Texte grec :
[9,1] CHAPITRE PREMIER.
(608b.11) 1 Τὰ δ´ ἤθη τῶν ζῴων ἐστὶ τῶν μὲν ἀμαυροτέρων καὶ βραχυβιωτέρων ἧττον ἡμῖν ἔνδηλα κατὰ τὴν αἴσθησιν, τῶν δὲ μακροβιωτέρων ἐνδηλότερα. Φαίνονται γὰρ ἔχοντά τινα δύναμιν περὶ ἕκαστον τῶν τῆς ψυχῆς παθημάτων φυσικήν, περί τε φρόνησιν καὶ εὐήθειαν καὶ ἀνδρείαν καὶ δειλίαν, περί τε πραότητα καὶ χαλεπότητα καὶ τὰς ἄλλας τὰς τοιαύτας ἕξεις. 2 Ἔνια δὲ κοινωνεῖ τινὸς ἅμα καὶ μαθήσεως καὶ διδασκαλίας, τὰ μὲν παρ´ ἀλλήλων, τὰ δὲ καὶ παρὰ τῶν ἀνθρώπων, ὅσαπερ ἀκοῆς μετέχει, μὴ μόνον ὅσα τῶν ψόφων, ἀλλ´ ὅσα καὶ τῶν σημείων διαισθάνεται τὰς διαφοράς. 3 Ἐν πᾶσι δ´ ὅσοις ἐστὶ γένεσι τὸ θῆλυ καὶ τὸ ἄρρεν, σχεδὸν ἡ φύσις ὁμοίως διέστησε τὸ ἦθος τῶν θηλειῶν πρὸς τὸ τῶν ἀρρένων. Μάλιστα δὲ φανερὸν ἐπί τε τῶν ἀνθρώπων καὶ τῶν μέγεθος ἐχόντων καὶ τῶν ζῳοτόκων τετραπόδων· μαλακώτερον γὰρ τὸ ἦθός ἐστι τῶν θηλειῶν, καὶ τιθασσεύεται θᾶττον, καὶ προσίεται τὰς χεῖρας μᾶλλον, καὶ μαθητικώτερον, 4 οἷον καὶ αἱ Λάκαιναι κύνες αἱ θήλειαι εὐφυέστεραι τῶν ἀρρένων εἰσίν. Τὸ δ´ ἐν τῇ Μολοττίᾳ γένος τῶν κυνῶν τὸ μὲν θηρευτικὸν οὐδὲν διαφέρει πρὸς τὸ παρὰ τοῖς ἄλλοις, τὸ δ´ ἀκόλουθον τοῖς προβάτοις τῷ μεγέθει καὶ τῇ ἀνδρείᾳ τῇ πρὸς τὰ θηρία. Διαφέρουσι δ´ οἱ ἐξ ἀμφοῖν ἀνδρείᾳ καὶ φιλοπονίᾳ, οἵ τε ἐκ τῶν ἐν τῇ Μολοττίᾳ γινομένων κυνῶν καὶ ἐκ τῶν Λακωνικῶν.
5 Ἀθυμότερα δὲ τὰ θήλεα πάντα τῶν ἀρρένων πλὴν ἄρκτου καὶ παρδάλεως· τούτων δ´ ἡ θήλεια δοκεῖ εἶναι ἀνδρειοτέρα. Ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις γένεσι τὰ θήλεα (609a) μαλακώτερα καὶ κακουργότερα καὶ ἧττον ἁπλᾶ καὶ προπετέστερα καὶ περὶ τῶν τέκνων τροφὴν φροντιστικώτερα, τὰ δ´ ἄρρενα ἐναντίως θυμωδέστερα καὶ ἀγριώτερα καὶ ἁπλούστερα καὶ ἧττον ἐπίβουλα. 6 Τούτων δ´ ἴχνη μὲν τῶν ἠθῶν ἐστιν ἐν πᾶσιν ὡς εἰπεῖν, μᾶλλον δὲ φανερώτερα ἐν τοῖς ἔχουσι μᾶλλον ἦθος καὶ μάλιστα ἐν ἀνθρώπῳ· τοῦτο γὰρ ἔχει τὴν φύσιν ἀποτετελεσμένην, ὥστε καὶ ταύτας τὰς ἕξεις εἶναι φανερωτέρας ἐν αὐτοῖς. 7 Διόπερ γυνὴ ἀνδρὸς ἐλεημονέστερον καὶ ἀρίδακρυ μᾶλλον, ἔτι δὲ φθονερώτερον καὶ μεμψιμοιρότερον, καὶ φιλολοίδορον μᾶλλον καὶ πληκτικώτερον. Ἔστι δὲ καὶ δύσθυμον μᾶλλον τὸ θῆλυ τοῦ ἄρρενος καὶ δύσελπι, καὶ ἀναιδέστερον καὶ ψευδέστερον, εὐαπατητότερον δὲ καὶ μνημονικώτερον,
ἔτι δ´ ἀγρυπνότερον καὶ ὀκνηρότερον, καὶ ὅλως ἀκινητότερον τὸ θῆλυ τοῦ ἄρρενος, καὶ τροφῆς ἐλάττονός ἐστιν. Βοηθητικώτερον δὲ καί, ὥσπερ ἐλέχθη, ἀνδρειότερον τὸ ἄρρεν τοῦ θήλεός ἐστιν, ἐπεὶ ἐν τοῖς μαλακίοις, ὅταν τῷ τριώδοντι πληγῇ ἡ σηπία, ὁ μὲν ἄρρην βοηθεῖ τῇ θηλείᾳ, ἡ δὲ θήλεια φεύγει τοῦ ἄρρενος πληγέντος.
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Traduction française :
[9,1] CHAPITRE PREMIER.
(608b.11) 1 Les moeurs des animaux nous sont moins connues et moins observables quand leur existence est plus cachée et plus courte, que quand leur existence est plus longue. Les animaux ont naturellement une certaine faculté de participer à toutes les affections que l'âme peut éprouver, la prudence et l'audace, le courage et la lâcheté, la douceur et la cruauté, et tous les autres sentiments analogues. 2 Il y en a même qui sont, dans une certaine mesure, susceptibles d'apprendre et de s'instruire, tantôt les uns par les autres, tantôt sous la main de l'homme, pourvu qu'ils aient le sens de l'ouïe, et non seulement tous ceux qui entendent les sons, mais ceux qui peuvent percevoir les différences des signes et les distinguer. 3. Dans toutes les espèces où il y a mâle et femelle, la nature a établi à peu près les mêmes dissemblances dans le caractère des femelles comparé à celui des mâles. C'est ce qu'on peut observer le plus clairement possible sur l'espèce humaine, sur les espèces un peu grandes, et sur les quadrupèdes vivipares. Le caractère de la femelle est toujours plus doux; elle s'apprivoise plus vite; elle souffre plus aisément l'attouchement de nos mains, et elle est plus docile à s'instruire. 4 Ainsi, les chiennes de Laconie sont de bien meilleure nature que les chiens mâles. La race des chiens de Molossie ne l'emporte pas sur les espèces qu'on trouve ailleurs pour nous aider à la chasse ; mais pour surveiller et suivre le bétail, ils se distinguent par leur courage à combattre les bêtes fauves, aussi bien que par leur grandeur. Les individus nés de croisements de chiens de Molossie et de chiens de Laconie tiennent des deux races un courage rare, et une prodigieuse ardeur au travail.
5 Les femelles ont généralement moins de courage que les mâles, sauf dans l'espèce de l'ourse et de la panthère, où la femelle semble être plus courageuse. Dans toutes les autres espèces, les femelles (609a) sont plus douces, plus perfides, moins franches et plus pétulantes; elles sont aussi plus soucieuses de nourrir leurs petits. Pour les mâles, c'est tout le contraire. Ils sont plus braves, plus sauvages, plus simples dans leurs allures et moins rusés. 6 On peut trouver la trace de tout cela dans la totalité des animaux, pour ainsi dire; mais ces phénomènes sont plus sensibles chez les animaux qui ont un caractère plus prononcé ; et par-dessus tous les autres, chez l'homme, parce que la nature de l'homme est achevée, de telle façon que toutes ces affections sont beaucoup plus frappantes en lui. 7 Ainsi, la femme est bien plus que l'homme disposée à la pitié; elle pleure bien plus aisément; elle est aussi plus jalouse que lui et plus portée à se plaindre; elle aime davantage à injurier et à chercher querelle; la femme est en outre plus facile à se décourager, et plus rebelle que l'homme à l'espérance; elle est plus effrontée et plus fausse. Elle se laisse tromper plus aisément; et elle a plus de rancune. On peut ajouter encore que, dans les animaux, la femelle est plus éveillée que le mâle et plus paresseuse; et en général, qu'elle a plus de peine à se mettre en mouvement; elle mange moins. Mais, ainsi qu'on vient de le dire, le mâle a plus de ressources pour secourir les autres; il est plus brave ; et l'on peut voir, jusque dans les mollusques, que, si une seiche est atteinte d'un coup de trident, le mâle vient au secours de la femelle, tandis que la femelle s'enfuit dès que le mâle est frappé.
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