HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre XIV

οὐχ



Texte grec :

[14,4] CHAPITRE IV. Τοῦ μὲν οὖν περιττοῦ γένεσιν οὔ φασιν, ὡς δηλονότι τοῦ (24) ἀρτίου οὔσης γενέσεως· τὸν δ᾽ ἄρτιον πρῶτον ἐξ ἀνίσων τινὲς (25) κατασκευάζουσι τοῦ μεγάλου καὶ μικροῦ ἰσασθέντων. Ἀνάγκη οὖν πρότερον ὑπάρχειν τὴν ἀνισότητα αὐτοῖς τοῦ ἰσασθῆναι· εἰ δ᾽ ἀεὶ ἦσαν ἰσασμένα, οὐκ ἂν ἦσαν ἄνισα πρότερον (τοῦ γὰρ ἀεὶ οὐκ ἔστι πρότερον οὐθέν ) , ὥστε φανερὸν ὅτι οὐ τοῦ θεωρῆσαι ἕνεκεν ποιοῦσι τὴν γένεσιν τῶν ἀριθμῶν. Ἔχει δ᾽ (30) ἀπορίαν καὶ εὐπορήσαντι ἐπιτίμησιν πῶς ἔχει πρὸς τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ καλὸν τὰ στοιχεῖα καὶ αἱ ἀρχαί· ἀπορίαν μὲν ταύτην, πότερόν ἐστί τι ἐκείνων οἷον βουλόμεθα λέγειν αὐτὸ τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ ἄριστον, ἢ οὔ, ἀλλ᾽ ὑστερογενῆ. Παρὰ μὲν γὰρ τῶν θεολόγων ἔοικεν ὁμολογεῖσθαι τῶν νῦν τισίν, οἳ οὔ (35) φασιν, ἀλλὰ προελθούσης τῆς τῶν ὄντων φύσεως καὶ τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ καλὸν ἐμφαίνεσθαι (τοῦτο δὲ ποιοῦσιν εὐλαβούμενοι ἀληθινὴν δυσχέρειαν ἣ συμβαίνει τοῖς λέγουσιν, ὥσπερ ἔνιοι, τὸ ἓν ἀρχήν· (1091b) (1) ἔστι δ᾽ ἡ δυσχέρεια οὐ διὰ τὸ τῇ ἀρχῇ τὸ εὖ ἀποδιδόναι ὡς ὑπάρχον, ἀλλὰ διὰ τὸ τὸ ἓν ἀρχὴν καὶ ἀρχὴν ὡς στοιχεῖον καὶ τὸν ἀριθμὸν ἐκ τοῦ ἑνός ) , οἱ δὲ ποιηταὶ οἱ ἀρχαῖοι ταύτῃ ὁμοίως, ᾗ βασιλεύειν καὶ (5) ἄρχειν φασὶν οὐ τοὺς πρώτους, οἷον νύκτα καὶ οὐρανὸν ἢ χάος ἢ ὠκεανόν, ἀλλὰ τὸν Δία· οὐ μὴν ἀλλὰ τούτοις μὲν διὰ τὸ μεταβάλλειν τοὺς ἄρχοντας τῶν ὄντων συμβαίνει τοιαῦτα λέγειν, ἐπεὶ οἵ γε μεμιγμένοι αὐτῶν (καὶ) τῷ μὴ μυθικῶς πάντα λέγειν, οἷον Φερεκύδης καὶ ἕτεροί τινες, (10) τὸ γεννῆσαν πρῶτον ἄριστον τιθέασι, καὶ οἱ Μάγοι, καὶ τῶν ὑστέρων δὲ σοφῶν οἷον Ἐμπεδοκλῆς τε καὶ Ἀναξαγόρας, ὁ μὲν τὴν φιλίαν στοιχεῖον ὁ δὲ τὸν νοῦν ἀρχὴν ποιήσας. Τῶν δὲ τὰς ἀκινήτους οὐσίας εἶναι λεγόντων οἱ μέν φασιν αὐτὸ τὸ ἓν τὸ ἀγαθὸν αὐτὸ εἶναι· οὐσίαν μέντοι τὸ ἓν αὐτοῦ (15) ᾤοντο εἶναι μάλιστα. Ἡ μὲν οὖν ἀπορία αὕτη, ποτέρως δεῖ λέγειν· θαυμαστὸν δ᾽ εἰ τῷ πρώτῳ καὶ ἀϊδίῳ καὶ αὐταρκεστάτῳ τοῦτ᾽ αὐτὸ πρῶτον οὐχ ὡς ἀγαθὸν ὑπάρχει, τὸ αὔταρκες καὶ ἡ σωτηρία. Ἀλλὰ μὴν οὐ δι᾽ ἄλλο τι ἄφθαρτον ἢ διότι εὖ ἔχει, οὐδ᾽ αὔταρκες, ὥστε τὸ μὲν φάναι τὴν (20) ἀρχὴν τοιαύτην εἶναι εὔλογον ἀληθὲς εἶναι, τὸ μέντοι ταύτην εἶναι τὸ ἕν, ἢ εἰ μὴ τοῦτο, στοιχεῖόν γε καὶ στοιχεῖον ἀριθμῶν, ἀδύνατον. Συμβαίνει γὰρ πολλὴ δυσχέρεια—ἣν ἔνιοι φεύγοντες ἀπειρήκασιν, οἱ τὸ ἓν μὲν ὁμολογοῦντες ἀρχὴν εἶναι πρώτην καὶ στοιχεῖον, τοῦ ἀριθμοῦ δὲ τοῦ μαθηματικοῦ (25) —ἅπασαι γὰρ αἱ μονάδες γίγνονται ὅπερ ἀγαθόν τι, καὶ πολλή τις εὐπορία ἀγαθῶν. Ἔτι εἰ τὰ εἴδη ἀριθμοί, τὰ εἴδη πάντα ὅπερ ἀγαθόν τι· ἀλλὰ μὴν ὅτου βούλεται τιθέτω τις εἶναι ἰδέας· εἰ μὲν γὰρ τῶν ἀγαθῶν μόνον, οὐκ ἔσονται οὐσίαι αἱ ἰδέαι, εἰ δὲ καὶ τῶν οὐσιῶν, πάντα τὰ ζῷα καὶ (30) τὰ φυτὰ ἀγαθὰ καὶ τὰ μετέχοντα. Ταῦτά τε δὴ συμβαίνει ἄτοπα, καὶ τὸ ἐναντίον στοιχεῖον, εἴτε πλῆθος ὂν εἴτε τὸ ἄνισον καὶ μέγα καὶ μικρόν, τὸ κακὸν αὐτό (διόπερ ὁ μὲν ἔφευγε τὸ ἀγαθὸν προσάπτειν τῷ ἑνὶ ὡς ἀναγκαῖον ὄν, ἐπειδὴ ἐξ ἐναντίων ἡ γένεσις, τὸ κακὸν τὴν τοῦ πλήθους φύσιν (35) εἶναι· οἱ δὲ λέγουσι τὸ ἄνισον τὴν τοῦ κακοῦ φύσιν ) · συμβαίνει δὴ πάντα τὰ ὄντα μετέχειν τοῦ κακοῦ ἔξω ἑνὸς αὐτοῦ τοῦ ἑνός, καὶ μᾶλλον ἀκράτου μετέχειν τοὺς ἀριθμοὺς ἢ τὰ μεγέθη, (1092a) (1) καὶ τὸ κακὸν τοῦ ἀγαθοῦ χώραν εἶναι, καὶ μετέχειν καὶ ὀρέγεσθαι τοῦ φθαρτικοῦ· φθαρτικὸν γὰρ τοῦ ἐναντίου τὸ ἐναντίον. Καὶ εἰ ὥσπερ ἐλέγομεν ὅτι ἡ ὕλη ἐστὶ τὸ δυνάμει ἕκαστον, οἷον πυρὸς τοῦ ἐνεργείᾳ τὸ δυνάμει (5) πῦρ, τὸ κακὸν ἔσται αὐτὸ τὸ δυνάμει ἀγαθόν. Ταῦτα δὴ πάντα συμβαίνει, τὸ μὲν ὅτι ἀρχὴν πᾶσαν στοιχεῖον ποιοῦσι, τὸ δ᾽ ὅτι τἀναντία ἀρχάς, τὸ δ᾽ ὅτι τὸ ἓν ἀρχήν, τὸ δ᾽ ὅτι τοὺς ἀριθμοὺς τὰς πρώτας οὐσίας καὶ χωριστὰ καὶ εἴδη.

Traduction française :

[14,4] CHAPITRE IV. Ils disent qu'il n'y a pas de production de l'impair; car, disent-ils, c'est évidemment le pair qui se produit. Quelques-uns prétendent que le premier nombre pair vient du grand et du petit, inégaux d'abord, puis amenés à l'égalité. Il faut donc qu'ils admettent que l'inégalité était avant l'égalité. Or, si l'égalité est éternelle, l'inégalité n'était pas antérieure, car il n'y a rien avant ce qui est de toute éternité. Il est clair dès lors que leur système relativement à la production du nombre est défectueux. Mais voici une nouvelle difficulté, qui, si l'on y prend garde, accuse les partisans de ce système. Quel rôle jouent, relativement au bien et au beau, les principes et les éléments ? Et voici en quoi consiste la difficulté : Y a-t-il quelque principe qui soit ce que nous appelons le bien en soi, ou bien n'y en a-t-il pas, et le bien et l'excellent sont-ils postérieurs sous le rapport de la production ? Quelques-uns des Théologiens d'aujourd'hui paraissent adopter cette dernière solution : ils ne regardent pas le bien comme principe; mais ils disent que le bien et le beau apparurent après que les êtres de l'univers furent arrivés à l'existence. Ils se sont rangés à cette opinion pour éviter une difficulté véritable qu'entraîné la doctrine de ceux qui prétendent, comme l'ont fait quelques philosophes, que l'unité est principe. (1091b) La difficulté vient, non pas de ce que l'on dit que le bien se trouve joint au principe, mais de ce que l'on admet l'unité comme principe, en tant qu'élément, et qu'on fait venir le nombre de l'unité. Les anciens poètes semblent partager cet avis ; en effet, ce qui règne, ce qui commande, suivant eux, ce rie sont pas les premiers êtres; ce n'est pas la Nuit, ni le Ciel, ni le Chaos, ni l'Océan, mais Jupiter. Il leur arrive quelquefois pourtant de changer les chefs du monde, et de dire que la Nuit, l'Océan, sont le principe des choses. Ceux mêmes d'entre eux qui ont mêlé la philosophie et la poésie, et qui n'enveloppent, pas toujours leur pensée sous le voile des fables, par exemple Phérécyde, les Mages et quelques autres, disent que le bien suprême est le principe producteur de tous les êtres. Les sages qui vinrent ensuite, Empédocle, Anaxagore, prétendirent, l'un que c'est l'amitié, l'autre que c'est l'intelligence qui est le principe des êtres. 310 Parmi ceux qui admettent que les principes des êtres sont des substances immobiles, quelques-uns avancèrent que l'unité en soi est le bien en soi ; cependant ils pensaient que son essence était surtout l'unité en soi. La difficulté, la voici: Est-ce l'unité qui est principe, est-ce le bien ? Or, il serait étonnant, s'il y a un être premier, éternel, si avant tout il se suffit à lui-même, il serait étonnant que ce ne fût pas le bien qui constituât ce privilège, cette indépendance. Car cet être n'est impérissable, il ne se suffit à lui- même, que parce qu'il possède le bien. Dire que tel est le caractère du principe des êtres, c'est être dans le vrai, c'est parler conformément à la raison. Mais dire que ce principe est l'unité, ou, sinon l'unité, du moins un élément, l'élément des nombres, cela est inadmissible. Il résulterait de cette supposition plusieurs difficultés, et c'est pour y échapper que quelques-uns ont dit que l'unité était bien réellement un premier principe, un élément, mais qu'elle était l'élément du nombre mathématique. Car chaque monade est une sorte de bien, et on a ainsi une multitude de biens. De plus, si les idées sont des nombres, chaque idée est un bien particulier. D'un autre côté, peu importe quels seront les êtres dont on dira qu'il y a des idées. S il n'y a des idées que de ce qui est bien, les substances ne seront pas des idées ; s'il y a des idées de toutes les substances, tous les animaux, toutes les plantes, tout ce qui participera des idées sera bon. Mais c'est là une conséquence absurde ; et d'ailleurs l'élément contraire, que ce soit la pluralité ou l'inégalité, ou le grand et le petit, serait le mal en soi. Aussi un 311 philosophe a-t-il refusé de réunir en un seul principe l'unité et le bien, parce qu'il aurait fallu dire que le principe opposé, la pluralité, était le mal, puisque la production vient des contraires. Il en est d'autres toutefois qui prétendent que l'inégalité est le mal. D'où il résulte que tous les êtres participent du mal, excepté l'unité en soi, et de plus que le nombre en participe moins que les grandeurs ; (1092a) que le mal fait partie du domaine du bien ; que le bien participe du principe destructeur, et qu'il aspire à sa propre destruction, car le contraire est la destruction du contraire. Et si, comme nous l'avons établi, la matière de chaque être, c'est cet être en puissance, ainsi le feu en puissance la matière du feu en acte, alors le mal sera le bien en puissance. Toutes ces conséquences résultent de ce qu'on admet, ou que tout principe est un élément, ou que les contraires sont principes, ou que l'unité est principe, ou enfin que les nombres sont les premières substances, qu'ils sont séparés, qu'ils sont des idées.





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Dernière mise à jour : 10/12/2009