Texte grec :
[2,1] Α'.
(353a.32) § 1. Περὶ δὲ θαλάττης, καὶ τίς ἡ φύσις αὐτῆς, καὶ διὰ τίν' αἰτίαν ἁλμυρὸν
τοσοῦτόν ἐστιν ὕδατος πλῆθος, ἔτι δὲ περὶ τῆς ἐξ ἀρχῆς γενέσεως λέγωμεν.
§ 2. Οἱ μὲν οὖν ἀρχαῖοι καὶ διατρίβοντες περὶ τὰς θεολογίας ποιοῦσιν αὐτῆς
πηγάς, ἵν' (353b) αὐτοῖς ὦσιν ἀρχαὶ καὶ ῥίζαι γῆς καὶ θαλάττης· τραγικώτερον
γὰρ οὕτω καὶ σεμνότερον ὑπέλαβον ἴσως εἶναι τὸ λεγόμενον, ὡς μέγα τι τοῦ
παντὸς τοῦτο μόριον ὄν· καὶ τὸν λοιπὸν οὐρανὸν ὅλον περὶ τοῦτον συνεστάναι
τὸν τόπον καὶ τούτου χάριν ὡς ὄντα τιμιώτατον καὶ ἀρχήν.
§ 3. Οἱ δὲ σοφώτεροι τὴν ἀνθρωπίνην σοφίαν ποιοῦσιν αὐτῆς γένεσιν· εἶναι γὰρ
τὸ πρῶτον ὑγρὸν ἅπαντα τὸν περὶ τὴν γῆν τόπον, ὑπὸ δὲ τοῦ ἡλίου
ξηραινόμενον τὸ μὲν διατμίσαν πνεύματα καὶ τροπὰς ἡλίου καὶ σελήνης φασὶ
ποιεῖν, τὸ δὲ λειφθὲν θάλατταν εἶναι· διὸ καὶ ἐλάττω γίγνεσθαι ξηραινομένην
οἴονται, καὶ τέλος ἔσεσθαί ποτε πᾶσαν ξηράν.
§ 4. Ἔνιοι δ' αὐτῶν θερμαινομένης φασὶν ὑπὸ τοῦ ἡλίου τῆς γῆς οἷον ἱδρῶτα
γίγνεσθαι· διὸ καὶ ἁλμυρὰν εἶναι· καὶ γὰρ ὁ ἱδρὼς ἁλμυρός.
§ 5. Οἱ δὲ τῆς ἁλμυρότητος αἰτίαν τὴν γῆν εἶναί φασιν· καθάπερ γὰρ τὸ διὰ τῆς
τέφρας ἠθούμενον ἁλμυρὸν γίγνεται, τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ ταύτην ἁλμυρὰν
εἶναι μειχθείσης αὐτῇ τοιαύτης γῆς.
§ 6. Ὅτι μὲν οὖν πηγὰς τῆς θαλάττης ἀδύνατον εἶναι, διὰ τῶν ὑπαρχόντων ἤδη
θεωρεῖν δεῖ. Τῶν γὰρ περὶ τὴν γῆν ὑδάτων τὰ μὲν ῥυτὰ τυγχάνει ὄντα τὰ δὲ
στάσιμα. Τὰ μὲν οὖν ῥυτὰ πάντα πηγαῖα· περὶ δὲ τῶν πηγῶν εἰρήκαμεν
πρότερον ὅτι δεῖ νοεῖν οὐχ ὥσπερ ἐξ ἀγγείου ταμιευόμενον τὴν ἀρχὴν εἶναι
πηγήν, ἀλλ' εἰς ἓν ἀεὶ γιγνόμενον καὶ συρρέον ἀπαντᾶν πρώτην.
§ 7. Τῶν δὲ στασίμων τὰ μὲν συλλογιμαῖα καὶ ὑποστάσεις, οἷον τὰ τελματιαῖα καὶ
ὅσα λιμνώδη, πλήθει καὶ ὀλιγότητι διαφέροντα, τὰ δὲ πηγαῖα. Ταῦτα δὲ πάντα
χειρόκμητα, λέγω δ' οἷον τὰ φρεατιαῖα καλούμενα· πάντων γὰρ ἀνωτέρω δεῖ τὴν
πηγὴν εἶναι τῆς ῥύσεως.
§ 8. Διὸ τὰ μὲν αὐτόματα ῥεῖ τὰ κρηναῖα καὶ ποτάμια, ταῦτα δὲ τέχνης
προσδεῖται τῆς ἐργασομένης. Αἱ μὲν οὖν διαφοραὶ τοσαῦται καὶ τοιαῦται τῶν
ὑδάτων εἰσίν·
§ 9. τούτων δ' οὕτω διωρισμένων ἀδύνατον πηγὰς εἶναι τῆς θαλάττης· ἐν
οὐδετέρῳ γὰρ τούτων οἷόν τ' εἶναι τῶν γενῶν αὐτήν· οὔτε γὰρ ἀπόρρυτός ἐστιν
οὔτε χειροποίητος, τὰ δὲ πηγαῖα πάντα τούτων θάτερον πέπονθεν· αὐτόματον δὲ
στάσιμον τοσοῦτον πλῆθος οὐδὲν ὁρῶμεν πηγαῖον γιγνόμενον.
§ 10. (354a) Ἔτι δ' ἐπεὶ πλείους εἰσὶ θάλατται πρὸς ἀλλήλας οὐ συμμειγνύουσαι
κατ' οὐδένα τόπον, ὧν ἡ μὲν ἐρυθρὰ φαίνεται κατὰ μικρὸν κοινωνοῦσα πρὸς τὴν
ἔξω στηλῶν θάλατταν, ἡ δ' Ὑρκανία καὶ Κασπία κεχωρισμέναι τε ταύτης καὶ
περιοικούμεναι κύκλῳ, ὥστ' οὐκ ἂν ἐλάνθανον αἱ πηγαί, εἰ κατά τινα τόπον
αὐτῶν ἦσαν.
§ 11. Ῥέουσα δ' ἡ θάλαττα φαίνεται κατά τε τὰς στενότητας, εἴ που διὰ τὴν
περιέχουσαν γῆν εἰς μικρὸν ἐκ μεγάλου συνάγεται πελάγους, διὰ τὸ
ταλαντεύεσθαι δεῦρο κἀκεῖσε πολλάκις. Τοῦτο δ' ἐν μὲν πολλῷ πλήθει θαλάττης
ἄδηλον· ᾗ δὲ διὰ τὴν στενότητα τῆς γῆς ὀλίγον ἐπέχει τόπον, ἀναγκαῖον τὴν ἐν
τῷ πελάγει μικρὰν ταλάντωσιν ἐκεῖ φαίνεσθαι μεγάλην.
§ 12. Ἡ δ' ἐντὸς Ἡρακλείων στηλῶν ἅπασα κατὰ τὴν τῆς γῆς κοιλότητα ῥεῖ, καὶ
τῶν ποταμῶν τὸ πλῆθος· ἡ μὲν γὰρ Μαιῶτις εἰς τὸν Πόντον ῥεῖ, οὗτος δ' εἰς τὸν
Αἰγαῖον. Τὰ δ' ἤδη τούτων ἔξω πελάγη ἧττον ποιεῖ τοῦτ' ἐπιδήλως.
§ 13. Ἐκείνοις δὲ διά τε τὸ τῶν ποταμῶν πλῆθος συμβαίνει τοῦτο (πλείους γὰρ
εἰς τὸν Εὔξεινον ῥέουσιν ποταμοὶ καὶ τὴν Μαιῶτιν ἢ τὴν πολλαπλασίαν χώραν
αὐτῆς) καὶ διὰ τὴν βραχύτητα τοῦ βάθους· ἀεὶ γὰρ ἔτι βαθυτέρα φαίνεται οὖσα ἡ
θάλαττα, καὶ τῆς (354a.20) μὲν Μαιώτιδος ὁ Πόντος, τούτου δ' ὁ Αἰγαῖος, τοῦ δ'
Αἰγαίου ὁ Σικελικός· ὁ δὲ Σαρδονικὸς καὶ Τυρρηνικὸς βαθύτατοι πάντων.
§ 14. Τὰ δ' ἔξω στηλῶν βραχέα μὲν διὰ τὸν πηλόν, ἄπνοα δ' ἐστὶν ὡς ἐν κοίλῳ τῆς
θαλάττης οὔσης.
§ 15. Ὥσπερ οὖν καὶ κατὰ μέρος ἐκ τῶν ὑψηλῶν οἱ ποταμοὶ φαίνονται ῥέοντες,
οὕτω καὶ τῆς ὅλης γῆς ἐκ τῶν ὑψηλοτέρων τῶν πρὸς ἄρκτον τὸ ῥεῦμα γίγνεται τὸ
πλεῖστον· ὥστε τὰ μὲν διὰ τὴν ἔκχυσιν οὐ βαθέα, τὰ δ' ἔξω πελάγη βαθέα
μᾶλλον.
§ 16. Περὶ δὲ τοῦ τὰ πρὸς ἄρκτον εἶναι τῆς γῆς ὑψηλὰ σημεῖόν τι καὶ τὸ πολλοὺς
πεισθῆναι τῶν ἀρχαίων μετεωρολόγων τὸν ἥλιον μὴ φέρεσθαι ὑπὸ γῆν ἀλλὰ
περὶ τὴν γῆν καὶ τὸν τόπον τοῦτον, ἀφανίζεσθαι δὲ καὶ ποιεῖν νύκτα διὰ τὸ
ὑψηλὴν εἶναι πρὸς ἄρκτον τὴν γῆν.
§ 17. Ὅτι μὲν οὖν οὔτε πηγὰς οἷόν τ' εἶναι τῆς θαλάττης, καὶ διὰ τίν' αἰτίαν οὕτως
φαίνεται ῥέουσα, τοιαῦτα καὶ τοσαῦθ' ἡμῖν εἰρήσθω.
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Traduction française :
[2,1] CHAPITRE PREMIER.
(353a.32) §1. Parlons maintenant de la mer ; et disons quelle en est la nature et par
quelle cause une si grande masse d'eau est salée. Disons aussi comment elle s'est
formée dès l'origine.
5 2. Les anciens et ceux qui s'occupent de théologie supposent qu'elle a des sources ;
et c'est un moyen pour eux (353b) d'expliquer les principes et les racines de la terre et
de la mer. Ils se sont peut-être imaginé que c'était là une manière de donner quelque
chose de plus relevé et de plus tragique à leurs explications, sur cette partie de
l'univers si considérable à leurs yeux ; et ils ont cru que le ciel tout entier n'était
composé qu'en faveur de ce point au tour duquel il était constitué, et qui serait le
plus important et le principe de tout le reste.
§ 3. Mais des gens plus sages, au sens d'une sagesse purement humaine, expliquent
la formation de la mer en disant que dans le principe, la terre tout entière et ce qui
l'environne était liquide, et qu'une partie desséchée par le soleil, et se vaporisant, a
causé les vents et les mouvements divers du soleil et de la lune, et que l'autre partie
qui resta devint la mer. Aussi ajoutent-ils que la mer en se desséchant diminue de
volume, et qu'à la fin elle se desséchera tout entière.
§ 4. Quelques-uns de ces philosophes disent aussi que la terre échauffée par le soleil
produit une sorte de sueur, et que c'est là ce qui rend la mer salée ; car la sueur, à les
entendre, est salée.
§ 5. D'autres prétendent que c'est la terre qui est cause de la salure de la mer ; car de
même que l'eau qui filtre à travers la cendre devient salée, de même aussi la mer le
devient, parce que la terre se mêle à elle avec des propriétés analogues.
§ 6. Mais sans aller plus loin, il faut faire voir qu'il est impossible, d'après les faits,
que la mer ait des sources. Parmi les eaux que nous voyons à la surface de la terre, les
unes sont courantes, les autres sont stagnantes. Toutes celles qui coulent viennent de
sources ; et nous avons dit antérieurement qu'il faut entendre par source non pas une
sorte de vase d'où s'écoulerait l'eau qui y aurait été conservée d'abord, mais qu'il faut
entendre un premier point où se réunit toujours l'eau qui s'accumule.
§ 7. Parmi les eaux stagnantes, les unes ne sont que des amas, des dépôts, comme les
étangs par exemple et les marais, ne différant d'ailleurs que du plus au moins ;
d'autres proviennent de sources ; et celles-là sont toutes obtenues par le travail de
l'homme, comme ce qu'on appelle les eaux de puits ; car pour celles qui coulent, il
faut toujours que la source soit plus élevée que le lit du courant.
§ 8. Ainsi donc il y a des eaux qui coulent toutes seules, ce sont celles des sources
naturelles et des fleuves ; les autres au contraire ont besoin des travaux de l'art, qui
les crée. Telles sont les différences des eaux, et il n'y en a pas d'autres.
§ 9. Ces points une fois fixés, nous disons qu'il est impossible que la mer ait des
sources. On ne saurait en effet la ranger dans aucune des espèces que nous venons
d'indiquer. Elle ne coule pas ; elle n'est pas non plus faite de main d'homme. Mais
toutes les eaux provenant de sources sont de l'une ou l'autre façon ; et nous ne
pouvons jamais voir une aussi grande masse d'eau stagnante par elle-même qui
vienne de source.
§ 10. (354a) Il faut ajouter qu'il y a plusieurs mers qui n'ont entre elles aucune
communication. Si la Mer Rouge paraît communiquer de proche en proche avec la
mer qui est en dehors des Colonnes, la mer d'Hyrcanie, et la mer Caspienne en sont
tout à fait isolées ; tout le tour en est habité, et si ces deux mers avaient leurs sources
quelque part, on les aurait certainement découvertes.
§ 11. La mer, il est vrai, paraît couler quand les lieux sont rétrécis, là où la terre
environnante resserre tout-à-coup dans un petit espace une vaste étendue d'eau ; et
ce qui le fait croire, c'est l'agitation en sens divers qu'elle a toujours dans ces endroits.
Mais on ne voit jamais rien de pareil en pleine mer, tandis que dans les lieux où la
mer n'occupe plus qu'un petit espace à cause du rapprochement des terres, il faut
nécessairement que l'agitation y paraisse considérable, bien qu'elle soit fort petite en
haute mer.
§ 12. La mer qui est en dedans des Colonnes d'Hercule coule à cause de la concavité
de la terre et aussi à cause de la multitude des fleuves ; car le Palus Méotide coule
dans le Pont, comme celui-ci coule dans la Mer Égée. Mais dans toutes les autres
mers en dehors de celles là, le phénomène est beaucoup moins sensible.
§ 13. S'il est plus apparent dans ces mers, c'est d'abord qu'elles reçoivent beaucoup de
fleuves ; car il coule plus de fleuves dans le Pont-Euxin et le Palus Méotide que sur
tout autre surface beaucoup plus grande de terre ; et c'est aussi que la profondeur de
l'eau y est moindre. En effet, la mer paraît de plus en plus profonde. Le Pont l'est
plus que le Palus Méotide, la mer Égée plus que le Pont, la mer de Sicile plus que la
mer Égée ; et ce sont la mer de Sicile et la mer de Tyrrhénie qui sont les plus
profondes de toutes.
§ 14. Au contraire, les parties qui sont en dehors des Colonnes sont peu profondes à
cause de la boue qui s'y rassemble, et le vent n'y souffle pas, sans doute parce que la
mer y est comme dans un fond.
§ 15. De même donc qu'en particulier les fleuves coulent des lieux hauts, de même
aussi en général pour toute la terre, le cours le plus abondant des eaux vient surtout
des parties les plus élevées, qui sont au nord. Il en résulte que parmi les mers les
unes sont peu profondes à cause du déversement qui s'y produit, mais que les mers
extérieures le sont davantage.
§ 16. Ce qui paraîtrait prouver aussi que les parties hautes de la terre sont bien au
nord, c'est que la plupart des anciens météorologistes ont cru que le soleil se retirait
non pas sous la terre, mais derrière la terre, en ce lieu où il disparaissait, et faisait la
nuit à cause de l'élévation même de la terre dans le nord.
§ 17. Voilà ce que nous avions à dire pour montrer qu'il n'est pas possible que la mer
ait des sources, et comment il se fait qu'elle semble quelquefois couler.
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