Texte grec :
[7] CHAPITRE VII.
1 Πῶς δὲ νοῶν ὁτὲ μὲν πράττει ὁτὲ δ´ οὐ πράττει, καὶ κινεῖται, ὁτὲ δ´ οὐ κινεῖται; 2 ἔοικε παραπλησίως συμβαίνειν καὶ περὶ τῶν ἀκινήτων διανοουμένοις καὶ συλλογιζομένοις. Ἀλλ´ ἐκεῖ μὲν θεώρημα τὸ τέλος (ὅταν γὰρ τὰς δύο προτάσεις νοήσῃ, τὸ συμπέρασμα ἐνόησε καὶ συνέθηκεν), ἐνταῦθα δ´ ἐκ τῶν δύο προτάσεων τὸ συμπέρασμα γίνεται ἡ πρᾶξις, οἷον ὅταν νοήσῃ ὅτι παντὶ βαδιστέον ἀνθρώπῳ, αὐτὸς δ´ ἄνθρωπος, βαδίζει εὐθέως, ἂν δ´ ὅτι οὐδενὶ βαδιστέον νῦν ἀνθρώπῳ, αὐτὸς δ´ ἄνθρωπος, εὐθὺς ἠρεμεῖ· καὶ ταῦτα ἄμφω πράττει, ἂν μή τι κωλύῃ ἢ ἀναγκάζῃ. Ποιητέον μοι ἀγαθόν, οἰκία δ´ ἀγαθόν· ποιεῖ οἰκίαν εὐθύς. Σκεπάσματος δέομαι, ἱμάτιον δὲ σκέπασμα· ἱματίου δέομαι. Οὗ δέομαι, ποιητέον· ἱματίου δέομαι· ἱμάτιον ποιητέον. Καὶ τὸ συμπέρασμα, τὸ ἱμάτιον ποιητέον, πρᾶξίς ἐστιν. Πράττει δ´ ἀπ´ ἀρχῆς. Εἰ ἱμάτιον ἔσται, ἀνάγκη εἶναι τόδε πρῶτον, εἰ δὲ τόδε, τόδε· καὶ τοῦτο πράττει εὐθύς. 3 Ὅτι μὲν οὖν ἡ πρᾶξις τὸ συμπέρασμα, φανερόν· αἱ δὲ προτάσεις αἱ ποιητικαὶ διὰ δύο εἰδῶν γίνονται, διά τε τοῦ ἀγαθοῦ καὶ διὰ τοῦ δυνατοῦ. Ὥσπερ δὲ τῶν ἐρωτώντων ἔνιοι, οὕτω τὴν ἑτέραν πρότασιν τὴν δήλην οὐδ´ ἡ διάνοια ἐφιστᾶσα σκοπεῖ οὐδέν· οἷον εἰ τὸ βαδίζειν ἀγαθὸν ἀνθρώπῳ, ὅτι αὐτὸς ἄνθρωπος, οὐκ ἐνδιατρίβει. 4 Διὸ καὶ ὅσα μὴ λογισάμενοι πράττομεν, ταχὺ πράττομεν. Ὅταν ἐνεργήσῃ γὰρ ἢ τῇ αἰσθήσει πρὸς τὸ οὗ ἕνεκα ἢ τῇ φαντασίᾳ ἢ τῷ νῷ, οὗ ὀρέγεται, εὐθὺς ποιεῖ· ἀντ´ ἐρωτήσεως γὰρ ἢ νοήσεως ἡ τῆς ὀρέξεως γίνεται ἐνέργεια. Ποτέον μοι, ἡ ἐπιθυμία λέγει· τοδὶ δὲ ποτόν, ἡ αἴσθησις εἶπεν ἢ ἡ φαντασία ἢ ὁ νοῦς· εὐθὺς πίνει.
5 Οὕτως μὲν οὖν ἐπὶ τὸ κινεῖσθαι καὶ πράττειν τὰ ζῷα ὁρμῶσι, τῆς μὲν ἐσχάτης αἰτίας τοῦ κινεῖσθαι ὀρέξεως οὔσης, ταύτης δὲ γινομένης ἢ δι´ αἰσθήσεως ἢ διὰ φαντασίας καὶ νοήσεως. Τῶν δ´ ὀρεγομένων πράττειν τὰ μὲν δι´ ἐπιθυμίαν ἢ θυμὸν τὰ δὲ (702) δι´ ὄρεξιν ἢ βούλησιν τὰ μὲν ποιοῦσι, τὰ δὲ πράττουσιν. 6 Ὥσπερ δὲ τὰ αὐτόματα κινεῖται μικρᾶς κινήσεως γινομένης, λυομένων τῶν στρεβλῶν καὶ κρουόντων ἀλλήλας τὰς στρέβλας, καὶ τὸ ἁμάξιον, ὅπερ ὀχούμενον αὐτὸ κινεῖ εἰς εὐθύ, καὶ πάλιν κύκλῳ κινεῖται τῷ ἀνίσους ἔχειν τοὺς τροχούς (ὁ γὰρ ἐλάττων ὥσπερ κέντρον γίνεται, καθάπερ ἐν τοῖς κυλίνδροις), 7 οὕτω καὶ τὰ ζῷα κινεῖται. Ἔχει γὰρ ὄργανα τοιαῦτα τήν τε τῶν νεύρων φύσιν καὶ τὴν τῶν ὀστῶν, τὰ μὲν ὡς ἐκεῖ τὰ ξύλα καὶ ὁ σίδηρος, τὰ δὲ νεῦρα ὡς αἱ στρέβλαι· ὧν λυομένων καὶ ἀνιεμένων κινοῦνται. 8 Ἐν μὲν οὖν τοῖς αὐτομάτοις καὶ τοῖς ἁμαξίοις οὐκ ἔστιν ἀλλοίωσις, ἐπεὶ εἰ ἐγίνοντο ἐλάττους οἱ ἐντὸς τροχοὶ καὶ πάλιν μείζους, κἂν κύκλῳ τὸ αὐτὸ ἐκινεῖτο· ἐν δὲ τῷ ζῴῳ δύναται τὸ αὐτὸ καὶ μεῖζον καὶ ἔλαττον γίνεσθαι καὶ τὰ σχήματα μεταβάλλειν, αὐξανομένων τῶν μορίων διὰ θερμότητα καὶ πάλιν συστελλομένων διὰ ψύξιν καὶ ἀλλοιουμένων. 9 Ἀλλοιοῦσι δ´ αἱ φαντασίαι καὶ αἱ αἰσθήσεις καὶ αἱ ἔννοιαι. Αἱ μὲν γὰρ αἰσθήσεις εὐθὺς ὑπάρχουσιν ἀλλοιώσεις τινὲς οὖσαι, ἡ δὲ φαντασία καὶ ἡ νόησις τὴν τῶν πραγμάτων ἔχουσι δύναμιν· τρόπον γάρ τινα τὸ εἶδος τὸ νοούμενον τὸ τοῦ θερμοῦ ἢ ψυχροῦ ἢ ἡδέος ἢ φοβεροῦ τοιοῦτον τυγχάνει ὂν οἷόν περ καὶ τῶν πραγμάτων ἕκαστον, διὸ καὶ φρίττουσι καὶ φοβοῦνται νοήσαντες μόνον. 10 Ταῦτα δὲ πάντα πάθη καὶ ἀλλοιώσεις εἰσίν. Ἀλλοιουμένων δ´ ἐν τῷ σώματι τὰ μὲν μείζω τὰ δ´ ἐλάττω γίνεται. Ὅτι δὲ μικρὰ μεταβολὴ γινομένη ἐν ἀρχῇ μεγάλας καὶ πολλὰς ποιεῖ διαφορὰς ἄποθεν, οὐκ ἄδηλον· οἷον τοῦ οἴακος ἀκαριαῖόν τι μεθισταμένου πολλὴ ἡ τῆς πρώρας γίνεται μετάστασις. 11 Ἔτι δὲ κατὰ θερμότητα ἢ ψύξιν ἢ κατ´ ἄλλο τι τοιοῦτον πάθος ὅταν γένηται ἀλλοίωσις περὶ τὴν καρδίαν, καὶ ἐν ταύτῃ κατὰ μέγεθος ἐν ἀναισθήτῳ μορίῳ, πολλὴν ποιεῖ τοῦ σώματος διαφορὰν ἐρυθήμασι καὶ ὠχρότησι καὶ φρίκαις καὶ τρόμοις καὶ τοῖς τούτων ἐναντίοις.
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Traduction française :
[7] CHAPITRE `VII.
§ 1. Mais comment se peut-il que l'animal, à la suite de sa pensée, tantôt agisse et tantôt n'agisse pas ? Comment peut-il tantôt se mouvoir et tantôt ne se point mouvoir.
§ 2. On pourrait presque dire qu'il en est ici comme lorsque l'intelligence et la raison s'appliquent à des choses immobiles; seulement, pour la pensée, le but final c'est l'objet qu'elle contemple; et, en effet, dès que l'intelligence a pensé les deux propositions, elle pense aussi, et leur adjoint du même coup, la conclusion. Mais dans l'ordre du mouvement, la conclusion qui ressort des deux propositions, c'est l'action que l'être accomplit. Ainsi, par exemple, quand l'être pense que tout homme peut marcher et qu'il est homme lui-même, il marche sur-le-champ. Mais s'il pense qu'aucun homme ne peut marcher, et que lui-même est homme, il reste sur-le-champ en repos. L'être fait donc l'une et l'autre de ces deux choses, si rien ne l'en empêche et que rien ne le contraigne à s'en abstenir : « Il me faut faire quelque chose de commode, une maison est commode; » et il fait sur-le-champ sa maison. « J'ai besoin de me couvrir, un manteau me couvre, j'ai besoin d'un manteau, il faut faire ce dont j'ai besoin; » il faut donc faire un manteau. Or, cette conclusion : « Il faut faire un manteau, » c'est une action. On agit d'après le principe qu'on a posé. Pour que manteau soit fait, il faut que la première proposition soit admise; si elle l'est l'autre le sera aussi; et sur-le-champ l'être agit.
§ 3. Il est donc évident que l'action est la conclusion; et les propositions d'où l'action doit sortir, se produisent sous deux formes : celle du bien et celle du possible, mais de même qu'il arrive parfois dans les argumentations, de même l'intelligence ne regarde pas davantage à la seconde proposition, qui est évidente; et elle ne s'y arrête pas. Par exemple, s'il est bon pour l'homme de marcher, on ne s'arrête point à cette autre proposition, que soi-même on est homme.
§ 4. Voilà aussi pourquoi nous faisons avec grande rapidité les choses que nous faisons sans raisonnement préalable; et quand la sensibilité s'élance énergiquement vers le but qu'on se propose, ou que c'est l'imagination, ou l'intelligence qui nous y porte, l'être satisfait son désir sur-le-champ. C'est l'acte du désir qui se produit, et remplace, soit l'interrogation, soit l'entendement. « Il me faut boire, » dit le désir; « ceci est une chose à boire, » dit la sensation, ou l'imagination, ou la raison; et l'on boit aussitôt.
§ 5. C'est donc ainsi que les animaux se déterminent au mouvement ou à l'action; et la cause du mouvement est en définitive le désir qui est produit, soit par la sensation, soit par l'imagination, soit par l'intelligence. Quand les êtres désirent faire quelque chose, c'est tantôt par la passion ou par l'instinct; tantôt c'est par l'impulsion du désir ou de la volonté, soit que l'action se produise sur le dehors, soit qu'elle ne sorte pas d'eux.
§ 6. Il en est absolument comme dans les automates, qui se meuvent par le moindre mouvement dès que les ressorts sont lâchés, parce que les ressorts peuvent agir ensuite les uns sur les autres; par exemple, le petit chariot qui se meut tout seul. On le meut d'abord en ligne droite; puis ensuite son mouvement devient circulaire, parce que ses roues sont inégales, et que la plus petite fait centre comme dans les cylindres.
§ 7. C'est absolument ainsi que les animaux se meuvent. Leurs instruments sont, et l'appareil des nerfs, et celui des os. Les os sont en quelque sorte les bois et les fers des automates; les nerfs sont comme les ressorts qui, une fois relâchés, se détendent et meuvent les machines.
§ 8. Cependant, dans les automates et dans ces petits chariots il n'y a aucune modification intérieure, puisque si les roues devenaient en dedans plus petites et puis ensuite plus grandes, le même mouvement circulaire n'en aurait pas moins lieu. Dans l'animal, au contraire, la même pièce peut devenir tantôt plus grande et tantôt plus petite; et les formes mêmes peuvent changer, quand les parties diverses s'augmentent sous l'influence de la chaleur et se resserrent ensuite sous l'influence du froid; ensuite quand elles subissent quelque modification interne.
§ 9. Ces modifications peuvent être causées par l'imagination, par la sensibilité et par la pensée. Ainsi les sensations sont bien des espèces de modifications qu'on éprouve directement. Quant à l'imagination et à la pensée, elles ont la puissance même qu'ont les choses. Par exemple, l'espèce, l'idée du chaud ou du froid, du plaisir ou de la douleur que se forme la pensée, est à peu près ce que sont chacune de ces choses. Il suffit de penser à certaines choses pour frissonner et trembler d'épouvante.
§ 10. Ce sont bien là certainement, dans tous ces cas, des impressions et des modifications que l'être éprouve; mais les changements qui se produisent dans le corps, sont tantôt plus forts, tantôt plus faibles. On comprend, du reste, fort aisément qu'un changement, qui à son début est très petit, puisse produire, à une certaine distance, des différences aussi considérables que nombreuses. C'est comme le gouvernail, qui n'a qu'à se déplacer d'une manière imperceptible pour causer à la proue un déplacement énorme.
§ 11. De plus, lorsque l'altération qui est produite par la chaleur ou le froid, ou telle autre cause pareille, parvient jusqu'au cœur, bien que dans le cœur la partie qui est ainsi modifiée soit excessivement petite, cependant la modification que par suite le corps subit, est très considérable, soit qu'elle se manifeste par de la rougeur et de la pâleur, du frisson, des tremblements, ou par des mouvements contraires à ceux-là.
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