[8,1] CHAPITRE PREMIER.
(1042a) (3) Ἐκ δὴ τῶν εἰρημένων συλλογίσασθαι δεῖ καὶ συναγαγόντας τὸ κεφάλαιον τέλος ἐπιθεῖναι. Εἴρηται δὴ ὅτι (5) τῶν οὐσιῶν ζητεῖται τὰ αἴτια καὶ αἱ ἀρχαὶ καὶ τὰ στοιχεῖα. Οὐσίαι δὲ αἱ μὲν ὁμολογούμεναί εἰσιν ὑπὸ πάντων, περὶ δὲ ἐνίων ἰδίᾳ τινὲς ἀπεφήναντο· ὁμολογούμεναι μὲν αἱ φυσικαί, οἷον πῦρ γῆ ὕδωρ ἀὴρ καὶ τἆλλα τὰ ἁπλᾶ σώματα, ἔπειτα τὰ φυτὰ καὶ τὰ μόρια αὐτῶν, καὶ τὰ (10) ζῷα καὶ τὰ μόρια τῶν ζῴων, καὶ τέλος ὁ οὐρανὸς καὶ τὰ μόρια τοῦ οὐρανοῦ· ἰδίᾳ δέ τινες οὐσίας λέγουσιν εἶναι τά τ' εἴδη καὶ τὰ μαθηματικά. Ἄλλας δὲ δὴ συμβαίνει ἐκ τῶν λόγων οὐσίας εἶναι, τὸ τί ἦν εἶναι καὶ τὸ ὑποκείμενον· ἔτι ἄλλως τὸ γένος μᾶλλον τῶν εἰδῶν καὶ τὸ καθόλου τῶν (15) καθ' ἕκαστα· τῷ δὲ καθόλου καὶ τῷ γένει καὶ αἱ ἰδέαι συνάπτουσιν (κατὰ τὸν αὐτὸν γὰρ λόγον οὐσίαι δοκοῦσιν εἶναι).
Ἐπεὶ δὲ τὸ τί ἦν εἶναι οὐσία, τούτου δὲ λόγος ὁ ὁρισμός, διὰ τοῦτο περὶ ὁρισμοῦ καὶ περὶ τοῦ καθ' αὑτὸ διώρισται· ἐπεὶ δὲ ὁ ὁρισμὸς λόγος, ὁ δὲ λόγος μέρη ἔχει, ἀναγκαῖον καὶ (20) περὶ μέρους ἦν ἰδεῖν, ποῖα τῆς οὐσίας μέρη καὶ ποῖα οὔ, καὶ εἰ ταῦτα καὶ τοῦ ὁρισμοῦ.
Ἔτι τοίνυν οὔτε τὸ καθόλου οὐσία οὔτε τὸ γένος· περὶ δὲ τῶν ἰδεῶν καὶ τῶν μαθηματικῶν ὕστερον σκεπτέον· παρὰ γὰρ τὰς αἰσθητὰς οὐσίας ταύτας λέγουσί τινες εἶναι. Νῦν δὲ περὶ τῶν ὁμολογουμένων οὐσιῶν (25) ἐπέλθωμεν. Αὗται δ' εἰσὶν αἱ αἰσθηταί· αἱ δ' αἰσθηταὶ οὐσίαι πᾶσαι ὕλην ἔχουσιν. Ἔστι δ' οὐσία τὸ ὑποκείμενον, ἄλλως μὲν ἡ ὕλη (ὕλην δὲ λέγω ἣ μὴ τόδε τι οὖσα ἐνεργείᾳ δυνάμει ἐστὶ τόδε τι), ἄλλως δ' ὁ λόγος καὶ ἡ μορφή, ὃ τόδε τι ὂν τῷ λόγῳ χωριστόν ἐστιν· τρίτον δὲ τὸ (30) ἐκ τούτων, οὗ γένεσις μόνου καὶ φθορά ἐστι, καὶ χωριστὸν ἁπλῶς· τῶν γὰρ κατὰ τὸν λόγον οὐσιῶν αἱ μὲν αἱ δ' οὔ.
Ὅτι δ' ἐστὶν οὐσία καὶ ἡ ὕλη, δῆλον· ἐν πάσαις γὰρ ταῖς ἀντικειμέναις μεταβολαῖς ἐστί τι τὸ ὑποκείμενον ταῖς μεταβολαῖς, οἷον κατὰ τόπον τὸ νῦν μὲν ἐνταῦθα πάλιν δ' (35) ἄλλοθι, καὶ κατ' αὔξησιν ὃ νῦν μὲν τηλικόνδε πάλιν δ' ἔλαττον ἢ μεῖζον, καὶ κατ' ἀλλοίωσιν ὃ νῦν μὲν ὑγιὲς πάλιν δὲ κάμνον· (1042b) (1) ὁμοίως δὲ καὶ κατ' οὐσίαν ὃ νῦν μὲν ἐν γενέσει πάλιν δ' ἐν φθορᾷ, καὶ νῦν μὲν ὑποκείμενον ὡς τόδε τι πάλιν δ' ὑποκείμενον ὡς κατὰ στέρησιν. Καὶ ἀκολουθοῦσι δὴ ταύτῃ αἱ ἄλλαι μεταβολαί, τῶν δ' ἄλλων ἢ (5) μιᾷ ἢ δυοῖν αὕτη οὐκ ἀκολουθεῖ· οὐ γὰρ ἀνάγκη, εἴ τι ὕλην ἔχει τοπικήν, τοῦτο καὶ γεννητὴν καὶ φθαρτὴν ἔχειν. Τίς μὲν οὖν διαφορὰ τοῦ ἁπλῶς γίγνεσθαι καὶ μὴ ἁπλῶς, ἐν τοῖς φυσικοῖς εἴρηται.
| [8,1] CHAPITRE PREMIER.
(1042a) Il nous faut maintenant tirer les conséquences de ce que nous avons dit, et reprenant sommairement chaque point, arriver à la conclusion. Nous avons dit que nous cherchions les causes des substances, leurs principes et leurs éléments. Parmi les substances, les unes sont 66 universellement admises, d'autres au contraire ne sont reconnues que par quelques philosophes. Les substances universellement admises sont les substances physiques, par exemple le feu, la terre, l'eau, l'air, et les autres corps simples ; ensuite les plantes et leurs parties, les animaux et les parties des animaux; enfin le ciel et les parties du ciel. Les substances qui ne sont admises que par quelques philosophes, sont les idées et les êtres mathématiques. Il y a encore, comme nous l'avons montré, d'autres substances, la forme substantielle, et le sujet. De plus, le genre, avons-nous dit, est plutôt substance que les espèces, et l'universel que le particulier; les idées sont analogues à l'universel et au genre, car c'est aux mêmes titres qu'elles sont regardées comme des essences.
La forme substantielle étant une essence, et sa notion étant renfermée dans la définition, nous avons dû déterminer ce que c'était que la définition, et l'être en soi. Et comme la définition est l'expression de la notion de l'être, et que cette notion a des parties, il était nécessaire de s'occuper des parties, de voir lesquelles sont parties de la substance, lesquelles ne le sont pas, et enfin s'il y a identité entre les parties de la substance et celles de la définition.
Puis nous avons vu que ni l'universel, ni le genre n'étaient des substances. Quant aux idées et aux êtres mathématiques, nous nous en occuperons plus tard ; car quelques-uns en font des substances indépendantes des substances sensibles. Occupons-nous maintenant des substances unanimement reconnues. Ce sont les substances sensibles, et les substances sensibles ont 67 toutes une matière : le sujet est une substance, soit qu'on le considère comme matière, et par matière j'entends ce qui est en puissance tel être déterminé, mais non pas en acte; soit qu'on le considère comme la forme et la figure de l'être, c'est-à-dire cette essence qui est séparable de l'être, mais séparable seulement par la conception. En troisième lieu vient l'ensemble de la matière et de la forme, qui seul est soumis à la production et à la destruction, et qui seul est complètement séparable. Car parmi les substances que nous ne faisons que concevoir, les unes sont séparables, les autres ne le sont pas.
Il est donc évident que la matière est une substance ; car dans tous les changements du contraire au contraire il y a un sujet sur lequel s'opère le changement : ainsi, dans les changemenis de lieu, il y a ce qui maintenant est ici, et plus tard sera ailleurs; dans les changements par augmentation et diminution, il y a ce qui maintenant a telle grandeur, et plus tard sera plus petit ou plus grand; dans les changements par altération il y a ce qui est aujourd'hui sain, demain malade ; (1042b) de même pour la substance, il y a ce qui maintenant se produit, et plus tard se détruit, ce qui est actuellement sujet comme être déterminé, et sera plus tard sujet par privation. Tous les autres changements accompagnent toujours ce dernier, la production et la destruction ; celui-là, au contraire, ne se trouve pas nécessairement joint à un ou plusieurs des autres. Car il n'y a pas nécessité que quiconque a une 68 matière qui occupe un lieu, cette matière soit sujette à production et à destruction. Quelle différence y a-t- il entre la production simple et celle qui ne l'est pas? c'est ce que nous avons dit dans les traités relatifs à la Nature.
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