HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre X

Chapitre 2

  Chapitre 2

[10,2] CHAPITRE II. Κατὰ δὲ τὴν οὐσίαν καὶ τὴν φύσιν ζητητέον ποτέρως (10) ἔχει, καθάπερ ἐν τοῖς διαπορήμασιν ἐπήλθομεν τί τὸ ἕν ἐστι καὶ πῶς δεῖ περὶ αὐτοῦ λαβεῖν, πότερον ὡς οὐσίας τινὸς οὔσης αὐτοῦ τοῦ ἑνός, καθάπερ οἵ τε Πυθαγόρειοί φασι πρότερον καὶ Πλάτων ὕστερον, μᾶλλον ὑπόκειταί τις φύσις καὶ (πῶς) δεῖ γνωριμωτέρως λεχθῆναι καὶ μᾶλλον ὥσπερ οἱ (15) περὶ φύσεως· ἐκείνων γὰρ μέν τις φιλίαν εἶναί φησι τὸ ἓν δ' ἀέρα δὲ τὸ ἄπειρον. Εἰ δὴ μηδὲν τῶν καθόλου δυνατὸν οὐσίαν εἶναι, καθάπερ ἐν τοῖς περὶ οὐσίας καὶ περὶ τοῦ ὄντος εἴρηται λόγοις, οὐδ' αὐτὸ τοῦτο οὐσίαν ὡς ἕν τι παρὰ τὰ πολλὰ δυνατὸν εἶναι κοινὸν γάῤ ἀλλ' κατηγόρημα (20) μόνον, δῆλον ὡς οὐδὲ τὸ ἕν· τὸ γὰρ ὂν καὶ τὸ ἓν καθόλου κατηγορεῖται μάλιστα πάντων. Ὥστε οὔτε τὰ γένη φύσεις τινὲς καὶ οὐσίαι χωρισταὶ τῶν ἄλλων εἰσίν, οὔτε τὸ ἓν γένος ἐνδέχεται εἶναι διὰ τὰς αὐτὰς αἰτίας δι' ἅσπερ οὐδὲ τὸ ὂν οὐδὲ τὴν οὐσίαν. Ἔτι δ' ὁμοίως ἐπὶ πάντων ἀναγκαῖον ἔχειν· (25) λέγεται δ' ἰσαχῶς τὸ ὂν καὶ τὸ ἕν· ὥστ' ἐπείπερ ἐν τοῖς ποιοῖς ἐστί τι τὸ ἓν καί τις φύσις, ὁμοίως δὲ καὶ ἐν τοῖς ποσοῖς, δῆλον ὅτι καὶ ὅλως ζητητέον τί τὸ ἕν, ὥσπερ καὶ τί τὸ ὄν, ὡς οὐχ ἱκανὸν ὅτι τοῦτο αὐτὸ φύσις αὐτοῦ. Ἀλλὰ μὴν ἔν γε χρώμασίν ἐστι τὸ ἓν χρῶμα, οἷον τὸ λευκόν, εἶτα (30) τὰ ἄλλα ἐκ τούτου καὶ τοῦ μέλανος φαίνεται γιγνόμενα, τὸ δὲ μέλαν στέρησις λευκοῦ ὥσπερ καὶ φωτὸς σκότος (τοῦτο δ' ἐστὶ στέρησις φωτόςὥστε εἰ τὰ ὄντα ἦν χρώματα, ἦν ἂν ἀριθμός τις τὰ ὄντα, ἀλλὰ τίνων; Δῆλον δὴ ὅτι χρωμάτων, καὶ τὸ ἓν ἦν ἄν τι ἕν, οἷον τὸ λευκόν. Ὁμοίως δὲ καὶ (35) εἰ μέλη τὰ ὄντα ἦν, ἀριθμὸς ἂν ἦν, διέσεων μέντοι, ἀλλ' οὐκ ἀριθμὸς οὐσία αὐτῶν· καὶ τὸ ἓν ἦν ἄν τι οὗ οὐσία οὐ τὸ ἓν ἀλλὰ δίεσις. (1054a)(1) Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν φθόγγων στοιχείων ἂν ἦν τὰ ὄντα ἀριθμός, καὶ τὸ ἓν στοιχεῖον φωνῆεν. Καὶ εἰ σχήματα εὐθύγραμμα, σχημάτων ἂν ἦν ἀριθμός, καὶ τὸ ἓν τὸ τρίγωνον. δ' αὐτὸς λόγος καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων (5) γενῶν, ὥστ' εἴπερ καὶ ἐν τοῖς πάθεσι καὶ ἐν τοῖς ποιοῖς καὶ ἐν τοῖς ποσοῖς καὶ ἐν κινήσει ἀριθμῶν ὄντων καὶ ἑνός τινος ἐν ἅπασιν τε ἀριθμὸς τινῶν καὶ τὸ ἓν τὶ ἕν, ἀλλ' οὐχὶ τοῦτο αὐτὸ οὐσία, καὶ ἐπὶ τῶν οὐσιῶν ἀνάγκη ὡσαύτως ἔχειν· ὁμοίως γὰρ ἔχει ἐπὶ πάντων. Ὅτι μὲν οὖν τὸ ἓν ἐν (10) ἅπαντι γένει ἐστί τις φύσις, καὶ οὐδενὸς τοῦτό γ' αὐτὸ φύσις τὸ ἕν, φανερόν, ἀλλ' ὥσπερ ἐν χρώμασι χρῶμα ἓν ζητητέον αὐτὸ τὸ ἕν, οὕτω καὶ ἐν οὐσίᾳ οὐσίαν μίαν αὐτὸ τὸ ἕν· ὅτι δὲ ταὐτὸ σημαίνει πως τὸ ἓν καὶ τὸ ὄν, δῆλον τῷ τε παρακολουθεῖν ἰσαχῶς ταῖς κατηγορίαις καὶ μὴ εἶναι ἐν (15) μηδεμιᾷ οἷον οὔτ' ἐν τῇ τί ἐστιν οὔτ' ἐν τῇ ποῖον, ἀλλ' ὁμοίως ἔχει ὥσπερ τὸ ὄν καὶ τῷ μὴ προσκατηγορεῖσθαι ἕτερόν τι τὸ εἷς ἄνθρωπος τοῦ ἄνθρωπος ὥσπερ οὐδὲ τὸ εἶναι παρὰ τὸ τί ποῖον πόσον καὶ <τῷ εἶναι> τὸ ἑνὶ εἶναι τὸ ἑκάστῳ εἶναι. [10,2] CHAPITRE II. Il faut se demander quelle est l'essence, quelle est 125 la nature des êtres, avons-nous dit en traitant des difficultés à résoudre. Qu'est-ce donc que l'unité, et quelle idée doit-on s'en faire ? Considérerons-nous l'unité comme une substance, opinion que professèrent les Pythagoriciens jadis, et depuis eux Platon ? Ou bien n'y a-t-il pas plutôt quelque nature qui est la substance de l'unité ? Faut-il ramener l'unité à un terme plus connu, et adopter de préférence la méthode des Physiciens, lesquels prétendent, l'un que l'unité c'est l'Amitié, celui-ci que c'est l'air, celui-là l'infini ? S'il n'est pas possible que rien de qui est universel soit substance, comme nous l'avons dit en traitant de la substance et de l'être ; si l'universel n'a même pas une existence substantielle, une et déterminée, en dehors de la multiplicité des choses, car l'universel est commun à tous les êtres ; si enfin il n'est qu'un attribut, évidemment l'unité, elle non plus, n'est pas une substance, car l'être et l'unité sont, par excellence, l'attribut universel. Ainsi donc, d'un côté les universaux ne sont pas des natures et des substances indépendantes des êtres particuliers; et de l'autre, l'unité, pas plus que l'être, et par les mêmes raisons, ne peut être ni un genre, ni la substance universelle des choses. D'ailleurs, l'unité doit se dire également de tous les êtres. L'être et l'unité se prennent sous autant d'acceptions l'un que l'autre. Si donc il y a pour les qualités, 126 ainsi que pour les quantités, une unité, une nature particulière, il faut bien, évidemment, qu'on se pose cette question en général : Qu'est-ce que l'unité ? comme on se demande : Qu'est-ce que l'être ? Il ne suffit pas de dire que l'unité, c'est la nature de l'unité. Dans les couleurs, l'unité est une couleur ; c'est le blanc, par exemple. Toutes les couleurs semblent venir du blanc et du noir; mais le noir n'est que la privation du blanc, comme les ténèbres sont la privation de la lumière, car les ténèbres ne sont réellement qu'une privation de lumière. Admettons que les êtres soient des couleurs; alors les êtres seraient un nombre, mais quelle espèce de nombre ? Évidemment un nombre de couleurs ; et l'unité proprement dite serait une unité particulière, par exemple, le blanc. Si les êtres étaient des accords, les êtres seraient un nombre, un nombre de demi-tons ; mais la substance des accords ne serait pas un nombre seulement ; et l'unité aurait pour substance, non pas l'unité pure et simple, mais le demi-ton. (1054a) De même encore si les êtres étaient les éléments des syllabes, ils seraient un nombre, et l'unité serait l'élément voyelle ; enfin ils seraient un nombre de figures, et l'unité serait le triangle, si les êtres étaient des figures rectilignes. Le même raisonnement s'applique à tous les autres genres. Ainsi, dans les modifications, dans les qualités, dans les quantités, dans le mouvement, il y a toujours des nombres et une unité : le nombre est un nombre de choses particulières, et l'unité est un objet particulier, mais n'est pas elle-même la substance de cet ob- 127 jet. Les essences sont nécessairement dans le même cas ; car cette observation s'applique également à tous les êtres. On voit alors que l'unité est dans chaque genre une nature particulière, et que l'unité n'est elle-même la nature de quoi que ce soit; et de même que dans les couleurs l'unité qu'il faut chercher est une couleur, de même l'unité qu'il faut chercher dans les essences, c'est une essence. Ce qui prouve d'ailleurs que l'unité signifie, sous un point de vue, la même chose que l'être, c'est qu'elle accompagne comme l'être, toutes les catégories, et, comme lui, ne réside en particulier dans aucune d'elles, ni dans l'essence, ni dans la qualité, pour citer des exemples ; c'est qu'ensuite il n'y a rien de plus dans l'expression quand on dit : un homme, que quand on dit : homme ; de la même manière que l'être ne signifie pas autre chose que substance, ou qualité, bu quantité : c'est qu'enfin l'unité, dans son essence, c'est l'individualité même.


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Dernière mise à jour : 3/12/2009