HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre X

ζῷον



Texte grec :

[10,9] CHAPITRE IX. Ἀπορήσειε δ' ἄν τις διὰ τί γυνὴ ἀνδρὸς οὐκ εἴδει διαφέρει, (30) ἐναντίου τοῦ θήλεος καὶ τοῦ ἄρρενος ὄντος τῆς δὲ διαφορᾶς ἐναντιώσεως, οὐδὲ ζῷον θῆλυ καὶ ἄρρεν ἕτερον τῷ εἴδει· καίτοι καθ' αὑτὸ τοῦ ζῴου αὕτη ἡ διαφορὰ καὶ οὐχ ὡς λευκότης ἢ μελανία ἀλλ' ᾗ ζῷον καὶ τὸ θῆλυ καὶ τὸ ἄρρεν ὑπάρχει. Ἔστι δ' ἡ ἀπορία αὕτη σχεδὸν ἡ αὐτὴ καὶ διὰ (35) τί ἡ μὲν ποιεῖ τῷ εἴδει ἕτερα ἐναντίωσις ἡ δ' οὔ, οἷον τὸ πεζὸν καὶ τὸ πτερωτόν, λευκότης δὲ καὶ μελανία οὔ. Ἢ ὅτι τὰ μὲν οἰκεῖα πάθη τοῦ γένους τὰ δ' ἧττον; Καὶ ἐπειδή ἐστι τὸ μὲν λόγος τὸ δ' ὕλη, (1058b)(1) ὅσαι μὲν ἐν τῷ λόγῳ εἰσὶν ἐναντιότητες εἴδει ποιοῦσι διαφοράν, ὅσαι δ' ἐν τῷ συνειλημμένῳ τῇ ὕλῃ οὐ ποιοῦσιν. Διὸ ἀνθρώπου λευκότης οὐ ποιεῖ οὐδὲ μελανία, οὐδὲ τοῦ λευκοῦ ἀνθρώπου ἔστι διαφορὰ κατ' εἶδος πρὸς (5) μέλανα ἄνθρωπον, οὐδ' ἂν ὄνομα ἓν τεθῇ. Ὡς ὕλη γὰρ ὁ ἄνθρωπος, οὐ ποιεῖ δὲ διαφορὰν ἡ ὕλη· οὐδ' ἀνθρώπου γὰρ εἴδη εἰσὶν οἱ ἄνθρωποι διὰ τοῦτο, καίτοι ἕτεραι αἱ σάρκες καὶ τὰ ὀστᾶ ἐξ ὧν ὅδε καὶ ὅδε· ἀλλὰ τὸ σύνολον ἕτερον μέν, εἴδει δ' οὐχ ἕτερον, ὅτι ἐν τῷ λόγῳ οὐκ ἔστιν ἐναντίωσις. Τοῦτο δ' (10) ἐστὶ τὸ ἔσχατον ἄτομον· ὁ δὲ Καλλίας ἐστὶν ὁ λόγος μετὰ τῆς ὕλης· καὶ ὁ λευκὸς δὴ ἄνθρωπος, ὅτι Καλλίας λευκός· κατὰ συμβεβηκὸς οὖν ὁ ἄνθρωπος. Οὐδὲ χαλκοῦς δὴ κύκλος καὶ ξύλινος· οὐδὲ τρίγωνον χαλκοῦν καὶ κύκλος ξύλινος, οὐ διὰ τὴν ὕλην εἴδει διαφέρουσιν ἀλλ' ὅτι ἐν τῷ λόγῳ (15) ἔνεστιν ἐναντίωσις. Πότερον δ' ἡ ὕλη οὐ ποιεῖ ἕτερα τῷ εἴδει, οὖσά πως ἑτέρα, ἢ ἔστιν ὡς ποιεῖ; Διὰ τί γὰρ ὁδὶ ὁ ἵππος τουδὶ <τοῦ> ἀνθρώπου ἕτερος τῷ εἴδει; καίτοι σὺν τῇ ὕλῃ οἱ λόγοι αὐτῶν. Ἢ ὅτι ἔνεστιν ἐν τῷ λόγῳ ἐναντίωσις; καὶ γὰρ τοῦ λευκοῦ ἀνθρώπου καὶ μέλανος ἵππου, καὶ ἔστι γε (20) εἴδει, ἀλλ' οὐχ ᾗ ὁ μὲν λευκὸς ὁ δὲ μέλας, ἐπεὶ καὶ εἰ ἄμφω λευκὰ ἦν, ὅμως ἂν ἦν εἴδει ἕτερα. Τὸ δὲ ἄρρεν καὶ θῆλυ τοῦ ζῴου οἰκεῖα μὲν πάθη, ἀλλ' οὐ κατὰ τὴν οὐσίαν ἀλλ' ἐν τῇ ὕλῃ καὶ τῷ σώματι, διὸ τὸ αὐτὸ σπέρμα θῆλυ ἢ ἄρρεν γίγνεται παθόν τι πάθος. Τί μὲν οὖν ἐστὶ τὸ τῷ εἴδει ἕτερον (25) εἶναι, καὶ διὰ τί τὰ μὲν διαφέρει εἴδει τὰ δ' οὔ, εἴρηται.

Traduction française :

[10,9] CHAPITRE IX. On se demandera sans doute pourquoi l'homme ne diffère pas d'espèce avec la femme, y ayant opposition entre le féminin et le masculin, et la différence d'espèce étant une contrariété ; et pourquoi le mâle et la femelle ne sont pas des animaux d'espèce différente, puisque la différence qu'il y a entre eux est une différence essentielle de l'animal, et que ce n'est pas là un accident comme la couleur blanche ou noire, mais que c'est en tant qu'animal, que l'animal est masculin ou féminin. Cette difficulté revient à peu près à celle-ci : Pourquoi telle contrariété produit-elle, et telle autre ne produit-elle pas la différence d'espèce ? Il y a différence d'espèce, par exemple, entre l'animal qui marche sur la terre et celui qui a des ailes tandis que 149 l'opposition de la blancheur et de la couleur noire ne produit pas cette différence. Pourquoi cela ? dira-t-on. C'est que parmi les caractères des êtres, les uns sont des modifications propres du genre, les autres n'atteignent pas le genre lui-même. Et puis, il y a d'un côté la notion pure des êtres, et de l'autre leur matière. (1058b) Toutes les oppositions qui résident dans la notion pure constituent des différences d'espèce ; toutes celles qui n'existent que dans l'ensemble de l'essence et de la matière n'en produisent pas : d'où il suit que ni la blancheur de l'homme, ni sa couleur noire ne constituent des différences dans le genre, et qu'il n'y a pas de différence d'espèce entre l'homme blanc et l'homme noir, quand même on leur donnerait à chacun un nom. En effet, l'homme est, pour ainsi dire, la matière des hommes. Or, la matière ne produit pas de différence. En effet, les hommes ne sont pas des espèces de l'homme. Ainsi donc, bien qu'il y ait différence entre les chairs et les os dont se compose tel ou tel homme, l'ensemble, différent il est vrai, ne diffère point spécifiquement, parce qu'il n'y a pas contrariété dans la notion essentielle : l'ensemble est le dernier individu de l'espèce. Callias, c'est l'essence unie à la matière. Donc c'est parce que Callias est blanc que l'homme est blanc lui-même ; donc c'est accidentellement que l'homme est blanc ; donc 150 aussi ce n'est point la matière qui peut constituer une différence d'espèce entre le triangle d'airain et le triangle de bois; il faut qu'il y ait contrariété dans la notion essentielle des figures. Mais est-il vrai que la matière, bien qu'en quelque sorte différente, ne produise jamais de différence d'espèce ? N'en produit-elle point dans certains cas ? Pourquoi tel cheval diffère-t-il de tel homme ? La matière est pourtant comprise dans la notion de ces animaux. Pourquoi? demande-t-on. C'est qu'il y a entre eux contrariété dans l'essence. C'est bien l'opposition de l'homme blanc et du cheval noir ; mais leur opposition spécifique, et non pas en tant que l'un est blanc et l'autre noir. Fussent-ils blancs l'un et l'autre, ils différeraient encore d'espèce entre eux. Quant aux sexes mâle et femelle, ce sont des modifications propres de l'animal, il est vrai, mais non des modifications dans l'essence : ils n'existent que dans la matière, dans le corps. Aussi bien la même semence, soumise à telle ou telle modification, devient- elle ou femelle, ou mâle. Nous venons de dire ce que c'est que la différence d'espèce, et pourquoi certains êtres diffèrent et d'autres ne diffèrent pas spécifiquement.





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Dernière mise à jour : 3/12/2009