[8,6] CHAPITRE VI.
Περὶ δὲ τῆς ἀπορίας τῆς εἰρημένης περί τε τοὺς ὁρισμοὺς καὶ περὶ τοὺς ἀριθμούς, τί αἴτιον τοῦ ἓν εἶναι; Πάντων γὰρ ὅσα πλείω μέρη ἔχει καὶ μὴ ἔστιν οἷον σωρὸς τὸ πᾶν (10) ἀλλ' ἔστι τι τὸ ὅλον παρὰ τὰ μόρια,
ἔστι τι αἴτιον, ἐπεὶ καὶ ἐν τοῖς σώμασι τοῖς μὲν ἁφὴ αἰτία τοῦ ἓν εἶναι τοῖς δὲ γλισχρότης ἤ τι πάθος ἕτερον τοιοῦτον. Ὁ δ' ὁρισμὸς λόγος ἐστὶν εἷς οὐ συνδέσμῳ καθάπερ ἡ Ἰλιὰς ἀλλὰ τῷ ἑνὸς εἶναι. Τί οὖν ἐστὶν ὃ ποιεῖ ἓν τὸν ἄνθρωπον, καὶ διὰ τί (15) ἓν ἀλλ' οὐ πολλά, οἷον τό τε ζῷον καὶ τὸ δίπουν, ἄλλως τε δὴ καὶ εἰ ἔστιν, ὥσπερ φασί τινες, αὐτό τι ζῷον καὶ αὐτὸ δίπουν; Διὰ τί γὰρ οὐκ ἐκεῖνα αὐτὰ ὁ ἄνθρωπός ἐστι, καὶ ἔσονται κατὰ μέθεξιν οἱ ἄνθρωποι οὐκ ἀνθρώπου οὐδ' (19) ἑνὸς ἀλλὰ δυοῖν, ζῴου καὶ δίποδος, καὶ ὅλως δὴ οὐκ ἂν (20) εἴη ὁ ἄνθρωπος ἓν ἀλλὰ πλείω, ζῷον καὶ δίπουν; Φανερὸν δὴ ὅτι οὕτω μὲν μετιοῦσιν ὡς εἰώθασιν ὁρίζεσθαι καὶ λέγειν, οὐκ ἐνδέχεται ἀποδοῦναι καὶ λῦσαι τὴν ἀπορίαν· εἰ δ' ἐστίν, ὥσπερ λέγομεν, τὸ μὲν ὕλη τὸ δὲ μορφή, καὶ τὸ μὲν δυνάμει τὸ δὲ ἐνεργείᾳ, οὐκέτι ἀπορία δόξειεν ἂν (25) εἶναι τὸ ζητούμενον.
Ἔστι γὰρ αὕτη ἡ ἀπορία ἡ αὐτὴ κἂν εἰ ὁ ὅρος εἴη ἱματίου στρογγύλος χαλκός· εἴη γὰρ ἂν σημεῖον τοὔνομα τοῦτο τοῦ λόγου, ὥστε τὸ ζητούμενόν ἐστι τί αἴτιον τοῦ ἓν εἶναι τὸ στρογγύλον καὶ τὸν χαλκόν. Οὐκέτι δὴ ἀπορία φαίνεται, ὅτι τὸ μὲν ὕλη τὸ δὲ μορφή. Τί οὖν τούτου αἴτιον, τοῦ τὸ δυνάμει ὂν ἐνεργείᾳ εἶναι, παρὰ τὸ ποιῆσαν, ἐν ὅσοις ἔστι γένεσις; Οὐθὲν γάρ ἐστιν αἴτιον ἕτερον τοῦ τὴν δυνάμει σφαῖραν ἐνεργείᾳ εἶναι σφαῖραν, ἀλλὰ τοῦτ' ἦν τὸ τί ἦν εἶναι ἑκατέρῳ.
Ἔστι δὲ τῆς ὕλης ἡ μὲν νοητὴ ἡ δ' αἰσθητή, καὶ ἀεὶ τοῦ λόγου τὸ μὲν (35) ὕλη τὸ δὲ ἐνέργειά ἐστιν, οἷον ὁ κύκλος σχῆμα ἐπίπεδον. Ὅσα δὲ μὴ ἔχει ὕλην μήτε νοητὴν μήτε αἰσθητήν, εὐθὺς ὅπερ ἕν τί (εἶναί) ἐστιν ἕκαστον, (1045b)(1) ὥσπερ καὶ ὅπερ ὄν τι, τὸ τόδε, τὸ ποιόν, τὸ ποσόν - διὸ καὶ οὐκ ἔνεστιν ἐν τοῖς ὁρισμοῖς οὔτε τὸ ὂν οὔτε τὸ ἕν -, καὶ τὸ τί ἦν εἶναι εὐθὺς ἕν τί ἐστιν ὥσπερ καὶ ὄν τι - διὸ καὶ οὐκ ἔστιν ἕτερόν τι αἴτιον τοῦ (5) ἓν εἶναι οὐθενὶ τούτων οὐδὲ τοῦ ὄν τι εἶναι· εὐθὺς γὰρ ἕκαστόν ἐστιν ὄν τι καὶ ἕν τι, οὐχ ὡς ἐν γένει τῷ ὄντι καὶ τῷ ἑνί, οὐδ' ὡς χωριστῶν ὄντων παρὰ τὰ καθ' ἕκαστα.
Διὰ ταύτην δὲ τὴν ἀπορίαν οἱ μὲν μέθεξιν λέγουσι, καὶ αἴτιον τί τῆς μεθέξεως καὶ τί τὸ μετέχειν ἀποροῦσιν· οἱ δὲ συνουσίαν (10) {ψυχῆς}, ὥσπερ Λυκόφρων φησὶν εἶναι τὴν ἐπιστήμην τοῦ ἐπίστασθαι καὶ ψυχῆς· οἱ δὲ σύνθεσιν ἢ σύνδεσμον ψυχῆς σώματι τὸ ζῆν. Καίτοι ὁ αὐτὸς λόγος ἐπὶ πάντων· καὶ γὰρ τὸ ὑγιαίνειν ἔσται ἢ συνουσία ἢ σύνδεσμος ἢ σύνθεσις ψυχῆς καὶ ὑγιείας, καὶ τὸ τὸν χαλκὸν εἶναι τρίγωνον (15) σύνθεσις χαλκοῦ καὶ τριγώνου, καὶ τὸ λευκὸν εἶναι σύνθεσις ἐπιφανείας καὶ λευκότητος.
Αἴτιον δ' ὅτι δυνάμεως καὶ ἐντελεχείας ζητοῦσι λόγον ἑνοποιὸν καὶ διαφοράν. Ἔστι δ', ὥσπερ εἴρηται, ἡ ἐσχάτη ὕλη καὶ ἡ μορφὴ ταὐτὸ καὶ ἕν, δυνάμει, τὸ δὲ ἐνεργείᾳ, ὥστε ὅμοιον τὸ ζητεῖν τοῦ (20) ἑνὸς τί αἴτιον καὶ τοῦ ἓν εἶναι· ἓν γάρ τι ἕκαστον, καὶ τὸ δυνάμει καὶ τὸ ἐνεργείᾳ ἕν πώς ἐστιν, ὥστε αἴτιον οὐθὲν ἄλλο πλὴν εἴ τι ὡς κινῆσαν ἐκ δυνάμεως εἰς ἐνέργειαν. Ὅσα δὲ μὴ ἔχει ὕλην, πάντα ἁπλῶς ὅπερ ἕν τι.
| [8,6] CHAPITRE VI.
Nous avons indiqué une difficulté relativement aux définitions et aux nombres. Quelle est la cause de leur unité ? 81 car il va une cause à l'unité de ce qui a plusieurs parties dont la réunion n'est point une sorte de monceau , de tout ce dont l'ensemble est quelque chose indépendamment des parties.
La cause de l'unité des corps, c'est, pour les uns, le contact, pour les autres, la viscosilé, ou quelque modification du même genre. Quant à la définition, elle est un discours un, non point à la manière de l'Iliade, par l'enchaînement, mais par l'unité de l'être défini. Qu'est-ce donc qui fait l'unité de l'homme, et pourquoi est-il un, et non multiple, animal et bipède par exemple, surtout s'il y a, comme le prétendent quelques-uns, un animal en soi, et un bipède en soi ? Pourquoi, en effet, l'homme en soi ne serait-il pas l'un et l'autre, les hommes existant par leur participation, non pas avec un seul être, l'homme en soi, mais avec deux êtres en soi, l'animal et le bipède ? Dans l'hypothèse dont nous parlons, l'homme ne peut absolument pas être un , il est plusieurs, animal et bipède. On voit donc qu'avec cette manière de définir les choses et de traiter la question, il est impossible de montrer la cause et de résoudre la difficulté. Mais s'il y a, comme c'est notre opinion, d'un côté la matière, de l'autre la forme, d'un côté l'être en puissance, de l'autre l'être en acte, nous avons , ce semble, la solution cherchée.
Donnât-on même le nom de vêtement au cylindre d'airain, la difficulté n'offrirait pas plus d'embarras. 82 Alors le mot vêtement représenterait ce que contient la définition. Il faudrait donc chercher quelle est la cause de l'unité d'être du cylindre et de l'airain, question qui se résout d'elle-même : l'un est la matière, l'autre la forme. Quelle est donc, en dehors de l'agent, la cause qui fait passer de la puissance à l'acte les êtres pour lesquels il y a production? Il n'y en a pas d'autre que celle que nous avons dite, qui fasse que la sphère en puissance soit une sphère en acte : c'est, pour la sphère comme pour l'homme, l'essence individuelle.
Il y a deux sortes de matière, la matière intelligible, et la sensible; et dans toute définition, dans celle-ci, par exemple, le cercle est une figure plane, il y a d'un côté la matière, l'acte de l'autre. Quant aux choses qui n'ont pas de matière, ni intelligible ni sensible, chacune d'elles est une unité immédiate, une unité pure et simple, chacune d'elles appartient à l'être proprement dit. (1045b) Telles sont l'essence, la qualité, la quantité (22), etc. C'est pour cela qu'on ne fait entrer dans les définitions ni l'être, ni l'unité. La forme substantielle est, elle aussi, une unité pure et simple , un être proprement dit. Il n'y a donc pour ces choses aucune cause étrangère qui constitue leur unité ni leur être ; chacune d'elles est par elle-même un être et une unité, et non point à ce titre que l'être et l'unité soient un genre commun, ni qu'ils aient une existence indépendante des êtres particuliers.
83 II en est qui, pour résoudre cette question de l'unité, admettent la participation (23); mais ils ne savent ni quelle est la cause de la participation, ni ce que c'est que participer. Suivant d'autres, ce qui fait l'unité, c'est la liaison (24) avec l'âme : la science, dit Lycophron, c'est la liaison du savoir avec l'âme. D'autres, enfin, disent que la vie, c'est la réunion, l'enchaînement de l'âme avec le corps. Or, on peut en dire autant de toutes choses. La santé serait donc alors la liaison, l'enchaînement, la réunion de l'âme et de la santé; le triangle d'airain, la réunion de l'airain et du triangle; le blanc, la réunion de la surface et de la blancheur.
C'est la recherche de la cause qui produit l'unité de la puissance et de l'acte, et l'examen de leur différence, qui a été la source de ces opinions. Or, nous l'avons dit, la matière immédiate et la forme sont une seule et même chose; seulement l'une est l'être en puissance, l'autre, l'être en acte. Chercher quelle est la cause de l'unité, et chercher celle de la forme substantielle de l'unité, c'est donc la même recherche. 84 Car chaque unité individuelle, soit unité en puissance, soit unité en acte, est, sous un point de vue, l'unité. Aussi n'y a-t-il pas d'autre cause d'unité que le moteur qui fait passer les êtres de la puissance à l'acte. Quant aux êtres qui n'ont pas de matière, ils ne sont tous qu'êtres purement et simplement.
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