Texte grec :
[1,20] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι'.
§ 1. Ἡ μὲν οὖν ἀνδρεία καὶ ὁ ἀνδρεῖος τοιοῦτος· σωφροσύνη δ´ ἐστὶν μεσότης
ἀκολασίας καὶ ἀναισθησίας τῆς περὶ τὰς ἡδονάς. Ἔστιν γὰρ ἡ σωφροσύνη καὶ
ἁπλῶς ἅπασα ἀρετὴ ἕξις ἡ βελτίστη, ἡ δὲ βελτίστη ἕξις τοῦ βελτίστου ἐστίν,
βέλτιστον δὲ τῆς ὑπερβολῆς καὶ τῆς ἐνδείας τὸ μέσον· κατ´ ἀμφότερα γάρ
εἰσι ψεκτοί, καὶ καθ´ ὑπερβολὴν καὶ κατ´ ἔνδειαν. Ὥστε εἴπερ τὸ μέσον
βέλτιστον, ἡ σωφροσύνη μεσότης τις ἂν εἴη ἀκολασίας καὶ ἀναισθησίας.
§ 2. Μεσότης μὲν οὖν ἂν εἴη τούτων· ἔστιν δὲ ἡ σωφροσύνη περὶ ἡδονὰς καὶ
λύπας, οὐ πάσας δὲ οὐδὲ τὰς περὶ πάντα. Οὐ γὰρ εἴ τις ἥδεται θεωρῶν γραφὴν
ἢ ἀνδριάντα ἤ τι ἄλλο τῶν τοιούτων, καὶ δὴ οὗτος ἀκόλαστος, ὁμοίως δὲ οὐδὲ
περὶ ἀκοῆς οὐδὲ περὶ ὀσφρήσεως· ἀλλ´ ἐν ἡδοναῖς ταῖς περὶ ἁφὴν καὶ γεῦσιν.
§ 3. Οὐδὲ δὴ περὶ ταύτας ἀνὴρ σώφρων ἔσται ὁ οὕτως ἔχων ὥστε μηδ´ ὑπὸ
μιᾶς τῶν τοιούτων ἡδονῶν μηθὲν πάσχειν (ὁ μὲν γὰρ τοιοῦτος ἀναίσθητος),
ἀλλ´ ἤδη ὁ πάσχων καὶ μὴ ἀγόμενος, ὥστε εἰς ὑπερβολὴν αὐτῶν ἀπολαύων πάντα
τἆλλα ποιεῖσθαι πάρεργα, καὶ αὐτόν γε τὸν ἤδη αὐτοῦ τοῦ καλοῦ ἕνεκεν καὶ
μὴ ἄλλου πράττοντα σώφρονα * *.
§ 4. Ὅστις γὰρ τῶν τοιούτων ἡδονῶν τῆς ὑπερβολῆς ἀπέχεται ἢ διὰ φόβον ἢ
δι´ ἄλλο τι τῶν τοιούτων, οὐ σώφρων. Οὐδὲ γὰρ τἆλλα ζῷα λέγομεν εἶναι
σώφρονα ἔξω ἀνθρώπου, διὰ τὸ μὴ εἶναι ἐν αὐτοῖς λόγον, ᾧ δοκιμάζοντα τὸ
καλὸν αἱροῦνται. Πᾶσα γὰρ ἀρετὴ τοῦ καλοῦ καὶ πρὸς τὸ καλὸν ἐστίν. Ὥστε
εἴη ἂν ἡ σωφροσύνη περὶ ἡδονὰς καὶ λύπας, καὶ ταύτας τὰς ἐν ἁφῇ καὶ γεύσει
γινομένας.
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Traduction française :
[1,20] CHAPITRE XX.
§ 1. La tempérance est un milieu entre la débauche et l'insensibilité en
fait de plaisirs. La tempérance, comme en général toute autre vertu, est
une excellente disposition morale ; et une excellente disposition ne peut
regarder que l'excellent. Or, en ce genre, l'excellent c'est le milieu
entre l'excès et le défaut. Les deux extrêmes contraires nous rendent
également blâmables, et nous péchons aussi bien dans l'un que dans
l'autre. Puis donc que le meilleur est le milieu, la tempérance tiendra le
milieu entre la débauche et l'insensibilité, et elle sera le moyen terme
de ces extrêmes.
§ 2. Mais si la tempérance se rapporte aux plaisirs et aux peines, elle ne
s'applique pas à toutes les peines ni à tous les plaisirs; elle ne se
produit pas dans tous les cas indistinctement où les uns et les autres se
produisent. Ainsi, pour prendre du plaisir à voir un tableau, une statue
ou tel autre objet analogue, on ne méritera pas d'être appelé intempérant
et débauché. De même non plus, pour les plaisirs de l'ouïe ou de l'odorat.
Mais on peut l'être pour les plaisirs du toucher ou du goût.
§ 3. Un homme ne sera pas tempérant, même à l'égard de ces plaisirs
particuliers, parce qu'il n'éprouvera pas d'émotion sous l'influence
d'aucun d'eux ; car alors il ne serait qu'insensible. Mais il sera
tempérant, si, tout en les sentant, il ne se laisse pas maîtriser par eux,
au point de négliger, pour en jouir avec excès, tous ses devoirs; et la
vraie tempérance sera de rester sage et modéré, uniquement par ce motif
qu'il est bien de l'être.
§ 4. Car si l'on s'abstient de tout excès dans ces plaisirs, soit par
crainte, soit par tel autre sentiment analogue, ce n'est plus de la
tempérance. Aussi, excepté l'homme, ne disons-nous jamais des autres
animaux qu'ils sont tempérants; car ils ne possèdent pas la raison, qui
pourrait leur servir à distinguer et à choisir ce qui est bon ; et toute
vertu s'applique au bien, et ne concerne que lui. En résumé, on peut dire
que la tempérance se rapporte aux plaisirs et aux peines, mais seulement à
ceux que peu vent nous donner les deux sens du toucher et du goût.
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