HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre X

ἕν



Texte grec :

[10,4] CHAPITRE IV. Ἐπεὶ δὲ διαφέρειν ἐνδέχεται ἀλλήλων τὰ διαφέροντα πλεῖον καὶ ἔλαττον, ἔστι τις καὶ μεγίστη διαφορά, καὶ ταύτην (5) λέγω ἐναντίωσιν. Ὅτι δ' ἡ μεγίστη ἐστὶ διαφορά, δῆλον ἐκ τῆς ἐπαγωγῆς. Τὰ μὲν γὰρ γένει διαφέροντα οὐκ ἔχει ὁδὸν εἰς ἄλληλα, ἀλλ' ἀπέχει πλέον καὶ ἀσύμβλητα· τοῖς δ' εἴδει διαφέρουσιν αἱ γενέσεις ἐκ τῶν ἐναντίων εἰσὶν ὡς ἐσχάτων, τὸ δὲ τῶν ἐσχάτων διάστημα μέγιστον, ὥστε (10) καὶ τὸ τῶν ἐναντίων. Ἀλλὰ μὴν τό γε μέγιστον ἐν ἑκάστῳ γένει τέλειον. Μέγιστόν τε γὰρ οὗ μὴ ἔστιν ὑπερβολή, καὶ τέλειον οὗ μὴ ἔστιν ἔξω λαβεῖν τι δυνατόν· τέλος γὰρ ἔχει ἡ τελεία διαφορά ὥσπερ καὶ τἆλλα τῷ τέλος ἔχειν λέγεται τέλεια, τοῦ δὲ τέλους οὐθὲν ἔξω· ἔσχατον γὰρ ἐν παντὶ (15) καὶ περιέχει, διὸ οὐδὲν ἔξω τοῦ τέλους, οὐδὲ προσδεῖται οὐδενὸς τὸ τέλειον. Ὅτι μὲν οὖν ἡ ἐναντιότης ἐστὶ διαφορὰ τέλειος, ἐκ τούτων δῆλον· πολλαχῶς δὲ λεγομένων τῶν ἐναντίων, ἀκολουθήσει τὸ τελείως οὕτως ὡς ἂν καὶ τὸ ἐναντίοις εἶναι ὑπάρχῃ αὐτοῖς. Τούτων δὲ ὄντων φανερὸν ὅτι οὐκ ἐνδέχεται (20) ἑνὶ πλείω ἐναντία εἶναι ̔οὔτε γὰρ τοῦ ἐσχάτου ἐσχατώτερον εἴη ἄν τι, οὔτε τοῦ ἑνὸς διαστήματος πλείω δυοῖν ἔσχατα, ὅλως τε εἰ ἔστιν ἡ ἐναντιότης διαφορά, ἡ δὲ διαφορὰ δυοῖν, ὥστε καὶ ἡ τέλειος. Ἀνάγκη δὲ καὶ τοὺς ἄλλους ὅρους ἀληθεῖς εἶναι τῶν ἐναντίων. Καὶ γὰρ πλεῖστον διαφέρει ἡ τέλειος (25) διαφορά τῶν τε γὰρ γένει διαφερόντων οὐκ ἔστιν ἐξωτέρω λαβεῖν καὶ τῶν εἴδει· δέδεικται γὰρ ὅτι πρὸς τὰ ἔξω τοῦ γένους οὐκ ἔστι διαφορά, τούτων δ' αὕτη μεγίστἠ, καὶ τὰ ἐν ταὐτῷ γένει πλεῖστον διαφέροντα ἐναντία μεγίστη γὰρ διαφορὰ τούτων ἡ τέλειος, καὶ τὰ ἐν τῷ αὐτῷ δεκτικῷ πλεῖστον (30) διαφέροντα ἐναντία ἡ γὰρ ὕλη ἡ αὐτὴ τοῖς ἐναντίοις καὶ τὰ ὑπὸ τὴν αὐτὴν δύναμιν πλεῖστον διαφέροντα καὶ γὰρ ἡ ἐπιστήμη περὶ ἓν γένος ἡ μία· ἐν οἷς ἡ τελεία διαφορὰ μεγίστη. Πρώτη δὲ ἐναντίωσις ἕξις καὶ στέρησίς ἐστιν· οὐ πᾶσα δὲ στέρησις πολλαχῶς γὰρ λέγεται ἡ στέρησις (35) ἀλλ' ἥτις ἂν τελεία ᾖ. τὰ δ' ἄλλα ἐναντία κατὰ ταῦτα λεχθήσεται, τὰ μὲν τῷ ἔχειν τὰ δὲ τῷ ποιεῖν ἢ ποιητικὰ εἶναι τὰ δὲ τῷ λήψεις εἶναι καὶ ἀποβολαὶ τούτων ἢ ἄλλων ἐναντίων. Εἰ δὴ ἀντίκειται μὲν ἀντίφασις καὶ στέρησις καὶ ἐναντιότης καὶ τὰ πρός τι, (1055b)(1) τούτων δὲ πρῶτον ἀντίφασις, ἀντιφάσεως δὲ μηδέν ἐστι μεταξύ, τῶν δὲ ἐναντίων ἐνδέχεται, ὅτι μὲν οὐ ταὐτὸν ἀντίφασις καὶ τἀναντία δῆλον· ἡ δὲ στέρησις ἀντίφασίς τίς ἐστιν· ἢ γὰρ τὸ ἀδύνατον ὅλως ἔχειν, (5) ἢ ὃ ἂν πεφυκὸς ἔχειν μὴ ἔχῃ, ἐστέρηται ἢ ὅλως ἢ πὼς ἀφορισθέν § 8. πολλαχῶς γὰρ ἤδη τοῦτο λέγομεν, ὥσπερ διῄρηται ἡμῖν ἐν ἄλλοις, ὥστ' ἐστὶν ἡ στέρησις ἀντίφασίς τις ἢ ἀδυναμία διορισθεῖσα ἢ συνειλημμένη τῷ δεκτικῷ· διὸ ἀντιφάσεως μὲν οὐκ ἔστι μεταξύ, στερήσεως δέ τινος ἔστιν· ἴσον (10) μὲν γὰρ ἢ οὐκ ἴσον πᾶν, ἴσον δ' ἢ ἄνισον οὐ πᾶν, ἀλλ' εἴπερ, μόνον ἐν τῷ δεκτικῷ τοῦ ἴσου. Εἰ δὴ αἱ γενέσεις τῇ ὕλῃ ἐκ τῶν ἐναντίων, γίγνονται δὲ ἢ ἐκ τοῦ εἴδους καὶ τῆς τοῦ εἴδους ἕξεως ἢ ἐκ στερήσεώς τινος τοῦ εἴδους καὶ τῆς μορφῆς, δῆλον ὅτι ἡ μὲν ἐναντίωσις στέρησις ἂν εἴη πᾶσα, ἡ δὲ στέρησις (15) ἴσως οὐ πᾶσα ἐναντιότης. αἴτιον δ' ὅτι πολλαχῶς ἐνδέχεται ἐστερῆσθαι τὸ ἐστερημένον· ἐξ ὧν γὰρ αἱ μεταβολαὶ ἐσχάτων, ἐναντία ταῦτα. Φανερὸν δὲ καὶ διὰ τῆς ἐπαγωγῆς. Πᾶσα γὰρ ἐναντίωσις ἔχει στέρησιν θάτερον τῶν ἐναντίων, ἀλλ' οὐχ ὁμοίως πάντα· ἀνισότης μὲν γὰρ ἰσότητος ἀνομοιότης (20) δὲ ὁμοιότητος κακία δὲ ἀρετῆς, διαφέρει δὲ ὥσπερ εἴρηται· τὸ μὲν γὰρ ἐὰν μόνον ᾖ ἐστερημένον, τὸ δ' ἐὰν ἢ ποτὲ ἢ ἔν τινι, οἷον ἂν ἐν ἡλικίᾳ τινὶ ἢ τῷ κυρίῳ, ἢ πάντῃ· διὸ τῶν μὲν ἔστι μεταξύ, καὶ ἔστιν οὔτε ἀγαθὸς ἄνθρωπος οὔτε κακός, τῶν δὲ οὐκ ἔστιν, ἀλλ' ἀνάγκη εἶναι ἢ περιττὸν ἢ (25) ἄρτιον. Ἔτι τὰ μὲν ἔχει τὸ ὑποκείμενον ὡρισμένον, τὰ δ' οὔ. Ὥστε φανερὸν ὅτι ἀεὶ θάτερον τῶν ἐναντίων λέγεται κατὰ στέρησιν· ἀπόχρη δὲ κἂν τὰ πρῶτα καὶ τὰ γένη τῶν ἐναντίων, οἷον τὸ ἓν καὶ τὰ πολλά· τὰ γὰρ ἄλλα εἰς ταῦτα ἀνάγεται.

Traduction française :

[10,4] CHAPITRE IV. II est possible que les choses qui diffèrent entre elles diffèrent plus ou moins; il y a donc une différence extrême, et c'est là ce que j'appelle contrariété. On peut établir par l'induction que la contrariété est la différence extrême : en effet, pour les choses qui diffèrent de genre, il n y a point passage de l'une à l'autre, il y a entre elles la plus grande distance possible, et il n'y a pas entre elles de combinaison possible ; tandis que pour les choses qui différent d'espèce, il y a production des contraires par les contraires considérés comme extrêmes. Or, la distance extrême, c'est la distance la plus grande; de sorte que la distance des contraires est la plus grande distance possible. D'ailleurs ce qu'il y a de plus grand dans chaque genre est ce qu'il y a de plus parfait ; car le plus grand c'est ce qui n'est pas susceptible d'augmentation, et le parfait, ce au-delà on ne saurait 132 rien concevoir. La différence parfaite est une fin, au même titre que tout est dit parfait, qui a pour caractère d'être la fin de quelque chose. Au-delà de la fin il n'y a rien ; car, dans toute chose, elle est le dernier terme, la limite. C'est pour cela qu'il n'y a rien en dehors de la fin ; et ce qui est parfait ne manque absolument de rien. Il est évident dés lors, que la contrariété est une différence parfaite ; et la contrariété ayant un grand nombre d'acceptions, ce caractère de différence parfaite l'accompagnera dans ces différents modes. Cela étant, une chose unique ne saurait avoir plusieurs contraires. Car, au delà de ce qui est extrême il ne peut pas y avoir quelque chose qui soit plus extrême encore, et une seule distance ne peut pas avoir plus de deux extrémités. En un mot, si la contrariété est une différence, la différence n'admettant que deux termes, il n'y en aura que deux non plus dans la différence parfaite. La définition que nous venons de donner des contraires devra s'appliquer à tous les modes de la contrariété ; car, dans tous les cas, la différence parfaite est la différence la plus grande : en effet, en dehors de la différence de genre et de la différence d'espèce nous ne 133 pouvons pas établir d'autres différences ; et il a été démontré qu'il n'y a pas de contrariété entre les êtres qui n'appartiennent pas au même genre. Or, la différence de genre est la plus grande de toutes les différences. Les choses qui diffèrent le plus dans le même genre sont contraires, car leur différence parfaite est la différence la plus grande. De même aussi les choses qui dans un même sujet diffèrent le plus sont contraires ; car, dans ce cas, la matière des contraires est la même. Les choses qui, soumises à un même pouvoir, diffèrent le plus, sont aussi contraires ; en effet, une seule et même science embrasse tout un genre, et dans le genre il y a des objets que sépare la différence parfaite, la différence la plus grande. La contrariété première est celle de la possession et de la privation ; non pas toute privation, car la privation s'entend de plusieurs manières, mais la privation parfaite. Tous les autres contraires seront dits contraires d'après ceux-là, ou parce qn'ils les possèdent, ou parce qu'ils les produisent, qu'ils sont produits par eux, enfin, parce qu'ils admettent ou repoussent ces contraires ou d'autres contraires. L'opposition comprend la contradiction, la privation, la contrariété, la relation ; (1055b) or, l'opposition première est la contradiction, et il ne peut y avoir d'intermédiaire entre l'affirmation et la négation, tandis que les contraires admettent des intermédiaires ; il est 134 donc évident qu'il n'y a pas identité entre la contradiction et la contrariété. Quant à la privation, elle forme, avec la possession, une sorte de contradiction. On dit qu'il y a privation pour un être, lorsqu'il est dans l'impossibilité absolue de posséder, ou lorsqu'il ne possède pas ce qu'il est dans sa nature de posséder. La privation est ou absolue, ou privation de tel genre déterminé. Car privation se prend dans divers sens, comme nous l'avons établi ailleurs. La privation est donc une sorte de négation ; c'est ou en général une impuissance déterminée, ou bien cette impuissance dans un sujet. C'est là ce qui fait qu'entre la négation et l'affirmation il n'y a pas d'intermédiaire, tandis que, dans certains cas, il y a intermédiaire entre la privation et la possession. Tout est égal ou non-égal, mais tout n'est pas égal ou inégal, sinon dans les choses susceptibles d'égalité. Si les productions, dans un sujet matériel, sont le passage du contraire au contraire (et, en effet, elles viennent de la forme, de la réalisation de la forme, ou bien de quelque privation de la forme et de la figure), il est évident alors que toute contrariété sera une privation; mais toute privation n'est probablement pas une contrariété. La cause en est que ce qui est privé peut être privé de plusieurs manières, tandis qu'on ne donne le nom de contraires qu'aux termes extrêmes d'où provient le changement. On peut, du reste, l'établir par l'induction. Dans toute contrariété il y a la privation de l'un des contraires ; mais cette privation n'est point de même nature dans tous les cas : l'inégalité est la privation de l'égalité, la dissimilitude de la similitude, le vice de la vertu. Mais il y a, comme nous l'avons dit, diverses sortes de privations. Tantôt la privation est un simple manque, tantôt elle est relative au temps, à une partie spéciale : par exemple, il peut y avoir privation à une certaine époque, privation dans une partie essentielle, ou privation absolue. C'est pour cela qu'il y a des intermédiaires dans certains cas (il y a, par exemple, l'homme qui n'est ni bon ni méchant), et dans d'autres non : il faut nécessairement que tout nombre soit pair ou impair. Enfin, il est des privations qui ont un sujet déterminé, d'autres qui n'en ont pas. Il est donc évident que toujours l'un des contraires est la privation de l'autre. Il suffira, du reste, que cela soit vrai pour les premiers contraires, ceux qui sont comme les genres des autres, ainsi l'unité et la pluralité ; car tous les autres se ramènent à ceux-là.





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Dernière mise à jour : 3/12/2009