Texte grec :
[1,21] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΙ'.
§ 1. Ἐχόμενον δ´ ἂν εἴη τούτου λέγειν ὑπὲρ πραότητος, {καὶ} τί ἐστι καὶ ἐν
τίσιν. Ἔστιν {μὲν} οὖν ἡ πραότης ἀνὰ μέσον ὀργιλότητος καὶ ἀοργησίας. Καὶ
ὅλως δὲ δοκοῦσιν αἱ ἀρεταὶ μεσότητές τινες εἶναι. Ὅτι δ´ εἰσὶ μεσότητες,
καὶ οὕτως ἄν τις εἴποι· εἰ γάρ ἐστιν ἐν μεσότητι τὸ βέλτιστον, ἡ δ´ ἀρετή
ἐστιν ἡ βελτίστη ἕξις, {βέλτιστον δ´ ἐστὶ τὸ μέσον,} ἡ ἀρετὴ ἂν εἴη τὸ
μέσον.
§ 2. Δῆλον δὲ ἔσται μᾶλλον καὶ καθ´ ἕκαστον σκοποῦσιν. Ἐπειδὴ γάρ ἐστιν
ὀργίλος ὁ παντὶ καὶ πάντως καὶ ἐπὶ πλεῖον ὀργιζόμενος, καὶ ψεκτὸς δὲ ὁ
τοιοῦτος (οὔτε γὰρ παντὶ δεῖ ὀργίζεσθαι οὔτ´ ἐπὶ πᾶσιν οὔτε πάντως καὶ
ἀεί, οὐδ´ αὖ πάλιν οὕτως ἔχειν δεῖ, ὥστε μηθενὶ μηδέποτε· καὶ γὰρ οὗτος
ψεκτός, ἀνάλγητός γε ὤν).
§ 3. Ἐπεὶ τοίνυν καὶ ὁ κατὰ τὴν ὑπερβολὴν ψεκτὸς καὶ ὁ κατὰ τὴν ἔλλειψιν·
ὁ μέσος ἂν τούτων εἴη καὶ πρᾶος καὶ ἐπαινετός. Οὔτε γὰρ ὁ ἐλλείπων τῇ ὀργῇ
οὔτε ὁ ὑπερβάλλων ἐπαινετός, ἀλλ´ ὁ μέσως ἔχων πρὸς ταῦτα, οὗτος πρᾶος.
Καὶ ἡ πραότης δὲ τούτων τῶν παθῶν μεσότης ἂν εἴη.
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Traduction française :
[1,21] CHAPITRE XXI.
§. 1. A la suite de ceci, nous pouvons parler de la douceur, et montrer ce
qu'elle est et en quoi elle consiste. Disons d'abord que la douceur est un
milieu entre l'emportement, qui se met toujours en colère, et
l'impassibilité, qui ne peut jamais s'y mettre. Nous avons déjà vu que
toutes les vertus en général sont des milieux. Cette théorie pourrait être
facilement prouvée, s'il en était besoin, et l'on n'aurait qu'à remarquer
qu'en toutes choses le meilleur est dans le milieu ; que la vertu est la
disposition la meilleure ; et que, le milieu étant le meilleur, la vertu
est par conséquent le milieu.
§ 2. L'exactitude de cette observation sera d'autant plus évidente qu'on
la vérifiera sur chaque cas particulier. Ainsi, l'homme irascible est
celui qui s'emporte contre tout le monde, dans tous les cas, et au-delà
des bornes. C'est une disposition très blâmable. Car il ne convient pas
de s'emporter, ni contre tout le monde, ni pour toute chose, ni de toute
façon, ni toujours, pas plus qu'il ne convient davantage de ne jamais
s'emporter, ni pour quoi que ce soit, ni contre personne. Cet excès
d'impassibilité est blâmable au même degré.
§ 3. Mais si l'on mérite le blâme pour être dans l'excès et dans le
défaut, celui qui sait rester dans le vrai milieu, est à la fois doux et
louable. On ne saurait approuver le caractère qui éprouve trop vivement le
sentiment de la colère, ni le caractère qui l'éprouve trop peu. Mais
celui-là est doux véritablement qui sait se tenir dans une juste mesure
entre ces deux extrêmes. Ainsi, la douceur est le milieu entre les
passions que nous venons de décrire
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