Texte grec :
[9,23] CHAPITRE XXIII.
1 Ἐν δὲ Σκύθαις ὀρνίθων γένος ἐστὶν οὐκ ἔλαττον ὠτίδος· τοῦτο τίκτει δύο νεοττούς, οὐκ ἐπικάθηται δέ, ἀλλ᾽ ἐν δέρματι λαγωοῦ ἢ ἀλώπεκος ἐγκρύψαν ἐᾷ· ἐπ᾽ ἄκρῳ δὲ τῷ δένδρῳ φυλάττει, ὅταν μὴ τύχῃ θηρεύων· κἄν τις ἀναβαίνῃ, μάχεται καὶ τύπτει ταῖς πτέρυξιν, ὥσπερ οἱ ἀετοί. 2 Γλαῦκες δὲ καὶ νυκτικόρακες, καὶ τὰ λοιπὰ ὅσα τῆς ἡμέρας ἀδυνατεῖ βλέπειν, τῆς νυκτὸς μὲν θηρεύοντα τὴν τροφὴν αὑτοῖς πορίζεται, οὐ κατὰ πᾶσαν δὲ τὴν νύκτα τοῦτο ποιεῖ, ἀλλ᾽ ἄκρας ἑσπέρας καὶ περὶ ὄρθρον· θηρεύει δὲ μῦς καὶ σαύρας καὶ σφονδύλας καὶ τοιαῦτ᾽ ἄλλα ζῳδάρια. 3 Ἡ δὲ καλουμένη φήνη ἐστὶν εὔτεκνος καὶ εὐβίοτος καὶ δειπνοφόρος καὶ ἤπιος, καὶ τὰ τέκνα ἐκτρέφει καὶ τὰ αὑτῆς καὶ τὰ τοῦ ἀετοῦ. Καὶ γὰρ ταῦθ᾽ ὅταν ἐκβάλλῃ ἐκεῖνος, ἀναλαβοῦσα τρέφει· ἐκβάλλει γὰρ ὁ ἀετὸς πρὸ ὥρας, ἔτι βίου δεόμενα καὶ οὔπω δυνάμενα πέτεσθαι. 4 Ἐκβάλλειν δὲ δοκεῖ ὁ ἀετὸς τοὺς νεοττοὺς διὰ φθόνον· φύσει γάρ ἐστι φθονερὸς καὶ ὀξύπεινος, ἔτι δὲ ὀξυλαβής. Λαμβάνει δὲ μέγα, ὅταν λάβῃ. Φθονεῖ οὖν τοῖς νεοττοῖς ἁδρυνομένοις, ὅτι φαγεῖν ἀγαθοὶ γίνονται, καὶ σπᾷ τοῖς ὄνυξιν. Μάχονται δὲ καὶ οἱ νεοττοὶ καὶ αὐτοὶ περὶ τῆς ἕδρας καὶ τῆς τροφῆς· ὁ δ᾽ ἐκβάλλει καὶ κόπτει αὐτούς· οἱ δ᾽ ἐκβαλλόμενοι βοῶσι, καὶ οὕτως ὑπολαμβάνει αὐτοὺς ἡ φήνη.
5 Ἡ δὲ φήνη 620a ἐπάργεμός τ᾽ ἐστὶ καὶ πεπήρωται τοὺς ὀφθαλμούς· ὁ δ᾽ ἁλιάετος ὀξυωπέστατος μέν ἐστι, καὶ τὰ τέκνα ἀναγκάζει ἔτι ψιλὰ ὄντα πρὸς τὸν ἥλιον βλέπειν, καὶ τὸν μὴ βουλόμενον κόπτει καὶ στρέφει, καὶ ὁποτέρου ἂν ἔμπροσθεν οἱ ὀφθαλμοὶ δακρύσωσιν, τοῦτον ἀποκτείνει, τὸν δ᾽ ἕτερον ἐκτρέφει. Διατρίβει δὲ περὶ θάλατταν, καὶ ζῇ θηρεύων τοὺς περὶ τὴν θάλατταν ὄρνιθας, ὥσπερ εἴρηται. Θηρεύει δ᾽ ἀπολαμβάνων καθ᾽ ἕνα, παρατηρῶν ἀναδυόμενον ἐκ τῆς θαλάττης. Ὅταν δ᾽ ἴδῃ ὁ ὄρνις ἀνακύπτων τὸν ἁλιάετον, πάλιν φοβηθεὶς καταδύεται ὡς ἑτέρᾳ ἀνακύψων· ὁ δὲ διὰ τὸ ὀξὺ ὁρᾶν ἀεὶ πέτεται, ἕως ἂν ἀποπνίξῃ ἢ λάβῃ μετέωρον. Ἀθρόαις γὰρ οὐκ ἐπιχειρεῖ· ῥαίνουσαι γὰρ ἀπερύκουσι ταῖς πτέρυξιν. 6 Οἱ δὲ κέπφοι ἁλίσκονται τῷ ἀφρῷ· κάπτουσι γὰρ αὐτόν, διὸ προσραίνοντες θηρεύουσιν. Ἔχει δὲ τὴν μὲν ἄλλην σάρκα εὐώδη, τὸ δὲ πυγαῖον μόνον θινὸς ὄζει. Γίνονται δὲ πίονες.
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Traduction française :
[9,23] CHAPITRE XXIII.
1 On trouve en Scythie une espèce d'oiseaux qui sont de la grandeur de l'outarde. Cet oiseau fait deux petits. Il ne les couve point, en se mettant dessus; mais après les avoir placés sous une peau de lièvre ou de renard pour les cacher, il les quitte; et il les surveille du haut d'un arbre, tout le temps qu'il n'est pas en chasse ; si l'on vient pour les prendre, il les défend, et frappe l'agresseur à coup d'ailes, comme le font les aigles. 2 Les chouettes, les chats-huants ou corbeaux de nuit, et tous les autres oiseaux qui, comme ceux-là, ne volent pas durant le jour, se procurent leur pâture en chassant la nuit. Ce n'est pas précisément durant la nuit entière qu'ils se livrent à la chasse, mais au crépuscule du jour et avant l'aube du matin. Ces oiseaux chassent les souris, les lézards, les sphondyles, et autres animaux aussi petits. 3 L'oiseau qu'on nomme le vautour (orfraie) soigne beaucoup ses petits; il se procure facilement sa vie, et leur apporte une pâture abondante; il est fort doux, et il élève, en même temps que ses petits, les petits de l'aigle, qu'il recueille, quand l'aigle les chasse de son nid; car l'aigle les en chasse prématurément, lorsqu'ils ont encore besoin qu'on les nourrisse et qu'ils sont trop faibles pour voler. 4 II semble bien que l'aigle ne repousse ainsi sa couvée que par une sorte de jalousie égoïste. Il est d'un naturel jaloux; il est très-vorace, et très-avide de proie; quand il prend de la nourriture, il lui en faut énormément. Il devient ennemi de ses petits à mesure qu'ils grandissent, parce qu'alors ils sont en état de manger, et il les écarte avec ses pattes. Les petits de leur côté se disputent la place dans le nid et leur part de nourriture. L'aigle alors les expulse en les frappant; les petits poussent de grands cris, et c'est à ce moment que l'orfraie les recueille. L'orfraie a une taie sur les yeux, qui sont d'ailleurs très-mauvais.
5. L'aigle de mer 620a a, au contraire, la vue la plus perçante. Quand ses petits sont encore sans plumes et tout jeunes, il les force à regarder le soleil en face ; et, quand il y en a un qui résiste, il le frappe et le tourne vers le soleil ; celui des deux dont les yeux pleurent les premiers, l'aigle le tue et n'élève que l'autre. Cet aigle demeure aux bords des mers, et il vit en chassant les oiseaux qui les fréquentent, ainsi qu'on l'a déjà dit. Il les surprend un à un ; et il les attend, quand ils reviennent à la surface de l'eau. Aussi, quand l'oiseau, en sortant de l'eau, aperçoit l'aigle, qui le guette, il se replonge aussitôt, par la peur qu'il en a, et il va reparaître plus loin à la surface ; l'aigle, qui a la vue excellente, continue à voler jusqu'à ce que l'oiseau étouffe, et qu'il le saisisse à l'instant où il reparaît sur l'eau. L'aigle se garde d'attaquer les oiseaux quand ils sont en troupes, parce qu'alors la bande le repousse à coups d'ailes, en le couvrant d'eau. 6. Les kepphes sont pris au moyen de la mousse des eaux ; comme ils la recherchent avidement, on les prend en leur en jetant. Leur chair est, en général, de bon goût; il n'y a que leur croupion qui sente la marée ; ils deviennent fort gras.
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