Texte grec :
[10,10] CHAPITRE X.
Ἐπειδὴ δὲ τὰ ἐναντία ἕτερα τῷ εἴδει, τὸ δὲ φθαρτὸν καὶ τὸ ἄφθαρτον ἐναντία (στέρησις γὰρ ἀδυναμία διωρισμένη), ἀνάγκη ἕτερον εἶναι τῷ γένει τὸ φθαρτὸν καὶ τὸ ἄφθαρτον. Νῦν μὲν οὖν ἐπ' αὐτῶν εἰρήκαμεν τῶν καθόλου (30) ὀνομάτων, ὥστε δόξειεν ἂν οὐκ ἀναγκαῖον εἶναι ὁτιοῦν ἄφθαρτον καὶ φθαρτὸν ἕτερα εἶναι τῷ εἴδει, ὥσπερ οὐδὲ λευκὸν καὶ μέλαν τὸ γὰρ αὐτὸ ἐνδέχεται εἶναι, καὶ ἅμα, ἐὰν ᾖ τῶν καθόλου, ὥσπερ ὁ ἄνθρωπος εἴη ἂν καὶ λευκὸς καὶ μέλας, καὶ τῶν καθ' ἕκαστον· εἴη γὰρ ἄν, μὴ ἅμα, ὁ αὐτὸς (35) λευκὸς καὶ μέλας· καίτοι ἐναντίον τὸ λευκὸν τῷ μέλανι· ἀλλὰ τῶν ἐναντίων τὰ μὲν κατὰ συμβεβηκὸς ὑπάρχει ἐνίοις, οἷον καὶ τὰ νῦν εἰρημένα καὶ ἄλλα πολλά, τὰ δὲ ἀδύνατον, ὧν ἐστὶ καὶ τὸ φθαρτὸν καὶ τὸ ἄφθαρτον· (1059a)(1) οὐδὲν γάρ ἐστι φθαρτὸν κατὰ συμβεβηκός· τὸ μὲν γὰρ συμβεβηκὸς ἐνδέχεται μὴ ὑπάρχειν, τὸ δὲ φθαρτὸν τῶν ἐξ ἀνάγκης ὑπαρχόντων ἐστὶν οἷς ὑπάρχει· ἢ ἔσται τὸ αὐτὸ καὶ ἓν φθαρτὸν (5) καὶ ἄφθαρτον, εἰ ἐνδέχεται μὴ ὑπάρχειν αὐτῷ τὸ φθαρτόν. Ἢ τὴν οὐσίαν ἄρα ἢ ἐν τῇ οὐσίᾳ ἀνάγκη ὑπάρχειν τὸ φθαρτὸν ἑκάστῳ τῶν φθαρτῶν.
Ὁ δ' αὐτὸς λόγος καὶ περὶ τοῦ ἀφθάρτου· τῶν γὰρ ἐξ ἀνάγκης ὑπαρχόντων ἄμφω. ᾟ ἄρα καὶ καθ' ὃ πρῶτον τὸ μὲν φθαρτὸν τὸ δ' ἄφθαρτον, (10) ἔχει ἀντίθεσιν, ὥστε ἀνάγκη γένει ἕτερα εἶναι.
Φανερὸν τοίνυν ὅτι οὐκ ἐνδέχεται εἶναι εἴδη τοιαῦτα οἷα λέγουσί τινες· ἔσται γὰρ καὶ ἄνθρωπος ὁ μὲν φθαρτὸς ὁ δ' ἄφθαρτος. Καίτοι τῷ εἴδει ταὐτὰ λέγεται εἶναι τὰ εἴδη τοῖς τισὶ καὶ οὐχ ὁμώνυμα· τὰ δὲ γένει ἕτερα πλεῖον διέστηκεν ἢ τὰ εἴδει.
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Traduction française :
[10,10] CHAPITRE X.
Il y a différence d'espèce entre les contraires ; or, le 151 périssable et l'impérissable sont contraires l'un à l'autre, car la privation est une impuissance déterminée. Mais, de toute nécessité, le périssable et l'impérissable différent génériquement : nous parlons ici du périssable et de l'impérissable considérés comme universaux. Il semblerait donc qu'entre un être impérissable quelconque et un être périssable, il n'y a pas nécessairement de différence spécifique, comme il n'y en a pas entre l'être blanc et l'être noir. En effet, le même être peut être blanc et noir, simultanément s'il appartient aux universaux ; ainsi l'homme est blanc et noir, successivement si c'est un individu ; ainsi le même homme peut être succesivement blanc et noir, et pourtant le blanc et le noir sont opposés l'un à l'autre. Mais, parmi les contraires, les uns coexistent accidentellement dans certains êtres : tels sont ceux dont nous venons de parler, et une foule d'autres encore; tandis que d'autres ne peuvent exister dans le même être : tels sont le périssable et l'impérissable. (1059a) Il n'y a rien qui soit périssable accidentellement, car ce qui est accidentel peut ne pas exister dans les êtres. Or, le périssable existe de toute nécessité dans l'être où il existe ; sans cela, le même être, un être unique, serait à la fois périssable et impérissable, puisqu'il serait possible qu'il n'eûl pas en lui le principe de sa destruction. Le périssable, par conséquent, ou bien est l'essence même de chacun des êtres périssables, ou bien réside dans l'essence de ces êlres. Même raisonnement pour l'impérissable ; car l'impérissable et le 152 périssable existent l'un comme l'autre de toute nécessité dans les êtres.
Donc il y a une opposition entre les principes mêmes qui font, par leur relation avec les êtres, que tel est périssable, tel autre impérissable. Donc c'est génériquement que le périssable et l'impérissable diffèrent entre eux.
Il est évident d'après cela, qu'il ne peut pas y avoir d'idées, au sens où les admettent certains philosophes, car alors il y aurait l'homme périssable d'un côté, et de l'autre l'homme impérissable. On prétend que les idées sont de la même espèce que les êtres particuliers, et non pas seulement identiques par le nom. Or, il y a plus de distance entre les êtres qui diffèrent génénériquement, qu'entre ceux qui diffèrent spécifiquement.
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