HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre I

εὐδαιμονίαν



Texte grec :

[1,9] Ὅθεν καὶ ἀπορεῖται πότερόν ἐστι μαθητὸν ἢ ἐθιστὸν ἢ καὶ ἄλλως πως ἀσκητόν, ἢ κατά τινα θείαν μοῖραν ἢ καὶ διὰ τύχην παραγίνεται. εἰ μὲν οὖν καὶ ἄλλο τί ἐστι θεῶν δώρημα ἀνθρώποις, εὔλογον καὶ τὴν εὐδαιμονίαν θεόσδοτον εἶναι, καὶ μάλιστα τῶν ἀνθρωπίνων ὅσῳ βέλτιστον. ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἴσως ἄλλης ἂν εἴη σκέψεως οἰκειότερον, φαίνεται δὲ κἂν εἰ μὴ θεόπεμπτός ἐστιν ἀλλὰ δι´ ἀρετὴν καί τινα μάθησιν ἢ ἄσκησιν παραγίνεται, τῶν θειοτάτων εἶναι· τὸ γὰρ τῆς ἀρετῆς ἆθλον καὶ τέλος ἄριστον εἶναι φαίνεται καὶ θεῖόν τι καὶ μακάριον. εἴη δ´ ἂν καὶ πολύκοινον· δυνατὸν γὰρ ὑπάρξαι πᾶσι τοῖς μὴ πεπηρωμένοις πρὸς ἀρετὴν διά τινος μαθήσεως καὶ ἐπιμελείας. εἰ δ´ ἐστὶν οὕτω βέλτιον ἢ τὸ διὰ τύχην εὐδαιμονεῖν, εὔλογον ἔχειν οὕτως, εἴπερ τὰ κατὰ φύσιν, ὡς οἷόν τε κάλλιστα ἔχειν, οὕτω πέφυκεν, ὁμοίως δὲ καὶ τὰ κατὰ τέχνην καὶ πᾶσαν αἰτίαν, καὶ μάλιστα 〈τὰ〉 κατὰ τὴν ἀρίστην. τὸ δὲ μέγιστον καὶ κάλλιστον ἐπιτρέψαι τύχῃ λίαν πλημμελὲς ἂν εἴη. συμφανὲς δ´ ἐστὶ καὶ ἐκ τοῦ λόγου τὸ ζητούμενον· εἴρηται γὰρ ψυχῆς ἐνέργεια κατ´ ἀρετὴν ποιά τις. τῶν δὲ λοιπῶν ἀγαθῶν τὰ μὲν ὑπάρχειν ἀναγκαῖον, τὰ δὲ συνεργὰ καὶ χρήσιμα πέφυκεν ὀργανικῶς. ὁμολογούμενα δὲ ταῦτ´ ἂν εἴη καὶ τοῖς ἐν ἀρχῇ· τὸ γὰρ τῆς πολιτικῆς τέλος ἄριστον ἐτίθεμεν, αὕτη δὲ πλείστην ἐπιμέλειαν ποιεῖται τοῦ ποιούς τινας καὶ ἀγαθοὺς τοὺς πολίτας ποιῆσαι καὶ πρακτικοὺς τῶν καλῶν. εἰκότως οὖν οὔτε βοῦν οὔτε ἵππον οὔτε ἄλλο τῶν ζῴων οὐδὲν εὔδαιμον λέγομεν· οὐδὲν γὰρ αὐτῶν οἷόν τε κοινωνῆσαι τοιαύτης ἐνεργείας. διὰ ταύτην δὲ τὴν αἰτίαν οὐδὲ παῖς εὐδαίμων ἐστίν· οὔπω γὰρ πρακτικὸς τῶν τοιούτων διὰ τὴν ἡλικίαν· οἱ δὲ λεγόμενοι διὰ τὴν ἐλπίδα μακαρίζονται. δεῖ γάρ, ὥσπερ εἴπομεν, καὶ ἀρετῆς τελείας καὶ βίου τελείου. πολλαὶ γὰρ μεταβολαὶ γίνονται καὶ παντοῖαι τύχαι κατὰ τὸν βίον, καὶ ἐνδέχεται τὸν μάλιστ´ εὐθηνοῦντα μεγάλαις συμφοραῖς περιπεσεῖν ἐπὶ γήρως, καθάπερ ἐν τοῖς Τρωικοῖς περὶ Πριάμου μυθεύεται· τὸν δὲ τοιαύταις χρησάμενον τύχαις καὶ τελευτήσαντα ἀθλίως οὐδεὶς εὐδαιμονίζει.

Traduction française :

[1,9] CHAPITRE IX : Mais ici se pose une question embarrassante : le bonheur est-il susceptible d'être enseigné, d'être acquis par l'usage ou à la suite de quelque entraînement ? Ou bien le recevons-nous comme un don des dieux ou comme un heureux hasard de la fortune ? 2. Si les dieux nous font quelque autre don, il est rationnel de voir également dans le bonheur un présent des dieux, d'autant plus qu'il est pour l'homme le plus précieux des biens. 3. Mais vraisemblablement cette question se relie mieux à un autre genre de recherches. Et il est évident. — en admettant même qu'il ne nous soit pas accordé par les dieux et qu'on l'obtienne par la vertu, par quelque étude ou exercice — qu'il est de l'ordre des choses souverainement divines. Car le prix et la fin de la vertu, de toute évidence, sont excellents et divins en quelque sorte et générateurs de bonheur. 4. Il se pourrait également qu'il fût fort répandu. Car il n'est pas impossible qu'il échoie, grâce à quelque étude ou à quelque application, à ceux qui ne sont pas rebelles à la vertu. 5. Qu'il vaille mieux être heureux de la sorte que par l'effet du hasard, voilà qui est fondé en raison. Si les plus belles choses possibles selon la nature le sont par une disposition naturelle, 6. il en va de même de celles qui dépendent d'un art ou d'une cause quelconque et à plus forte raison de celles qui dépendent d'une cause excellente. Aussi s'en remettre au hasard pour ce qui est essentiel et souverainement beau, ce serait émettre la plus fausse note. 7. L'objet de notre recherche est donc manifeste et conforme à notre explication. Nous avons dit en effet que le bonheur était une certaine activité de l'âme conforme à la vertu ; quant aux autres biens, les uns, de toute nécessité, sont à notre disposition, tandis que les autres sont auxiliaires, fournis par la nature comme d'utiles instruments. 8. En outre ces caractères ne sont pas sans s'accorder avec ce que nous avons dit au début. Nous avons reconnu comme la plus élevée la fin de la science politique ; car celle-ci s'occupe de rendre les hommes tels qu'ils soient de bons citoyens, pratiquant l'honnêteté. 9. Nous sommes donc fondés à n'attribuer le bonheur ni à un boeuf, ni à un cheval, ni à aucun autre animal ; car aucun d'eux n'est capable de participer à une activité de cet ordre. 10. Pour la même raison, le bonheur ne s'applique pas à l'enfant, car son jeune âge ne lui permet pas encore de faire usage de sa raison. Les enfants qu'on juge heureux ne sont déclarés tels qu'en raison des espérances qu'ils donnent. Le bonheur exige, en effet, comme nous l'avons dit, une vertu parfaite et une existence accomplie. 11. C'est que, dans le cours de la vie, il survient bien des changements et des hasards de toute sorte ; et il arrive que l'homme le plus comblé tombe, à l'âge de la vieillesse, dans les plus grands malheurs, comme les poètes nous l'ont raconté dans leurs récits héroïques au sujet de Priam. Quand on éprouve de pareilles infortunes et quand on finit aussi lamentablement, nul ne peut déclarer que l'on est heureux.





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Dernière mise à jour : 11/06/2008