Texte grec :
[3] CHAPITRE III.
1 Ἀπορήσειε δ´ ἄν τις, ἆρ´ εἴ τι κινεῖ τὸν ὅλον οὐρανόν, εἶναι θέλει ἀκίνητον, καὶ τοῦτο μηθὲν εἶναι τοῦ οὐρανοῦ μόριον μηδ´ ἐν τῷ οὐρανῷ. Εἴτε γὰρ αὐτὸ κινούμενον κινεῖ αὐτόν, ἀνάγκη τινὸς ἀκινήτου θιγγάνον κινεῖν, καὶ τοῦτο μηδὲν εἶναι μόριον τοῦ κινοῦντος· εἴτ´ εὐθὺς ἀκίνητόν ἐστι τὸ κινοῦν, ὁμοίως οὐδὲν ἔσται τοῦ κινουμένου μόριον. 2 Καὶ τοῦτό γ´ ὀρθῶς λέγουσιν οἱ λέγοντες, ὅτι κύκλῳ φερομένης τῆς σφαίρας οὐδ´ ὁτιοῦν μένει μόριον· ἢ γὰρ ἂν ὅλην ἀναγκαῖον ἦν μένειν, ἢ διασπᾶσθαι τὸ συνεχὲς αὐτῆς. 3 Ἀλλ´ ὅτι τοὺς πόλους οἴονταί τινα δύναμιν ἔχειν, οὐθὲν ἔχοντας μέγεθος ἀλλ´ ὄντας ἔσχατα καὶ στιγμάς, οὐ καλῶς. Πρὸς γὰρ τῷ μηδεμίαν οὐσίαν εἶναι τῶν τοιούτων μηδενός, καὶ κινεῖσθαι τὴν μίαν κίνησιν ὑπὸ δυοῖν ἀδύνατον· τοὺς δὲ πόλους δύο ποιοῦσιν.
4 Ὅτι μὲν οὖν ἔχει τι καὶ πρὸς τὴν ὅλην φύσιν οὕτως ὥσπερ ἡ γῆ πρὸς τὰ ζῷα καὶ τὰ κινούμενα δι´ αὐτῶν, ἐκ τῶν τοιούτων ἄν τις διαπορήσειεν.
5 Οἱ δὲ μυθικῶς τὸν Ἄτλαντα ποιοῦντες ἐπὶ τῆς γῆς ἔχοντα τοὺς πόδας δόξαιεν ἂν ἀπὸ διανοίας εἰρηκέναι τὸν μῦθον, ὡς τοῦτον ὥσπερ διάμετρον ὄντα καὶ στρέφοντα τὸν οὐρανὸν περὶ τοὺς πόλους· τοῦτο δ´ ἂν συμβαίνῃ καὶ κατὰ λόγον διὰ τὸ τὴν γῆν μένειν, ἀλλὰ τοῖς ταῦτα λέγουσιν ἀναγκαῖον φάναι μηδὲν εἶναι μόριον αὐτὴν τοῦ παντός, 6 πρὸς δὲ τούτοις δεῖ τὴν ἰσχὺν ἰσάζειν τοῦ κινοῦντος καὶ τὴν τοῦ μένοντος. Ἔστι γάρ τι πλῆθος ἰσχύος καὶ δυνάμεως καθ´ ἣν μένει τὸ μένον, ὥσπερ καὶ καθ´ ἣν κινεῖ τὸ κινοῦν· καὶ ἔστι τις ἀναλογία ἐξ ἀνάγκης, ὥσπερ τῶν ἐναντίων κινήσεων, οὕτω καὶ τῶν ἠρεμιῶν. Καὶ αἱ μὲν ἴσαι ἀπαθεῖς ὑπ´ ἀλλήλων, κρατοῦνται δὲ κατὰ τὴν ὑπεροχήν. (700) 7 Διόπερ εἴτ´ Ἄτλας εἴτε τι τοιοῦτόν ἐστιν ἕτερον τὸ κινοῦν τῶν ἐντός, οὐδὲν μᾶλλον ἀντερείδειν δεῖ τῆς μονῆς ἣν ἡ γῆ τυγχάνει μένουσα· ἢ κινηθήσεται ἡ γῆ ἀπὸ τοῦ μέσου καὶ ἐκ τοῦ αὐτῆς τόπου. Ὡς γὰρ τὸ ὠθοῦν ὠθεῖ, οὕτω τὸ ὠθούμενον ὠθεῖται, καὶ ὁμοίως κατ´ ἰσχύν. Κινεῖ δὲ τὸ ἠρεμοῦν πρῶτον, ὥστε μᾶλλον καὶ πλείων ἡ ἰσχὺς ἢ ὁμοία καὶ ἴση τῆς ἠρεμίας. Ὡσαύτως δὲ καὶ ἡ τοῦ κινουμένου μέν, μὴ κινοῦντος δέ. 8 Τοσαύτην οὖν δεήσει τὴν δύναμιν εἶναι τῆς γῆς ἐν τῷ ἠρεμεῖν ὅσην ὅ τε πᾶς οὐρανὸς ἔχει καὶ τὸ κινοῦν αὐτόν. Εἰ δὲ τοῦτο ἀδύνατον, ἀδύνατον καὶ τὸ κινεῖσθαι τὸν οὐρανὸν ὑπό τινος τοιούτου τῶν ἐντός.
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Traduction française :
[3] CHAPITRE III.
§ 1. Ici, une question peut être posée : Si quelque force meut le ciel entier, faut-il que cette force soit immobile; et ne doit-elle, à la fois, ni faire partie du ciel, ni être dans le ciel? D'une part, si l'on admet que cette force donne le mouvement au ciel en étant mue elle même, il y a nécessité qu'elle meuve, en s'appuyant sur quelque chose d'immobile qu'elle touche et qui ne fasse pas partie de ce qui meut le ciel. D'autre part, si l'on suppose que le moteur est directement immobile, de cette façon il ne sera pas davantage une partie de ce qui est mû.
§ 2. On a donc raison de prétendre que quand une sphère se ment circulairement, il n'y a pas une seule de ses parties qui demeure immobile; car il faudrait nécessairement, ou que cette sphère restât tout entière en repos, ou que sa continuité fût rompue.
§3. Mais on a tort de supposer quelque puissance dans les pôles, qui n'ont pas de grandeur et qui ne sont que des points et des extrémités. En effet, outre qu'aucun être mathématique de ce genre n'a de réalité substantielle, il faut ajouter qu'il est impossible qu'un seul et unique mouvement soit produit par deux forces; et pourtant l'on suppose deux pôles.
§ 4. Tels sont les motifs, par lesquels on pourrait s'assurer qu'il existe un principe, qui est à la nature entière ce que la terre est aux animaux et aux choses qu'ils mettent en mouvement.
§ 5. Mais ceux qui ont inventé la fable d'Atlas, dont les pieds posent sur la terre, sembleraient s'être trompés en faisant d'Atlas une sorte de diamètre, et en lui faisant rouler le ciel autour des pôles. Cela paraît d'abord assez rationnel, puisque la terre est immobile; mais une suite nécessaire de cette opinion, c'est de soutenir que la terre ne fait point partie de l'univers.
§ 6. De plus, il faut admettre que la force de ce qui meut est égale à celle de ce qui reste immobile; car il y a une quantité de force et de puissance qui fait rester immobile ce qui est immobile, tout à fait comme il y en a une suivant laquelle le moteur donne le mouvement. Et une proportion est absolument nécessaire entre les repos, tout aussi bien qu'entre les mouvements contraires. Quand deux forces sont égales, elles ne peuvent agir l'une sur l'autre; et il n'y a que la supériorité de l'une qui puisse vaincre l'autre.
§ 7. Aussi, que ce soit Atlas, ou quelqu'une des parties intérieures de la terre qui donne le mouvement, il n'en faut pas moins que le moteur fasse équilibre à l'immobilité dont est douée la terre immobile; ou bien la terre sortirait du centre et quitterait la place qu'elle occupe. En effet, autant donne d'impulsion le corps qui pousse, autant en reçoit le corps qui est poussé. Ceci s'applique également à la force; or, ce qui meut, c'est ce qui primitivement est en repos; et par conséquent, la force doit en être plus considérable et plus grande que l'inertie; ou elle doit lui être pareille et égale; de même encore pour la force du corps qui est mû et qui ne meut pas.
§ 8. Il faudra donc que la force d'inertie de la terre soit aussi grande que la force que possèdent et le ciel entier et ce qui le met en mouvement. Mais si cela est impossible, il est impossible également que le ciel soit mis ainsi en mouvement par quelqu'une des parties intérieures.
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