Texte grec :
[3,9] οἵ τε δὴ ἀνδρεῖοι εἴρηνται ποῖοί τινες, καὶ οἱ δοκοῦντες ἀνδρεῖοι.
Περὶ θάρρη δὲ καὶ φόβους ἡ ἀνδρεία οὖσα οὐχ ὁμοίως
περὶ ἄμφω ἐστίν, ἀλλὰ μᾶλλον περὶ τὰ φοβερά· ὁ γὰρ
ἐν τούτοις ἀτάραχος καὶ περὶ ταῦθ´ ὡς δεῖ ἔχων ἀνδρεῖος
μᾶλλον ἢ ὁ περὶ τὰ θαρραλέα. τῷ δὴ τὰ λυπηρὰ ὑπομένειν,
ὡς εἴρηται, ἀνδρεῖοι λέγονται. διὸ καὶ ἐπίλυπον ἡ
ἀνδρεία, καὶ δικαίως ἐπαινεῖται· χαλεπώτερον γὰρ τὰ λυπηρὰ ὑπομένειν ἢ τῶν ἡδέων ἀπέχεσθαι. οὐ μὴν ἀλλὰ
(1118) δόξειεν ἂν εἶναι τὸ κατὰ τὴν ἀνδρείαν τέλος ἡδύ, ὑπὸ τῶν κύκλῳ δ´ ἀφανίζεσθαι, οἷον κἀν τοῖς γυμνικοῖς ἀγῶσι
γίνεται· τοῖς γὰρ πύκταις τὸ μὲν τέλος ἡδύ, οὗ ἕνεκα, ὁ
στέφανος καὶ αἱ τιμαί, τὸ δὲ τύπτεσθαι ἀλγεινόν, εἴπερ
σάρκινοι, καὶ λυπηρόν, καὶ πᾶς ὁ πόνος· διὰ δὲ τὸ πολλὰ
ταῦτ´ εἶναι, μικρὸν ὂν τὸ οὗ ἕνεκα οὐδὲν ἡδὺ φαίνεται ἔχειν.
εἰ δὴ τοιοῦτόν ἐστι καὶ τὸ περὶ τὴν ἀνδρείαν, ὁ μὲν θάνατος
καὶ τὰ τραύματα λυπηρὰ τῷ ἀνδρείῳ καὶ ἄκοντι ἔσται,
ὑπομενεῖ δὲ αὐτὰ ὅτι καλὸν ἢ ὅτι αἰσχρὸν τὸ μή. καὶ
ὅσῳ ἂν μᾶλλον τὴν ἀρετὴν ἔχῃ πᾶσαν καὶ εὐδαιμονέστερος ᾖ, μᾶλλον ἐπὶ τῷ θανάτῳ λυπήσεται· τῷ τοιούτῳ
γὰρ μάλιστα ζῆν ἄξιον, καὶ οὗτος μεγίστων ἀγαθῶν
ἀποστερεῖται εἰδώς, λυπηρὸν δὲ τοῦτο. ἀλλ´ οὐδὲν ἧττον ἀνδρεῖος,
ἴσως δὲ καὶ μᾶλλον, ὅτι τὸ ἐν τῷ πολέμῳ καλὸν ἀντ´
ἐκείνων αἱρεῖται. οὐ δὴ ἐν ἁπάσαις ταῖς ἀρεταῖς τὸ ἡδέως
ἐνεργεῖν ὑπάρχει, πλὴν ἐφ´ ὅσον τοῦ τέλους ἐφάπτεται.
στρατιώτας δ´ οὐδὲν ἴσως κωλύει μὴ τοὺς τοιούτους κρατίστους
εἶναι, ἀλλὰ τοὺς ἧττον μὲν ἀνδρείους, ἄλλο δ´ ἀγαθὸν μηδὲν ἔχοντας· ἕτοιμοι γὰρ οὗτοι πρὸς τοὺς κινδύνους, καὶ τὸν
βίον πρὸς μικρὰ κέρδη καταλλάττονται.
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Traduction française :
[3,9] CHAPITRE IX :
Nous venons de définir la nature des gens courageux et de
ceux qui n'ont que l'apparence du courage. Cette vertu,
tout en ayant rapport avec la confiance et la crainte, ne se
montre pas également dans les deux cas. Elle est plus
manifeste dans le cas des périls redoutables. Celui demeure
sans crainte et se comporte comme il faut des
circonstances effrayantes fait preuve de plus de courage
que celui qui affronte ce qu'on peut accomplir hardiment. 2.
Ainsi, comme nous l'avons dit, on définit le courage par la
constance montrée dans les cas pénibles; aussi le courage
s'accompagne-t-il d'affliction et on a bien raison d'en faire
l'éloge : il est plus difficile de supporter la douleur que de
s'abstenir du plaisir. 3. Néanmoins, on pourrait être tenté
de penser que, si le but qu'envisage le courage ne manque
pas de charme, les circonstances qui l'entourent en
ternissent l'éclat, comme il arrive aux jeux gymniques. En
effet, pour les pugilistes, le but n'est pas dépourvu
d'agrément, car au bout sont la couronne et les honneurs.
Mais les coups sur des êtres de chair, et toute la peine
qu'ils se donnent, ne vont pas sans douleur ni souffrance.
Nombreux sont les désagréments, mince le profit, à cause
de quoi cet exercice ne paraît pas être agréable. 4. S'il en
est ainsi par rapport au courage, la mort et les blessures ne
laissent pas d'être pénibles à l'homme courageux et de
l'atteindre à son corps défendant. Pourtant il les endure
avec constance, en se disant qu’il est beau d'agir ainsi et
honteux de faire autrement. Ajoutons que plus il possédera
la vertu complète et plus il sera heureux, plus il sera désolé
de mourir. Car, pour un homme de cette sorte, la vie
méritait tout particulièrement d'être vécue et il sait que la
mort va le priver de ses biens les plus grands. Quelle
tristesse! Son courage, néanmoins, n'en sera pas diminué.
Bien au contraire, peut-être, puisqu'il préfère à ces biens
l'éclat d'une mort à la guerre. 5. Dans l'exercice de toutes
les vertus, l'action ne s’accompagne pas de plaisir, sauf si
l'on considère la nature de la fin. Rien n'empêche peut-être
des soldats tels que nous les avons définis d'être vaincus
par de moins courageux et qui n'ont pas en vue d'autre
bien. Ces derniers eux aussi sont prêts à affronter les
dangers et ils donnent leur vie pour une maigre solde.
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