνει μὲν γὰρ ὅταν ἡ ἀρχὴ ἐν αὐτῷ ᾖ τῆς αἰτίας, ἀτυχεῖ δ' ὅταν ἔξωθεν)· ὅταν δὲ (20) εἰδὼς μὲν μὴ προβουλεύσας δέ, ἀδίκημα, οἷον ὅσα τε διὰ θυμὸν καὶ ἄλλα πάθη, ὅσα ἀναγκαῖα ἢ φυσικὰ συμβαίνει τοῖς ἀνθρώποις· ταῦτα γὰρ βλάπτοντες καὶ ἁμαρτάνοντες ἀδικοῦσι μέν, καὶ ἀδικήματά ἐστιν, οὐ μέντοι πω ἄδικοι διὰ ταῦτα οὐδὲ πονηροί· οὐ γὰρ διὰ μοχθηρίαν ἡ βλάβη· (25) ὅταν δ' ἐκ προαιρέσεως, ἄδικος καὶ μοχθηρός. Διὸ καλῶς τὰ ἐκ θυμοῦ οὐκ ἐκ προνοίας κρίνεται· οὐ γὰρ ἄρχει ὁ θυμῷ ποιῶν, ἀλλ' ὁ ὀργίσας. Ἔτι δὲ οὐδὲ περὶ τοῦ γενέσθαι ἢ μὴ ἀμφισβητεῖται, ἀλλὰ περὶ τοῦ δικαίου· ἐπὶ φαινομένῃ γὰρ ἀδικίᾳ ἡ ὀργή ἐστιν. Οὐ γὰρ ὥσπερ ἐν τοῖς συναλλάγμασι (30) περὶ τοῦ γενέσθαι ἀμφισβητοῦσιν, ὧν ἀνάγκη τὸν ἕτερον εἶναι μοχθηρόν, ἂν μὴ διὰ λήθην αὐτὸ δρῶσιν· ἀλλ' ὁμολογοῦντες περὶ τοῦ πράγματος, περὶ δὲ τοῦ ποτέρως δίκαιον ἀμφισβητοῦσιν (ὁ δ' ἐπιβουλεύσας οὐκ ἀγνοεῖ), ὥστε ὃ μὲν οἴεται ἀδικεῖσθαι, ὃ δ' οὔ.

Traduction française :

[5,1135] Mais il est des choses qui sont justes par convention, et par un simple motif d’utilité ou de convenance, (1135a) comme des mesures; car celles qui servent à mesurer le vin et les grains, ne sont pas égales dans tous les pays; on les fait plus grandes dans ceux où l’on est dans le cas d’acheter ces denrées, et plus petites, dans les pays où l’on est dans le cas de les vendre. Ainsi, les choses qui ne sont pas naturellement justes, mais qui ne le sont qu’humainement, ne sont pas partout les mêmes, car les formes de gouvernement ne le sont pas non plus ; mais il n’y en a qu’une seule qui soit partout conforme à la nature, et la meilleure. Au reste, tout ce qui mérite le nom de juste et de légal est, (par rapport à nos actions), comme le genre par rapport aux individus; car le nombre des actions est infini, mais chaque action (juste ou légale) est unique, puisqu’elle appartient, (comme telle), à une classe générale. Mais il y a de la différence entre l’injuste (en soi ou proprement dit), et l’acte injuste, et entre le juste et l’acte de justice; car l’injuste est tel par sa nature, ou par le fait d’une institution; et ce qui a ce caractère, quand on l’a accompli, est un acte injuste. Avant qu’on ne l’ait fait, il n’est pas encore acte, mais il est déjà injuste; et il en est de même d’un acte de justice. Au reste, on désigne généralement par le mot g-dikaiopragèma, un acte particulier de justice; alors que le mot g-dikaiôma exprime la réparation d’un acte injuste. Mais j’examinerai, par la suite, en détail, les diverses espèces de chaque genre ; combien il y en a, et à quels objets elles se rapportent. VIII. Les actions justes et injustes étant celles que nous venons d’exposer, on pratique la justice, ou on commet l’injustice, quand on les fait volontairement. En revanche, quand on agit involontairement, on ne fait une action juste, ou un acte d’injustice, que par accident; car on a simplement fait des actions qui se trouvent être justes ou injustes. C’est donc ce qu’il y a de volontaire et d’involontaire qui constitue la pratique du juste ou de l’acte injuste ; lorsque cet acte est volontaire, on le blâme, et c’est alors qu’il est en même temps un acte véritablement injuste. En sorte qu’il pourra exister quelque chose d’injuste, qui pourtant ne sera pas encore un acte injuste, si la condition de volonté ne s’y joint pas. Or comme il a été dit précédemment, j’appelle volontaire, ce qu’un homme fait, quand cela dépend de lui, sachant et n’ignorant pas à qui, par quel moyen, ni pourquoi il le fait : par exemple, qui il frappe, avec quel instrument, pour quel motif, et de même pour les autres circonstances; et non pas par accident ou par force, comme si un homme, dont on saisit et (dont on pousse) la main, frappe une autre personne sans le vouloir, puisque cela ne dépend pas de lui. Il pourrait même arriver, à celui qui frappe son père, qu’il sût que c’est un homme, ou même quelqu’une des personnes présentes, mais qu’il ignorât que c’est son père. Supposons des distinctions du même genre, établies par rapport au motif, et à toutes les circonstances de l’action : assurément, puisque son action ne dépend pas de celui qui la fait, et qu’il y est contraint, soit qu’il ignore ou qu’il n’ignore pas ce qu’il fait, cette action est involontaire. (1135b) Car nous faisons et nous souffrons, avec pleine connaissance, bien des choses qui sont dans le cours ordinaire de la nature, sans qu’il y ait de notre part rien de volontaire, ni d’involontaire ; c’est ainsi, par exemple, que nous vieillissons et que nous mourons. Cependant il y a aussi de l’effet des circonstances dans les actions justes et injustes; car qu'un homme restitue un dépôt, malgré lui et par crainte, on ne dira pas qu’il fait une action juste, ni qu’il pratique la justice ; sinon, par accident. Et pareillement il faudra dire que c’est par accident que celui qui se voit forcé, contre son gré, à ne pas rendre un dépôt, fait une action injuste, ou viole la justice. Or, entre les actions volontaires, il y en a que nous faisons par choix ou par préférence, et d’autres sans détermination prise à l’avance. Nous faisons par choix celles qui sont le résultat d’un dessein prémédité, et sans choix ou sans préférence, celles sur lesquelles nous n’avons point délibéré. Comme il y a trois manières de nuire aux autres dans le commerce de la vie, les fautes que l’on commet par ignorance ont lieu lorsque l’on n’a réfléchi, ni sur la personne, ni sur les moyens, ni sur la manière, ni sur les motifs de l’action. Car, ou bien l’on ne croyait pas porter un coup, ou bien pas avec cet instrument, ou bien à cette personne, ou dans ce dessein; mais l’événement a été tout autre qu’on ne croyait. Par exemple, ce n’était pas pour blesser, mais pour faire une simple piqûre; ou bien ce n’était pas cette personne là, ou de cette manière là. Lors donc que le dommage a eu lieu contre l’intention (de celui qui est l’auteur de l’acte), c’est un malheur ; et lorsque ce n’est pas contre son intention, mais sans mauvais dessein, c’est une faute : car il est coupable lorsque le principe du mal dont on l’accuse est en lui-même, au lieu que, si le principe ou la cause vient du dehors, il n’est que malheureux. D’autre part, lorsqu’on agit en connaissance de cause, mais sans dessein prémédité, c’est un acte injuste ; on peut ranger dans cette classe tous les accidents qui arrivent par l’effet de la colère et des autres passions, soit naturelles, soit nécessaires. Car ceux qui commettent ces fautes d’où résultent de tels dommages, sont coupables d’injustice, et toutefois ils ne sont pas, pour cela, des hommes injustes, ni méchants; car le dommage qu’ils causent n’est pas l’effet de la perversité. En revanche, celui qui agit ainsi, par choix et à dessein, est essentiellement injuste et vicieux. Aussi est-ce avec raison que l’on ne regarde pas les actions inspirées par la colère comme l’effet d’un dessein prémédité ; car ce n’est pas dans celui qui agit avec emportement qu’est la cause première du dommage, mais dans celui qui a provoqué la colère. Ici, d'ailleurs, la question n’est pas de savoir si le dommage existe ou non, mais c’est le juste que nous considérons, parce qu’ordinairement la colère naît d’une injustice manifeste. Car il n’en est pas de ceci comme des obligations contractées légalement, et où le fait est l’objet de la contestation alors il faut nécessairement que l’un des deux antagonistes soit un homme de mauvaise foi, à moins qu’il n’ait oublié ses engagements. Ici, au contraire, on convient du fait, mais on conteste pour savoir s’il y a justice, ou non. Celui qui a attaqué sait bien qu’il l’a fait, mais il croit avoir été provoqué par un outrage reçu, et l’autre ne le croit pas.





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Dernière mise à jour : 22/05/2008