HODOI ELEKTRONIKAI
Corpora

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre IV

ἡμαρτημένοι



Texte grec :

[4,1122] (1122a) (1) Πάντες γὰρ οὗτοι ὅθεν οὐ δεῖ λαμβάνουσι, καὶ ὁπόσον οὐ δεῖ. Κοινὸν δ᾽ ἐπ᾽ αὐτοῖς ἡ αἰσχροκέρδεια φαίνεται· πάντες γὰρ ἕνεκα κέρδους, καὶ τούτου μικροῦ, ὀνείδη ὑπομένουσιν. Τοὺς γὰρ τὰ μεγάλα μὴ ὅθεν δὲ δεῖ λαμβάνοντας, μηδὲ ἃ δεῖ, οὐ (5) λέγομεν ἀνελευθέρους, οἷον τοὺς τυράννους πόλεις πορθοῦντας καὶ ἱερὰ συλῶντας, ἀλλὰ πονηροὺς μᾶλλον καὶ ἀσεβεῖς καὶ ἀδίκους. Ὁ μέντοι κυβευτὴς καὶ ὁ λωποδύτης καὶ ὁ λῃστὴς τῶν ἀνελευθέρων εἰσίν· αἰσχροκερδεῖς γάρ. Κέρδους γὰρ ἕνεκα ἀμφότεροι πραγματεύονται καὶ ὀνείδη ὑπομένουσιν, καὶ (10) οἳ μὲν κινδύνους τοὺς μεγίστους ἕνεκα τοῦ λήμματος, οἳ δ᾽ ἀπὸ τῶν φίλων κερδαίνουσιν, οἷς δεῖ διδόναι. Ἀμφότεροι δὴ ὅθεν οὐ δεῖ κερδαίνειν βουλόμενοι αἰσχροκερδεῖς· καὶ πᾶσαι δὴ αἱ τοιαῦται λήψεις ἀνελεύθεροι. Εἰκότως δὲ τῇ ἐλευθεριότητι ἀνελευθερία ἐναντίον λέγεται· μεῖζόν τε γάρ ἐστι κακὸν τῆς (15) ἀσωτίας, καὶ μᾶλλον ἐπὶ ταύτην ἁμαρτάνουσιν ἢ κατὰ τὴν λεχθεῖσαν ἀσωτίαν. Περὶ μὲν οὖν ἐλευθεριότητος καὶ τῶν ἀντικειμένων κακιῶν τοσαῦτ᾽ εἰρήσθω. II. Δόξαι δ᾽ ἂν ἀκόλουθον εἶναι καὶ περὶ μεγαλοπρεπείας διελθεῖν. Δοκεῖ γὰρ καὶ αὐτὴ περὶ χρήματά τις ἀρετὴ εἶναι· (20) οὐχ ὥσπερ δ᾽ ἡ ἐλευθεριότης διατείνει περὶ πάσας τὰς ἐν χρήμασι πράξεις, ἀλλὰ περὶ τὰς δαπανηρὰς μόνον· ἐν τούτοις δ᾽ ὑπερέχει τῆς ἐλευθεριότητος μεγέθει. Καθάπερ γὰρ τοὔνομα αὐτὸ ὑποσημαίνει, ἐν μεγέθει πρέπουσα δαπάνη ἐστίν. Τὸ δὲ μέγεθος πρός τι· οὐ γὰρ τὸ αὐτὸ δαπάνημα τριηράρχῳ (25) καὶ ἀρχιθεωρῷ. Τὸ πρέπον δὴ πρὸς αὐτόν, καὶ ἐν ᾧ καὶ περὶ ὅ. Ὁ δ᾽ ἐν μικροῖς ἢ ἐν μετρίοις κατ᾽ ἀξίαν δαπανῶν οὐ λέγεται μεγαλοπρεπής, οἷον τὸ Πολλάκι δόσκον ἀλήτῃ, ἀλλ᾽ ὁ ἐν μεγάλοις οὕτως. Ὁ μὲν γὰρ μεγαλοπρεπὴς ἐλευθέριος, ὁ δ᾽ ἐλευθέριος οὐδὲν μᾶλλον μεγαλοπρεπής. Τῆς (30) τοιαύτης δ᾽ ἕξεως ἡ μὲν ἔλλειψις μικροπρέπεια καλεῖται, ἡ δ᾽ ὑπερβολὴ βαναυσία καὶ ἀπειροκαλία καὶ ὅσαι τοιαῦται, οὐχ ὑπερβάλλουσαι τῷ μεγέθει περὶ ἃ δεῖ, ἀλλ᾽ ἐν οἷς οὐ δεῖ καὶ ὡς οὐ δεῖ λαμπρυνόμεναι· ὕστερον δ᾽ ὑπὲρ αὐτῶν ἐροῦμεν. Ὁ δὲ μεγαλοπρεπὴς ἐπιστήμονι ἔοικεν· τὸ πρέπον γὰρ (35) δύναται θεωρῆσαι καὶ δαπανῆσαι μεγάλα ἐμμελῶς. (1122b) (1) Ὥσπερ γὰρ ἐν ἀρχῇ εἴπομεν, ἡ ἕξις ταῖς ἐνεργείαις ὁρίζεται, καὶ ὧν ἐστίν. Αἱ δὴ τοῦ μεγαλοπρεποῦς δαπάναι μεγάλαι καὶ πρέπουσαι. Τοιαῦτα δὴ καὶ τὰ ἔργα· οὕτω γὰρ ἔσται μέγα δαπάνημα καὶ πρέπον τῷ ἔργῳ. Ὥστε τὸ μὲν ἔργον τῆς δαπάνης (5) ἄξιον δεῖ εἶναι, τὴν δὲ δαπάνην τοῦ ἔργου, ἢ καὶ ὑπερβάλλειν. Δαπανήσει δὲ τὰ τοιαῦτα ὁ μεγαλοπρεπὴς τοῦ καλοῦ ἕνεκα· κοινὸν γὰρ τοῦτο ταῖς ἀρεταῖς. Καὶ ἔτι ἡδέως καὶ προετικῶς· ἡ γὰρ ἀκριβολογία μικροπρεπές. Καὶ πῶς κάλλιστον καὶ πρεπωδέστατον, σκέψαιτ᾽ ἂν μᾶλλον ἢ πόσου καὶ (10) πῶς ἐλαχίστου. Ἀναγκαῖον δὴ καὶ ἐλευθέριον τὸν μεγαλοπρεπῆ εἶναι. Καὶ γὰρ ὁ ἐλευθέριος δαπανήσει ἃ δεῖ καὶ ὡς δεῖ· ἐν τούτοις δὲ τὸ μέγα τοῦ μεγαλοπρεποῦς, οἷον μέγεθος, περὶ ταῦτα τῆς ἐλευθεριότητος οὔσης, καὶ ἀπὸ τῆς ἴσης δαπάνης τὸ ἔργον ποιήσει μεγαλοπρεπέστερον. Οὐ γὰρ ἡ αὐτὴ (15) ἀρετὴ κτήματος καὶ ἔργου. Κτῆμα μὲν γὰρ τὸ πλείστου ἄξιον τιμιώτατον, οἷον χρυσός, ἔργον δὲ τὸ μέγα καὶ καλόν (τοῦ γὰρ τοιούτου ἡ θεωρία θαυμαστή, τὸ δὲ μεγαλοπρεπὲς θαυμαστόν)· καὶ ἔστιν ἔργου ἀρετή, μεγαλοπρέπεια, ἐν μεγέθει. Ἔστι δὲ τῶν δαπανημάτων οἷα λέγομεν τὰ τίμια, οἷον τὰ (20) περὶ θεούς, ἀναθήματα καὶ κατασκευαὶ καὶ θυσίαι, ὁμοίως δὲ καὶ περὶ πᾶν τὸ δαιμόνιον, καὶ ὅσα πρὸς τὸ κοινὸν εὐφιλοτίμητά ἐστιν, οἷον εἴ που χορηγεῖν οἴονται δεῖν λαμπρῶς ἢ τριηραρχεῖν ἢ καὶ ἑστιᾶν τὴν πόλιν. Ἐν ἅπασι δ᾽ ὥσπερ εἴρηται, καὶ πρὸς τὸν πράττοντα ἀναφέρεται τὸ τίς (25) ὢν καὶ τίνων ὑπαρχόντων· ἄξια γὰρ δεῖ τούτων εἶναι, καὶ μὴ μόνον τῷ ἔργῳ ἀλλὰ καὶ τῷ ποιοῦντι πρέπειν. Διὸ πένης μὲν οὐκ ἂν εἴη μεγαλοπρεπής· οὐ γὰρ ἔστιν ἀφ᾽ ὧν πολλὰ δαπανήσει πρεπόντως· ὁ δ᾽ ἐπιχειρῶν ἠλίθιος· παρὰ τὴν ἀξίαν γὰρ καὶ τὸ δέον, κατ᾽ ἀρετὴν δὲ τὸ ὀρθῶς. Πρέπει (30) δὲ (καὶ) οἷς τοιαῦτα προϋπάρχει δι᾽ αὐτῶν ἢ τῶν προγόνων ἢ ὧν αὐτοῖς μέτεστιν, καὶ τοῖς εὐγενέσι καὶ τοῖς ἐνδόξοις καὶ ὅσα τοιαῦτα· πάντα γὰρ ταῦτα μέγεθος ἔχει καὶ ἀξίωμα. Μάλιστα μὲν οὖν τοιοῦτος ὁ μεγαλοπρεπής, καὶ ἐν τοῖς τοιούτοις δαπανήμασιν ἡ μεγαλοπρέπεια, ὥσπερ (35) εἴρηται· μέγιστα γὰρ καὶ ἐντιμότατα·

Traduction française :

[4,1122] (1122a) car tous ces gens-là prennent de l'argent où il ne faut pas, et beaucoup plus qu'il ne faut. L'avidité pour les gains les plus infâmes est ce qui les distingue, et il n'y a point d'affront qu'ils n'endurent, pourvu qu'ils en tirent quelque profit, si mince qu'il puisse être. Quant à ceux qui s'approprient des objets considérables, sans y avoir aucun droit, et contre toute raison ou justice, comme les tyrans, quand ils pillent des villes, ou qu'ils dépouillent les temples, on ne leur donne pas le nom d'avares, mais plutôt celui de scélérats, d'impies, et de violateurs de tout ce qu'il y a de juste et de sacré. Mais il faut ranger parmi les hommes incapables de tout sentiment libéral, le joueur, le brigand et le voleur ; car ce sont des gens avides de gains honteux, puisque tel est le motif qui les fait agir, et qui leur fait braver l'infamie. Les uns s'exposent aux plus grands dangers pour satisfaire leur cupidité, et les autres gagnent et s'enrichissent aux dépens de leurs amis, c'est-à-dire de ceux à qui on doit plutôt faire des dons ; les uns et les autres, en cherchant des profits illicites, sont donc, en effet, avides de gains infâmes ; et de telles manières de se procurer de l'argent sont assurément tout le contraire de la libéralité. C'est donc avec raison qu'on regarde l'avarice et la cupidité comme tout-à-fait contraires à cette vertu; car elles font plus de mal que la prodigalité, et les hommes y sont plus enclins qu'ils ne le sont à celle-ci. Voilà ce que j'avais à dire de la libéralité, et des vices qui y sont opposés. II. Le sujet qui semble le plus naturellement appeler notre examen par sa liaison avec celui que nous venons de traiter, est celui de la magnificence; car elle est, en général, regardée comme une des vertus qui se rapportent à l'emploi des richesses : cependant elle n'embrasse pas, comme la libéralité, toutes les actions relatives à cet emploi, mais seulement les occasions de dépenses considérables. A cet égard donc, elle surpasse en importance la libéralité, comme l'indique le nom même qu'on lui a donné. Et d'abord, quel sera le but de cette dépense qui doit être considérable? car sans doute elle ne sera pas la même de la part du Triérarque, et de celui qui est chargé de présider une députation ou théorie. Mais, en fait de convenances de ce genre, il faut considérer la personne qui fait la dépense, le sujet qui y donne lieu, et la somme qui y est consacrée; or, on ne donne pas le nom de magnifique à celui qui ne fait qu'une dépense proportionnée à des sujets ou peu considérables, ou d'un médiocre intérêt. C'est le cas de celui qui dit (dans Homère ) : « Plus d'une fois mes dons ont secouru l'infortuné errant et accablé de misère. » Mais on appelle magnifique celui qui se montre généreux dans les grandes occasions : car le magnifique est sans doute libéral, mais le libéral n'est pas toujours magnifique. En fait d'habitudes ou de dispositions de ce genre, le défaut s'appelle mesquinerie, lésinerie, et l'excès se nomme vanité grossière, étalage ridicule; et c'est le caractère de toute dépense considérable et excessive, qui n'est pas appliquée à des objets convenables, mais que l'on fait pour briller dans des occasions où elle n'est pas placée, et d'une manière qui ne convient pas. Au reste, nous reviendrons sur ce sujet. Il y a dans le magnifique comme un degré de science ou de connaissance, puisqu'il est capable de juger de ce qui convient, et de faire de grandes dépenses avec noblesse et dignité. (1122b) Car l'habitude, comme je l'ai dit au commencement, est déterminée par les actes qui la constituent : or les dépenses du magnifique sont considérables et convenables; tels devront donc être aussi les ouvrages qui en seront le produit ou le résultat. Car ce n'est que de cette manière que sa dépense étant considérable, pourra être en proportion avec l'oeuvre en sorte qu'il soit digne des grandes sommes qu'on y consacre, et que réciproquement la dépense soit digne du résultat qu'on en obtient, ou même le surpasse : et, dans cet excès même, le magnifique n'aura en vue que ce qui est honorable et beau, car tel est le caractère commun de toutes les vertus. De plus, il dépensera avec plaisir et avec largesse, parce que l'économie sévère est le caractère du défaut de magnificence, et que le magnifique doit plutôt envisager les moyens de donner à ce qu'il fait le caractère de la beauté et de la grandeur, que s'occuper du prix qu'il y consacre, et des moyens de faire qu'il soit le moindre possible. Il faut donc nécessairement que le magnifique soit libéral, puisque le libéral est celui qui fait la dépense qu'il faut et comme il convient; mais, en ce genre, la grandeur est ce qui fait la magnificence, c'est-à-dire la libéralité appliquée aux choses qui ont de la grandeur. Aussi, avec une dépense égale, obtiendra-t-elle un résultat plus important ; car le mérite de l'œuvre n'est pas toujours proportionné à l'étendue des moyens; ceux-ci consistent dans la possession de ce qui a un prix ou une valeur considérable, comme l'or. Mais le mérite de l'œuvre consiste dans la grandeur et dans la beauté, dont la contemplation excite toujours en nous un sentiment d'admiration; en sorte que c'est proprement la magnificence qui fait le mérite de l'œuvre ou de l'action. Cependant il y a des dépenses auxquelles on donne plus spécialement le nom d'honorables, comme sont, par exemple, les offrandes que l'on consacre dans les temples, les sacrifices, les constructions pieuses, et, en général, tout ce qui regarde la religion, et tout ce qui se fait pour le public, par un sentiment d'ambition bien placé, comme on le voit dans ceux qui croient devoir faire de grandes dépenses, soit pour les solennités des jeux, pour l'équipement des vaisseaux de guerre, ou pour les repas qu'ils donnent au peuple. Mais, dans tous ces cas, comme je l'ai dit, on considère dans celui qui fait de pareilles dépenses, qui il est, et quelle est sa fortune ; car il faut qu'elle y soit proportionnée, et qu'il y ait convenance, non seulement des moyens à l'entreprise, mais aussi à celui qui s'en charge. Aussi un homme pauvre ne saurait-il jamais être magnifique; car il n'a pas de quoi faire convenablement des dépenses considérables; et s'il l'entreprend, il sera un insensé, puisqu'il agira contre la convenance et la véritable dignité, tandis que la vertu consiste à agir raisonnablement. La magnificence n'est donc placée que dans ceux qui ont par eux-mêmes, ou qui ont reçu de leurs ancêtres, ou qui tiennent de ceux avec qui ils ont quelque lien de famille, des moyens suffisants : tels sont les hommes distingués par leur naissance, par des actions d'éclat, ou qui sont dans telle autre semblable situation, où la grandeur et la dignité se trouvent réunies. Tel est donc essentiellement le magnifique, et telle est la nature des dépenses qui constituent la magnificence, comme on l'a dit; car elles sont, en effet, très considérables et très honorables.





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Dernière mise à jour : 21/05/2008