HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre VII

Chapitre 6

  Chapitre 6

[7,6] VI. (15) Πότερον δὲ ταὐτόν ἐστιν ἕτερον τὸ τί ἦν εἶναι καὶ ἕκαστον, σκεπτέον. Ἔστι γάρ τι πρὸ ἔργου πρὸς τὴν περὶ τῆς οὐσίας σκέψιν· ἕκαστόν τε γὰρ οὐκ ἄλλο δοκεῖ εἶναι τῆς ἑαυτοῦ οὐσίας, καὶ τὸ τί ἦν εἶναι λέγεται εἶναι ἑκάστου οὐσία. Ἐπὶ μὲν δὴ τῶν λεγομένων κατὰ συμβεβηκὸς δόξειεν ἂν (20) ἕτερον εἶναι, οἷον λευκὸς ἄνθρωπος ἕτερον καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ εἶναι (εἰ γὰρ τὸ αὐτό, καὶ τὸ ἀνθρώπῳ εἶναι καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ τὸ αὐτό· τὸ αὐτὸ γὰρ ἄνθρωπος καὶ λευκὸς ἄνθρωπος, ὡς φασίν, ὥστε καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ καὶ τὸ ἀνθρώπῳ· οὐκ ἀνάγκη ὅσα κατὰ συμβεβηκὸς εἶναι (25) ταὐτά, οὐ γὰρ ὡσαύτως τὰ ἄκρα γίγνεται ταὐτά· ἀλλ' ἴσως γε ἐκεῖνο δόξειεν ἂν συμβαίνειν, τὰ ἄκρα γίγνεσθαι ταὐτὰ τὰ κατὰ συμβεβηκός, οἷον τὸ λευκῷ εἶναι καὶ τὸ μουσικῷ· δοκεῖ δὲ οὔἐπὶ δὲ τῶν καθ' αὑτὰ λεγομένων ἆρ' ἀνάγκη ταὐτὸ εἶναι, οἷον εἴ τινες εἰσὶν οὐσίαι ὧν ἕτεραι (30) μὴ εἰσὶν οὐσίαι μηδὲ φύσεις ἕτεραι πρότεραι, οἵας φασὶ τὰς ἰδέας εἶναί τινες; Εἰ γὰρ ἔσται ἕτερον αὐτὸ τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ ἀγαθῷ εἶναι, καὶ ζῷον καὶ τὸ ζῴῳ, καὶ τὸ ὄντι καὶ τὸ ὄν, (1031b)(1) ἔσονται ἄλλαι τε οὐσίαι καὶ φύσεις καὶ ἰδέαι παρὰ τὰς λεγομένας, καὶ πρότεραι οὐσίαι ἐκεῖναι, εἰ τὸ τί ἦν εἶναι οὐσία ἐστίν. Καὶ εἰ μὲν ἀπολελυμέναι ἀλλήλων, τῶν μὲν οὐκ ἔσται ἐπιστήμη τὰ δ' οὐκ ἔσται ὄντα (λέγω δὲ τὸ ἀπολελύσθαι (5) εἰ μήτε τῷ ἀγαθῷ αὐτῷ ὑπάρχει τὸ εἶναι ἀγαθῷ μήτε τούτῳ τὸ εἶναι ἀγαθόνἐπιστήμη τε γὰρ ἑκάστου ἔστιν ὅταν τὸ τί ἦν ἐκείνῳ εἶναι γνῶμεν, καὶ ἐπὶ ἀγαθοῦ καὶ τῶν ἄλλων ὁμοίως ἔχει, ὥστε εἰ μηδὲ τὸ ἀγαθῷ εἶναι ἀγαθόν, οὐδὲ τὸ ὄντι ὂν οὐδὲ τὸ ἑνὶ ἕν· ὁμοίως δὲ πάντα ἔστιν οὐθὲν τὰ (10) τί ἦν εἶναι, ὥστ' εἰ μηδὲ τὸ ὄντι ὄν, οὐδὲ τῶν ἄλλων οὐδέν. Ἔτι μὴ ὑπάρχει ἀγαθῷ εἶναι, οὐκ ἀγαθόν.Ἀνάγκη ἄρα ἓν εἶναι τὸ ἀγαθὸν καὶ ἀγαθῷ εἶναι καὶ καλὸν καὶ καλῷ εἶναι, ὅσα μὴ κατ' ἄλλο λέγεται, ἀλλὰ καθ' αὑτὰ καὶ πρῶτα· καὶ γὰρ τοῦτο ἱκανὸν ἂν ὑπάρχῃ, κἂν μὴ εἴδη, (15) μᾶλλον δ' ἴσως κἂν εἴδη (ἅμα δὲ δῆλον καὶ ὅτι εἴπερ εἰσὶν αἱ ἰδέαι οἵας τινές φασιν, οὐκ ἔσται τὸ ὑποκείμενον οὐσία· ταύτας γὰρ οὐσίας μὲν ἀναγκαῖον εἶναι, μὴ καθ' ὑποκειμένου δέ· ἔσονται γὰρ κατὰ μέθεξιν). Ἔκ τε δὴ τούτων τῶν λόγων ἓν καὶ ταὐτὸ οὐ κατὰ συμβεβηκὸς αὐτὸ ἕκαστον (20) καὶ τὸ τί ἦν εἶναι, καὶ ὅτι γε τὸ ἐπίστασθαι ἕκαστον τοῦτό ἐστι, τὸ τί ἦν εἶναι ἐπίστασθαι, ὥστε καὶ κατὰ τὴν ἔκθεσιν ἀνάγκη ἕν τι εἶναι ἄμφω (τὸ δὲ κατὰ συμβεβηκὸς λεγόμενον, οἷον τὸ μουσικὸν λευκόν, διὰ τὸ διττὸν σημαίνειν (24) οὐκ ἀληθὲς εἰπεῖν ὡς ταὐτὸ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ αὐτό· καὶ (25) γὰρ συμβέβηκε λευκὸν καὶ τὸ συμβεβηκός, ὥστ' ἔστι μὲν ὡς ταὐτόν, ἔστι δὲ ὡς οὐ ταὐτὸ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ αὐτό· τῷ μὲν γὰρ ἀνθρώπῳ καὶ τῷ λευκῷ ἀνθρώπῳ οὐ ταὐτό, τῷ πάθει δὲ ταὐτο). Ἄτοπον δ' ἂν φανείη κἂν εἴ τις ἑκάστῳ ὄνομα θεῖτο τῶν τί ἦν εἶναι· ἔσται γὰρ καὶ παρ' ἐκεῖνο (30) ἄλλο, οἷον τῷ τί ἦν εἶναι ἵππῳ τί ἦν εἶναι (ἵππῳ) ἕτερον. Καίτοι τί κωλύει καὶ νῦν εἶναι ἔνια εὐθὺς τί ἦν εἶναι, εἴπερ οὐσία τὸ τί ἦν εἶναι; Ἀλλὰ μὴν οὐ μόνον ἕν, ἀλλὰ καὶ λόγος αὐτὸς αὐτῶν, ὡς δῆλον καὶ ἐκ τῶν εἰρημένων· (1032a)(1) οὐ γὰρ κατὰ συμβεβηκὸς ἓν τὸ ἑνὶ εἶναι καὶ ἕν. Ἔτι εἰ ἄλλο ἔσται, εἰς ἄπειρον εἶσιν· τὸ μὲν γὰρ ἔσται τί ἦν εἶναι τοῦ ἑνὸς τὸ δὲ τὸ ἕν, ὥστε καὶ ἐπ' ἐκείνων αὐτὸς ἔσται λόγος. Ὅτι (5) μὲν οὖν ἐπὶ τῶν πρώτων καὶ καθ' αὑτὰ λεγομένων τὸ ἑκάστῳ εἶναι καὶ ἕκαστον τὸ αὐτὸ καὶ ἕν ἐστι, δῆλον· οἱ δὲ σοφιστικοὶ ἔλεγχοι πρὸς τὴν θέσιν ταύτην φανερὸν ὅτι τῇ αὐτῇ λύονται λύσει καὶ εἰ ταὐτὸ Σωκράτης καὶ Σωκράτει εἶναι· οὐδὲν γὰρ διαφέρει οὔτε ἐξ ὧν ἐρωτήσειεν ἄν τις οὔτε ἐξ ὧν (10) λύων ἐπιτύχοι. Πῶς μὲν οὖν τὸ τί ἦν εἶναι ταὐτὸν καὶ πῶς οὐ ταὐτὸν ἑκάστῳ, εἴρηται. [7,6] VI. La forme substantielle est-elle la même chose que chaque être, ou en diffère-t-elle, c'est ce qu'il nous faut examiner. Cela nous sera utile pour notre recherche relativement à la substance. Chaque être ne diffère point, ce semble, de sa propre essence ; et la forme est l'essence même de chaque être. Dans les êtres accidentels la forme substantielle paraît différer de l'être même : homme blanc diffère de la forme substantielle d'homme blanc. S'il y avait identité, il y aurait identité aussi entre la forme substantielle d'homme et la forme substantielle d'homme blanc ; car homme et homme blanc, c'est pour nous la même chose ; d'où il suivrait qu'il n'y a pas de différence entre la forme substantielle d'homme blanc et la forme substantielle d'homme. Admettrons-nous donc que pour tous les êtres accidentels l'être et la forme ne sont pas nécessairement la même chose ? Sans nul doute. Les termes comparés, en effet, ne sont pas identiques. Peut-être dira-t-on qu'il peut se faire accidentellement qu'ils soient identiques ; par exemple s'il s'agit de la forme substantielle de blanc, de la forme substantielle de musicien. Mais il n'en est pas ainsi, ce semble. Quant aux êtres en soi, y a-t-il nécessairement identité entre l'être et la forme substantielle ? dans le cas, par exemple, des substances premières, s'il en existe, substances sur lesquelles aucune autre substance, aucune autre nature n'aurait l'antériorité, comme sont les idées selon quelques philosophes ? Si l'on admet l'existence des idées, alors le bien en soi diffère de la forme substantielle du bien, l'animal en soi de la forme de l'animal, l'être en soi de la forme substantielle de l'être, (1031b) alors il doit y avoir des substances, des matières, des idées, en dehors des formes en question, et ces substances leur sont antérieures, puisque la forme est rapportée à la substance. Que si l'on sépare ainsi l'être de la forme, il n'y aura plus de science possible de l'être, et les formes de leur côté ne seront plus des êtres : et, par séparation, j'entends que dans l'être bon ne se trouve plus la forme substantielle du bien, ou que dans la forme substantielle il n'y ait pas l'être bon. Il n'y a pas science, dis-je ; car la science de chaque être c'est la connaissance de la forme substantielle de cet être. Ceci s'applique au bien et à tous les autres êtres ; de sorte que, si le bon ne se trouve point uni à la forme substantielle du bien, l'être ne sera point uni non plus à la forme substantielle de l'être, l'unité à la forme substantielle de l'unité. Mais de plus, ou bien la forme substantielle est identique à l'être pour toutes les idées, ou elle ne lui est identique pour aucune ; de sorte que si la forme substantielle d'être n'est pas l'être, il en sera de même pour tout le reste. Joignons à cela que ce qui n'a point la forme substantielle du bien n'est pas bon. Il faut donc nécessairement que le bien et la forme substantielle du bien soient une seule et même chose ; qu'il y ait identité entre le beau et la forme substantielle du beau, et qu'il en soit de même pour tous les êtres qui ne sont point attributs d'une autre chose, mais qui sont premiers et en soi. Et cette conclusion est légitime, soit qu'il y ait, ou qu'il n'y ait pas des idées, mais plus peut-être s'il y a des idées. Il est évident encore que si les idées sont telles que le prétendent certains philosophes, le sujet de l'être particulier n'est pas une substance. En effet, les idées sont nécessairement substances et non point attributs ; sans quoi elles participeraient de leur sujet. Il résulte de ce qui précède, que chaque être ne fait qu’un avec sa forme substantielle, qu'il lui est essentiellement identique. Il en résulte également que connaître ce qu'est un être c'est connaître sa forme substantielle. Ainsi, il sort de la démonstration que ces deux choses ne sont réellement qu'une seule chose. Quant à l'être accidentel, par exemple le musicien, le blanc, il n'est pas vrai de dire que l'être est identique à sa forme substantielle. L'être dans ce cas signifie deux choses : il y a le sujet de l'accident et l'accident lui-même ; de sorte que sous un point de vue, il y a identité entre l'être et la forme, sous l'autre, non. Il n'y a point identité entre la forme substantielle d'homme et la forme substantielle d'homme blanc ; mais il y a identité dans le sujet qui éprouve la modification. On verra facilement l'absurdité de la séparation de l'être et de la forme substantielle, si l'on donne un nom à toute forme substantielle. En dehors de ce nom il y aura, dans le cas de la séparation, une autre forme substantielle : ainsi, il y aura une autre forme substantielle de cheval, en dehors de la forme substantielle du cheval. Et pourtant qui empêche donc de dire tout d'abord que quelques êtres ont immédiatement en eux leur forme substantielle, puisque la forme substantielle, c'est l'essence ? Non- seulement il y a identité entre ces deux choses, mais leur notion est la même, comme il résulte de ce qui précède ; (1032a) car ce n'est point accidentellement que l'unité et la forme substantielle de l'unité sont une même chose. Si ce sont deux choses différentes, on ira à l'infini. On aura, d'un côté, la forme substantielle de l'unité, et de l'autre, l'unité ; et ces deux termes seront à leur tour chacun dans le même cas. Il est donc évident que pour les êtres premiers, les êtres en soi, chaque être et la forme substantielle de chaque être sont une seule et même chose. Quant à toutes les objections sophistiques qu'on pourrait élever contre cette proposition, on y a évidemment répondu quand on a résolu cette question : Y a-t-il identité entre Socrate et la forme substantielle de Socrate ? Les objections renferment en elles-mêmes tous les éléments de la solution. Ainsi, à quelle condition y a-t-il identité entre chaque être et sa forme substantielle, à quelle condition cette identité n'existe-t-elle pas, c'est ce que nous venons de déterminer.


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Dernière mise à jour : 23/10/2009