HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre IX

Chapitre 9

  Chapitre 9

[9,9] CHAPITRE IX. Ὅτι δὲ καὶ βελτίων καὶ τιμιωτέρα τῆς σπουδαίας (5) δυνάμεως ἐνέργεια, ἐκ τῶνδε δῆλον. Ὅσα γὰρ κατὰ τὸ δύνασθαι λέγεται, ταὐτόν ἐστι δυνατὸν τἀναντία, οἷον τὸ δύνασθαι λεγόμενον ὑγιαίνειν ταὐτόν ἐστι καὶ τὸ νοσεῖν, καὶ ἅμα· αὐτὴ γὰρ δύναμις τοῦ ὑγιαίνειν καὶ κάμνειν, καὶ ἠρεμεῖν καὶ κινεῖσθαι, καὶ οἰκοδομεῖν καὶ καταβάλλειν, (10) καὶ οἰκοδομεῖσθαι καὶ καταπίπτειν. Τὸ μὲν οὖν δύνασθαι τἀναντία ἅμα ὑπάρχει· τὰ δ' ἐναντία ἅμα ἀδύνατον, καὶ τὰς ἐνεργείας δὲ ἅμα ἀδύνατον ὑπάρχειν (οἷον ὑγιαίνειν καὶ κάμνειν), ὥστ' ἀνάγκη τούτων θάτερον εἶναι τἀγαθόν, τὸ δὲ δύνασθαι ὁμοίως ἀμφότερον οὐδέτερον· (15) ἄρα ἐνέργεια βελτίων. Ἀνάγκη δὲ καὶ ἐπὶ τῶν κακῶν τὸ τέλος καὶ τὴν ἐνέργειαν εἶναι χεῖρον τῆς δυνάμεως· τὸ γὰρ δυνάμενον ταὐτὸ ἄμφω τἀναντία. Δῆλον ἄρα ὅτι οὐκ ἔστι τὸ κακὸν παρὰ τὰ πράγματα· ὕστερον γὰρ τῇ φύσει τὸ κακὸν τῆς δυνάμεως. Οὐκ ἄρα οὐδ' ἐν τοῖς ἐξ ἀρχῆς (20) καὶ τοῖς ἀϊδίοις οὐθὲν ἔστιν οὔτε κακὸν οὔτε ἁμάρτημα οὔτε διεφθαρμένον (καὶ γὰρ διαφθορὰ τῶν κακῶν ἐστίν). Εὑρίσκεται δὲ καὶ τὰ διαγράμματα ἐνεργείᾳ· διαιροῦντες γὰρ εὑρίσκουσιν. Εἰ δ' ἦν διῃρημένα, φανερὰ ἂν ἦν· νῦν δ' ἐνυπάρχει δυνάμει. Διὰ τί δύο ὀρθαὶ τὸ τρίγωνον; Ὅτι αἱ (25) περὶ μίαν στιγμὴν γωνίαι ἴσαι δύο ὀρθαῖς. Εἰ οὖν ἀνῆκτο παρὰ τὴν πλευράν, ἰδόντι ἂν ἦν εὐθὺς δῆλον διὰ τί. Ἐν ἡμικυκλίῳ ὀρθὴ καθόλου διὰ τί; Ἐὰν ἴσαι τρεῖς, τε βάσις δύο καὶ ἐκ μέσου ἐπισταθεῖσα ὀρθή, ἰδόντι δῆλον τῷ ἐκεῖνο εἰδότι. Ὥστε φανερὸν ὅτι τὰ δυνάμει ὄντα εἰς (30) ἐνέργειαν ἀγόμενα εὑρίσκεται· αἴτιον δὲ ὅτι νόησις ἐνέργεια· ὥστ' ἐξ ἐνεργείας δύναμις, καὶ διὰ τοῦτο ποιοῦντες γιγνώσκουσιν (ὕστερον γὰρ γενέσει ἐνέργεια κατ' ἀριθμόν). [9,9] CHAPITRE IX. Il est évident, d'après cela, que l'actualité du bien est préférable à la puissance du bien, et qu'elle est plus digne de nos respects. Chez tous les êtres dont on dit qu'ils peuvent, le même être peut les contraires. Celui dont on dit, par exemple: il peut être en bonne santé, celui-là même peut être malade, et cela, en même temps qu'il peut être en bonne santé. La même puissance produit la santé et la maladie; la même le repos et le mouvement; c'est la même puissance qui construit la maison et qui la détruit, et c'est en vertu de la même puissance que la maison est construite et qu'elle est détruite. C'est donc simultanément que le pouvoir des contraires réside dans les êtres ; mais il est impossible que les contraires existent simultanément, impossible qu'il y ait simultanéité dans les actes divers, qu'il y ait à la fois, par exemple, santé et maladie. Donc le bien en acte est nécessairement l'un des deux contraires. Or, ou la puissance 112 est également l'un et l'autre des contraires, ou elle n'est ni l'un ni l'autre. Donc l'actualité du bien est meilleure que la puissance du bien. Quant au mal, sa fin et son actualité sont nécessairement pires que sa puissance. Lorsqu'il n'y a que pouvoir, le même être est à la fois les deux contraires. Le mal, on le voit, n'a pas une existence indépendante des choses; car le mal est, de sa nature, inférieur même à la puissance. Il n'y a donc dans les principes, dans les êtres éternels, ni mal, ni péché, ni destruction ; car la destruction compte, elle aussi, au nombre des maux. C'est en réduisant à l'acte les figures géometriques que nous découvrons leurs propriétés; car c'est par une décomposition que nous trouvons les propriétés de ces figures. Si elles étaient, de leur nature, décomposées, leurs propriétés seraient évidentes; mais c'est en puissance que les propriétés existent avant la décomposition. Pourquoi la somme des trois angles d'un triangle est-elle égale à deux angles droits ? Parce que la somme des angles formés autour d'un même point, sur une même ligne, est égale à deux angles droits. Si l'on formait l'angle extérieur, en prolongeant l'un des côtés du triangle, la démonstration serait immédiatement évidente. Pourquoi l'angle inscrit dans le demi-cercle est-il invariablement un angle droit ? C'est parce qu'il y a égalité en ces trois lignes, Savoir : les deux moitiés de la base, et la droite menée du centre du cercle au sommet de l'angle opposé à la base : cette égalité, si nous connaissons la démonstration, nous fait reconnaître la propriété de l'angle inscrit. 113 Il est donc clair que c'est par la réduction à l'acte qu'on découvre ce qu'il y a dans la puissance; et la cause en est que l'actualité c'est la conception même. Donc c'est de l'acte que se déduit la puissance; donc aussi c'est par l'acte qu'on connaît. Quant à l'actualité numérique, elle est postérieure à la puissance, dans l'ordre de production.


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Dernière mise à jour : 3/12/2009