HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre VII

Chapitre 8

  Chapitre 8

[7,8] VIII. Ἐπεὶ δὲ ὑπό τινός τε γίγνεται τὸ γιγνόμενον ̔τοῦτο δὲ (25) λέγω ὅθεν ἀρχὴ τῆς γενέσεώς ἐστἰ καὶ ἔκ τινος (ἔστω δὲ μὴ στέρησις τοῦτο ἀλλ' ὕλη· ἤδη γὰρ διώρισται ὃν τρόπον τοῦτο λέγομεν) καὶ τὶ γίγνεται (τοῦτο δ' ἐστὶν σφαῖρα κύκλος τι ἔτυχε τῶν ἄλλων), ὥσπερ οὐδὲ τὸ ὑποκείμενον ποιεῖ, τὸν χαλκόν, οὕτως οὐδὲ τὴν σφαῖραν, εἰ μὴ (30) κατὰ συμβεβηκὸς ὅτι χαλκῆ σφαῖρα σφαῖρά ἐστιν ἐκείνην δὲ ποιεῖ. Τὸ γὰρ τόδε τι ποιεῖν ἐκ τοῦ ὅλως ὑποκειμένου τόδε τι ποιεῖν ἐστίν (λέγω δ' ὅτι τὸν χαλκὸν στρογγύλον ποιεῖν ἐστὶν οὐ τὸ στρογγύλον τὴν σφαῖραν ποιεῖν ἀλλ' ἕτερόν τι, οἷον τὸ εἶδος τοῦτο ἐν ἄλλῳ· εἰ γὰρ ποιεῖ, ἔκ τινος ἂν ποιοίη ἄλλου, τοῦτο γὰρ ὑπέκειτο· (1033b)(1) οἷον ποιεῖ χαλκῆν σφαῖραν, τοῦτο δὲ οὕτως ὅτι ἐκ τουδί, ἐστι χαλκός, τοδὶ ποιεῖ, ἐστι σφαῖρα· εἰ οὖν καὶ τοῦτο ποιεῖ αὐτό, δῆλον ὅτι ὡσαύτως ποιήσει, καὶ βαδιοῦνται αἱ γενέσεις εἰς ἄπειρον. (5) Φανερὸν ἄρα ὅτι οὐδὲ τὸ εἶδος, ὁτιδήποτε χρὴ καλεῖν τὴν ἐν τῷ αἰσθητῷ μορφήν, οὐ γίγνεται, οὐδ' ἔστιν αὐτοῦ γένεσις, (7) οὐδὲ τὸ τί ἦν εἶναι ̔τοῦτο γάρ ἐστιν ἐν ἄλλῳ γίγνεται ὑπὸ τέχνης ὑπὸ φύσεως δυνάμεωσ̓. Τὸ δὲ χαλκῆν σφαῖραν εἶναι ποιεῖ· ποιεῖ γὰρ ἐκ χαλκοῦ καὶ σφαίρας· (10) εἰς τοδὶ γὰρ τὸ εἶδος ποιεῖ, καὶ ἔστι τοῦτο σφαῖρα χαλκῆ. Τοῦ δὲ σφαίρᾳ εἶναι ὅλως εἰ ἔσται γένεσις, ἔκ τινος τὶ ἔσται. Δεήσει γὰρ διαιρετὸν εἶναι ἀεὶ τὸ γιγνόμενον, καὶ εἶναι τὸ μὲν τόδε τὸ δὲ τόδε, λέγω δ' ὅτι τὸ μὲν ὕλην τὸ δὲ εἶδος. Εἰ δή ἐστι σφαῖρα τὸ ἐκ τοῦ μέσου σχῆμα ἴσον, τούτου τὸ μὲν (15) ἐν ἔσται ποιεῖ, τὸ δ' ἐν ἐκείνῳ, τὸ δὲ ἅπαν τὸ γεγονός, οἷον χαλκῆ σφαῖρα. Φανερὸν δὴ ἐκ τῶν εἰρημένων ὅτι τὸ μὲν ὡς εἶδος οὐσία λεγόμενον οὐ γίγνεται, δὲ σύνολος κατὰ ταύτην λεγομένη γίγνεται, καὶ ὅτι ἐν παντὶ τῷ γεννωμένῳ ὕλη ἔνεστι, καὶ ἔστι τὸ μὲν τόδε τὸ δὲ τόδε. Πότερον (20) οὖν ἔστι τις σφαῖρα παρὰ τάσδε οἰκία παρὰ τὰς πλίνθους; οὐδ' ἄν ποτε ἐγίγνετο, εἰ οὕτως ἦν, τόδε τι, ἀλλὰ τὸ τοιόνδε σημαίνει, τόδε δὲ καὶ ὡρισμένον οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ ποιεῖ καὶ γεννᾷ ἐκ τοῦδε τοιόνδε, καὶ ὅταν γεννηθῇ, ἔστι τόδε τοιόνδε; Τὸ δὲ ἅπαν τόδε, Καλλίας Σωκράτης, ἐστὶν ὥσπερ (25) σφαῖρα χαλκῆ ἡδί, δ' ἄνθρωπος καὶ τὸ ζῷον ὥσπερ σφαῖρα χαλκῆ ὅλως. Φανερὸν ἄρα ὅτι τῶν εἰδῶν αἰτία, ὡς εἰώθασί τινες λέγειν τὰ εἴδη, εἰ ἔστιν ἄττα παρὰ τὰ καθ' ἕκαστα, πρός γε τὰς γενέσεις καὶ τὰς οὐσίας οὐθὲν χρησίμη· οὐδ' ἂν εἶεν διά γε ταῦτα οὐσίαι καθ' αὑτάς. Ἐπὶ μὲν δή (30) τινων καὶ φανερὸν ὅτι τὸ γεννῶν τοιοῦτον μὲν οἷον τὸ γεννώμενον, οὐ μέντοι τὸ αὐτό γε, οὐδὲ ἓν τῷ ἀριθμῷ ἀλλὰ τῷ εἴδει, οἷον ἐν τοῖς φυσικοῖς - ἄνθρωπος γὰρ ἄνθρωπον γεννᾷ - ἂν μή τι παρὰ φύσιν γένηται, οἷον ἵππος ἡμίονον (καὶ ταῦτα δὲ ὁμοίως· γὰρ ἂν κοινὸν εἴη ἐφ' ἵππου καὶ ὄνου οὐκ ὠνόμασται, τὸ ἐγγύτατα γένος, εἴη δ' ἂν ἄμφω ἴσως, οἷον ἡμίονος)̓· (1034a)(1) ὥστε φανερὸν ὅτι οὐθὲν δεῖ ὡς παράδειγμα εἶδος κατασκευάζειν (μάλιστα γὰρ ἂν ἐν τούτοις ἐπεζητοῦντο· οὐσίαι γὰρ αἱ μάλιστα αὗται) ἀλλὰ ἱκανὸν τὸ γεννῶν ποιῆσαι (5) καὶ τοῦ εἴδους αἴτιον εἶναι ἐν τῇ ὕλῃ. Τὸ δ' ἅπαν ἤδη, τὸ τοιόνδε εἶδος ἐν ταῖσδε ταῖς σαρξὶ καὶ ὀστοῖς, Καλλίας καὶ Σωκράτης· καὶ ἕτερον μὲν διὰ τὴν ὕλην (ἑτέρα γάῤ, ταὐτὸ δὲ τῷ εἴδει ̔ἄτομον γὰρ τὸ εἶδος). [7,8] VIII. Tout être qui devient a une cause productrice, et par là j'entends le principe de la production ; il a aussi un sujet (c'est le sujet non point la privation, mais la matière, au sens où nous avons pris ce mot précédemment) ; enfin, il devient quelque chose, sphère, par exemple, cercle, ou tout autre objet. De même donc que le sujet ne produit pas l'airain, de même aussi il ne produit point la sphère, si ce n'est accidentellement, parce que la sphère d'airain est accidentellement une sphère d'airain. Ce qu'il produit, c'est la sphère d'airain ; car produire un être particulier, c'est, du sujet absolument indéterminé, faire un objet déterminé. Je dis par exemple, que rendre rond l'airain, ce n'est produire ni la rondeur, ni la sphère ; mais c'est produire un tout autre objet, c'est produire cette forme dans autre chose. Si l'on produisait réellement la sphère, on la tirerait d'autre chose ; alors il faudrait un sujet, (1033b) comme dans la production de la sphère d'airain. Produire une sphère d'airain ne veut pas dire autre chose que faire de tel objet qui est de l'airain, telle autre chose qui est une sphère. Si donc il y a production de la sphère elle-même, la production sera de même nature : ce ne sera qu'une transformation, et la chaîne des productions se prolongera ainsi à l'infini. Il est donc évident que la figure, ou quel que soit le nom qu'il faut donner à la forme réalisée dans les objets sensibles, ne peut point devenir, qu'il n'y a pas pour elle de production, que néanmoins la figure n'est pas une essence. La figure, en effet, c'est ce qui se réalise dans un autre être, par le moyen de l'art, ou de la nature, ou d'une puissance. Ce qu'elle produit, en se réalisant dans un objet, c'est, par exemple, une sphère d'airain : la sphère d'airain est le produit de l'airain et de la sphère; telle forme a été produite dans tel objet, et le produit est une sphère d'airain. Si l'on veut qu'il y ait véritablement production de la sphère, l'essence proviendra de quelque chose ; car il faudra toujours que l'objet produit soit divisible, et qu'il y ait en lui une double nature ; d'un côté la matière, de l'autre, la forme. La sphère est une figure dont tous les points sont également éloignés du centre ; il y aurait donc d'une part le sujet sur lequel agit la cause efficiente, de l'autre, la forme qui se réalise dans ce sujet, et enfin l'ensemble de ces deux choses, de la même manière que pour la sphère d'airain. Il résulte évidemment de ce qui précède, que ce qu'on appelle la forme, l'essence, ne se produit point : la seule chose qui devienne, c'est la réunion de la forme et de la matière ; que dans tout être qui est devenu il y a de la matière : d'un côté la matière, de l'autre la forme. Y a-t-il donc quelque sphère en dehors des sphères sensibles, quelque maison indépendamment des maisons de briques ? S'il en était ainsi, il n'y aurait jamais production de l'être particulier ; il ne se produirait que des qualités. Or, la qualité n'est point l'essence, la forme déterminée, mais ce qui donne à l'être tel ou tel caractère, de telle sorte qu'après la production on dise : tel être a telle qualité. L'être réalisé, au contraire, Socrate, Callias, pris individuellement, est dans le même cas que telle sphère d'airain particulière. L'homme et l'animal sont comme la sphère d'airain en général. Il est donc évident que les idées considérées comme causes, et c'est le point de vue des partisans des idées, supposé qu'il y ait des êtres indépendants des objets particuliers, sont inutiles pour la production des essences, et que ce ne sont pas les idées qui constituent les essences des êtres. Il est encore évident que dans certains cas ce qui produit est de même nature que ce qui est produit, mais ne lui est point identique en nombre : il y a seulement identité de forme, comme il arrive, par exemple, pour les productions naturelles. Ainsi, l'homme produit l'homme. Toutefois, il peut y avoir une production contre nature : le cheval engendre le mulet ; et encore la loi de la production est-elle ici la même ; la production a lieu en vertu d'un type commun au cheval et à l'âne, d'un genre qui se rapproche de l'un et de l'autre et qui n'a pas reçu de nom. Le mulet est probablement un genre intermédiaire. (1034a) On voit assez qu'il n'est pas besoin qu'un exemplaire particulier fournisse la forme des êtres; car ce serait surtout dans la formation des êtres individuels que ces exemplaires seraient utiles, puisque ce sont ces êtres surtout qui ont le caractère d'essence. L'être qui engendre suffit à la production ; c'est lui qui donne la forme à la matière. Telle forme générale qui se réalise dans tels os, dans telles chairs, voilà Socrate et Callias. Il y a cependant entre eux différence de matière, car la matière diffère ; mais leur forme est identique : la forme est indivisible.


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Dernière mise à jour : 23/10/2009